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| Gaïto Gazdanov | |
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+4kenavo shanidar Arabella tom léo 8 participants | |
Auteur | Message |
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GrandGousierGuerin Sage de la littérature
Messages : 2669 Inscription le : 02/03/2013
| Sujet: Re: Gaïto Gazdanov Mer 1 Mai 2013 - 20:10 | |
| Mais tom leo m'avait bien alléché avec son Spectre d'Alexandre Wolf ... | |
| | | Arabella Sphinge incisive
Messages : 19316 Inscription le : 02/12/2007 Localisation : Paris
| Sujet: Re: Gaïto Gazdanov Mer 1 Mai 2013 - 22:16 | |
| Tu ne nous ferrais pas ton difficile par hasard ? | |
| | | eXPie Abeille bibliophile
Messages : 15620 Inscription le : 22/11/2007 Localisation : Paris
| Sujet: Re: Gaïto Gazdanov Mer 1 Mai 2013 - 22:56 | |
| - Arabella a écrit:
- Voilà GGG, tu vas repartir d'ici avec des idées d'achat. Il n'y a pas de raison. Kenavo est plus qu'efficace.
Et donc, GGG, on aura le plaisir de lire une petite critique très bientôt ? | |
| | | GrandGousierGuerin Sage de la littérature
Messages : 2669 Inscription le : 02/03/2013
| | | | kenavo Zen Littéraire
Messages : 63288 Inscription le : 08/11/2007
| Sujet: Re: Gaïto Gazdanov Jeu 2 Mai 2013 - 8:24 | |
| - GrandGousierGuerin a écrit:
- Spoiler:
alors tu as encore d'autres belles découvertes qui t'attendent: ici | |
| | | GrandGousierGuerin Sage de la littérature
Messages : 2669 Inscription le : 02/03/2013
| Sujet: Re: Gaïto Gazdanov Jeu 2 Mai 2013 - 9:41 | |
| - kenavo a écrit:
- GrandGousierGuerin a écrit:
- Spoiler:
alors tu as encore d'autres belles découvertes qui t'attendent: ici Comme devant une pâtisserie | |
| | | Arabella Sphinge incisive
Messages : 19316 Inscription le : 02/12/2007 Localisation : Paris
| Sujet: Re: Gaïto Gazdanov Lun 20 Mai 2013 - 15:02 | |
| Chemins nocturnes
L’auteur s’inspire dans ce livre de son expérience, de son vécu à Paris, où suite à divers métiers il a été taxi, l’un des fameux « taxi russe ». C’est d’ailleurs très troublant, car d’autres éléments biographiques se retrouvent dans le récit du narrateur, et il devient impossible de faire la part du souvenir, du vécu et de l’imagination, de la création littéraire. Nous sommes toujours sur un fil, entre réel et imaginaire, et nous ne pouvons savoir à quel moment on passe de l’autre côté de la frontière. Ce qui ajoute au charme du livre.
Donc le narrateur, est chauffeur de taxi. De nuit, ce qui change les choses. La nuit, l’envers du décor, la nuit pendant laquelle se montrent ceux qu’on ne voit pas le jour, et où la physionomie de la ville devient toute différente, inquiétante, et déprimée. Et son métier le met au contact de plein de gens différents, de toutes les classes sociales. Mais il préfère nettement ceux de la marge, les prostituées, les vagabonds, les alcooliques philosophes, et ses compatriotes, qui vivent tant bien que mal leur exil, en s’accrochant aux chimères les plus folles. Il observe cela d’un œil qui se veut distant, qui tente de se protéger, en se mettant hors d’une vie ordinaire, en spectateur nocturne des vies des autres. De bien pauvres vies souvent, dans lesquels même les moments les plus heureux ne sont qu’un prologue au malheur. Nous suivons quelques uns de ces personnages, Raldi, l’ancienne courtisane, Platon, le pilier de bistrot philosophe, Fédortchenko qui se laisse envelopper dans la folie d’un autre, Suzanne l’ancienne prostituée….D’autres ne font que passer sur quelques lignes ou quelques pages. Mais chacun a droit à des mots essentiels, même si la narrateur semble ne pas s’apitoyer sur leur sort, il leur consacre des mots qui les fixent, et leur donnent une dignité.
C’est un livre sans doute moins complexe et élaboré du point de vue narratif que Le retour du Bouddha. Il s’agit en apparence de dérouler des bouts d’histoires au fur et à mesure, au fil des nuits et parfois des jours. Il s’en dégage une grande mélancolie et un grand désenchantement, mais en même temps une grande poésie, celle des coins obscurs, et des personnages sans rédemption possible, le côte sombre d’une ville. Une très belle lecture.
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| | | eXPie Abeille bibliophile
Messages : 15620 Inscription le : 22/11/2007 Localisation : Paris
| Sujet: Re: Gaïto Gazdanov Dim 2 Juin 2013 - 22:50 | |
| Eveils (1965). Traduit du russe et postfacé en 1998 par Elena Balzamo. 156 pages. Viviane Hamy. Le roman commence par une citation de Guillaume d'Orange : " Point n'est besoin d'espérer pour entreprendre ni de réussir pour persévérer." " Ce curieux conte philosophique, qui se cache sous des apparences de roman réaliste, est un long commentaire de la phrase de Guillaume d'Orange, portée en exergue" (Elena Balzamo, postface, page 156). Nous sommes après la Seconde Guerre Mondiale, en France. - Citation :
- "Pierre Fauré quitta la capitale par l'express de neuf heures et demie du matin qui partait de la gare d'Austerlitz. On était le 2 août. Il pleuvait sans discontinuer depuis trois jours, et dans la nuit qui précéda son départ, il s'était réveillé toutes les deux ou trois heures - et chaque fois il avait entendu les feuilles mouillées du grand châtaignier bruire sous sa fenêtre. Il trouvait absurde l'idée de partir en vacances : subir le déluge ici, à Paris, ou dans un trou perdu à des centaines de kilomètres... Mais le billet était acheté, il fallait partir, sans se demander si ce voyage tombait bien ou mal à propos." (page 9).
Quelques jours auparavant, Pierre avait rencontré François, un ancien camarade de lycée devenu journaliste. - Citation :
- "- J'ai une idée, reprit François, viens chez moi. Tu seras logé, et pour ce qui est de la nourriture, on partagera les frais. Je passe mes étés au diable vauvert : pas une âme qui vive, rien que la forêt et la rivière. Qu'en dis-tu ?
Quelques années plus tôt, expliqua-t-il, il avait reçu en héritage un lopin de terre dans un coin du Midi : une poignée d'arbres, un puits, une maison délabrée, plus une dépendance. " (pages 9-10). Voici Pierre dans le train. Il regarde le paysage défiler, et les souvenirs défilent également : son père, qui a un avis sur tout, mais ne sait finalement pas grand-chose, sa mère, la tante Justine dont on attend l'héritage... - Citation :
- "Parfois, il avait du mal à admettre qu'une vie entière, avec ses souvenirs, ses illusions et ses espoirs, pût se réduire à un déroulement aussi terne : le marché, le déjeuner, le dîner, le ménage - un point, c'est tout, rien d'autre, jamais. Pourtant, elle [sa mère] avait conservé quelque chose de la chaleur et de la tendresse dont Pierre se souvenait depuis son enfance, la caresse de ses mains potelées, le baiser du soir : « Dodo, Pierrot, mon petit Lapin »". (page 16).
C'était une vie d'économie, en attendant l'héritage. Revenons au présent : son père est mort depuis longtemps maintenant. Pierre gagne sa vie sérieusement, sans perdre son argent au jeu. Il est comptable. Sa mère est décédée deux ans auparavant. Depuis, il est seul. Le train arrive à destination. Pierre est accueilli par François et sa famille. Voici Pierre qui se promène dans la forêt. - Citation :
- "Un sentiment étrange, jamais éprouvé, l'envahit : l'impression de vivre depuis des temps immémoriaux, d'avoir appris une multitude de choses qu'il avait oubliées pour une raison obscure, mais dont il gardait le souvenir lointain. Une certitude naquit en lui en même temps que la perception vague de ces savoir enfouis, la certitude qu'il existait un monde différent, un monde qui, par son silence et sa pérennité, par son calme solennel, ressemblait peut-être à cette forêt avec ses milliards de feuilles, à cette union de la lumière, de la terre et des arbres." (page 35).
Pierre et François discutent. Pierre demande en quoi consiste le bonheur... François l'a-t-il trouvé, lui qui a une femme, des enfants, un travail intéressant... - Citation :
- "- Oui, oui, répliqua François d'un ton désinvolte. Mais il manque quelque chose. Le bonheur, c'est ce que l'usage n'effrite pas." (page 41).
Pierre se souvient d'une visite au Louvre, alors qu'il avait quatorze ans. - Citation :
- "La visite achevée, des bigarrures de couleurs et de formes en arc-en-ciel de nuances hantaient son imagination : le chatoiement des rouges et des noirs, les capes de cardinaux, les visages hautains des rois, les yeux exaltés des saints, les corps des femmes, nus, plantureux ou frêles, roses, blancs ou mats, les arbres, la mer, les champs, les chiens, les armures; les infirmes, les mendiants, le silence des foules, les moustaches, les heaumes, les lions, les chevaux, le Golgotha, la lumière du jour, le crépuscule, le corps de Saint Sébastien troué de flèches, les soldats, les batailles, la mort des vaincus, le triomphe des vainqueurs. [...] cette visite au Louvre l'avait plongé dans une tristesse abyssale qu'il n'avait jamais éprouvée auparavant et dont il ne démêlait pas les causes, car, après tout, il ne s'agissait que d'impressions visuelles. Cependant, après la découverte de ce monde jusqu'alors ignoré, il eut la certitude - qui ne le quitta plus - de vivre dans la pénombre misérable d'un sous-sol chichement éclairé." (page 85).
Pierre va faire une rencontre qui va changer sa vie : une femme qui vit dans un cabanon à la lisière de la forêt. François l'a recueillie en 1940, alors que les gens fuyaient sur les routes. Est-elle simple d'esprit ? A-t-elle simplement perdu la mémoire et la conscience d'où elle se trouve ? Pierre pourra-t-il la ramener au monde conscient, l'éveiller de nouveau ? " Ce roman dépeint en effet un cas limite : le fait de se donner tout entier à un autre constitue, pour le héros, le seul moyen de sauvegarder sa propre personnalité." (Elena Balzamo, postface, page 154) Un court roman (russe, mais sans Russes), pas mauvais du tout, mais sans doute pas le meilleur de l'auteur : il y a certes de bons passages, mais j'ai une réticence... comme s'il y avait quelque chose de trop simple dedans, une légère impression de livre"feel-good", et comme l'impression que tout s'emboîte un peu trop bien.
Dernière édition par eXPie le Lun 3 Juin 2013 - 23:11, édité 3 fois | |
| | | Arabella Sphinge incisive
Messages : 19316 Inscription le : 02/12/2007 Localisation : Paris
| Sujet: Re: Gaïto Gazdanov Dim 2 Juin 2013 - 23:06 | |
| Alors ce que tu dis sur quelque chose de trop simple, qui s'emboîte trop bien, ne correspond pas tellement aux deux livres que j'ai lu, et dans lesquels la trame était plutôt complexe et pas linéaire. Il me tente moins du coup. | |
| | | eXPie Abeille bibliophile
Messages : 15620 Inscription le : 22/11/2007 Localisation : Paris
| Sujet: Re: Gaïto Gazdanov Dim 2 Juin 2013 - 23:17 | |
| - Arabella a écrit:
- Alors ce que tu dis sur quelque chose de trop simple, qui s'emboîte trop bien, ne correspond pas tellement aux deux livres que j'ai lu, et dans lesquels la trame était plutôt complexe et pas linéaire. Il me tente moins du coup.
Eveils date de 1965, alors que son roman précédent, Pèlerins, date de 1953. Je ne sais pas pourquoi il y a un tel nombre d'années qui séparent ces deux livres... (enfin, si : il est parti en Allemagne) Là, l'histoire est vraiment très simple, en tout cas il m'a semblé. J'en tenterai un autre, d'autant qu'il était quand même intéressant. Dans la postface, la traductrice parle de densité, de vraisemblance et de finesse. Du coup, peut-être y verras-tu des complexités que je n'ai pas décelées. Mais ce livre n'est pas, je crois, considéré comme un de ses chefs-d'oeuvre. | |
| | | Sullien Sage de la littérature
Messages : 1591 Inscription le : 23/10/2012
| Sujet: Re: Gaïto Gazdanov Lun 3 Juin 2013 - 10:08 | |
| - Arabella a écrit:
- Alors ce que tu dis sur quelque chose de trop simple, qui s'emboîte trop bien, ne correspond pas tellement aux deux livres que j'ai lu, et dans lesquels la trame était plutôt complexe et pas linéaire.
Ma lecture du Retour du Bouddha me laisse la même impression qu'Arabella : l'onirisme pathologique du narrateur efface tout effet de composition pour rendre cet effet de déambulation d'une conscience assez déstabilisant en ceci qu'il est délicat pour le lecteur de déterminer la part du rêve et la part du réel, un réel qui, par-delà l'épaisseur de la misère, admirablement dépeinte dans ce cercle parisien, a toute la flamboyance et l'étrangeté - sinon l'inconsistance - de l'imaginaire : tout se mêle et se confond dans cette ambivalence profonde de toute réalité, à travers les sursauts et soubresauts d'un "je" qui tour à tour se laisse aller à des fantasmagories trop convaincantes pour être fantasmées, et se contraint, vainement, à résister pour croire en la réalité d'un réel bardé d'inconséquences trop criantes pour ne pas le mettre en doute. Mais Arabella le dit bien mieux que moi : - Arabella a écrit:
- Le retour du Bouddha
Un jeune émigré russe à Paris dans les années 30. Il étudie l'histoire. En même temps, il vit d'étranges rêves éveillés qui semblent plus réels que la réalité, qui le hantent et l'empêchent de vivre vraiment sa vie. Une rencontre en deux temps d'un émigré russe plus âgé, dont il devient l'ami. Un meurtre, une enquête policière. Et diverses considérations, philosophiques, métaphysiques....On pourrait trouver tout cela décousu. Mais c'est un véritable enchantement que de suivre le personnage principal de ce récit étrange et fascinant. Il faut aimer la flânerie, l'onirisme, accepter que la vie intérieure puisse être plus réelle que les faits matériels de tous les jours. Accepter de ne pas tout comprendre. Et se laisser emporter par la magie d'une langue incandescente.
Je reviendrai à cet auteur, c'est sûr. Un grand merci à Tom Léo pour en avoir parlé. ... et je n'ai plus qu'à vous faire déguster quelques extraits. - p.11 a écrit:
- Je sentais maintenant dans toutes les circonstances de ma vie son caractère illusoire, stratifié et obligatoire, qu'il s'agit de projets, de propositions, ou bien des conditions immédiates et purement matérielles de mon existence, pouvant changer en l'espace de quelques heures, voire de quelques minutes. Cet état, d'ailleurs, m'était déjà familier auparavant - et c'était une des choses que je n'avais pas oubliées. Le monde se composait dans mon esprit de faits et de sensations que je reconnaissais, comme si je les avais déjà vécues par le passé et qu'ils me revenaient après le sommeil. C'était même le cas lorsque je me trouvais très certainement confronté à eux pour la première fois de ma vie. On aurait dit que, dans le combinaison gigantesque et incohérente d'éléments les plus disparates, je cherchais presque à tâtons un chemin que j'aurais déjà parcouru sans savoir ni quand ni comment. C'était peut-être la raison pour laquelle la majorité des événements me laissaient parfaitement indifférent et que seuls quelques rares instants présentant ou me semblant présenter une quelconque coïncidence retenaient mon attention avec une force inouïe.
- p.13 a écrit:
- Ce qui était devenu désormais absolument constant, c'était cette curieuse singularité d'être pour ainsi dire étranger à soi-même. Dès que je restais seul, j'étais aussitôt pris dans le mouvement confus d'un vaste monde imaginaire qui m'entraînait irrésistiblement avec lui et que j'avais du mal à suivre. C'était un chaos visuel et sonore, composé d'une multitude d'éléments des plus variés: tantôt la musique d'une marche lointaine, filtrant à travers de hauts murs de pierre, tantôt un paysage de verdure infini, coupé de petites montagnes, qui défilait silencieusement devant moi, parcouru d'étranges vagues, tantôt les abords d'une ville hollandaise bordés de cuves à lessive sorties de je ne sais où, que l'eau alimentait dans un murmure égal, et pour mieux rompre encore la réalité du pays, des femmes qui s'y rendaient en file indienne, portant des cruches sur la tête. Dans tout cela, il n'y avait jamais de suite logique, et ce chaos mouvant ne présentait même pas l'ébauche d'un schéma harmonieux.Et de ce fait, mon état psychique, à cette époque de ma vie marquée par la présence d'un chaos si constant, avait pris un caractère inconstant et fluctuant.
- pp.18-19 a écrit:
- J'étais en parfaite santé, tous les muscles de mon corps fonctionnaient à merveille, je suivais sans aucun mal mes cours à l'université, mes facultés de raisonnement et d'analyse étaient normales. Je ne savais pas ce que signifiait s'évanouir, je ne connaissais pratiquement pas la fatigue physique. J'étais vraiment fait pour un monde authentique, bien réel. Et néanmoins, un autre monde, illusoire, me poursuivait inlassablement en tous lieux, et presque chaque jour, dans ma chambre ou bien dans la rue, dans la forêt ou au jardin du Luxembourg, je cessais d'exister comme tel, né à tel endroit, en telle année, ayant terminé ses études secondaires quelques années auparavant et suivant maintenant des cours à l'université, pour apparaître avec une nécessité impérieuse sous une autre identité. Ces métamorphoses étaient précédées la plupart du temps de sensations physiques pénibles, qui gagnaient toute la surface de mon corps.
Il y a, parsemés dans tout ce roman, de très beaux passages comme ceux-là. Mais j'en reste volontairement au tout début : à vous de vous régaler ! | |
| | | GrandGousierGuerin Sage de la littérature
Messages : 2669 Inscription le : 02/03/2013
| Sujet: Re: Gaïto Gazdanov Lun 3 Juin 2013 - 10:28 | |
| Cela donne faim Sullien ! | |
| | | Arabella Sphinge incisive
Messages : 19316 Inscription le : 02/12/2007 Localisation : Paris
| Sujet: Re: Gaïto Gazdanov Lun 3 Juin 2013 - 18:48 | |
| Merci de ton commentaire Sullien. Je crois que Tom Léo a aussi prévu de le lire. | |
| | | tom léo Sage de la littérature
Messages : 2698 Inscription le : 06/08/2008 Age : 61 Localisation : Bourgogne
| Sujet: Re: Gaïto Gazdanov Jeu 27 Juin 2013 - 7:38 | |
| Oui, comme annoncé plus tôt, j'avais grand envie de continuer la découverte de cet auteur russe après l'impressionant « Spectre d'Alexandre Wolf », et à cause des remarques d'Arabella et aussi du prix abordable, j'avais choisi alors comme lecture de vacances :
Le retour du Bouddha
Originale : Возвращение Будды (Russe, 1949)
CONTENU : Le narrateur, un jeune étudiant russe, se lie d’amitié avec un vieux clochard qui, grâce à un héritage inattendu, devient très riche. Les deux hommes demeurent amis. Ils prennent l’habitude de se retrouver chaque semaine dans le luxueux appartement du vieil homme, jusqu’au jour où celui-ci y est retrouvé assassiné. Le narrateur est arrêté. Tout semble l’accuser... (Source : Viviane Hamy)
REMARQUES : Si on part de ce resumé de contenu selon Viviane Hamy, on pourrait être mis sur une mauvaise piste : bien sûr on peut à juste titre trouver dans ce roman un fort élément de « polar ou thriller », avec un crime, une piste du malfaiteur, un coupable, des innocents etc, mais à voir de plus près, cette trame ne fait que commencer une fois que le livre est déjà bien engagé, et se termine – dans un certain sens – plus vite qu'on ne pense. Donc, on peut certes donner des resumés d'une action alléchante, mais l'interêt du livre, et de cet auteur, je le vois ailleurs. Comme si souvent chez des auteurs russes, on ne peut pas réduire le genre sur un seul, mais on constate un melange de genre qui offre quelque chose à plusieurs lecteurs: Ici donc il s'agit certes aussi, en parallèle avec le roman déjà évoqué d'Alexandre Wolf, de la description d'une vie intérieure avec ses peines, ses délires, ses peurs, les questions essentielles accompagnant le narrateur.
Je vois d'un coté la description d'une réalité avec ses rencontres, problèmes et bonheurs ET, de l'autre coté, et se melangeant si étrangement avec ce premier coté, un monde phantastique de rêves, d'idées de toutes sortes sur la "réalité". Presque impossible, ou difficile de les discerner ici et là : cela s'interpénétrent. L'étudiant en parle lui-même dans cette domaine-là de « délire ». En cela je me sentais fortement rappellé à un melange intéressant entre les rêves, délires de certains protagonistes de Dostoïevski et le monde phantastique, « kafkaesque », de Kafka : dans ses rêves, ses romans (voir « Le jugement » comme référence « évident » ?), on est aussi face à un tribunal imaginaire, de rêve, entre condamnation, culpabilité et l'innocence réelle !
La plupart de ces thèmes précèdent l'action « criminalistique » du livre et place celui-ci dans un autre contexte. La première rencontre avec un clochard se solde par un aumône qui par la force de ne pas avoir de la monnaie, mais juste un billet, se fera plus généreusement que prévu (l'hasard comme composante de la vie, toujours présente dans les deux livres lus de lui!). Cela gardera les deux en mémoire l'un de l'autre, et quand plus tard l'ancien clochard fera un héritage très conséquent, l'amitié se renoue, et, à la suite, même l'installation de l'étudiant comme héritier. Après l'assassinat du riche, le jeune est logiquement accusé du meurtre.
Et dans ce contexte la finesse de Gazdanov consiste à ces questionnements intérieures de l'étudiant ; Le sujet évoqué plus haut de ses rêves, d'une culpabilité éventuelle, d'une participation, voir d'un souhait de mort même de l'ami - tout en étant innocent – revient et hante la question de l'innocence et de la culpabilité. A mon avis c'est dans ce nuage de questions que se trouve la force de ce roman.
Et son hommage, sa parenté avec des grands auteurs évoqués !
Je considère « Le spectre... » comme encore plus fort, mais néanmoins : quel œuvre aussi ici à découvrir !
On ne peut qu'être reconnaissant à Viviane Hamy de republier doucement les œuvres de cet écrivain. A regarder de plus près les liens dans les bibliothèques russes, son œuvre entier contient plusieurs volumes : donc il y a encore du matos éventuel qui nous attend ?! | |
| | | GrandGousierGuerin Sage de la littérature
Messages : 2669 Inscription le : 02/03/2013
| Sujet: Re: Gaïto Gazdanov Jeu 27 Juin 2013 - 9:58 | |
| Merci TomLéo ... Superbe commentaire ! Et qui donne envie de lire Gazdanov | |
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| Sujet: Re: Gaïto Gazdanov | |
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| | | | Gaïto Gazdanov | |
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