Parfum de livres… parfum d’ailleurs
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 Mariusz Wilk [Pologne]

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MessageSujet: Re: Mariusz Wilk [Pologne]   Mariusz Wilk [Pologne] - Page 2 EmptyJeu 30 Déc 2010 - 12:11

La maison au bord de l'Oniego


Suite du journal de Mariusz Wilk, lié à un autre endroit du Nord de la Russie, le lac Oniego. L'auteur revendique de quitter la civilisation du XXIem siècle, il doit faire installer l'électricité qui n'arrivait pas avant. Ce que je trouve amusant, c'est que sa motivation pour cette installation est avant tout de pouvoir se servir de son ordinateur, car il n'est plus capable d'écrire à la main. Comme quoi, il est parfois impossible de faire fi des techniques auxquelles on s'est habitué. Mais électricité ou pas, il vit là sans télévision, ni radio, ni internet, recevant par une poste aléatoire des journaux avec un grand retard. L'isolement du monde moderne et de ses vicissitudes est presque total. L'endroit où il vit est de plus isolé quasi complètement du monde en hiver par la neige. L'essentiel est de d'aller chercher de l'eau, de couper du bois pour se chauffer. Une vie très proche des besoins essentiels de l'homme. Et un cadre idéal pour lire, pour réfléchir et écrire.

Les descriptions de la nature sont belles; les plongées dans l'histoire et la culture russe passionnantes, et ce que l'auteur écrit sur les écrivains qu'il aime (dont Kawabata) sont vraiment très réussies. Cela dit j'ai moins aimé ce troisième tome que les deux premiers, je trouve que l'auteur se prend un peu trop au sérieux, en particulier en tant qu'écrivain, et que ces jugements sont parfois bien définitifs, alors que ce qu'il dit pourrait être pour le moins discutable sur certains points. Le fait de s'écarter du monde moderne et de ses trépidantes évolutions donne certainement une autre dimension aux choses, mais à considérer certains évènements de trop loin, on finit par ne plus les comprendre tout à fait. Mais ce sont des défauts secondaires dans un livre qui est un très grand plaisir. L'auteur y prend le risque de s'y dévoiler de façon très complète, et forcement certaines opinions ou points de vue sont discutables. Heureusement d'ailleurs. Et sa vision de la Russie, pleine de passion, mais en même temps n'idéalisant pas la réalité est vraiment d'une grande richesse et densité. Je continuerai donc à voyager avec lui dans les autres volumes de son journal.
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MessageSujet: Re: Mariusz Wilk [Pologne]   Mariusz Wilk [Pologne] - Page 2 EmptyJeu 30 Déc 2010 - 16:59

Merci pour ton commentaire!

Arabella a écrit:


La maison au bord de l'Oniego


(...) et que ces jugements sont parfois bien définitifs, alors que ce qu'il dit pourrait être pour le moins discutable sur certains points. Le fait de s'écarter du monde moderne et de ses trépidantes évolutions donne certainement une autre dimension aux choses, mais à considérer certains évènements de trop loin, on finit par ne plus les comprendre tout à fait. Mais ce sont des défauts secondaires dans un livre qui est un très grand plaisir. L'auteur y prend le risque de s'y dévoiler de façon très complète, et forcement certaines opinions ou points de vue sont discutables. Heureusement d'ailleurs. Et sa vision de la Russie, pleine de passion, mais en même temps n'idéalisant pas la réalité est vraiment d'une grande richesse et densité. Je continuerai donc à voyager avec lui dans les autres volumes de son journal.

Je partage ce point de vue. Il est vrai que j'étais presque prêt de me fâcher à certains énoncés et opinions, mais puis il faut presque accepter ce "décalage" chez des "originaux de ce calibre". Cela vaudra aussi pour le tome "Dans les pas des rennes"... Sachant cela on trouvera quand même de quoi nourrir son imagination et un savoir, une réflexion sur la Russie et bien d'autres sujets.

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MessageSujet: Re: Mariusz Wilk [Pologne]   Mariusz Wilk [Pologne] - Page 2 EmptyJeu 30 Déc 2010 - 17:23

tom léo a écrit:
Sachant cela on trouvera quand même de quoi nourrir son imagination et un savoir, une réflexion sur la Russie et bien d'autres sujets.


Exactement. C'est un auteur qui nous apprend énormément de choses, et qui fait réfléchir. Même si on n'est pas toujours d'accord, il provoque une réaction. Et c'est rare.
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MessageSujet: Re: Mariusz Wilk [Pologne]   Mariusz Wilk [Pologne] - Page 2 EmptyLun 20 Aoû 2012 - 21:56

Dans les pas du renne.

L'auteur part sur la trace des Saami (autrefois appelés Lapons) dans le grand nord russe. Il essaie de rencontrer des représentants actuels de ce peuple, et reconstitue aussi dans les livres et bibliothèque le passé, l'histoire, plus ancienne et hypothétique et plus récente. Il voyage sur les lieux, tente d'approcher les derniers rennes libres.

Le sujet donne une plus grande unité à ce livre qu'aux autres du même auteur. Il s'efface aussi un peu plus derrière son sujet, même s'il est toujours présents avec son vécu, ses sensations, et ses opinions. On le sent très fasciné par ce peuple, nomade par excellence, suivant le renne et toujours en mouvement, se reconnaissant dans cette façon de vivre.

Mais il est en même temps sans illusions sur le présent, il dit la fin de la culture saami, telle qu'elle a existée pendant des siècles et des siècles. La sédentarisation forcée sous Staline, et puis ensuite la perte des traditions, et un impossible retour à un état d'absence de possessions matérielles, que suppose le nomadisme. Le désastre écologique aussi de régions entières suite à l'exploitation des ressources naturelles. Le seul endroit où subsiste une habitation traditionnelle est le musée. Et ceux qui prétendent faire revivre les traditions, en récoltants de l'argent à l'étranger, les adoptent forcément, trouvent une sorte d'activité commerciale comme une autre, y compris auprès de touristes.

En même temps, quelque chose de la magie du lieu, subsiste encore, et cela peut valoir le coup de se battre pour tenter de la préserver, même si sans illusions.

Une lecture qui m'a apporté une fraîcheur très appréciable ces derniers jours. J'aurais presque eu envie de partir dans la tempête de neige.
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MessageSujet: Re: Mariusz Wilk [Pologne]   Mariusz Wilk [Pologne] - Page 2 EmptyLun 20 Aoû 2012 - 22:04

je compte lire Portage très prochainement. J'ai vu un reportage sur les Saami il y a quelques années, leur relation si particulière au renne, leur chant, leur coutumes vestimentaires. C'était déjà (en 2002-3) un constat très négatif sur la possibilité (en dehors du folklore muséumisé) de faire vivre une culture riche, indépendante, unique...
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MessageSujet: Re: Mariusz Wilk [Pologne]   Mariusz Wilk [Pologne] - Page 2 EmptyLun 20 Aoû 2012 - 22:19

Là, l'auteur ne parle que de ce qu'il a vu en Russie, avec quand même toute la période stalinienne et la sédentarisation de force, les désastres écologiques, les déplacements massifs de population. Je me demande ce qu'il en est dans les pays scandinaves, parce dans le livre que j'ai lu l'auteur raconte comment, des artisans vivants en Russie sont allés chercher des modèles là bas.

Mais clairement ce genre de mode de vie paraît condamné par le monde moderne, difficile de ne pas le voir. C'est effrayant de voir à quelle vitesse une culture peut disparaître, sans chance de retour.
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MessageSujet: Re: Mariusz Wilk [Pologne]   Mariusz Wilk [Pologne] - Page 2 EmptyLun 20 Aoû 2012 - 22:51

Arabella a écrit:
J'aurais presque eu envie de partir dans la tempête de neige.
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MessageSujet: Re: Mariusz Wilk [Pologne]   Mariusz Wilk [Pologne] - Page 2 EmptyLun 3 Sep 2012 - 14:37

Mariusz Wilk [Pologne] - Page 2 Portag10 Portage

un essai découpé en trois temps : des notes, un récit de voyage à travers la Carélie par les grands lacs (Oniégo et Ladoga), puis un journal. J'avoue être un peu restée sur ma faim. Les notes sont bien des notes, qui traitent essentiellement d'obscurs moments historiques du grand nord russe, notes prises d'après des textes anciens découverts dans les monastères qui pullulent dans cette partie de la Russie (et pour avoir visité cette Russie de Moscou à St Pétersbourg en passant par la Volga, les canaux, les lacs Oniégo et Ladoga, je peux confirmer y avoir vu essentiellement des bulbes d'églises orthodoxes). Wilk s'arrête longuement aussi sur les différents lexiques entre polonais et russe, sur les anciens mots de chaque langue, sur l'étymologie des unes ou des autres et cette partie est un peu fastidieuse pour un non averti.

Puis le voyage commence et j'avoue que je m'attendais à quelque chose d'un peu plus consistant. A la décharge de l'auteur, le Rédacteur de la revue pour laquelle il réalisait ce voyage étant mort en cours de route, son sujet perd tout intérêt et le voyage n'est qu'une longue succession d'écluses traversées, de baignades et de rencontres avec les autorités.

Enfin arrive le journal et là, j'ai enfin trouvé ce que j'attendais : de l'histoire (petite et grande), des descriptions fouillées des paysages, des villes traversées, des moments de vie partagée avec les populations ; mais aussi des fragments d'intimité, des citations d'autres auteurs et une Russie qui se découvre de l'intérieure, avec ses moujiks saouls, ses femmes faciles, son alcool à 90° (!) coulant à flot, les fêtes, le froid, les vieux, les oubliés, les camps. Tout est réuni pour donner au récit une dimension attractive et en même temps simple.

Enfin, pour revenir sur ce que disait tom léo de la position de Wilk en matière de littérature, la grande passion de Wilk semble être de traquer les erreurs des autres, en particulier des écrivains (Dumas, Soljenitsyne, Chalamov… ou en tout cas de prouver qu'ils racontent des mensonges et qu'ils n'ont pas vécu ce dont ils témoignent), d'obscurs historiens, ou des philologues, linguistes et autres spécialistes des langues et de leurs étymologies. C'est piquant mais faire la sauterelle du coq à l'âne est parfois épuisant. On sent chez Wilk une violence, une passion brutale pour la lutte verbale, une volonté d'en découdre avec tous ceux qui ont parlé de la Russie, des camps de prisonniers, de sa langue, de sa religion, de son patrimoine ; comme si Wilk détenait une vérité qui engloberait toutes les vérités. C'est intriguant et je ne connais pas assez la littérature russe pour juger du bienfondé de ces réflexions mais parfois cela sonne comme des condamnations sans appel (du bashage, donc). (j'ai d'ailleurs pensé à Marko en lisant la très rapide évocation de Sorokine faite par Wilk d'un 'écrivain à la mode').

Je pense que d'autres livres de Wilk, sans doute plus aboutis, doivent certainement rendre mieux justice à leur auteur que Portage, livre érudit mais qui manque de structure et m'a souvent perdue au milieu de références bien trop pointues pour moi.
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MessageSujet: Re: Mariusz Wilk [Pologne]   Mariusz Wilk [Pologne] - Page 2 EmptyLun 3 Sep 2012 - 15:14

Que Dumas et Soljénitsyne n' aient pas raconté ce qu' ils avaient vu ou fait, je le sais.¨Pour Chalamov, j' ai beaccoup de mal à le croire. Le bagne de la Kolyma où Chalamov a passé une bonne partie de sa vie ne se prete pas à des affabulations et c 'est la première fois que je l' entends contester. Je vais essayer de vérifier...
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MessageSujet: Re: Mariusz Wilk [Pologne]   Mariusz Wilk [Pologne] - Page 2 EmptyLun 3 Sep 2012 - 17:28

à propos de Chalamov et pour éviter toute méprise, je vais citer le texte de Wilk en tentant de le remettre dans le contexte :

premièrement, Wilk rend un vibrant hommage à Chalamov, déclarant : Varlam Chalamov est l'un des plus grands écrivains du XXème siècle ; Wilk insiste sur l'importance des Récits de la Kolyma, ainsi que sur l'oeuvre poétique de Chalamov. Il parle des problèmes de traductions, de rythmes particuliers à la langue russe. Puis, il raconte comment Chalamov a survécu grâce à l'aide d'un médecin et de son aide, médecin et aide que Wilk rencontre régulièrement. Boris Lesniak est l'aide et voici ce qu'écrit Wilk :

En ce qui concerne la vérité sur les camps, Nikolaïevitch (Lesniak) en veut à Chalamov : il affirme que dans sa biographie, il a fait de grosses retouches à la réalité. Il n'a guère parlé de Belitch'e [l'hôpital dans lequel travaillait Lesniak] ; ce n'est pas étonnant car pendant deux ans, il n'y a pas mal vécu. Cela ne va pas très bien avec l'image du "dokhodiaga* d'un front de taille à l'autre" pour lequel il se fait passer dans Les Récits de la Kolyma.

- A vrai dire en 17 ans passés à la Kolyma, Varlam a travaillé deux ans dans la mine Partisan, plus un mois et demi, bon... deux mois ! dans la Djelgala. Il a passé le reste de différentes manières : en quarantaine pour le typhus à Magadan, puis sur le lac Noir où il était chargé de faire bouillir de l'eau, ensuite à l'Arkagala, mais pas dans les mines de charbon. Plus tard encore, il a dépouillé les cèdres de Sibérie de leurs aiguilles pour la "fabrique de vitamines" du camp ; c'est de là qu'il a atterri chez nous à Belitch'e, où il est resté jusqu'à la fin de 1945, et au commencement de 1946, le docteur Pantioukhov l'a envoyé suivre des cours d'aide-médecin près de Magadan. En conséquence, jusqu'à l'expiration de sa peine en 1951, Varlam n'a plus participé aux travaux 'généraux'.

Un jour, Boris Nikolaïevitch m'a montré une photo de Belitch'e : c'était un grand pavillon de pierre ; sur le côté, on voit des serres, des châssis, des plates-bandes.

- La Maman noire
[le médecin] cultivait là des légumes pour les malades, afin de pouvoir ajouter à la maigre ration journalière des tomates, des concombres et des oignons frais. L'été, des carottes, des navets et des choux poussaient dans le jardin ; dans la rivière Debine, deux hommes attrapaient des poissons pour la table de l'hôpital et les malades capables de marcher ramassaient pour l'hiver des airelles, des baies et des champignons sous les yeux d'un aide-médecin ou d'un infirmier, Chalamov a écrit des bêtises en prétendant qu'à Belitch'e les malades dormaient dans des tentes trouées, et qu'à travers les trous il voyait soi-disant le ciel étoilé. (...)

Il s'avère que Lesniak a écrit un livre Je suis venu vous rejoindre, qu'aucun éditeur n'a voulu éditer et qui est publié en tant qu'archive. Voici comment Wilk poursuit :

Le livre n'est pas bon ; en revanche, il dit la vérité (...). Dans le livre de Lesniak, ce qui m'a étonné le plus, c'est l'information sèche que sur la rive gauche, à l'hôpital du Sevvostlag (camp), Chalamov a rédigé une plainte contre le chirurgien Sergueï Lounine, ce même Lounine qui l'avait sauvé à la mine arkagala des mains du chef de secteur en furie.
"Lounine a fait beaucoup de bien à Varlam, seulement, il ne lui a peut-être pas fourni de pain et de tabac car il était lui-même réduit à la ration du camp, et Chalamov l'a payé d'une noire ingratitude : il a écrit une dénonciation contre lui et il a éclaboussé son nom de boue dans ses récits"

-Où donc est la vérité ? Oui, où ?


en gros Wilk fait parler un autre témoin et les renvoie dos-à-dos en égratignant les deux au passage, au lecteur de faire la part des choses sachant que la vérité des témoignages est dans la bouche de chacun... Je souligne d'ailleurs que Wilk insiste longuement sur le fait que les camps russes puis soviétiques n'avaient rien à voir avec les camps nazis, il s'agissait de camps de rééducation par le travail et non de camps de concentration ou d'extermination, explique-t-il. Cherchant sans doute à étayer sa pensée, il cherche souvent à donner des camps russes une image adoucie, même s'il reconnait le nombre de morts, les coups, la faim (les ouvriers étaient nourris en fonction de leur rendement, on ne peut donc pas imaginer le repas d'un malade) mais il cherche surtout à les démarquer des camps nazis. Du coup, j'ai l'impression qu'il frôle souvent une certaine 'idéalisation' et qu'il met en avant certains phénomènes plutôt que d'autres pour prouver sa thèse.

*prisonnier en fin de vie
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MessageSujet: Re: Mariusz Wilk [Pologne]   Mariusz Wilk [Pologne] - Page 2 EmptyLun 3 Sep 2012 - 19:06

D' accord, merci Shanidar pour l' info ! Elle vaut ce qu' elle vaut... J' ai fait des recherches sur Chalamov sans rien trouver, sinon ce que je savais par ailleurs. Je vais essayer du coté de ce Lesnak. Ce que je peux ajouter, n' est qu' une supposition. Chalamov a vécu des périodes très dures, et en plus, il devait composer (il était détenu politique) avec des prisonniers de droit commun brutaux comme on l' est dans tous les milieux carcéraux. Ces derniers ne se génaient pas pour tabasser les "politiques". Avec l' assentiment des gardiens des camps et des autorités politiques.

A ce régime-là, Chalamov a du lutter continuellement pour garder son intégrité phyisique et morale, mais il était très marqué. Quand il a quitté les camps pour un hospice de vieillards. Ceux qui l' ont approché mentionnaient son état mental durement éprouvé. La plupart ont dit qu' il avait conservé sa lucidité. Maintenant il est mort et il sera difficile d' en savoir beacoup plus.

Quand à la différence de nature entre les camps soviétiques et allemands, seuls les survivants pourraient la faire à bon escient. Les camps allemands étaient des camps d' extermination en majorité.Les camps soviétqiues étaient des camps de travail forcé et de rétention. Les victimes étaient innombrables et d' ailleurs, les chiffres varient. Dans les deux cas, les victimes étaient innocentes.
Par contre, en tant qu' écrivain, je confirme que Chalamov est un écrvain de premier plan.

Siniavski, ancien dissident, écrit à son propos :

Chalamov est aux antipodes de toute la littérature qui existe sur les camps. Il est aussi impitoyable à l' égard du lecteur, semble-t-il, que la vie l' a été à son égard et à celui des gens qu' il décrit. Et que Kolyma. D' où un sentiment d 'authenticité, d' adéquation du texte au sujet. En cela réside la supériorité particlière de Chalamov par rapport aux autres écrivains.

Andrei Siniavski : préface de Kolima de V. Chalamov. - Maspéro


Dernière édition par bix229 le Lun 3 Sep 2012 - 21:02, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Mariusz Wilk [Pologne]   Mariusz Wilk [Pologne] - Page 2 EmptyLun 3 Sep 2012 - 20:50

Chalamov est à mon sens un écrivain d'un talent exceptionnel. Après, Les récits de la Kolyma sont de la littérature, en partant certes d'une expérience vécue, mais ce n'est pas un journal ni un reportage. Alors à quel moment c'est plus un témoignage et à quel moment plus de la littérature, c'est impossible à dire, et à la limite ce n'est pas une question pertinente. Chalamov a donné une vision plus que noire de ces camps, et au-delà de la nature humaine. Il a d'ailleurs polémiqué avec Soljenitsyne à qui il reprochait de donner une vision pas assez dure de la même réalité. Au-delà d'une expérience, il y a des personnalités et des visions du monde.
Ce genre de polémiques peuvent être agaçantes chez Wilk. Mais Portage est sans doute le livre le moins intéressant de l'auteur, c'est un entre deux, quelque chose de boiteux et qui part un peu dans tous les sens. Cela dit si tu n'y a pas trouvé de l'intérêt, Shanidar, je ne suis pas sûre que tu aimerais les autres non plus. Il y a toujours de l'érudition sur des auteurs peu connus, ou des parties historiques, et des considérations sur le langage.
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MessageSujet: Dans le sillage des oies sauvages    Mariusz Wilk [Pologne] - Page 2 EmptyMer 31 Juil 2013 - 7:10

Dans le sillage des oies sauvages

Originale : Lotem gesi (Polonais, 2012)
Traduction française: Laurence Dyèvre, 2013

CONTENU :
"Si le voyageur finit toujours par revenir de ses voyages, le vagabond, lui, poursuit inlassablement son chemin." Dans le sillage des oies sauvages est une plongée dans la vie nue, depuis la Carélie jusqu'au Labrador canadien. C'est aussi la quête d'un rapport au monde dans lequel c'est le chemin qui fait l'homme, et non l'inverse.
Wilk nous raconte d'abord le lieu où il a choisi de vivre, le hameau de Konda, qui se dédouble dans le miroir du lac Oniego. Jour après jour, il se rend dans la ville la plus proche, Petrozavodsk, pour flâner, causer, étudier de longues heures à la bibliothèque.
Dans la deuxième partie, il accomplit ce rêve ancien d'aller au Labrador sur les traces de l'écrivain-voyageur Kenneth White. En voiture, en bateau, à pied, avec deux amis, il y confronte ses souvenirs de lecture et la réalité contemporaine - à la fois bouleversante, à la faveur de vraies rencontres, et lourdement défigurée par l'industrie et le tourisme.
Et c'est ainsi, après un retour précipité en Russie, que s'amorce le troisième mouvement : un vagabondage immobile, une maison de bois comme un bateau que la tempête malmène, avec les signaux des e-mails et les rares visites qui rompent l'isolement. Ces pages résonnent du rire de Martoucha, sa fille, dont la présence lumineuse conforte Wilk dans la recherche d'une façon juste de vivre.
(4ème de couverture)

REMARQUES :
Je suis apparemment abonné pour les livres de Mariusz Wilk qui exercent une fascination sur moi. Ici donc il s'agit de la continuation du « Journal du Nord » même s'il parle d'autres lieux que jusqu'à maintenant, voir aussi du festival des Etonnants Voyageur à Saint Malo au début du livre. Mais pour lui il s'agit pas juste d'une localisation géographique, mais d'un état d'esprit, d'une attitude intérieure. Donc on retrouve une certaine atmosphère de fond des livres déjà mentionnés dans ce fil.

Entre-temps Wilk – les années racontées ici vont à peu près de 2007 à 2011 – se trouve une vingtaine d'années dans le Nord de la Russie. Il est en dehors du monde occidentale, dans lequel ce vieux loup se sent de plus en plus mal à l'aise. Voyageant aujourd'hui par exemple pour la promotion de ses livres etc on a l'impression qu'il se réjouit chaque fois de retrouver sa tanière en Russie.

Dès le début Wilk se pose la question du « voyage, vagabondage ». Lui, il met en avant le vagabondage et ses valeurs à la suite d'un Kenneth White qu'il citera sans interruption spécialement dans la deuxième partie du livre. Une façon de « voyager » justement autre : sans instrumentaliser le voyage, le finaliser trop tôt, mais en gardant en tête que c'est « le chemin qui nous fait, et pas nous le chemin ». Dans cette attitude il se mettra dans une parenté d'esprit avec certains d'autres « voyageurs-poètes » (j'utilise quand même ce mot) que nous avons partiellement déjà évoqués chez les parfumés : Vassili Golovanov, Wolfgang Büscher, Kenneth White, Paolo Rumiz, Thoreau... Chez eux on trouve un lien fort entre des lieux géographiques et une poèsie apparentée, donc une « géopoètique ».

Dans la première partie on trouve Wilk flanant dans la ville à coté de chez lui, Petrozavodsk. Des études, des lieux, des personnes rencontrées deviennent des occasions de partir en expédition intérieure pour éclairer ceci ou cela. On retrouve en cela (et dans tout le livre) cette façon d'écrire si passionante : partir d'une observation pour nous parler d'une réalité plus ou moins cachée.

Dans la deuxième partie Wilk et deux amis sont dans les traces de Kenneth White et son voyage au Labrador canadien décrit dans le livre de celui-ci « La route bleue ». Ils vont faire 6600 km en voiture et 2200 km en bateau. Personnellement je trouvais cette partie la moins forte et même la plus « agaçante » : il s'agit presque d'un voyage sponsorisé, très organisé où chaque minute, chaque étape est prévu en avance (p.ex. Les correspondances à prendre etc) . Ceci me paraissait pas naturel. Il cite avec emphase tous les deux lignes mon « Ken, Kenneth, White » etc et son voyage si exceptionnel, mais paraît lui-même comme un prisonnier de ses conditions de voyage bien plus comfortables. Il est proche d'être lui-même celui qu'il critique bien trop volontiers chez les autres, « les touristes ».

De retour à Konda, au lac d'Onega, certaines choses changent pour notre auteur. La naissance de sa fille provoque des sentiments bien tendres, émouvants. Et lié avec ces changements les pensées de voyager de plus en plus « immobilement », état d'esprit dont parlaient des anciens : on n'a pas besoin de se mouvoir extérieurement pour être en route. Cela mène vers un silence intérieur plus grand, et il va citer certains poètes, mystiques. Maintenant ce sont aussi d'autres qui viennent vers lui, et il raconte dans cette troisième partie des rencontres, des voisins, mais aussi une tempête et les réparations néccessaires à la maison... Le livre se termine avec un séjour en Crimée mentionné, mais pas décrit.

Wilk est beaucoup trop intéressant pour ne pas prêter attention à ce nouveau livre. Il trouve toujours des nouvelles pistes de reflexions, des esquisses de portraits, des citations, des lectures qui nous font réflèchir. Mais je ne peux m'empêcher de mentionner cette tension intérieure qui l'habite et qui lui fait dire des choses d'une manière trop abrupte et définitive comme s'il a l'abonnement sur la vérité éternelle. Il se range volontiers dans une tradition à coté des grands voyageurs mentionnés et devient – je répète un avis des derniers livres, aussi des reflexions d'Arabella en partie – lui-même un peu méprisant envers le « gros » de la foule. Attitude que nous tous pourrions nourrir des fois, se croyant plus ceci ou cela, mais attitude somme toute un peu simpliste et hautain.

Donc, à mon avis il devrait être (devenir) dans ses jugements un peu plus fins pour rester credible ou ne pas blesser trop les autres. Des fois on pourrait presque penser qu'il vit de ceux (il vend quand même ses livres) qu'il mèprise... Pour le dire avec des mots plus spirituels (?) - attitude qu'il revendique en quelque sorte – j'attendrais un retenu plus grande, une humilité plus grande. Finalement la critique généralisée envers la civilisation occidentale et ses vues de foi est un coup envers soi-même et ses origines et ne peut pas exprimer toute notre dette, d'où on vient finalement. Ces coups de moulins de l'auteur me paraissent des fois infantins, voir amusants.

Ceci dit nous voulons et nous pouvons nous laisser interroger par ce qui lui semble important. Et la lecture restera, avec ces remarques dans le cœur, intéressante et enrichissante.
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MessageSujet: Re: Mariusz Wilk [Pologne]   Mariusz Wilk [Pologne] - Page 2 EmptyMer 31 Juil 2013 - 8:31

Ce que tu écris ne m'étonne pas, en particulier sur le mépris qu'il peut avoir sur une façon de vivre qui n'est pas sienne. Il a fait un choix de vie assez radical, et d'une certaine manière veut que ce soit le bon. J'ai ce livre dans ma PAL depuis sa sortie en langue originale, je le lirai mais je ne me précipite pas.
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jack-hubert bukowski
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MessageSujet: Re: Mariusz Wilk [Pologne]   Mariusz Wilk [Pologne] - Page 2 EmptyLun 30 Sep 2013 - 7:47

Il y a une posture pour ceci : idéologie essentialiste. Il faut tout de même comprendre que la littérature de voyage est encore un genre littéraire qui est à un stade de développement encore récent. L'approche géopoétique amène certaines personnes, un peu à l'instar de Mariusz Wilk si j'en crois vos avis de lectures, à se passionner sur le sujet. Malheureusement, il arrive parfois que ces mêmes personnes oublient d'avoir une posture critique. Ça ne me dissuade tout de même pas à lire les réflexions de Marius Wilk pour parfaire mes connaissances théoriques sur le sujet.
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