Alison Lurie

Nezumi a écrit:

Queenie a écrit:

Moitié du bouquin, je m'ennuie un peu... Je sens que mon avis va être assassin si Miss Chouineuse ne sort pas de son état pathétique de ronchonnette même pas drôle.

J'ai eu la même impression que toi. De ma grande période Lurie où je les ai tous lus ou presque, je le retiens comme étant ennuyeux et bien moins drôle et incisif que les autres.

'Videmment...
Bon je le termine et je lui laisse une seconde chance. Pour "un de ces jours"

Nezumi a écrit:

J'ai eu la même impression que toi. De ma grande période Lurie où je les ai tous lus ou presque, je le retiens comme étant ennuyeux et bien moins drôle et incisif que les autres.

Ah bon ? Il y en a que tu as trouvé drôles ? Je l'aime bien mais je n'ai jamais pensé à elle comme un auteur drôle. Et comme dit Kenavo, il faut prendre son temps. Suis pas sûre que ce soit vraiment un auteur pour Queenie

Epi a écrit:

Nezumi a écrit:

J'ai eu la même impression que toi. De ma grande période Lurie où je les ai tous lus ou presque, je le retiens comme étant ennuyeux et bien moins drôle et incisif que les autres.

Ah bon ? Il y en a que tu as trouvé drôles ?

Ben oui. Evidemment ce n'est pas du comique à se rouler par terre, mais c'est de l'analyse sociale bien vue, satirique et amusante je trouve, Liaisons étrangères et Conflits de famille en particulier.
Sinon, je les ai trouvés assez fluides et faciles à lire au contraire. Pas moins que David Lodge en tout cas, dont elle est un peu l'équivalent américain.

Tu devrais essayer avec un autre, Queenie.

Des gens comme les autres.



Et la 4ème de couv' :

Citation :

Dans son 4ème roman, publié en 1969 aux Etats-Unis, Alison Lurie ouvre le journal intime d'une femme qui a trouvé refuge dans une colonie d'artistes. Janet "Belle" Smith, auteur de nouvelles médiocres, s'imagine volontiers que le vert paradis d'Illyria va lui ouvrir de nouveaux horizons et lui permettre d'écrire mieux, loin des soucis matériels et familiaux. Mais, au contact de cet environnement de créateurs - un peintre, un écrivain, un poète -, elle se demande si l'on peur répondre à cette (désopilante) question : les artistes sont-ils des gens comme les autres ?
La jeune silhouette d'Anna May vient bousculer toutes ces interrogations. Les rivalités, la jalousie, le désir et les mesquineries ordinaires refont surface. Janet, elle, se trouve de plus en plus médiocre. Implacable portrait comique, ce roman d'Alison Lurie fait ici se rencontrer plusieurs genres littéraires. Est-ce un journal victorien détourné, le catalogue naïf d'une artiste ratée ou bien plus simplement, la mise en scène de l'ironie de soi?

Quelle pauvre pauvre Janet Belle Smith...
Partie en villégiature dans son petit Paradis d'artiste parce qu'elle n'arrive plus à écrire chez elle. Prise dans "OMG cette vie étriquée, pourrie, si bassement populaire de femme au foyer". L'impossibilité de la "lâcher" cette vie, parce que, quand même c'est bien confortable d'avoir un mari qui paye les factures, qui te paye tes vacances au Mexique, qui te laisse partir 3 semaines toute seule à Illyria. Mais ce que c'est dur d'être une femme écrivain dans un monde "normal". Non mais c'est vrai quoi : Ohlala les gens se reconnaissent dans ces histoires, et lui en veulent, la regardent autrement, se méfient d'elle.
Et elle qui n'aime pas sa vie mais qui y reste parce qu'elle est incapable d'inventer des histoires, obligée d'avoir un support bien réaliste, et si facile de piocher dans sa propre existence et celles de ses amis.
Oh... mais maintenant que tout le monde se méfie d'elle, elle n'ose plus écrire la cocotte... Que faire...

Et puis Janet est jalouse et possessive. Vlà qu'une jeune mignonette débarque à Illyria, et les uns après les autres, fait tourner la tête des hommes. Avec quelle incroyable facilité cette Anna May séduit tous les vieux artistes blasés... comme ils plongent tous pathétiquement. Et Janet qui rumine. Qui invente les pires intentions à cette fille...

Alors Pov' Janet esseulée qui finit par coucher avec le "rebel" d'Illyria. Oh lala, catastrophe, elle trompe son mari... et qui plus est avec un rustre. Oui parce que le sculpteur est un vrai paysou, aux muscles saillants, aux ongles sales, au langage de charetier... mais qu'est-ce qu'elle kif ça la bourgeoise... tant qu'elle arrive pas à se retenir d'aller le retrouver dans son atelier toutes les nuits, en cachette hein, faudrait suuuurtout pas que les autres le sachent... mais ils vont le savoir évidemment. Notamment son super pote ami dont elle est pathétiquement amoureuse depuis des années, ai persuadé qu'il s'agit d'un amour partagé alors qu'il n'y a jamais eu aucun geste corporel. Super pote dont elle apprendra qu'il est homosexuel refoulé, tombée des nues la petite Janet, bien heureuse de batifoler dans les bras d'un Vrai Bon Gars.

Pathétique, même pas drôle, aucune pitié, aucune sympathie ne m'a inspiré ce personnage, son histoire, ses déboires... Plus j'y pense plus c'est Cartlandien ce truc... faudrait que je relise, des fois qu'entre les lignes je m'aperçoive que sa couleur préférée est le Rose!


Juste envie de foutre une bombe géante dans cet Illyria.

Tellement c'est caricatural, tellement c'est mondain, tellement c'est misérable, tellement c'est creux.




ça me rassure de voir que personne ici n'avait parlé de ce livre avant... je me dis que je me suis vraiment trompée de bouquin (bon c'est par hasard que je l'ai dégoté dans une bouquinerie). Mais je ne suis pas franchement prête à recommencer cette expérience.

Je vois que certains ont lu Alison Lurie et ne semblent pas éprouver un grand enthousiasme. J'avoue avoir beaucoup apprécié cet écrivain. Bien entendu, certains ouvrages sont meilleurs que d'autres. Néanmoins, je considère qu'elle fait partie des bons écrivains. Ce n'est pas un auteur à succès, il faut avoir un esprit, peut-être, qui ressemble au sien et ne pas attendre de grandes émotions faciles.
J'ai lu cet écrivain, il y a maintenant plusieurs années, et je crois que je vais la relire pour me rendre compte si l'opinion que j'aie est toujours le même. Je ne pense pas que ce soit un écrivain qui puisse plaire à de jeunes lecteurs. Un peu de patine s'étant posée petit à petit sur ma petite personne et, je suis convaincue qu'à 20 ans, Alison Lurie semble un dinosaure de la littérature.
La comparer à la dame rose de la littérature anglaise (Barbara Cartl...) est sans doute une simple pointe d'ironie !

Gudule a écrit:

La comparer à la dame rose de la littérature anglaise (Barbara Cartl...) est sans doute une simple pointe d'ironie !

Pas tant que ça... je montrerais le passage sur le Rustre. C'est très Cartlandien. Mais pour le reste du livre, c'est vrai que ça passe.


Je ne sais pas si c'est une question d'âge.
Faut-il mettre des petits stickers sur les livres : déconseillés aux moins de 40 ans, interdit aux plus de 70 ans... Hum...

Question de sensibilité plus, c'est certain. Elle ne me semble pas un Dinosaure, elle me semble ... dépassée, désuète, facile, en surface, posée et posante.

Mais bon, c'était distrayant parfois. Seulement, je ne suis pas vraiment dans la distraction de ce type.

"Faut-il mettre des petits stickers sur les livres : déconseillés aux moins de 40 ans, interdit aux plus de 70 ans... Hum..."

Non, bien entendu. Néanmoins, on ne lit pas de la même manière à 20 ans qu'à 70 ans. C'est ainsi. J'ai fait la petite expérience en faisant lire Le Grand Meaulnes d'Alain Fournier à des personnes frisant la cinquantaine ou l'ayant dépassée et presque tous ont trouvé cela désuet, flirtant avec l'eau de rose, et j'en passe. J'avoue avoir ressenti la même émotion qu'à 20 ans en relisant ce livre. Et pourtant les lecteurs n'étaient pas incultes, loin de là, mais ce monde poétique avait disparu de leur horizon. L'écriture moderne, le vite écrit, la phrase courte, le manque de profondeur des personnages, la recherche frénétique de l'insolite, la complaisance dans le sordide font partie depuis quelques années du paysage littéraire et de ce fait ...il est vrai que le mot désuet peut venir à l'esprit en lisant Alison Lurie.
Il va de soi que ses propos n'engagent que moi et je préfère tout de suite dire dans ce forum que je "pique" parfois.

Gudule a écrit:

Il va de soi que ses propos n'engagent que moi et je préfère tout de suite dire dans ce forum que je "pique" parfois.

je ne pense pas que cela va poser un problème
chacun a droit à son opinion - le moment qu'on arrive à se parler et faire voir son point, cela peut se passer très bien..

je pense non plus qu'on a besoin de tels stickers - mais ce qui est sûr - chaque lecteur vient avec un assez grand bagage devant un livre: ses goûts, ses lectures du passées, ses attentes, ses idées ce qu'un livre devra lui apporter.. et du coup toute lecture est différente.. et l'appréciation de l'auteur de même

Je ne te trouve pas piquante Gudule. Dis ce que tu penses, et défends ton auteur, c'est comme ça, souvent qu'on suscite l'intérêt en plus !

Je souligne qu'à mon avis, il peut y avoir une question d'âge, mais il y a surtout une question de "goût". Enfin... qui sait, peut-être que dans quelques années j'aimerais mieux Alison Lurie.

Gudule a écrit:

L'écriture moderne, le vite écrit, la phrase courte, le manque de profondeur des personnages, la recherche frénétique de l'insolite, la complaisance dans le sordide font partie depuis quelques années du paysage littéraire et de ce fait ...il est vrai que le mot désuet peut venir à l'esprit en lisant Alison Lurie.

Justement... je reproche à Lurie de manquer de profondeur, et de se complaire, non dans le sordide, mais dans le "tout cuit". Pas trop de prise de risque. On s'attend limite à tout, et surtout ça manque de "chair".
Mais... je lui accorde le bénéfice du doute, étant donné que ce livre est censé être écrit par Janet Belle Smith, une fantastique Godiche (à mon avis), et Janet Belle Smith n'aurait certainement pas pu écrire un roman avec du "corps" et de la profondeur (elle le dit elle-même, qu'elle a la frousse de réfléchir sur ce qui se passe au-delà des apparences, elle se met volontairement des œillères).

Dès que possible, je vais relire "Des gens comme les autres" afin d'avoir un peu moins de recul sur son travail. J'ai une vue d'ensemble sur l'oeuvre dAlison Lurie ayant lu cet écrivain, il y a quelques années. Il va de soi que les goûts en matière de littérature sont toujours très personnels.
En ce qui concerne les auteurs traduits, le problème c'est la qualité de la traduction.
J'ai lu par exemple des ouvrages de Barbara Pym dont la traduction est excellente et parfois avec une mauvaise traduction, l'oeuvre peut devenir indisipide.

Gudule a écrit:

Dès que possible, je vais relire "Des gens comme les autres"

ça c'est cool, comme ça je saurais si ça vient de ce livre ou d'un truc d'incompatibilité entre Lurie et moi.

N’ayant pas lu ce livre, je ne peux apporter la contradiction sur celui-ci en particulier.
Il faut tout de même savoir qu’il fait parti de sa « première période », écrit voilà maintenant 40 ans.
De plus, ses 4 derniers romans sont de loin ses meilleurs et de manière crescendo…

Allison Lurie ne fait pas dans la demi-mesure et un personnage mondain, creux et mièvre, qui agit de manière caricatural, apparaîtra toujours comme tel. Elle possède une écriture « sociologique » et déshabille ses personnages avec une ironie cruelle. Le personnage t’a exaspéré Queenie parce que… il l’est pour l'auteur !

La vérité sur Lorin Jones

C'est le premier livre de cet auteur que je lis , et je suis vraiment enthousiaste .
Cette histoire mêlant vie privée , vie sociale et vie professionnelle est d'une maîtrise totale .

D'abord il y a un véritable suspense qui en fait un roman qu'on ne lâche pas , Polly l'héroïne tente de rassembler les bribes de vie d'une peintre qu'elle admire, morte assez jeune , plutôt abandonnée , Lorin Jones , afin d'écire sa biographie.

On va donc assister à une succession d'entretiens de Polly avec les personnes qui l'ont côtoyée , ce qui donnera évidemment une belle galerie de portraits .
Peu à peu , Polly qui s'était faite une idée personnelle et légèrement édulcorée de Lorin , devra revoir sa copie tant les témoignages successifs brouillent un peu les pistes Forcément chaque protagoniste a sa propre version et "ment " à sa manière soit pour se protéger lui-même soit pour protéger Lorin , soit ....Polly elle -même.

Tout cela émaillé avec force détails par la vie privée de Polly se débattant avec son ado de fils , ses hésitations sur ses amies amantes , amis , amants , amies tout court , sans jamais tomber dans le ridicule ou la caricature.

J'ai beaucoup aimé également sa réflexion sur le métier de peintre et sur la création artistique au sens large.

Un style très limpide mais sans concession qui en fait une lecture vraiment agréable , je le conseille à tout le monde .

Je viens de finir "Liaisons étrangères" , j'aime toujours autant ce style
Certes elle décrit toujours un peu le même milieu , là il s'agit encore d'universitaires américains en goguette à Londres
Enfin pas vraiment en goguette puisqu'ils sont chargés de recherches mais ceci n'est qu'un prétexte , Alison Lurie les met tous en présence , des amours naissent , forcément compliqués et voués à l'échec , les rapports humains , les codes sociaux sont le moteur de ce récit où il ne se passe rien de très "matériel" mais où tout est disséqué , et les caractères et comportements sont analysés avec un soin tout particulier.

Chaperlipopette en a bien parlé un peu plus haut

Alison Lurie a quelques marottes , une m'a particulièrement frappée , elle décrit un couple de jeunes universitaires américains s'étant établis à Londres mal fagottés , se plaignant de tout , à la fois du climat forcément humide de Londres , de la petitesse des monuments , en fait c'est eux qui sont petits , ridiculement empêtrés dans leur condition de jeunes parents avec leur bébé chouinant qu'ils portent en sac à dos , même dans les réceptions de leurs amis anglais
Leur seule préoccupation est que leur progéniture n'ait toujours pas réussi à articuler un mot à 16 mois et forcément ça les chagrine , c'est des pédagogues et des universitaires , un comble !

Donc je vais continuer avec Alison Lurie que je hisse au rang d'une Paula Fox ou de Marie Ndiaye , même si les histoires n'ont rien en commun sinon le talent.

J'ai eu ma grande période Alison Lurie, j'ai du en lire une dizaine d'une façon rapprochée, et à un moment j'ai atteint la saturation, parce que c'est vrai que c'est toujours un peu la même chose, et même si c'est vraiment bien fait à un moment donné cela lasse. Je te conseillerais de la consommer avec modération, comme ça tu y prendra plaisir plus longtemps.