Marie Redonnet

Marie Redonnet, née en 1948, est une écrivaine française.

Elle est titulaire d’une agrégation de lettres modernes et d’un doctorat ès lettres (sujet de thèse : Jean Genet, le poète travesti). Elle a enseigné à l'université de la Sorbonne Nouvelle et a été chargée de recherches au CNRS sur l'art et le langage de 1995 à 1997. De 2000 à 2004, elle est chargée de Mission pour le livre à l'ambassade de France au Maroc. Professeur de français pour des classes allant de la seconde à la première au lycée Jules-Verne de Limours-en-Hurepoix pendant une partie de l'année 2005-2006. Professeur invité à l'université du Colorado à Boulder à l'invitation du professeur Warren Motte en 2006-2007, elle se réinstalle ensuite au Maroc, près de Rabat, où elle se consacre à l'écriture. Elle vit à présent entre Aix-en-Provence et Rabat.

Depuis son premier roman (Splendid Hôtel, 1986), Marie Redonnet poursuit une œuvre fascinante, qui chemine entre la fable et le scalpel. Ses textes déploient un imaginaire puissant. Ils remettent en question le monde dans lequel nous acceptons de vivre. Ce sont les mots de son éditeur Le Tripode.

Bibliographie

Romans

1986 Splendid Hôtel,
1987 Forever Valley,
1987 Rose Mélie Rose,
1992 Candy Story,
1994 Nevermore,
2000 L'Accord de paix,
2005 Diego,
2016 La Femme au colt 45, Page 1

Théâtre

1988 Tir & Lir,
1989 Mobie-Dicq,
1991 Seaside,
1994 Le Cirque Pandor suivi de Fort Gambo,

Contes

1986 Doublures,
199 Silsie,
1996 Villa Rosa, Matisse,

La femme au colt 45

C'est un livre d'une simplicité presque déconcertante. Un livre dont on a l'impression de connaître déjà l'histoire (un peu ou bien beaucoup) et qui surprendra rarement son lecteur par ce qu'il raconte : l'histoire est celle d'une femme qui quitte son pays, l'Azirie, où elle était actrice dans le théâtre de son époux (lui-même emprisonné) et qui s'exile vers la Santirie avec son colt 45. Son fils fait la guerre, elle a cinquante ans, elle est encore pas mal et elle va devoir user de ses charmes pour survivre. Sans-papier, clandestine, armée, Lora Sander est une héroïne moderne, de celle dont les visages se devinent dans les foules de réfugiés, ici, là, partout…

Je le disais l'histoire est assez banale mais ce qui l'est moins c'est la manière dont Marie Redonnet use pour nous la rendre : un style proche du théâtre, une voix qui monologue, des thèmes qui reviennent comme dans une fugue musicale (mais nous sommes dans une fuite plus tragique qu'une simple fugue), une distance radicale, une économie de mots qui laisse au lecteur largement de quoi remplir les blancs, un style épuré, d'une simplicité quasi autistique, bornée, domptée, meurtrie.

Le livre expose en 110 minuscules petites pages, l'histoire tellement banale de Lora Sander qu'on se demande pourquoi il a fallu l'écrire et pourquoi elle est lue ? L'histoire d'une femme qui passe par toutes les étapes de la solitude, de l'usage du corps, du jeu et de l'asservissement pour enfin devenir femme. Christine Plantec écrivait dans Le Matricule des anges (n°170) à propos de ce 'roman' : On sort parfaitement revigoré de cette fable humaine qui sous couvert de naïveté et d'étrangeté redonne à ce que Deleuze nomme 'la littérature mineure' toute sa vivacité. Je ne sais pas ce que Deleuze rangeait dans la catégorie 'littérature mineure' mais on a bien entre les mains un livre dont la légèreté retient à peine l'attention et dont l'implacable banalité émeut peu.

Ce livre, que les lecteurs de Redonnet ont attendu 10 ans, ne semble être qu'un écho, écho d'une œuvre théâtrale et romanesque dont il me reste à explorer d'autres domaines, car celui-ci m'a paru si ce n'est trop indigent, du moins trop peu exaltant pour assouvir ma curiosité.

Mention spéciale pour le travail de l'éditeur : Le Tripode, qui non seulement offre une couverture attirante mais également un texte parfaitement atypique et typographiquement séduisant.

Merci pour ce fil
j'ai découvert Marie Redonnet il y a très longtemps avec son roman Nevermore, qui me reste en bonne mémoire...

avec ce nouveau livre elle a fait un vrai buzz sur bon nombre de blogs, je l'avais noté...

Je suis curieuse d'avoir ton avis, kenavo, car même si je n'ai pas été complètement emballée ce livre a quelque chose de particulier et même si sur des sujets similaires (la guerre, l'exil, le corps, les femmes) je me sens plus proche de Pavel Hak ou encore de Dominique Sigaud, je pense que le texte de Marie Redonnet peut apporter pas mal de questions à un lecteur plus sensible à sa manière de présenter les évènements. Et puis c'est vraiment très court !

shanidar a écrit:

Je suis curieuse d'avoir ton avis, kenavo

ça pourrait durer un bon moment... il y a beaucoup d'autres livres qui me tentent bien plus fort que celui-ci

merci Shanidar, puisque le livre est court, je le lirai !

shanidar a écrit:

Je suis curieuse d'avoir ton avis, kenavo, car même si je n'ai pas été complètement emballée

Ah tiens! J'avais l'impression que tu étais très enthousiaste au contraire! En tous cas ton commentaire donne envie.

Disons que pour un premier commentaire (en particulier pour une auteure qui semble avoir conquis un public très fidèle) je n'avais pas envie d'être trop négative et en même temps je n'ai pas l'impression d'avoir été trop élogieuse...