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| Sebastião Salgado [photographe] | |
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Auteur | Message |
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kenavo Zen Littéraire
Messages : 63288 Inscription le : 08/11/2007
| Sujet: Sebastião Salgado [photographe] Ven 6 Sep 2013 - 10:12 | |
| Sebastião Ribeiro Salgado (né à Aimorés, État du Minas Gerais, le 8 février 1944) est un photographe brésilien. source et suite | |
| | | kenavo Zen Littéraire
Messages : 63288 Inscription le : 08/11/2007
| Sujet: Re: Sebastião Salgado [photographe] Ven 6 Sep 2013 - 10:12 | |
| Je profite de cette trouvaille pour lui ouvrir son fil
Quand Sebastião Salgado nous parle de ses photos
par Marie Guichoux source
Le photographe franco-brésilien commente pour le "Nouvel Observateur" trois des images de "Genesis", sa dernière oeuvre, véritable hymne à la nature.
Depuis le printemps dernier, neuf expositions de "Genesis", le dernier travail d’Hercule du photographe franco-brésilien Sebastião Salgado, tournent de par le monde. L’une d’elle se pose à la Maison européenne de la photographie, le 25 septembre prochain, pour trois mois. Pendant huit ans, Salgado s’en est allé à la recherche des paradis originels. "Genesis" est un hymne à la nature, un appel à la réconciliation entre les hommes et leur planète. En février prochain, Sebastião Salgado aura 70 ans. Une date qu’il devrait célébrer avec la sortie d’un film sur son travail, co-réalisé par Wim Wenders et le fils aîné du photographe, Juliano. En attendant, il revient sur sa vie, ses engagements et ses reportages au long cours, dans un livre intimiste, "De ma terre à la Terre", co-écrit avec Isabelle Franck, journaliste à "La vie", qui vient de paraître aux éditions de la Renaissance. Trois raisons pour l’attraper au vol lors d’un passage à Paris, camp de base de ses expéditions. Et de lui demander de nous raconter le making-of de trois de ses images venues du froid, de la forêt amazonienne et de la touffeur africaine. Comme un conteur, il commence souvent ses phrases par "Ecoute...", "Tu vois...". Il n’a rien perdu de son accent brésilien, lui pourtant installé à Paris depuis longtemps. | |
| | | kenavo Zen Littéraire
Messages : 63288 Inscription le : 08/11/2007
| Sujet: Re: Sebastião Salgado [photographe] Ven 6 Sep 2013 - 10:13 | |
| L’iceberg de la Mer de WeddellSebastião Salgado : J’étais à bord de Tara, ce voilier taillé pour les expéditions de l’extrême barré par une très grande navigatrice française, Catherine Chabaud. On commençait à sortir de la Mer de Weddell en Antarctique, à l’endroit même où Ernest Shakleton a vu son bateau écrasé par les glaces. Et on a trouvé cet iceberg, plus grand que tout un pâté de maison. C’était une chance inouïe et, qui plus est, de le trouver dans cette position. Parce que si tu regardes bien, tu vois une ligne de flottaison qui fait un angle indiquant qu’il a bougé sur lui-même ; au dessus il y encore une autre ligne de flottaison… J’ai toujours deux boîtiers autour du cou, dès le réveil. J’ai aussitôt demandé à Catherine Chabaud si elle pouvait en faire le tour. Nous avons contourné deux fois cette masse incroyable, le ciel était très couvert. Et puis au troisième tour, le soleil a montré son nez et a donné tout son relief à l’iceberg… J’adore rester des heures, à guetter, à cadrer, à travailler à fond la lumière. Je peux attendre très longtemps. Je crois que si on n’aime pas attendre on ne peut pas être photographe. Mais là tout s’est mis en place très vite. Les images de ciels chargés où perce la lumière, je suis né avec. Au Brésil, dans ma vallée du Rio Doce (Etat du Minas Gerais), tout est immense, le soleil tombe à angle droit, crée des lumières dures. Mon père y avait une grande ferme, du bétail. Quand j’étais enfant, comme j’ai le teint clair, on me posait sous un arbre ou on me mettait un chapeau. Si bien que je voyais toujours mon père arriver vers moi dans le soleil. Quand j’ai fait mes premières photographies, je ne savais pas que je faisais du contre-jour."Ce "rosebud" rétinien est devenu la signature de Sebastião Salgado. Comme son noir et blanc, reconnaissable entre tous, qu’il a définitivement adopté en 1987, date de son dernier reportage couleur. Il travaillait alors pour Magnum qu’il quittera sept ans plus tard pour créer avec sa Lelia, sa femme et "son associée en tout dans la vie", leur propre agence Amazonas Images, installée sur la rive du Canal Saint-Martin à Paris. Salgado a réalisé tous ses travaux majeurs jusque-là en 24x36. "Pour 'Genesis', il avait prévu de réaliser son projet en moyen format, c’est-à-dire avec des films plus grands", explique Philippe Bachelier, grand spécialiste du noir et blanc et des techniques d’impression, son sparing-partner pour développer les films de "Genesis". "Sa préoccupation était pédagogique et son souci, que les éléments puissent être visibles de loin." C’est ainsi que le photographe a rangé soigneusement ses célèbres Leica, marque qui ne faisait alors pas de moyen format pour se tourner vers d’autres boîtiers. Au grand dam de Leica ! | |
| | | kenavo Zen Littéraire
Messages : 63288 Inscription le : 08/11/2007
| Sujet: Re: Sebastião Salgado [photographe] Ven 6 Sep 2013 - 10:13 | |
| Femmes du village Zo’é de Towari YpiSebastião Salgado : Au départ, je faisais une séance de portraits. Je voulais que les visages soient détachés de la forêt. Les indiens ont préparé pour moi des feuilles de palmier afin de recréer un studio. Chacun venait poser en prenant soin de s’habiller avant. Dans cette région reculée de l’Etat de Para au Brésil, cela veut dire pour les hommes de se faire un petit nœud sur le prépuce avec une fibre en liane. Sans cela, ils ne se laissent pas photographier. Les femmes, elles, se couvrent, en se teignant le corps avec un fruit rouge. La tribu Zo’e – quand j’y étais elle comptait 278 membres – avait été perdue de vue pendant longtemps et retrouvée en 1982 par des missionnaires d’origine nord-américaine qui voulaient les évangéliser. La Funai (Fondation nationale de l’indien) les a protégés. Les femmes connaissaient déjà leur image par leur reflet dans l’eau. Elles ont toutefois convaincu l’organisation gouvernementale de leur laisser un objet apporté par ces occidentaux : le miroir. Sur cette image, le fond du "studio" est déplacé à l’intérieur de la maison de la femme qui est dans le hamac au premier plan."A ce moment-là de ses reportages, Sebastião Salgado est passé de l’argentique au numérique. Une révolution pour lui. Travailler avec du film moyen format l’obligeait à se balader avec une valise d’une vingtaine de kilos contenant 500 à 600 films. Ce qu’il a fait durant les quatre premières années de Genesis. Mais il avait toujours peur qu’ils soient endommagés par le passage aux rayons X dans les aéroports. En 2008, il est passé à la prise de vue numérique grâce, dit-il, à Philippe Bachelier. "Sebastião vend beaucoup de tirages argentiques. Il fallait donc pouvoir faire des tirages à partir de fichiers numériques", explique ce dernier. "J’ai travaillé sur un protocole d’adaptation qui nous ouvre la possibilité de créer des négatifs." Les clichés des expositions sont, eux, réalisés en tirage jet d’encre. Côté boîtier, Salgado a trouvé chaussure à son pied quand est sorti le Pentax 645. | |
| | | kenavo Zen Littéraire
Messages : 63288 Inscription le : 08/11/2007
| Sujet: Re: Sebastião Salgado [photographe] Ven 6 Sep 2013 - 10:14 | |
| Buffles en ZambieSebastião Salgado : Là c’était une très longue attente. Il a fallu faire 25 vols en montgolfière pour avoir un tel troupeau à portée du regard. Dans une telle étendue, c’est comme chercher une aiguille dans une botte de foin. Il faut savoir aussi que le ballon doit voler entre 7 heures et 9 heures du matin, parce qu’ensuite les températures sont telles que la chaleur la ferait monter à des altitudes insensées et sans contrepoids possibles pour y résister, encore moins pour la faire descendre. Ce que je vois, ce que je saisis, c’est la vapeur qui monte des dos des buffles dans leur course, et leurs foulées qui dans ces herbes marécageuses tracent ce dessin très géométrique."La lumière transperce comme en éventail. Un éclairage biblique. "Un jour qu’on travaillait ensemble", raconte Philippe Bachelier, "je lui dis tu as de la chance à chaque fois le soleil sort des nuages ! Sebastião, qui n’est pas croyant, me répond : 'C’est le ciel du Bon Dieu'. Il est infiniment brésilien, avec un côté baroque et dans ses images un côté sublimé de ce qui est photographié. Il me fait penser à ce peintre majeur espagnol , El Greco." Salgado, lui, souvent confesse un faible pour Géricault. Pour son fils aîné, Juliano, il était dans ses yeux d’enfant, tout simplement "Indiana Jones". Les fans de la première heure, qui ont aimé ses deux projets monumentaux – "La main de l’homme", hymne au travail, dédié à la disparition des industries manuelles sur les cinq continents de la planète, puis "Exodes" fresque des mouvements de population, véritable ode aux déracinés – seront peut-être déroutés par un projet plus inspiré par Darwin que par Marx. Deux références que Salgado revendique. C’est après la lecture du livre qui rendit Charles Darwin célèbre, "Le voyage de Beagle", qu’il a commencé "Genesis" en passant trois mois aux Galapagos. Du marxisme, il rejette les errements et les crimes mais trouve la dialectique Travail/Capital toujours pertinente. Jeune étudiant, il s’était engagé dans un mouvement prônant la lutte armée contre la dictature militaire brésilienne, avant de se réfugier à 25 ans en France. Qu’allait donc faire ce vénéré géant de la photographie sociale, humaniste et documentaire parmi les tortues, les buffles et les iguanes ? Allait-il se perdre ou se retrouver en crapahutant de dunes en forêts, de volcans en glaciers? "J’ai été bien malade après le Rwanda", raconte Salgado. "J’y ai vu lors du génocide des choses terribles, des choses qui m’ont fait croire que mon espèce était la plus violente de toutes. J’ai vu des chutes d’eau déverser des tourbillons de cadavres, des amis tués avec toute leur famille... Ma tête n’allait pas bien et mon corps était attaqué par mes propres staphylocoques." Le goût même de photographier s’enfuyait. Le temps se charge de lessiver les souvenirs, le corps se refait une santé, mais il lui est resté une envie de "paix". Alors, il est revenu au jardin d’Eden de son enfance. La terre léguée par son père était devenue pauvre et laide à cause de la déforestation. Lui et Lelia, sa femme et son "associée en tout dans la vie", décident de replanter 2 millions d’arbres et de faire revivre l’écosystème. Une utopie aujourd’hui réalisée qui lui a inspiré l’idée de partir à la recherche des jardins d’Eden de la planète. Salgado voit toujours tout en grand, en très grand. | |
| | | domreader Zen littéraire
Messages : 3409 Inscription le : 19/06/2007 Localisation : Ile de France
| Sujet: Re: Sebastião Salgado [photographe] Ven 6 Sep 2013 - 18:22 | |
| J'ai cru voir qu'il y avait une expo à La maison Européenne de la Photographie jusqu'en janvier - Je l'avais notée. clic | |
| | | Marko Faune frénéclectique
Messages : 17930 Inscription le : 23/08/2008 Age : 56 Localisation : Lille
| Sujet: Re: Sebastião Salgado [photographe] Ven 6 Sep 2013 - 18:54 | |
| Il a fait des photos terrifiantes sur la famine en Afrique. Il est très critiqué pour sa façon de dramatiser ses représentations de la misère mais ce qu'il fait remue en tout cas. | |
| | | colimasson Abeille bibliophile
Messages : 16258 Inscription le : 28/06/2010 Age : 33 Localisation : Thonon
| Sujet: Re: Sebastião Salgado [photographe] Lun 4 Nov 2013 - 15:00 | |
| Ces photos sont saisissantes, je suis. | |
| | | shanidar Abeille bibliophile
Messages : 10518 Inscription le : 31/03/2010
| Sujet: Re: Sebastião Salgado [photographe] Lun 4 Nov 2013 - 15:44 | |
| - Marko a écrit:
- Il a fait des photos terrifiantes sur la famine en Afrique. Il est très critiqué pour sa façon de dramatiser ses représentations de la misère mais ce qu'il fait remue en tout cas.
en 1999 (?), j'ai eu l'occasion de voir une grande expo à Madrid qui montrait des photos de la famine en Afrique, ainsi que des photos de travailleurs dans des mines en Amérique du sud. L'image, sa beauté, était saisissante. Les thèmes monstrueux. Cependant, l'ensemble m'a paru totalement fascinant. A la fois une sidération devant une photographie magnifiée (et j'imagine énormément travaillée) et un éblouissement face à la misère, l'horreur, la déréliction des hommes et des femmes montrés. Cette beauté monstrueuse est restée ancrée en moi, cette impossible rencontre de deux univers opposés est, je crois, d'une intense et douloureuse richesse... Et puis il se dégageait de chaque cliché une telle force, un tel mouvement, une telle volonté de dire au delà de l'image la puissance de l'image elle-même, sa capacité à dénoncer, à raconter des vies jamais vues, celles dont on préfère ne pas entendre parler, que cette expo reste pour moi un moment particulier, désagréable et presque... sublime à la fois. | |
| | | bix229 Parfum livresque
Messages : 24639 Inscription le : 24/11/2007 Localisation : Lauragais (France)
| Sujet: Re: Sebastião Salgado [photographe] Lun 4 Nov 2013 - 15:52 | |
| Il est aussi bon que ses photos, Salgado. Je l' ai écouté à la télé. Il est très impliqué par ce qu' il fait et son combat est plus actuel que jamais. D' où le fait qu' il le poursuit... | |
| | | colimasson Abeille bibliophile
Messages : 16258 Inscription le : 28/06/2010 Age : 33 Localisation : Thonon
| Sujet: Re: Sebastião Salgado [photographe] Sam 9 Nov 2013 - 14:10 | |
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| | | unmotbleu Sage de la littérature
Messages : 1329 Inscription le : 08/03/2013 Age : 65 Localisation : Normandie Rouen
| Sujet: Re: Sebastião Salgado [photographe] Sam 9 Nov 2013 - 14:29 | |
| J'ai vu des photos de Salgado sur le mouvement des "sans terre" du Brésil, elles sont extrêmement fortes et impressionnantes, magnifiques! Oui mais... Je me suis demandée: comment fait on pour photographier une telle misère? Qui autorise le photographe à prendre ses clichés? Le regard de cette petite fille, par exemple. | |
| | | colimasson Abeille bibliophile
Messages : 16258 Inscription le : 28/06/2010 Age : 33 Localisation : Thonon
| Sujet: Re: Sebastião Salgado [photographe] Lun 11 Nov 2013 - 9:02 | |
| C'est l'éternelle question... Et pourquoi cela serait mieux de ne pas photographier la misère ? Il suffit que le spectateur soit conscient que l'image ne représente pas la réalité mais le regard du photographe sur la réalité pour que le problème disparaisse... | |
| | | eXPie Abeille bibliophile
Messages : 15620 Inscription le : 22/11/2007 Localisation : Paris
| Sujet: Re: Sebastião Salgado [photographe] Lun 11 Nov 2013 - 9:05 | |
| - colimasson a écrit:
- C'est l'éternelle question...
Et pourquoi cela serait mieux de ne pas photographier la misère ? Il suffit que le spectateur soit conscient que l'image ne représente pas la réalité mais le regard du photographe sur la réalité pour que le problème disparaisse... Oui. Et je crois que le spectateur en est forcément conscient. La misère photographiée ainsi pose plus de questions au spectateur, il me semble. A part ça, personne n'a à autoriser un photographe à prendre toutes les photos qu'il veut, et heureusement ! (de même que les écrivains peuvent écrire sans demander la permission, sinon Zola aurait-il pu écrire tous ses livres ?). | |
| | | unmotbleu Sage de la littérature
Messages : 1329 Inscription le : 08/03/2013 Age : 65 Localisation : Normandie Rouen
| Sujet: Re: Sebastião Salgado [photographe] Lun 11 Nov 2013 - 9:39 | |
| Je suis d'accord pour dire que la misère doit être dénoncée. Je trouve ces photos magnifiques. Je me pose la question du droit à l'image, tout de même. Aimerais tu être photographié ainsi? Je pense que chacun (miséreux ou pas) a le droit de refuser ou d'accepter d'être photographié. | |
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