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Parfum de livres… parfum d’ailleurs
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Messages : 10160 Inscription le : 03/06/2009 Age : 66 Localisation : Sous l'aile d'un ange
Sujet: Pinar Selek [Turquie] Dim 11 Aoû 2013 - 11:06
Citation :
Pinar Selek est née le 8 octobre 1971 à Istanbul. En 1992, elle s'inscrit en sociologie à l'université de Mimar Sinan d'Istanbul. En 1995, elle co-fonde l'Atelier des Artistes de Rue. Le 11 juillet 1998, elle est arrêtée par la police d'Istanbul et torturée pour la forcer à donner les noms des personnes qu'elle a interviewées. Elle résiste et une nouvelle forme de torture est alors utilisée : elle est accusée d'avoir déposée la bombe qui aurait, le 9 juillet 1998, fait sept morts et plus de cent blessés au marché aux épices d'Istanbul. Elle passe deux ans et demi en prison et une grande solidarité se met en place qui réunit de nombreux avocats, des intellectuels et beaucoup de personnes qu'elle a croisées au cours de ses engagements et de ses recherches. En décembre 2000 elle est finalement libérée et, concrétisant un projet mûri en prison, elle met à profit sa notoriété pour organiser une grande «Rencontre des femmes pour la paix » à Diyarbakir. Cette première mobilisation sera suivie d'autres rencontres qui auront lieu à Istanbul, Batman et Konya. En 2001 elle fonde avec d'autres l'association féministe Amargi qui s'engage dans les mobilisations contre les violences faites aux femmes, pour la paix et contre toutes les dominations et qui ouvre la première librairie féministe au centre d'Istanbul. En 2004, Pinar Selek publie Barisamadik («Nous n'avons pas pu faire la paix ») sur la culture militariste et les mobilisations pour la paix en Turquie. Elle crée avec d'autres en 2006 la revue théorique féministe Amargi qui est encore aujourd'hui vendue à des milliers d'exemplaires dans toute la Turquie et dont elle est toujours rédactrice en chef. En 2006 elle est finalement acquittée après un travail énorme du collectif d'avocats pour faire tomber une à une toutes les accusations basées sur de faux témoignages extorqués sous la torture et la fabrication de fausses preuves. Mais la cour de cassation s'acharne et fait appel au verdict. En 2008 elle publie Sürüne Sürüne erkek olmak ("Devenir homme en rampant") sur la construction de la masculinité dans le contexte du service militaire. A la suite de cette publication, elle fera l'objet d'intimidations, de menaces téléphoniques et d'articles diffamatoires dans la presse. Elle publie aussi Su damlasi («La goutte d'eau »), un conte pour enfant qui sera suivi de Siyah pelerinli kiz («La fille à la pèlerine noir ») et de Yesil kiz («La fille en vert »). Elle est de nouveau acquittée en 2008 mais un nouvel appel de la cour de cassation casse le verdict et la pousse à partir de Turquie. Elle reçoit une bourse du Pen club Allemand dans le cadre du programme « écrivains en exil » et c'est à Berlin qu'elle termine son premier roman Yol geçen hani («L'auberge des passants ») publié en Turquie en 2011 et en Allemagne la même année. Le 9 février 2011 elle est acquittée une troisième fois mais, fait extrêmement rare dans la jurisprudence turque, la cour de cassation refait appel, pour la troisième fois également. Le 24 janvier 2013, la 12ème cour d'Istanbul qui a été remaniée, annule sa propre décision d'acquittement et la condamne à la prison à perpétuité. Ses avocats font appel et dénoncent ce déni de justice et l'illégalité des procédures. Pinar Selek vit aujourd'hui en exil à Strasbourg et résiste à la torture psychologique que représente cet acharnement de 15 années contre elle et ses proches.
Elle a publié deux livres en français, "Loin de chez moi... mais jusqu'où ?" aux éditions iXes en mars 2012 et "La maison du Bosphore", son premier roman, aux éditions Liana Lévi.
Source : www.pinarselek.fr
traversay Flâneur mélancolique
Messages : 10160 Inscription le : 03/06/2009 Age : 66 Localisation : Sous l'aile d'un ange
À Yedikule, un des plus anciens quartiers d’Istanbul, quatre jeunes épris de liberté cherchent leur place dans une société figée depuis le coup d’État de septembre 1980. La condition des femmes et des minorités, les conventions sociales, l’oppression politique: tout leur pèse. Sema la rêveuse voudrait entrer à l’université. Salih l’apprenti menuisier cherche à perpétuer son art là où il a grandi tandis qu’Hasan le musicien aimerait faire vivre le sien sur les routes du monde. Seule Elif opte pour la voie périlleuse de la révolution.
Quelle vie que celle de Pinar Selek ! Persécutée en Turquie, exilée en France, cette militaire acharnée des droits de l'homme, au sens le plus large, a écrit un premier roman qui n'a pourtant rien d'autobiographique. La maison du Bosphore, sur deux décennies, depuis le coup d'état militaire de 1980, s'attache à la destinée de deux hommes et de deux femmes, liés entre eux par l'amitié et/ou l'amour. Leur devise : "Il nous reste une demi-espoir." Entre répression féroce, privation des libertés et oppression des minorités, le tableau est accablant. Pinar Selek lui oppose la solidarité, l'humanité et les rêves d'ailleurs. La résistance, également, mais le désenchantement progressif d'Elih, sans doute le personnage le plus proche du coeur de la romancière, montre une perte de confiance dans une utopie inatteignable par la lutte clandestine. le récit est porté par un style poétique et réaliste à la fois qui excelle dans la description minutieuse d'un quartier déshérité d'Istanbul, Yedikule, et de sa population disparate : kurdes, arméniens, turcs. Lorsqu'elle a présenté son livre dans les librairies françaises, Pinar Selek se faisait accompagner d'un instrument de musique, le doudouk, qui occupe une place importante dans son roman. Comme il unit plusieurs peuples, il représente le symbole d'une fraternité à laquelle s'efforce de croire l'auteure. L'art comme "arme" contre tous les asservissements. Tant qu'il reste un demi-espoir.
Noté (même si tu n'a pas l'air complètement conquis). Peut-être 'déçu' par le fait que ce ne soit pas un combat, mais un livre en demi-teinte ?
Non, je ne suis pas déçu. Mais je n'ai pu le lire qu'en plusieurs fois et à petites doses. Je l'ai vraiment apprécié quand j'ai lu d'une traite les 100 dernières pages. Il y a beaucoup de personnages, il demande une assez grande attention. C'est vraiment un bon roman.
Chamaco Zen littéraire
Messages : 4366 Inscription le : 10/03/2013 Age : 78 Localisation : là haut, vers Aix...
note de l'éditeur : "Le génocide arménien a un siècle. Une page noire de l’histoire turque, toujours controversée, toujours taboue; un drame qui hante les esprits et les cœurs de génération en génération. Pinar Selek interroge son rapport à cet épisode et à la communauté victime. Au fil des souvenirs et des rencontres, elle raconte ce que signifie se construire en récitant des slogans qui proclament la supériorité nationale, en côtoyant des camarades craintifs et silencieux, en sillonnant Istanbul où les noms arméniens ont été effacés des enseignes, en militant dans des mouvements d’extrême gauche ayant intégré le déni. Au-delà de la question arménienne, ce témoignage sensible, engagé, parfois autocritique, dénonce les impasses de la violence et sonde les mutations de l’engagement collectif."
-- Ce livre, je l'ai lu d'un trait, c'est assez rare pour le souligner Pinar Selek nous parle de son enfance, de la façon dont les enseignants turques abordaient le problème arménien en le niant tout simplement avec pour exemple cette rédaction dont le sujet était : "le génocide arménien est une imposture". Cette négation au lieu de l'endormir l'interpella, qui sont les Arméniens, où sont les Arméniens ? que personne ne voit, qui ne s'expriment pas et dont personne ne veut parler... C'est sa rencontre avec "madame" que l'on appelle ainsi au lieu de "Hanim" (femme) , parce qu'elle est arménienne... En Turquie il est difficile pour les arméniens d'être heureux... Il y eut "Madame" Nayat, les rares arméniennes dans ses classes qui ne s'exprimaient jamais, les professeurs qui les fustigeaient, les discours du dictateur militaire ridicule qui ravivait la vindicte, les injures :"batard d'Arménien", les ecrivains et poetes armeniens dont il etait interdit de parler dans les cours ---c'est fou comme toutes les dictatures se ressemblent---- Il y eut "Madame" Talin, son histoire qui la marqua prondément ("nous avions un joli café à Kumkapi") -- Ce fut ses années de révolte, de défense des minorités, la prison, la torture (son père était communiste, un crime à l'époque), et du fond de sa prison les lettres de Nisan Amca (l'oncle Nisan, tel qu'elle l'appelle") qui la soutient dans sa douleur, c'était un arménien...
Sa sortie de prison, la creation du mouvement féministe auquel elle participe et puis Hrant Dink, le fondateur d'Agos (le sillon) le premier journal bilingue en turc et arménien dans un pays où les arméniens n'existent pas...L'assassinat de Hrant Dink, c'était un arménien.... Son exil en France et ailleurs, le problème Kurde et puis maintenant Kobané....
---Un livre qui apprend beaucoup...
son raisonnement sur la construction d'un regard, je partage ces réflexions sur la vision construite par les autres..
Bédoulène Abeille bibliophile
Messages : 17270 Inscription le : 06/07/2007 Age : 79 Localisation : Provence