Sono Sion

animal a écrit:: je ne sais plus si j'en avais parlé mais je leur ai trouvé de bien bonnes têtes aux vaches du film.

Voilà, c'est ce qui était dit aussi dans Le Masque. Que si le vieux ne voulait pas partir, ça n'était pas tant à cause de sa femme, mais surtout à cause de ses bonnes vaches, qui étaient impressionnantes.

animal a écrit:: The land of hope

D'après les spécialistes, The Land of Hope serait le film le plus sage du franc tireur japonais Sono Sion qui oeuvre habituellement plus volontiers dans l'excès, l'horreur et le gore. Ici, c'est un peu Nagashima, mon amour, un objet hybride lequel, à première vue, pourrait être vu comme un pamphlet anti nucléaire et une charge violente contre l'incurie des autorités japonaises mais qui, au final, se révèle aussi mélodramatique qu'absurde, autant réaliste qu'onirique. Sono fait en quelque sorte un vrai film catastrophe, privilégiant l'aspect humain sans s'attarder, à de rares exceptions près, mais marquantes, sur l'aspect apocalyptique d'une tragédie qui n'a de fiction que l'apparence. Trop long, c'est un fait, et fort inégal, The Land of Hope surprend par ses ruptures de ton et une sérénité étrange. C'est celle ci qui reste en fin de compte, comme une foi en l'homme malgré les folies destructrices qu'il commet.

Land of hope

Sono Sion - Page 2 42762910

Un film qui aurait tout du pudding indigeste s'il n'y avait ce dernier tiers lyrique et mélodramatique. Long requiem qui, malgré un peu de lourdeur, arrive à faire décoller le film vers des territoires plus cinématographiques et poétiques. Tout le reste est laborieux, surligné, surjoué, caricatural et agaçant. Je prends pour exemple (parmi tant d'autres) cette scène où le jeune couple est effondré en larmes dans la voiture en répétant 4 ou 5 fois "C'est épouvantable". On appuie chaque idée, chaque émotion, chaque intention au lieu d'aérer, de suggérer... Burlesque? Humour décalé? Codes narratifs orientaux? Le résultat m'a donné le sentiment d'un mauvais téléfilm.

Mais lorsque le cinéaste prend le risque du lyrisme (et bien que n'y allant pas avec la plus grande finesse) cela donne des visions assez sidérantes dans leur morbidité et leur mélancolie. Ce vieux couple qui se retrouve sur l'adagio de la 10e de Mahler avant d'aller vers la mort, ou cet autre plus jeune qui avance pas à pas (avec "humilité") vers un avenir incertain mais possible sur cette terre d'espoir (et sur la même musique), c'est pesant symboliquement mais ça fonctionne et j'ai enfin ressenti quelque chose qui ressemblait à de l'émotion avec un vrai regard de cinéaste. Pour ces 40 minutes le film vaut la peine d'être vu après pas mal d'ennui.

Oui, mais j'ai pensé : "oh non, encore Mahler !". C'est beau, Mahler, d'accord, j'aime beaucoup, mais ça devient un peu pénible, dès qu'un réalisateur veut faire un truc un peu funèbre, hop, il nous sort Mahler. La seule incertitude concerne le numéro de la symphonie (9 ? 10 ? 5 ? ah non, pas la 5°, on se croira à Venise). Ça devient un peu cliché, non ? Mahler et Wagner.
Pourquoi ne pas confier à un compositeur le soin de tenter quelque chose, plutôt que de ressasser éternellement les mêmes classiques ? Un peu de création, plutôt que du collage.
Dans cinquante ans, on aura une scène funèbre dans un film, et on aura encore du Mahler ?

Sinon, oui, c'est trop long. Comme tu dis, répéter "C'est épouvantable", ça n'est pas bon... En plus d'être surligné, ça marque une impuissance du réalisateur à nous faire ressentir plus que ça. Ça partait bien, avec un côté décalé, les absurdités réglementaires, et puis ensuite il n'a pas su quoi faire de son sujet : un film grinçant ? absurde ? un drame ?... un constat ?
Finalement, il n'a rien fait...

eXPie a écrit:: Oui, mais j'ai pensé : "oh non, encore Mahler !". C'est beau, Mahler, d'accord, j'aime beaucoup, mais ça devient un peu pénible, dès qu'un réalisateur veut faire un truc un peu funèbre, hop, il nous sort Mahler.

C'est vrai mais ça fonctionne ici et ça a du sens puisque c'est une oeuvre testamentaire. Mahler n'ayant pas achevé cette symphonie cet adagio sonne comme un requiem. Et c'est drôlement beau. Je ne sais pas s'il a été utilisé dans un autre film. Reste que toute cette fin n'est finalement pas plus subtile que le reste mais il y a l'impact de ces paysages qui se suffisent à eux-mêmes. Tout le reste du récit m'a semblé terriblement pesant.

Je passe sur ce long et morbide suicide organisé qui est aussi un pur artifice scénaristique peu crédible même s'il est annoncé à grand renfort de métaphores sur l'attachement à la terre des ancêtres (les arbres) etc... Dans la réalité ne ferait on pas le choix de vivre à travers ses enfants et petits enfants en faisant soigner sa femme pour profiter d'elle le plus longtemps possible. Cette idée du sacrifice me semble une idée scénaristique fabriquée pour susciter une émotion facile (ah la dernière étreinte du fils!!!). Même si le propos est de montrer les ravages de ces catastrophes de façon plus métaphorique.

mouais, je ne sais pas. on est perdu dans le début de film, désorienté au moins, mais ce n'est pas beaucoup plus too much que la fin, plus quotidien avant de passer vers le domestique (si on reste attaché à cette maison/quartier).

je ne me souviens pas du "c'est épouvantable" et puis je crois que j'ai essayé d'imaginer si un problème sur une des centrales de pas loin (mais une un peu plus loin ça serait vraiment différent ?)... ça serait épouvantable. sans pouvoir ajouter grand chose au constat qu'on ne peut même pas comprendre ? cette impression de normalité qui ne se rompt pas, le désarroi que cela provoque je trouve que c'est quelque chose de fort et de fondamental dans le film.

animal a écrit:: mouais, je ne sais pas. on est perdu dans le début de film, désorienté au moins, mais ce n'est pas beaucoup plus too much que la fin, plus quotidien avant de passer vers le domestique (si on reste attaché à cette maison/quartier).

je ne me souviens pas du "c'est épouvantable" et puis je crois que j'ai essayé d'imaginer si un problème sur une des centrales de pas loin (mais une un peu plus loin ça serait vraiment différent ?)... ça serait épouvantable. sans pouvoir ajouter grand chose au constat qu'on ne peut même pas comprendre ? cette impression de normalité qui ne se rompt pas, le désarroi que cela provoque je trouve que c'est quelque chose de fort et de fondamental dans le film.

D'accord sur l'existence de ce petit bout de quartier. Le cinéaste réussit plutôt bien le côté topographique et l'espace.
Oui il y a un désarroi et l'impossibilité de trouver des mots plus recherchés. Peut-être qu'on dirait ce genre de banalités dans la réalité dans pareil contexte mais j'ai surtout trouvé que tout était surjoué (le fils notamment mais aussi la mère et la plupart des personnages). Mais j'avais déjà ressenti ça dans un film comme Poetry. Serait-ce un langage typiquement japonais (des conventions cinématographiques?).Pas sûr quand je vois d'autres films bien plus aboutis.