Parfum de livres… parfum d’ailleurs
Vous souhaitez réagir à ce message ? Créez un compte en quelques clics ou connectez-vous pour continuer.
Parfum de livres… parfum d’ailleurs

Littérature, forum littéraire : passion, imaginaire, partage et liberté. Ce forum livre l’émotion littéraire. Parlez d’écrivains, du plaisir livres, de littérature : romans, poèmes…ou d’arts…
 
AccueilAccueil  Dernières imagesDernières images  RechercherRechercher  S'enregistrerS'enregistrer  Connexion  
Le deal à ne pas rater :
Display One Piece Card Game Japon OP-08 – Two Legends : où la ...
Voir le deal
Le deal à ne pas rater :
Cartes Pokémon 151 : où trouver le coffret Collection Alakazam-ex ?
Voir le deal

 

 Françoise Lefèvre

Aller en bas 
AuteurMessage
Chatperlipopette
Zen littéraire
Chatperlipopette


Messages : 7679
Inscription le : 24/02/2007
Age : 58
Localisation : Bretagne

Françoise Lefèvre Empty
MessageSujet: Françoise Lefèvre   Françoise Lefèvre EmptySam 15 Mai 2010 - 14:32

Françoise Lefèvre Avt_fr10
"Née en 1942, Françoise Lefèvre a obtenu le prix Goncourt des lycéens en 1990 pour "Le petit prince cannibale" publié chez Actes Sud."
Elle fut ouvreuse avant de se lancer, en autodidacte, dans l'écriture.
Revenir en haut Aller en bas
http://chatperlipopette.blogspot.com
Chatperlipopette
Zen littéraire
Chatperlipopette


Messages : 7679
Inscription le : 24/02/2007
Age : 58
Localisation : Bretagne

Françoise Lefèvre Empty
MessageSujet: Re: Françoise Lefèvre   Françoise Lefèvre EmptySam 15 Mai 2010 - 14:34

La grosse

Françoise Lefèvre Grosse10

Céline est garde-barrière sur une ligen secondaire, perdue dans la Bourgogne profonde. Elle y cache son mal intime, sa solitude,sa splendide chevelure et ses rondeurs. Céline est une peinture de Botero, un modèle lumineux de Botticelli, une Vénus, non pas sortie d'un coquillage, mais des brumes et des forêts de Russie: elle pèse son poids, ne passe pas inaperçue malgré son intégration dans le paysage villageois, mais a la légèreté d'une âme belle et généreuse. Elle est l'image d'une maternité Renaissance, celle qui fait défaut en ces temps désespérés où les rondeurs outragent la vue des regards gavés de gravures de mode, irréels androgynes, créatures d'une société qui tremble devant la pure féminité. Céline a la beauté d'une icône de la fécondité, elle possède la beauté que l'on ne veut pas voir car trop sensuelle et trop tentante, aussi, préfère-t-on la critiquer sournoisement, déverser un fiel jaloux sur sa blondeur de blé mûr, son châle de soie, sur lequel dansent des coquelicots, et ses coquetteries. Pourtant, elle plaît, la Céline, elle sait donner sans compter l'amour qui manque à Sylvestre et Noémie, enfants qu'elle garde et emmène dans l'univers débordant de sucreries et amusements de la fête foraine, ou à Anatolis, son vieil ami et voisin qui lentement se meurt. Elle les câline, leur montre combien ils sont importants et uniques, elle les entoure d'un amour sans fin, prolongement de ceux qu'elle a perdus, avec une dignité de Marie-Madeleine et la sensuelle beauté d'un poème de Baudelaire.

Céline est un éclat de vie que la tristesse d'un enfant perdu rend encore plus flamboyante, plus majestueuse, telle une reine d'un royaume disparu, entre la taïga russe et une voiture qui n'a pas pu s'arrêter à temps. L'ivresse d'une douleur qui enfle un corps autrefois somptueux, l'ivresse de la solitude qui offre en pâture aux esprits étroits et chagrin l'âme d'un ange égaré.
"La grosse" est un roman-tableau, clair-obscur d'une humanité tantôt lumineuse et transcendante de beauté, tantôt d'une noirceur suant la peur de ce qui n'entre pas dans la norme, éphémère mais dictatoriale, de canons voués à l'oubli. C'est aussi un roman-poème dont la force des mots et des images qu'ils suscitent est un chant merveilleux à la beauté plantureuse, et ô combien troublante, d'une fécondité et d'une maternité rayonnante que l'on veut oublier. A mesure que je faisais connaissance avec Céline, les images de Marie-Madeleine, de madones, de Vénus jaillissant des flots, dansaient au gré des mots, à la douce amertume de Françoise Lefèvre qui nous offre une ode sublime,et parfois triste, à la féminité étouffée par le mythe, réducteur, de l'androgyne.
"La grosse" est un très beau conte cruel sur le regard des autres, sur la différence et sur la fragilité des relations humaines. C'est aussi, et surtout, un magnifique roman où la poésie est sous chaque image, chaque mot, où les sensations sont reines, où les rires et les larmes se côtoient avec jubilation, où l'amour de la vie chante même lorsqu'apparaît son crépuscule. Un roman qui reste longtemps niché au creux de sa mémoire, au creux de son jardin secret....un petit bijou, tout simplement.

"Entre ses paupières, il contemple cette femme assise sur ses tibias. Flamboyante. Enorme soleil quand il incendie l'horizon. Juste avant de basculer dans la mer. Seconde crépusculaire. Oui, cette femme est LA lumière. Cette femme, comme les repasseuses d'autrefois, embaume l'air de son odeur d'aisselle lavée au savon de Marseille, frottée à l'essence de lavande. Sous l'effort sa peau prend le goût des marais salants. Ses cheveux ont un parfum d'amour, d'huile amoureuse et musquée. Elle redessine les côtes du vieil homme, les rassemble. Elle les compte avec la pulpe de ses doigts. Elle soulève ses fesses et les pétrit comme une pâte à pain. Elle lui balance des taloches d'amour. Elle oint ses membres et les frotte, les essuie de ses cheveux. Et en elle-même dit et redit cette prière: - Ne meurs pas! Anatolis, ne meurs pas! - Et chaque jour, oubliant sa propre peine, elle le ressuscite un peu." (p 33 et 34)



"Dans tes cheveux, Céline, l'odeur du feu de bois, de la mousse de chêne, des embruns. Tu es belle comme une statue reversée. Belle et blanche comme Léda et le cygne. Comme la Nuit gisante sur un tombeau, une minuscule effraie sur ses genoux. Me refuseras-tu la tendresse de tes bras?" (p 62)


Revenir en haut Aller en bas
http://chatperlipopette.blogspot.com
 
Françoise Lefèvre
Revenir en haut 
Page 1 sur 1
 Sujets similaires
-
» Soirée à la MCJP - Exposition Claude Lefevre et poèmes de Ogawa Shizue
» Françoise Rey
» Françoise Sagan
» Françoise Bourdon
» Françoise Henry

Permission de ce forum:Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
Parfum de livres… parfum d’ailleurs :: Le cœur du forum : Commentons nos lectures en toute liberté… :: Littérature française (par auteur ou fils spécifiques)-
Sauter vers: