Rêves d'or [Diego Quemada-Diez]

Rêves d’or
Un Certain Regard - Prix un Certain Talent  
Un Certain regard - Prix d’interprétation pour les trois comédiens (Cannes 2013)



Réalisé par Diego Quemada-Diez (Mexique)

Avec :


Karen Martínez


Rodolfo Dominguez


Brandon López

Date de sortie : 4 décembre 2013

« Rêves d’or » est le titre donné en France au film mexicain « La Jaula de Oro », de Diego Quemada-Diez.

La Jaula de Oro (La cage d’or), ce sont les Etats-Unis. Et fuyant leur misère, leur tas d’ordures et leur bidonville, c’est d’elle qu’ils rêvent, les trois héros du film, adolescents guatémaltèques qui fuguent et traversent la frontière du Mexique pour la rejoindre.
Parmi les trois, le petit chef de l’expédition : Juan. Puis une fille, Sara,  qui se coupe les cheveux et se bande la poitrine afin de donner l’illusion d’être un garçon, moins vulnérable au cours du voyage. Enfin, Samuel, plus fragile, plus effacé.

Au Mexique, un jeune Indien du  Chiapas, qui ne parle pas l’espagnol et n’a pas de papiers, les suit à distance. Puis les rejoint, encouragé par le comportement amical de Sara, et en dépit de la méfiance et de la  jalousie agressive de Juan.


Tout au long du film, Chauk parle toujours en tzotzil, et si ses propos sont  incompréhensibles (pas de sous-titres, pas de traducteur pour lui dans le scénario) il est tellement expressif que rien ne nous échappe de ce qu’il dit et de ses sentiments.


La route sera longue et semée de terribles épreuves.
On connaît cela, plus ou moins, on l’a vu aux infos ou dans d’autres films.
L’originalité de ce film tient à son traitement du sujet sans pathos, sans misérabilisme, entre documentaire et fiction, entre réalisme et poésie. La tension se fera de plus en plus forte.

           


Les adolescents de Rêves d’or, tous acteurs amateurs, sont extraordinaires de force et de justesse, incarnant ces gosses courageux, à la fois insouciants et sans illusions, des risque-tout dans leur monde de misère et de violence qui n’exclut pas tout à fait le rêve, ni l’amitié, ni l’amour, ni la solidarité.

On a peur et souffre pour eux mais la distance que met le réalisateur dans son film pour traiter le drame ne nous arrachera pas de larmes faciles. Pas plus qu’aux héros.
On ressort du film plutôt sonnés…Mais il faut le voir, pour toutes ces tragiques destinées anonymes, ces gosses-là, ceux de Lampedusa et d’ailleurs…

Rêves d’or est le premier long métrage de Diego Quemada-Diez (44 ans). Mais ce dernier ne manque pas d’expérience puisqu’il a travaillé avec  Ken Loach, Spike Lee, Oliver Stone et Alejandro Gonzàlez Iñarritu.
Alors il faut aussi voir ce film pour sa maîtrise du cadre, gros plans ou paysages immenses donnant la mesure de l’espace que traversent les héros.



" La réalité sociale en Amérique latine est telle que le cinéma se doit d’être engagé. Ce qui m’intéresse, c’est de réaliser des films enracinés dans notre société contemporaine. Il y a tout dans le réalisme : l’imagination et la raison, la souffrance et l’utopie, le bonheur et la douleur de l’existence. Je veux donner une voix aux migrants – des êtres humains qui défient un système établi par des autorités nationales et internationales impassibles, en traversant les frontières illégalement, en risquant leurs vies dans l’espoir de fuir une pauvreté épouvantable.
Ce film n’est pas un documentaire mais plutôt une fiction basée sur la réalité, qui la reconstitue avec une volonté d’authenticité et d’intégrité.
En nous identifiant à Juan et Chauk, nous embarquons pour une aventure émotionnelle et faisons une découverte importante. Le voyage que nous entreprenons balaie l’idée selon laquelle le bonheur nous attend ailleurs, nous permet de réfléchir aux frontières qui divisent les nations et de partir à la découverte de ce qui nous sépare en tant qu’êtres humains.
Les paroles prononcées par un Mexicain du nom de Juan Menéndez López juste avant de monter dans un train de marchandises avec ses sept compagnons, restent gravées dans mon esprit : « On apprend beaucoup le long du chemin. Ici, nous sommes tous frères. Nous avons tous les mêmes besoins. L’important, c’est que nous apprenions à partager. C’est seulement comme ça que nous pouvons avancer, que nous pouvons atteindre notre destination, seul un peuple uni peut survivre. En tant qu’êtres humains, nous ne sommes clandestins nulle part sur cette planète".
Diego Quemada-Diez


bande-annonce

J'ai eu plus de mal avec ce film, qui lorgnait trop du côté documentaire sans en être vraiment. Du coup j'ai trouvé le temps très long et je me suis ennuyée, malgré la qualité du jeu d'interprétation des jeunes et quelques beaux plans visuels. Mais ce genre de film n'est pas trop ma tasse de thé, trop réaliste à mon goût. J'aurais préféré voir un vrai documentaire sur le sujet mais pas quelque chose d'hybride comme ce film le fut pour moi. Maintenant il trouvera son public et c'est tant mieux car le sujet le mérite bien.

coline a écrit:

Rêves d’or
Un Certain Regard - Prix un Certain Talent  
Un Certain regard - Prix d’interprétation pour les trois comédiens (Cannes 2013)



Réalisé par Diego Quemada-Diez (Mexique)

De l'Amérique centrale aux États-unis, on sait de quels périls est fait ce périple. Rêves d'or conte le destin d'adolescents en route vers un mirage. La veine est d'abord documentaire, un cheminement laborieux qui passe d'abord par le train. Le film de Diego Quemada-Diez est une sorte de "rail movie" dont le récit rappelle immanquablement ceux de La grande Dépression. Steinbeck est toujours actuel. Le rythme de Rêves d'or est lent c'est vrai mais il a pour lui une mise en scène qui privilégie les grands espaces, comme dans un western, qui s'opposent aux nombreux gros plans. Le film possède quantité de très belles scènes sans que le réalisateur ne joue la carte de l'ostentation esthétique. Le parti pris est celui du réalisme, il est parfaitement assumé et maîtrisé.

C'est drôle Sentinelle parce que j'ai ressenti l'inverse par rapport au Géant égoïste qui m'a semblé plus fabriqué, moins inspiré. Rêves d'or est au contraire incroyablement bouleversant (et dur, très dur) parce que ses personnages sont magnifiques. Cet indien du Guatemala notamment est d'une humanité qui m'a tiré les larmes plusieurs fois. Le film a un aspect quasi documentaire c'est vrai mais je me suis constamment projeté dans ces 3 adolescents en quête d'impossible et j'ai souffert avec eux même si le réalisateur ne s'appesantit pas sur le mélodrame. C'est implacable, très cruel et extrêmement désenchanté (le final plombe bien l'ambiance). Probablement le film le plus triste de l'année mais aussi un des plus beaux. Je pense à ce 4e copain qui renonce et s'éloigne les larmes aux yeux, à ce geste de l'indien qui voudrait faire apparaître la neige, ces jeux d'adolescents qui s'affrontent puis s'unissent face à la violence de leur destinée. Un coup de poing dans la gueule mais des personnages que je n'oublierai pas.

Marko a écrit:

C'est drôle Sentinelle parce que j'ai ressenti l'inverse par rapport au Géant égoïste qui m'a semblé plus fabriqué, moins inspiré. Rêves d'or est au contraire incroyablement bouleversant (et dur, très dur) parce que ses personnages sont magnifiques. Cet indien du Guatemala notamment est d'une humanité qui m'a tiré les larmes plusieurs fois. Le film a un aspect quasi documentaire c'est vrai mais je me suis constamment projeté dans ces 3 adolescents en quête d'impossible et j'ai souffert avec eux même si le réalisateur ne s'appesantit pas sur le mélodrame. C'est implacable, très cruel et extrêmement désenchanté (le final plombe bien l'ambiance). Probablement le film le plus triste de l'année mais aussi un des plus beaux. Je pense à ce 4e copain qui renonce et s'éloigne les larmes aux yeux, à ce geste de l'indien qui voudrait faire apparaître la neige, ces jeux d'adolescents qui s'affrontent puis s'unissent face à la violence de leur destinée. Un coup de poing dans la gueule mais des personnages que je n'oublierai pas.

Moi aussi, comme toi Marko, j'ai été plus touchée par "Rêves d'or". Je me suis moins sentie "au cinéma" donc il m'a bouleversée plus encore.

coline a écrit:

On a peur et souffre pour eux mais la distance que met le réalisateur dans son film pour traiter le drame ne nous arrachera pas de larmes faciles. Pas plus qu’aux héros.
On ressort du film plutôt sonnés…Mais il faut le voir, pour toutes ces tragiques destinées anonymes, ces gosses-là, ceux de Lampedusa et d’ailleurs…

[...] il faut aussi voir ce film pour sa maîtrise du cadre, gros plans ou paysages immenses donnant la mesure de l’espace que traversent les héros.

J'ai presque envie de retourner le voir...

Marko a écrit:

C'est drôle Sentinelle parce que j'ai ressenti l'inverse par rapport au Géant égoïste qui m'a semblé plus fabriqué, moins inspiré. Rêves d'or est au contraire incroyablement bouleversant (et dur, très dur) parce que ses personnages sont magnifiques. Cet indien du Guatemala notamment est d'une humanité qui m'a tiré les larmes plusieurs fois.

Notre ressenti est fort différent dans la mesure où je suis restée tout le temps en-dehors du film.  Le fait qu'il ne soit pas vraiment un film avec une trame narrative habituelle ni un vrai documentaire m'a gênée tout le long de ma vision. Pourtant je reconnais toutes ses qualités et je comprends bien vos arguments mais cela n'a pas du tout fonctionné en ce qui me concerne tant je m'y suis ennuyée