Anne Tyler

C'est un livre que j'ai emprunté à la médiathèque, donc je ne sais plus, flûte!

A propos de la tristesse, je crois me souvenir d'un passage:

"La vie est tellement triste par moments que c'en est insupportable"
Je ne sais pas si tu te souviens de ce passage et de la phrase en anglais donc.

Le nom du restaurant en français est "Au Bercail" (ce qui veut tout dire)

Et merci Epi pour ce beau commentaire. Je n'ai pas encore été au bout de ce roman (il me reste à peu près la moitié) mais ce qui est sûr c'est que ces personnages vont me poursuivre un petit moment, surement comme tu le soulignes parce qu'ils nous sont présentés dans leur vérité toute nue, avec leurs contradictions et leurs faiblesses, Anne Tyler les suivant chacun suivant leur vision propre. Rien n'est évident, ce sont surtout les faits que l'auteure nous expose, à nous de décrypter et faire la part des choses.

Je vais poursuivre, pour l'instant Ezra vient de présenter sa future femme Ruth à sa famille, au cours d'un énième repas de retrouvailles qui a fini en queue de poisson, comme à l'accoutumée...

Spoiler:

darkanny a écrit:

A propos de la tristesse, je crois me souvenir d'un passage:

"La vie est tellement triste par moments que c'en est insupportable"
Je ne sais pas si tu te souviens de ce passage et de la phrase en anglais donc.

Impossible de retrouver le passage, surtout qu'il pourrait se trouver n'importe où dans le livre où la tristesse est partout présente.

Aeriale a écrit:

Le nom du restaurant en français est "Au Bercail" (ce qui veut tout dire)

Ah merci Aériale, il a été bien traduit ça va, j'avais peur qu'il ait un nom qui ne corresponde pas du tout.

Aeriale a écrit:

Spoiler:

Tu arrives au moment où j'ai eu envie de tuer Cody

Oh oui, je te comprends, ce garçon ne recule devant rien, et de plus se permet d'être jaloux dès que son frère s'approche des siens (y compris de son fils)

Je viens juste de tomber sur le passage dont parle Darkanny, page 234: "La vie est si triste, pensa t'elle, que c'en est insupportable."
Pearl est allée rendre visite à la famille de Cody et connaître Luke qu'elle n'a jamais vu. Ils ne respirent pas le bonheur, tout marche de travers et ça ressemble à un beau gachis (comme leurs diners qui finissent en fiasco)

Ce qui m'épate c'est le sens du devoir d'Ezra, sa capacité de renoncement, "comme s'il payait pour quelque chose" se met à penser Pearl. J'aime bien cette dernière image, lorsqu'ils reviennent tous deux de la ferme de Cody qu'elle s'obstine à entretenir alors qu'elle reste inoccupée. C'est d'une tristesse...

Citation :

Loyaux et reponsables, ils rouleraient encore sur ce chemin défoncé, ensemble pour toujours.

Aeriale a écrit:

Je viens juste de tomber sur le passage dont parle Darkanny, page 234: "La vie est si triste, pensa t'elle, que c'en est insupportable."
Pearl est allée rendre visite à la famille de Cody et connaître Luke qu'elle n'a jamais vu. Ils ne respirent pas le bonheur, tout marche de travers et ça ressemble à un beau gachis (comme leurs diners qui finissent en fiasco)

J'ai trouvé le passage : "Life was so sad, she thought, that she almost couldn't bear it." C'est un peu vache quand même que Pearl pense qu'Ezra puisse tirer quelque satisfaction de son malheur. Mais elle est comme ça, à la fois insensible et aimante. C'est le personnage que j'ai eu le plus de mal à cerner, elle n'est faite que de contradictions.

Aeriale a écrit:

Ce qui m'épate c'est le sens du devoir d'Ezra, sa capacité de renoncement, "comme s'il payait pour quelque chose" se met à penser Pearl. J'aime bien cette dernière image, lorsqu'ils reviennent tous deux de la ferme de Cody qu'elle s'obstine à entretenir alors qu'elle reste inoccupée. C'est d'une tristesse...

Citation :

Loyaux et reponsables, ils rouleraient encore sur ce chemin défoncé, ensemble pour toujours.

Oui, Ezra, c'est l'abnégation personnifiée. Je pense qu'il a tellement envie d'avoir une famille qu'il est capable de se sacrifier pour que ça fonctionne. Tout au long du livre on prie pour qu'il soit enfin récompensé de ses efforts, qu'il réussisse, au moins un peu, à avoir un moment de bonheur.

Merci Aeriale et Epi d'avoir retrouvé ce passage, ça m'avait marquée.
Pearl est en effet difficile à cerner, mais ils le sont tous un peu, à leur manière.

-Le déjeuner de la nostalgie-

Citation :

En fin de compte, tout est une question de temps-le temps qui passe, le temps qui change. As-tu déjà pensé à ça?

Un beau roman sur le temps, sur ce qui ne peut plus être changé et avec lequel on doit composer. Sur nos erreurs, notre incapacité à gérer au mieux et la peur qui en découle, cette angoisse de mal faire qui étreint Pearl parfois. C'est par exemple l'image de cette femme qui prend Luke en stop et se met à lui raconter pourquoi elle tourne sans but après une énième confrontation avec sa fille, jusqu'à ce que la douleur passe.

Citation :

C'est ce qui me tue moi, les erreurs que je commets. Je réagis beaucoup trop, je la laisse me mettre hors de moi. Oh j'en fais tellement des fautes.Ce que je laisse derrière moi c'est mon image, ma minable petite image. Et alors je commence à ralentir. Je me souviens d'un tas de choses. Je revois Liddie lorsqu'elle était toute petite.

Il y a toujours ce passé qu'on doit partager. Ce drôle d'amalgame, fait de personnalités très différentes et qui constitue tant bien que mal une famille, laisse souvent des cicatrices, des rancoeurs contre lesquelles on ne peut plus rien. Certains ne s'en relèvent jamais tel Cody qui cherchera partout la reconnaissance quitte à y laisser sa morale et devra attendre la toute fin pour percevoir enfin le respect de son père. Ou bien Jessie insaisissable par manque de repères, cherchant absolument à se démarquer, et trouvant finalement son équilibre au sein d'une famille recomposée.

Alors qui sont les responsables? Pearl est-elle réellement cette sorcière que dénonce Cody? "Tu ne retiens que les mauvais jours" lui dit Ezra. Et c'est vrai, le souvenir est sélectif, chacun en a sa version et l'auteure nous le prouve subtilement à différents passages. Pearl déconcerte par la violence de ses réactions et ces mots terribles ( "Petits parasites, j'aimerais que vous soyez morts, que je sois enfin libres"p 71) mais elle est prisonnière de sa propre force, de cette fierté qui lui fait tenir tête face au marasme de sa vie, autant que de ce besoin de perfection qui va jusqu'à décourager Beck. C'est une femme en lutte constante, qui a malgré tout ses moments de lucidité.

Citation :

Oh cody c'est une bataille d'élever des enfants. Tu penses que je ne suis pas facile, je le sais bien. Je me mets en colère, je me conduis parfois comme une harpie. Mais si tu te rendais compte à quel point je me sens..démunie. Comme c'est effrayant de savoir que tous ceux que j'aime dépendent de moi. J'ai tellement peur de me tromper"

Encore une fois Anne Tyler ne cherche pas à nous démontrer quoi que ce soit, ni à forcer le ton. Elle pose juste en filigrane des questions non résolues et nous renvoie à notre propre vécu. Qui n'a jamais ressenti d'injustices, de préférences? Qui n'a jamais commis d'erreurs ou de maladresses pour s'en repentir ensuite en se disant "Ais-je gâché des choses?" Difficile de ne pas se sentir interpellé dans ce roman qui nous parle simplement de la vie et de la complexité qui la compose.

"On s'en est sorti" nous dit l'un des personnages (Ezra surement!) et c'est ce qui doit compter finalement. Cody, Jenny, Ezra ou Pearl nous tendent un miroir qui ne se veut ni flatteur ni grossissant, mais qui reflète bien tous les manques et cette incapacité à vivre ensemble parfois. Encore un très belle et très touchante histoire qui me restera longtemps en mémoire, c'est certain. Un coup de coeur!

Coup de coeur pour vos comment Aeriale et Epi, on sent que cette lecture vous a touchée, comme moi d'ailleurs.
Finalement n'est-ce pas l'essentiel ?

Aeriale a écrit:

Alors qui sont les responsables? Pearl est-elle réellement cette sorcière que dénonce Cody? "Tu ne retiens que les mauvais jours" lui dit Ezra. Et c'est vrai, le souvenir est sélectif, chacun en a sa version et l'auteure nous le prouve subtilement à différents passages.

C'est ce message que je retiens surtout de ma lecture et comme tu le dis, Tyler le distille tout au long du roman, sans avoir à forcer le propos et j'ai bien aimé ça, cette façon de dire les choses mine de rien mais de les dire quand même. Super com, je suis bien contente que tu aies aimé.

darkanny a écrit:

Coup de coeur pour vos comment Aeriale et Epi, on sent que cette lecture vous a touchée, comme moi d'ailleurs.
Finalement n'est-ce pas l'essentiel ?

mais pas seulement par l'histoire, j'ai beaucoup apprécié la chaleur qui se dégage de son écriture et le soin qu'elle apporte à développer la psychologie de ses personnages, très important pour moi.

Je le note, comment faire autrement, merci les filles.

sentinelle a écrit:

Je le note, comment faire autrement, merci les filles.

Le déjeuner de la nostalgie

Une histoire de famille, que nous suivons sur des dizaines d'années. Un père qui s'en va du jour au lendemain, une mère qui élève ses trois enfants, dont certains à leur tour ont des enfants. Les relations difficiles entre les membres de la famille, leur personnalités si différentes.

Je suis partagée à la lecture de ce livre. Je l'ai trouvé plutôt intéressant en fin de compte. J'ai bien aimé un côté décalé, un certain manque de réalisme ou stylisation. Parce que ces personnages monomaniaques et absurdes ne sont pas vraiment réalistes. Tout en ayant un côté vrai. Mais exagéré, poussé à l'extrême. Ce qui les rend par ailleurs moyennement attachants, car on n'y croit pas forcément. Mais ils mettent en évidence des processus ou mécanismes de façon extrême. Cela tient de façon étonnante sur la longueur, alors qu'on pourrait penser que ce serait difficile. Anne Tyler est conséquente dans son écriture et sa construction. Mais un peu avec un côté jeu de l'esprit. Pas désagréable, mais par la force des choses moins prenant que d'autres auteurs.

You know what ?
I'm happy

Comme quoi, il suffit parfois de pas grand chose.

Arabella, je pense que tu lis plus avec la tête et je lis plus avec mon cœur, j’intellectualise moins, je mets moins de distance entre moi-même et les personnages et c’est sans doute pour cela que je les trouve très attachants, j’ai senti leurs préoccupations et réactions très proches de ce que je pourrais moi-même vivre, ce qui me les rend réalistes et pas du tout extrêmes parce qu'ils ne se retrouvent jamais dans des situations improbables