Vous aimez le roman noir ? Alors vite, précipitez vous sur les bouquins de Goodis... Comment ça ce nom ne vous dit rien ? Attendz un peu... Vous avez vu le film "Rue Barbare", avec Bernard Giraudeau ? Et bien c'est tiré du roman "Epaves", de Goodis. Le film "Le casse", avec Bébel ? Et bien c'est Goodis qui en a fait le scénario (sauf que la première version est américaine, en noir et blanc, et que le héros meurt à la fin). "La lune dans le caniveau" de Beinex ? Et bien c'est tiré du roman du même nom. Descente aux enfers avec Brasseur et Sophie Marceau ? Idem. Mais mon préféré, c'est "Tirez sur le pianiste", avec Charles Aznavour dans le rôle d'Eddie... Toujours Goodis.
Et puis il y a d'autres romans, toujours aussi noirs : "Les pieds dans les nuages", Allumette facile", "Sans espoir de retour" (là aussi, on en a tiré un film, mais c'est un abominable navet), "La blonde au coin de la rue", etc...
Beaucoup de ses bouquins racontes la même histoire : Celle d'un type exceptionnel, qui a tout pour réussir, un chanteur célèbre (sans espoir de retour), un concertiste surdoué (Tirez sur le pianiste), qui un jour perd tout, par amour la plupart du temps. Il devient clodo, ou pianiste de bar, ou marginal, et attend la mort comme une sorte délivrance. Jusqu'au jour... Jusqu'au jour où un nouvel amour, une nouvelle quête, un espoir de rédemption apparaît. Le premier roman de Goodis s'appelle : "Retour à la vie". Les critiques ont aimé, mais le public américain, non. Là-bas, les loosers, on n'aime pas trop. Par contre, les français lui ont voué un culte... Va donc savoir pourquoi.
La vie de Goodis ressemble a ses romans. Auteur de "Dark Passage", traduit "Cauchemar" en français, les droit du roman sont acheté par la Warner qui en fait : "Les passagers de la nuit" avec Lauren Bacall et Humphrey Bogart (1947). Il devient alors une star... Puis, lentement, il va dégringoler. Il écrit comme un forcené, mais il écrit ce qu'il aime. Et il publie dans les éditions de poches. Ses livres sont des joyaux, mais répétons le, les américains n'aiment pas...
Goodis écrira jusqu'en 1961. Mais peu à peu, il s'enfoncera dans l'alcool et la déprime. La mort de ses proches le blessera gravement, et il mourra dans l'indifférence général un an aprés sa mère, 4 ans aprés son père, en 1967. J'avais tout juste un an...
J'ai ouvert mon premier Goodis à 20 ans. Je flanais chez les bouqinistes, et j'ai découvert "Epaves", la vie d'un zonard qui rêve de partir, loin, trés loin... de l'autre côté du périph'. Et même ça, il n'y réussira pas. Pas qu'il manque de courage, on le verra se battre pour sauver une fillette tombée entre les mains d'une bande de crapules, prendre une multitude de coups, et réussir. Mais entre survivre dans un monde hostile, minable, malsain, mais que l'on connait par coeur, et refaire sa vie, ailleurs, dans un paradis dont on ne sait rien, il y a... Une route à traverser, un mur infranchissable, des amis à oublier, une bouteille qu'on a pas encore vidé.