La vie cachée de Fidel Castro par Juan Reinaldo Sanchez

Juan Reinaldo Sanchez n'est pas un écrivain, pour écrire "la vie cachée de Fidel Castro" il a été aidé par Axel Gylden grand reporter à l'express, auteur de deux autres ouvrages.
Le livre est sous titré "Les révélations explosives de son garde du corps personnel". En fait d'explosions à part deux ou trois je n'en ai pas ressenti beaucoup et je m'attendais à plus de la part de ce proche.
Je vais tenter d'analyser ce récit, récit car ce n'est pas un roman en soi, c'est la relation de faits "dévoilés" et d'évènements historiques vécus de l'intérieur.
Pour situer Reinaldo Sanchez, c'est un homme du peuple de milieu modeste, par ses qualités physiques il devint garde du corps dans la police cubaine, pays où armée et police sont mêlés. Garde du corps ayant atteint à un moment de sa vie le plus haut rang pour un garde du corps cubain, celui de garde personnel de Fidel Castro. A ce poste il a en charge la sécurité du dictateur, à l'intérieur du pays et à l'exterieur, il organise la sécurité lorsque Fidel voyage.Il donne des instructions aux autres gardes, est chargé de tenir un relevé (la libreta) des faits et gestes de son "maitre" lors de ses déplacements ou des réceptions d'invités, des relations de Fidel et de ses ministres, etc... De plus, il est chargé d'enregistrer les conversations privées de Fidel sur magnetoscope, autant dire qu'il est amené à en connaître beaucoup sur le dictateur et que le lecteur s'attendait à beaucoup plus...
Reinaldo Sanchez semble être une personne tres imbue d'elle même. Il revient avec insistance sur ses compétences, sur sa relation privilégiée à Fidel, et franchement je m'attendais à plus de révélations, mais bon pour un lecteur ne connaissant pas Cuba ou ayant des oeillères cela n'est déjà pas si mal.
Et que nous apprend il..?:
- il aborde la richesse cachée de son mentor, les propriétés nombreuses, les îles, les bâteaux, les biens financiers dont Fidel est nanti alors que lorsqu'il est interrogé il n'avoue qu'un salaire mensuel de 900 pesos cubains soit environ 40 dollars, selon Reinaldo Sanchez.
- Il décrit les relations de Fidel et de sa famille, frères, épouses et nombreux enfants inconnus du public. Toutes choses en effet tenues secrètes vis à vis de ses compatriotes. Sa relation particulière à Raul, le frère préféré.
- Il énumère les revenus que lui procure "l'entreprise Cuba" dont il est le seul maître.
- Il révèle la place centrale de Fidel dans les guerres de liberations en Amerique du Sud et Afrique dans les années 80-90. Son rôle dans la lutte de l'afrique du sud de l'apartheid et la liberation de Mandela. Ses relations avec les dirigeants des pays frères et des révolutionnaires tels Khadafi et Kim Il-Sung.
- Et enfin à la page 285 de ce livre de 329 pages il révèle le rôle dominant de Fidel dans un trafic de drogue entre le cartel de Médélin et les USA, l'affaire Ochoa dans laquelle il sacrifia plusieurs hauts dirigeants du parti pour se blanchir de ce trafic et apparaître "blanc comme neige"...
Ce serait cette affaire qui aurait fini par ouvrir les yeux du narrateur sur la vraie nature de Fidel.
à suivre...

Reinaldo Sanchez termine par sa disgrâce, sa fuite de Cuba et sa nouvelle vie.
Dans cet ouvrage Fidel apparaît comme un être se désinteressant de ses enfants, se séparant sans état d'âme des personnes dont il n'a plus besoin après s'en être servi, n'éprouvant aucun interêt particulier pour les individus hormis l'idée qu'il se fait de la Révolution, un être intelligent et d'une grande résistance physique...
A Cuba ce n'est un secret pour personne que la vie privée de Fidel est cachée au peuple, que sa richesse, ses résidences sont tenues secrètes. Sur ces points Reinaldo Sanchez amène des éléments qui ne surprennent pas un habitué de Cuba, bien que là il nomme les lieux et les gens, ainsi beaucoup de choses qui là bas se chuchotent maintenant sont mises au jour.  Le rôle de Fidel dans les mouvements révolutionnaires mondiaux sont également connus, l'espionnite du régime semblable à celle des pays de l'est  (voir le film "la vie des autres") n'est pas un secret, à Cuba tout le monde est espionné et tout le monde espionne que ce soit un membre de la famille ou un voisin, les victimes en sont les cubains eux mêmes mais aussi les touristes.
Pour moi l'élément nouveau a été l'affaire Ochoa et le rôle de Fidel dans le trafic de drogue à partir de Cuba. Le problème c'est qu'il n'y a pas de preuve à part la parole du narrateur. Je dois dire que pour moi cela ne m'étonne pas, car Fidel avait besoin d'argent, et le Fidel de la Revolution de 1959 et celui du communisme n'est pas le même pour moi, mon admiration s'est arrétée lors de son choix politique.

merci ITN pour ton commentaire sur le livre que tu complète par tes connaissances personnelles.

Est-ce que tu n'as pas senti un côté un peu trop revanchard par le narrateur ?

pour l'affaire Ochoa donc pas de preuve (j'ai vu que la fille de la Guardia l'un des accusés avait écrit un livre sur son père)

Bédoulène a écrit:

Est-ce que tu n'as pas senti un côté  un peu trop revanchard par le narrateur ?

pour l'affaire Ochoa donc pas de preuve (j'ai vu que la fille de la Guardia l'un des accusés avait écrit un livre sur son père)

Revenchard n'est peut être pas le mot, car dans cette affaire il a perdu son boulot ou sa retraite cubaine (bon à Miami il s'en moque), il a fait deux ans de prison et pendant plus de dix ans il a eu une vie d'homme traqué par la police politique avant de pouvoir quitter l'île, c'est beaucoup plus que d'écrire un livre...
pour l'affaire Ochoa il dit avoir eu l'occasion de se rendre avec Fidel pas mal de temps avant les faits dans le local où par la suite la drogue a été decouverte, qu'il aurait surpris une conversation entre Fidel et les principauxc protagonistes de l'affaire dont le Ministre de l'Interieur Abrantes impliqué dans l'affaire, discussion au cours de laquelle Fidel se comportait comme l'instigateur du trafic, mais c'est uniquement sur sa parole...
Pour la fille de La Guardia impliqué dans le dossier je vais chercher à me procurer ce bouquin et je te remercie de ce renseignement.

dans ce bouquin ce qui me gène c'est que cet homme a profité du systeme Castro, lorsque l'on connait le fonctionnement de la debrouille cubaine Sanchez a beneficié de beaucoup d'avantages dans sa vie de tous les jours et sa famille (son epouse et ses enfants) n'ont pas eu à galerer comme les cubains que j'ai vu galerer..Et là quelque part je ne peux pas le plaindre...De plus dans de brefs passages il fait allusion aux difficultés de vie des coréens du nord ou des angolais, mais je n'ai noté aucune compassion sur ses compatriotes vivant dans la misère à croire que comme Fidel il ignorait les difficultés de vie de beaucoup de cubains...

J'ai trouvé ce lien qui complete les declarations de Sanchez :
à lire pour le dossier Ochoa

un lien qui resume l'affaire ochoa
voir ici

Bédoulène a écrit:

pour l'affaire Ochoa donc pas de preuve (j'ai vu que la fille de la Guardia l'un des accusés avait écrit un livre sur son père)

je me le suis procuré à la bibliotheque...

j'ai lu les liens, merci (Ochoa et l'Angola ! )