Parfum de livres… parfum d’ailleurs
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 Carlos Reygadas

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MessageSujet: Re: Carlos Reygadas   Carlos Reygadas - Page 3 EmptyJeu 9 Mai 2013 - 21:07

C'était l'émission du mardi 7 mai.
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MessageSujet: Re: Carlos Reygadas   Carlos Reygadas - Page 3 EmptyVen 10 Mai 2013 - 8:12

Arabella a écrit:
C'était l'émission du mardi 7 mai.
Très bonne émission même si leurs commentaires restent un peu en surface. Ils sont finalement favorables au film et leurs quelques réserves n'en sont pas vraiment pour moi. Je suivrai cette émission désormais Very Happy
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MessageSujet: Re: Carlos Reygadas   Carlos Reygadas - Page 3 EmptyVen 10 Mai 2013 - 8:48

Les émissions de France Culture gagnent à être connues.
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MessageSujet: Re: Carlos Reygadas   Carlos Reygadas - Page 3 EmptyVen 10 Mai 2013 - 22:59

Marko a écrit:
Ce film est formidable. Je ne comprends pas le rejet qu'il provoque.

Marko a écrit:
En tout cas il n'est pas aussi hermétique qu'on le dit et plastiquement c'est souvent très beau.

Et bien pour une fois, je souscris complètement à ce qu'a écrit Marko.
Pour un commentaire plus développé, j'attends le sien. Wink
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MessageSujet: Re: Carlos Reygadas   Carlos Reygadas - Page 3 EmptySam 11 Mai 2013 - 0:15

Chouette cheers
Je le fais dans le we.
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MessageSujet: Re: Carlos Reygadas   Carlos Reygadas - Page 3 EmptySam 11 Mai 2013 - 10:03

Carlos Reygadas - Page 3 Post-t10

It's a dream
Only a dream
And it's fading now
Fading away
It's only a dream
Just a memory without anywhere to stay
(Neil Young, It's a dream)

Carlos Reygadas - Page 3 Postte10

Si on cherche absolument des éléments de référence pour évoquer ce film qui a son univers propre, on pourrait dire qu'il se situe esthétiquement et narrativement au point de rencontre entre Oncle Boonmee de Weerasethakul, Tree of life de Malick et Le miroir de Tarkovski mais sans véritabement le panthéisme ou la dimension mystique. Il y a une même volonté de créer une narration mentale, un flux de conscience, en créant un kaléidoscope d'images qui nous plongent tour à tour dans un temps présent objectif ou subjectif, le passé et le futur, l'inconscient, les fantasmes et les rêves. Il y a des éléments autobiographiques, des "visions" plastiques et symboliques, des éléments plus métaphysiques qui permettent d'inscrire l'histoire dans un ensemble plus vaste qui touche aux archétypes, à la mythologie en même temps qu'il évoque des problèmes sociaux. C'est évidemment très ambitieux et beaucoup de critiques semblent en avoir voulu à Reygadas d'avoir une telle "prétention" et surtout de les avoir égarés. Comme dirait Wang Fô, certaines personnes n'aiment pas "se perdre dans une peinture", ne pas comprendre, abandonner les habitudes confortables, accepter un voyage qui contient sa part de mystère et d'hermétisme.

Et pourtant j'ai été surpris de voir que cette histoire est finalement très lisible dans la mesure où les personnages étant clairement nommés dès la première séquence (fabuleuse invocation du monde et des êtres par une petite fille seule au milieu d'une vallée, cernées par les chiens, les vaches et les ânes pendant que la nuit tombe et que le tonnerre éclate), on comprend très bien ce qui appartient à l'histoire présente de cette famille et ce qui relève du souvenir, d'une projection dans le futur ou des rêves.

Le personnage du père se réfère à Guerre et Paix de Tolstoï et à la mort du prince Bolkonsky en suggérant qu'au moment de quitter le monde il ressent plus que jamais l'intensité de la vie et entrevoit une forme de lumière dans les ténèbres. Tout le film pourrait d'ailleurs être perçu comme le flux de pensée d'un homme en train de mourir. Se souvenant de sa vie par fragments et y mêlant ses interrogations métaphysiques et ses peurs. Mais le film montre davantage que cette "pensée" flottante (comme chez Malick encore). Puisque les différents protagonistes existent aussi à travers leur quotidien et leur monde intérieur. Le cinéaste s'approchant tour à tour de chacun d'entre eux.

Il y a également d'autres indices à travers le tableau de Frederic Edwin Church, la chanson de Neil Young ou certains noms de personnages (dans l'émission de France Culture ils évoquaient très justement la référence au dieu Seth de la mythologie égyptienne qui fait gronder les orages, qui s'oppose à l'harmonie des choses et qui est aussi appelé le "dieu rouge" comme celui qu'on aperçoit dans la 2e séquence).

Carlos Reygadas - Page 3 Post-t11

Il en résulte une histoire qui est une méditation à la fois réaliste et élégiaque sur la vie, un portrait du Mexique et des ses oppositions sociales, de la nature et de la culture, de la présence du mal qui n'a chez Reygadas aucune connotation religieuse, du mystere, de la sexualité et de tous les éléments qui constituent la vie d'un homme qui pourrait être pratiquement un alter ego du cinéaste nous plongeant dans son propre système nerveux. Le procédé visuel qui rend flou les contours donnant le sentiment d'un nerf optique et d'une projection mentale. La maison et les enfants sont ceux de Reygadas lui-même.

Il y a enfin et surtout des moments plastiquement sublimes qui alternent avec des éléments plus banals du quotidien. Cette scène d'ouverture magnifique mais aussi des plans de la nature omniprésente, une pluie de sang, une auto-décapitation stupéfiante et tellement d'autres choses encore qu'il faudrait revoir le film 2 ou 3 fois.

Pour moi ce film est somptueux et confirme l'immense talent de Reygadas.

Carlos Reygadas - Page 3 Ptl510
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MessageSujet: Re: Carlos Reygadas   Carlos Reygadas - Page 3 EmptySam 11 Mai 2013 - 12:05

Marko a écrit:
Carlos Reygadas - Page 3 Post-t10

It's a dream
Only a dream
And it's fading now
Fading away
It's only a dream
Just a memory without anywhere to stay
(Neil Young, It's a dream)

Carlos Reygadas - Page 3 Postte10

Si on cherche absolument des éléments de référence pour évoquer ce film qui a son univers propre, on pourrait dire qu'il se situe esthétiquement et narrativement au point de rencontre entre Oncle Boonmee de Weerasethakul, Tree of life de Malick et Le miroir de Tarkovski mais sans véritabement le panthéisme ou la dimension mystique. Il y a une même volonté de créer une narration mentale, un flux de conscience, en créant un kaléidoscope d'images qui nous plongent tour à tour dans un temps présent objectif ou subjectif, le passé et le futur, l'inconscient, les fantasmes et les rêves.
[...] Comme dirait Wang Fô, certaines personnes n'aiment pas "se perdre dans une peinture", ne pas comprendre, abandonner les habitudes confortables, accepter un voyage qui contient sa part de mystère et d'hermétisme.

[...]
Il en résulte une histoire qui est une méditation à la fois réaliste et élégiaque sur la vie, un portrait du Mexique et des ses oppositions sociales, de la nature et de la culture, de la présence du mal qui n'a chez Reygadas aucune connotation religieuse, du mystere, de la sexualité et de tous les éléments qui constituent la vie d'un homme qui pourrait être pratiquement un alter ego du cinéaste nous plongeant dans son propre système nerveux. Le procédé visuel qui rend flou les contours donnant le sentiment d'un nerf optique et d'une projection mentale. La maison et les enfants sont ceux de Reygadas lui-même.

Il y a enfin et surtout des moments plastiquement sublimes qui alternent avec des éléments plus banals du quotidien. Cette scène d'ouverture magnifique mais aussi des plans de la nature omniprésente, une pluie de sang, une auto-décapitation stupéfiante et tellement d'autres choses encore qu'il faudrait revoir le film 2 ou 3 fois.

Pour moi ce film est somptueux et confirme l'immense talent de Reygadas.



Tout tout tout pour me plaire...mais tout tout tout pour qu'il ne soit jamais programmé dans mon Cap Cinéma local, je le sens... Crying or Very sad
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MessageSujet: Re: Carlos Reygadas   Carlos Reygadas - Page 3 EmptySam 11 Mai 2013 - 12:35

J'espere que tu le verras en salle.

J'oubliais de dire que j'ai aussi beaucoup aimé la façon dont il filme les scènes d'intimité de cette famille et surtout son regard sur les chiens qui est fascinant. Ces chiens qui sont eux-mêmes un mélange de sauvagerie et de familiarité. De menace et de réconfort. Avec cette étrange scène d'une chienne terrorisée par la violence du père de famille qui lui reproche sa méchanceté pour une obscure raison... Un film qui hante après sa projection c'est certain.
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MessageSujet: Re: Carlos Reygadas   Carlos Reygadas - Page 3 EmptySam 11 Mai 2013 - 17:59

Marko a déjà bien présenté le film, ce qui va me permettre de ne pas faire trop long, en sachant qu'on peut sans doute écrire des opus entiers à son sujet.

C'était mon premier film de ce réalisateur, je n'avais donc aucune référence ou point de comparaison pour son oeuvre. J'avais une attente en ce qui concerne la beauté des images, et c'est vrai que l'on immergé dedans de suite, elles ont un immense impact, on est vraiment porté, une sorte de poème visuel si je peux le dire ainsi.

Mais finalement ce ne pas cela qui m'a le plus surpris et marqué, peut être parce que je ne l'attendais pas. Il y a dans ce film une grande charge émotionnelle, des personnages forts, et très bien posés, même si Reygadas semble à distance, observer de loin, sans implication, sans pathos, nous sommes dans leur intimité, et les scènes à priori très quotidiennes, banales, en révèlent pourtant énormément, et sont terriblement touchantes. Que ce soit pour la famille aisée, au centre de l'histoire, que pour les autres, Sept, ou d'autres, parfois justes silhouettes (je pense à la partie d'échecs par exemple), mais saisis dans quelque chose de signifiant. La façon de suggérer, plus que de rendre compte, de la situation mexicaine, d'une forme de violence sociale, est très impressionnante aussi, parce qu'il n'y a pas d'insistance, c'est vraiment presque sans en avoir l'air, et pour le coup c'est bien plus efficace qu'un pesant film social, plein de bonnes intentions.

Je ne dirais pas que la narration est difficile à suivre, une fois que l'on a compris que l'on se retrouve à des moments différents, et aussi à certains moments à des possibles alternatifs, ou à des choses imaginées, on s'y retrouve très bien, Reygadas nous laisse des indices à chaque fois (comme faire dire le nom des prsonnages), cela se fait depuis des lustres en littérature et a donné les ouvres les plus intéressantes du vingtième siècle, il n'y a aucune raison, que l'on ne puisse pas le faire au cinéma, à condition d'avoir le talent pour le maîtriser. Et c'est pleinement le cas ici. Cela contribue à l'immersion dans le film, au début d'une nouvelle séquence, on cherche à situer les choses, à retrouver ses répères, c'est presque ludique. Cela associé à l'immersion dans les images, a fait que je n'ai absolument pas senti le temps passé, à la sortie du film, j'avais du mal à croire qu'il avait pu durer presque deux heures.

Cela dit (évidemment) j'ai quelques petites réserves. Au contraire de Marko, je n'ai pas été vraiment convaincue par cette superposition de Sept à Seth, la silhouette rouge fluo de ce dernier m'a paru un peu trop démonstrative, voire un peu facile. Tout comme la scène de l'auto-décapitation, certes splendide visuellement, mais un peu trop too much. D'ailleurs par moments, il y avait peut être trop de recherche formelle autour de l'image, certes belle, mais peut être un peu trop chargée, démonstrative d'un savoir faire, au détriment de l'émotion. Mais seulement à la marge, je le précise. Mais je pense que Reygadas aurait pu épurer un peu à certains moments, et que son film y aurait encore gagné.

Ces petites restrictions mises à part, c'est vraiment un très beau film, d'un réalisateur d'un immense talent. J'attends maintenant ses films suivants.
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MessageSujet: Re: Carlos Reygadas   Carlos Reygadas - Page 3 EmptySam 11 Mai 2013 - 20:07

Arabella a écrit:


Ces petites restrictions mises à part, c'est vraiment un très beau film, d'un réalisateur d'un immense talent. J'attends maintenant ses films suivants.

N'as-tu pas envie aussi de regarder les précédents? content
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MessageSujet: Re: Carlos Reygadas   Carlos Reygadas - Page 3 EmptySam 11 Mai 2013 - 20:20

J'ai la sensation que l'on perd beaucoup à les voir sur petit écran...Je vais sans doute me laisser tenter quand même un jour.
Et je te souhaite très fort de pouvoir le voir en salle, le plus tôt possible.
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MessageSujet: Re: Carlos Reygadas   Carlos Reygadas - Page 3 EmptySam 11 Mai 2013 - 20:49

Arabella a écrit:
J'ai la sensation que l'on perd beaucoup à les voir sur petit écran...Je vais sans doute me laisser tenter quand même un jour.
Et je te souhaite très fort de pouvoir le voir en salle, le plus tôt possible.

Je dois souvent me contenter de voir les films sur petit écran. C'est mieux que rien ...

Mais j'espère très fort le voir en salle.
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MessageSujet: Re: Carlos Reygadas   Carlos Reygadas - Page 3 EmptyDim 12 Mai 2013 - 19:09

Arabella a écrit:
Cela dit (évidemment) j'ai quelques petites réserves. Au contraire de Marko, je n'ai pas été vraiment convaincue par cette superposition de Sept à Seth, la silhouette rouge fluo de ce dernier m'a paru un peu trop démonstrative, voire un peu facile. Tout comme la scène de l'auto-décapitation, certes splendide visuellement, mais un peu trop too much. D'ailleurs par moments, il y avait peut être trop de recherche formelle autour de l'image, certes belle, mais peut être un peu trop chargée, démonstrative d'un savoir faire, au détriment de l'émotion. Mais seulement à la marge, je le précise. Mais je pense que Reygadas aurait pu épurer un peu à certains moments, et que son film y aurait encore gagné.

J'ai lu les commentaires de Reygadas ce week-end dans Positif (qu'évoquaient les critiques de l'émission de France Culture). Il en dit presque trop comme s'il y avait été obligé par la houle d'agressivité que le film a provoquée (la tendance s'inverse un peu depuis sa sortie officielle). Explication de texte donc qui n'éclaire heureusement pas tout mais qui a le mérite de nous donner d'autres pistes de réflexion en donnant une raison d'être à ces séquences qui peuvent laisser sceptique...

Carlos Reygadas - Page 3 Post_t10

Je n'ai pas voulu parler de la propagation du mal dans le monde. Je ne crois pas du tout au mal, dans son acception religieuse, mais aux actes qui sont soit destructeurs, soit créatifs. Donc le Diable, dans mon film, n'est pas du tout une représentation du mal. Il entre dans la maison, explore les pièces avec curiosité, arrive à la chambre de l'enfant et au lieu de lui faire du mal, les deux s'observent. L'enfant a six ans, la culture commence a être importante pour lui. Il y a Dieu, la transcendance, mais l'enfant voit le Diable et n'en a pas peur car il ignore ce qu'est le mal à son âge. Alors le Diable rentre chez les parents avec sa boîte à outils car il peut travailler avec les adultes, dont il est une construction manichéenne.

Carlos Reygadas - Page 3 Post-t12

L'auto-décapitation, qui intervient à la fin du film, est la conséquence du désespoir. Cet homme est désespéré car il a perdu sa famille, a trahi son ami Juan et a tué. Il se rend compte qu'il n'a fait que le mal. Même aux arbres qui tombent à ce moment-là. Comme Attila, il laisse une terre dévastée derrière lui. Plus globalement, on peut y voir le ravage de la culture primitive du Mexique. Cette image m'est venue car je suis mexicain et que je vois beaucoup de têtes décapitées dans les journaux. Cela fait partie en permanence de notre imaginaire. La pluie de sang, consécutive à cette tête arrachée, correspond à ce que j'éprouve vis-à-vis de mon pays. Je sens que j'habite un pays où il pleut du sang tout le temps.

Dans le film, on voit cette tension, cette collision entre deux mondes. Ce n'est pas un film de classes, comme les Européens le pensent, mais un film où s'étirent et s'opposent deux conceptions du monde. Juan incarne l'Occident. Il s'adresse toujours aimablement à son entourage, essaie d'être proche de lui mais il a toujours cette supériorité. Il a peur tout le temps et il est en proie à une culpabilité ontologique qui n'a rien à voir avec une culpabilité de classe. Je ne veux pas faire l'apologie de la culture traditionnelle du Mexique, je la sais dévastée. C'est pour cela que dans mon film, on voit des hommes qui coupent des arbres, qui sont capables de voler la maison de quelqu'un, en prétendant que c'est un ami. Le film comporte tous ces aspects sociologiques. Il parle aussi de la perte de l'innocence. Seuls les enfants, les plantes et les animaux sont tranquilles dans le film.

Carlos Reygadas - Page 3 Tumblr10

Juan possède tout, maison, argent, santé, une femme et des enfants qui l'aiment mais il est insatisfait. Bien que vivant dans la plénitude, il évolue dans les ténèbres. Cependant, sur son lit de mort, un rayon de lumière vient le frapper et il perçoit différemment les choses. Le titre vient de là.

Pour les Lumières, l'idée de Post Tenebras Lux est tout l'inverse. Avant nous évoluions dans les ténèbres mais avec la raison et la liberté, nous sommes dans la lumière. Le parti pris du film est inverse: la raison nous plonge dans les ténèbres, la solitude, l'aveuglement. C'est quand Juan se connecte avec son enfance, ses sensations, ses souvenirs qu'il se rapproche de la lumière dont il a besoin.

D'un point de vue plus politique, le film parle des ténèbres dans lesquelles vit le Mexique actuellement, de sa culture originelle pervertie. La violence dont on parle beaucoup à propos de ce pays est liée à une crise spirituelle. Au Mexique, on est dans l'attente de cette lumière-là. Après, c'est à chacun de définir ce qu'est la lumière. Pour mon personnage, il s'agit de se connecter à ses sensations, avant la séparation d'avec le monde.



Liens: Extrait de la Conférence de presse

Interview
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MessageSujet: Re: Carlos Reygadas   Carlos Reygadas - Page 3 EmptyDim 12 Mai 2013 - 19:32

Et une bande-annonce qui donne une idée de l'atmosphère du film:

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MessageSujet: Re: Carlos Reygadas   Carlos Reygadas - Page 3 EmptyDim 12 Mai 2013 - 20:21

Voilà de la matière pour que je puisse rêver en attendant de (espérant tout au moins) voir ce film! Merci Marko. content
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