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| | François Sureau | |
| | Auteur | Message |
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Marie Zen littéraire
Messages : 9564 Inscription le : 26/02/2007 Localisation : Moorea
| Sujet: François Sureau Dim 29 Mar 2009 - 1:03 | |
| François Sureau est un écrivain français né en 1957, avocat, énarque, maître des requêtes au Conseil d'État. Il est également le cofondateur et codirecteur de la Revue française d'économie. il est également président fondateur de l'association Pierre Claver, aidant les personnes déplacées par force de leur pays d'origine et trouvant refuge en France. Bibliographie: * La Corruption du siècle, 1988, Prix Colette * L'Infortune, Grand Prix du roman de l'Académie française, 1990 * L'Aile de nos chimères, 1993 * Les hommes n'en sauront rien, 1995 * Le Sphinx de Darwin, 1997 * Lambert Pacha, 1998 * Les Alexandrins, Prix Méditerranée, 2003 * L'Indépendance à l'épreuve (économie) * La Chanson de Passavant, 2005 * L'Obéissance, 2006 Merci Wikipedia. | |
| | | Marie Zen littéraire
Messages : 9564 Inscription le : 26/02/2007 Localisation : Moorea
| Sujet: Re: François Sureau Dim 29 Mar 2009 - 1:30 | |
| L'obéissanceFolio Présentation de l'éditeur: Alors que la Première guerre mondiale vit sans le savoir ses derniers mois, de grandes batailles sanglantes à l’issue incertaine se rallument sur la ligne de front franco-allemande.
C’est le moment que choisit le roi de Belgique pour présenter à la France une bien singulière requête : lui prêter la guillotine et le bourreau de Paris, Deibler, pour assurer de manière spectaculaire l’exécution capitale d’un soldat prétendument coupable du viol et de l’assassinat de deux femmes belges.
Or l’exécution doit se dérouler à Furnes, localité situé de l’autre côté du front… Après de longues négociations, un convoi improbable va tenter de passer à travers les balles et les obus. Il y parviendra, non sans dommages, et la sinistre guillotine finira bel et bien par se dresser, au petit matin, sur la grand-place de Furnes. Mais rien ne se passera comme prévu…
Construit comme un recueil de correspondances échangées et de notes de services pondues par des fonctionnaires zélés, L’obéissance est l’étrange récit, concis, rythmé et d’un irrésistible humour noir, d’un des épisodes les plus extravagants de la Grande Guerre. Oui, c'est l'absurde jusqu'au bout. Où l'on voit que pour tuer " légalement" un individu , les politicards vont jusqu'au bout, et il n'y aura pas qu'un mort. Mais il faut ce qu'il faut, et quelles que soient les circonstances, il faut appliquer la justice telle qu'elle est écrite, on ne discute pas. Vont partir donc la guillotine avec bourreau et aides, et une escorte militaire. Plongée dans la bêtise ordinaire avec échanges savoureux de lettres entre hauts fonctionnaires et hauts gradés, c'est vrai qu'on en rirait si ce n'était pas si triste. Et puis, chaque personnage à son tour, avec chacun son style, raconte. Rassurez-vous, la justice est passée. Heureusement. Le condamné, qui avait combattu bravement pendant des années, ce qui l'avait un peu perturbé, n'avait plus aucune raison de vivre. Sinon, il se serait suicidé, quel désastre!!! C'est magnifiquement écrit. Petit extrait ...Je suis content qu'il ait survécu. Les meilleurs soldats meurent au début des guerres. Défilent à la fin les enfants, des embusqués, et de très rares braves que le dieu des batailles a épargnés pour qu'ils puissent admirer leurs généraux ventrus. Les généraux sont immortels. Je suivrais ce légionnaire au feu, si j'avais encore à y suivre quelqu'un. C'est une grande pitié d'avoir à obéir à des bureaucrates, généraux ou politiciens. Quand ont-ils découvert que l'Europe avait des frontières? Quand ils ont été nommés ministres. Les bureaux et l'intrigue auront fait autant de morts que les Boches. Oublions cela...La critique du Magazine Littéraire ici | |
| | | SCOman Envolée postale
Messages : 102 Inscription le : 08/06/2012 Age : 37 Localisation : Tours
| Sujet: Re: François Sureau Jeu 23 Aoû 2012 - 10:22 | |
| InigoInigo tel un feu. Tel ce feu de la conversion qui brûle et ravage Inigo López de Loyola, celui qui fonda en 1539 la célèbre Compagnie de Jésus. Ce livre, qui se démarque du paysage littéraire français par la très grande qualité de son écriture, n’aborde ni le pèlerinage en Terre Sainte ni la période jésuite d’Ignace de Loyola. Il se penche sur le jeune gentilhomme espagnol avide de gloire et de hauts faits, qui défend coûte que coûte les contreforts de la citadelle de Pampelune face aux assauts de l’infanterie et de la cavalerie françaises. Blessé par un boulet, la jambe brisée, celui-ci se retrouve cloué au lit pendant de nombreuses semaines. Temps de doutes, d’angoisse et de remises en cause. S’ensuit le récit assez hallucinant d’une conversion spirituelle que rien ne laissait présager. Touché par la grâce divine, Ignace décide d’abandonner le métier des armes, et se fera pèlerin puis ermite, vivant d’ascèse et de prières. Inigo, comme je l’ai déjà dit, est un livre sur la conversion. Tout le talent de l’auteur est d’en restituer l’incommensurable violence. Submergé par l’amour de Dieu, Ignace n’en saisit ni les tenants ni les aboutissants. Il choisit de laisser désormais cette force spirituelle guider sa vie. En une invitation permanente au service désintéressé, à l’oubli de soi, à l’abandon total. Le lecteur assiste au combat de ce soldat contre ses pulsions d’homme : honneur, désir de gloire, plaisirs de la chair. Le style extrêmement sensible de François Sureau nous transporte dans un tourbillon d’états d’âme, au beau milieu d’une bataille spirituelle dont le protagoniste sortira éprouvé mais réconcilié avec lui-même. Et l’auteur de citer Rimbaud en épitaphe : « le combat spirituel est aussi brutal que la bataille d’hommes ». Avec cet ouvrage il fait œuvre de portraitiste, où pour le dire plus précisément de peintre de la conscience. Un exercice de style brillant, à l’évocation puissante, mais qui ne nécessitait pas les quinze pages d’apostille finales. | |
| | | Sigismond Agilité postale
Messages : 875 Inscription le : 25/03/2013
| Sujet: Re: François Sureau Jeu 16 Mai 2013 - 12:20 | |
| Je viens de dévorer Inigo (devrait être intitulé "Iñigo" d'ailleurs, non ?) à un point tel que j'entreprends la relecture sitôt achevé: quelques incandescences et autres pistes de réflexion ont dû m'échapper. - SCOman a écrit:
- la très grande qualité de son écriture
A la fois concise et experte, l'art de faire lever une matière riche sur une pâte légère. Vocabulaire parfois ad hoc, par nécessité de la peinture du temps et de cet homme-là, mais jamais poseur, affecté: le plus souvent une grande limpidité, en fait. En outre les recherches bibliographiques vont autrement plus loin que quelques clics sur la Toile additionnés d'un farfouillage du premier rayon de bibliothèque jésuite venu. Minuscule erreur toutefois, de l'ordre du tout infime détail sans la moindre importance, le massif environnant Montserrat n'est pas calcaire, c'est du conglomérat (du "pudding", si vous préférez). - SCOman a écrit:
- Inigo, comme je l’ai déjà dit, est un livre sur la conversion. Tout le talent de l’auteur est d’en restituer l’incommensurable violence. (...) Et l’auteur de citer Rimbaud (...) : « le combat spirituel est aussi brutal que la bataille d’hommes »
Oui c'est bien cela la "matière". On est loin d'une évection rythmée, cyclique. Loin d'une douce confiture en dévotion. Ou d'une ascension lente mais régulière vers quelque sommet d'azur et d'éther. Extraits, pardonnez leur nombre et leur longueur, comprenez que ce livre est présent, ample dans mon humble actualité du jour: - Spoiler:
- entame du chapitre II a écrit:
- La veille de la bataille, Inigo voulut se confesser. Mais il n'y avait pas de prêtre parmi les soldats. Il aborda au hasard un de ses compagnons d'armes, qui se réchauffait près d'un brasier de poutres et de chaises, débris d'une maison pillée, et lui demanda de lui rendre ce service. L'homme était un Navarrais au visage fermé, aux gestes lourds, qui accepta d'un hochement de tête, puis se signa.
- Spoiler:
- chapitre II a écrit:
- Il parla longuement des années d'Arevalo, pendant lesquelles il avait oublié Dieu. Arevalo -la ville et ses prestiges- l'avait conquis. Il n'avait connu jusqu'alors que la campagne autour de Loyola, les jeux dans les pommeraies avec les petits paysans de son âge, l'eau fraîche et odorante des outres en peau, quand battent les tempes où coule la sueur après les longues courses dans la montagne. Ses camarades portaient les mêmes chaussons de corde que lui, mais n'oubliaient jamais qu'il était le dernier fils de Loyola, dont le grand château de pierre grise dominait le village. On voyait, gravé dans la pierre, le blason d'une famille âpre et généreuse et qui se croyait d'une espèce à part: deux loups affrontés à un chaudron de même couleur. Rien ne décourageait ces deux bêtes efflanquées et féroces: ni que le chaudron soit brûlant, ni qu'il soit trop haut pour qu'elles puissent l'atteindre, le renverser. Elles étaient l'image même d'une violence désintéressée.
- Spoiler:
- chapitre II a écrit:
- Il se leva brusquement. Le reître avait compris que la confession s'achevait. Il prit un peu de la poussière grise du sol, terre et cendres mêlées, et la répandit derrière Inigo. C'était le geste que faisaient les lansquenets allemands avant la bataille et par lequel ils s'interdisaient de reculer. Inigo sourit à cette étrange absolution, lui frappa l'épaule et regagna la capitainerie. Le Navarrais regarda s'éloigner cet homme dur, dont on disait qu'il avait empêché la reddition de la ville. Il n'avait presque rien compris à ses paroles, mais l'avait trouvé plus tourmenté qu'un soldat ne doit l'être. Il haussa les épaules et étendit les mains vers le feu.
- Spoiler:
- chapitre III a écrit:
- Il se devait de guérir, de reprendre les armes et sa vie d'avant Pampelune. Aucun autre choix ne lui était laissé. Et si cette chimère qui l'oppressait ne quittait pas ses épaules, il apprendrait à s'en accommoder. Mais lorsqu'il eut pris la résolution de guérir au plus vite, il s'aperçut aussitôt que c'était impossible. Les os de sa jambe droite étaient ressoudés de travers, et se chevauchaient. Il ne pourrait plus galoper ou combattre. Il resterait infirme. (...) Les deux hommes avaient examiné la veille Inigo, l'avaient trouvé très faible, et, craignant qu'il ne mourût, avaient même défendu qu'on le fît lever. Et voici qu'à présent il demandait qu'on l'opérât. Ils se récrièrent. Il faudrait lui briser la jambe à nouveau, puis attendre qu'elle se consolidât. Le choc serait violent, la souffrance terrible. La seule douleur pourrait l'emporter, sans parler même des hémorragies, de la gangrène. Quelque chose dans la détermination du blessé les effrayait. Ils y voyaient de l'orgueil - qui pouvait se croire capable de supporter une telle épreuve ? - une vanité presque folle, une forme de blasphème.
- Spoiler:
- chapitre IV a écrit:
- Les séductions du monde qui, il y avait peu, lui étaient apparues incomparables s'étaient évanouies. Elles qui lui avaient toujours paru peser leur poids de chair, avoir partie liée avec ses goûts les plus vifs, les plus intimes, une brise légère les avaient réduites à néant. Il s'en étonnait. Jamais il n'aurait cru possible de se passer de ce monde envoûtant et tentateur, où la familiarité des grands, la beauté des femmes, le talent et les vertus personnels, le service du roi, la musique et le goût des chevaux, formaient le seul ensemble harmonieux où il lui eût semblé possible d'occuper les premières places, et d'accomplir toute sa destinée. Et s'il n'en restait rien, c'est à cause de ce Christ dont il s'apercevait maintenant qu'après toutes ces messes, toutes ces processions, tous ces offices il ne le connaissait pas (...)
- Spoiler:
- chapitre V a écrit:
- Il passa ainsi plusieurs semaines. Les prières et la messe n'avaient plus de saveur. Pire, elles le dégoûtaient, d'instinct. Il priait comme on accomplit une chose répugnante, par le seul effet de la volonté. Parfois, cependant, il lui semblait qu'une puissance invisible le portait, et il se sentait à nouveau léger et aimant Dieu d'un amour partagé, dans lequel il suppliait en pleurant qu'on le laissât vivre. L'alternance de ces états l'effrayait. Nul ne pouvait vivre ainsi. Il y perdrait la raison.
- Spoiler:
- chapitre V a écrit:
- Puis il s'évanouit. Le portier le trouva quelques heures après, gisant dans la poussière. Il parvint à lui faire boire un peu d'eau. Mais dès qu'il eut tout à fait repris conscience, Inigo ne voulut rien manger et partit en boitant vers l'hôpital.
Ce fut ce jour-là qu'il décida de s'en remettre entièrement à Dieu. Ce serait l'épreuve décisive: il jeûnerait, sans boire ni manger, jusqu'à ce que Dieu lui vînt en aide, ou bien qu'il meure. Il y mit la force qui lui restait, pendant toute une semaine, sans cesser d'aller aux offices ni à l'hôpital, en se réveillant à minuit pour la prière douloureuse et sèche à laquelle il se tenait. Il était maigre, hirsute, mais ses yeux brûlants donnaient malgré tout une étrange impression d'énergie. Il s'évanouit deux fois. La première, les enfants des rues qui étaient ses amis le ranimèrent, et il s'accorda tout un après-midi pour jouer avec eux. La seconde, ce fut à l'hôpital, où un frère prétendit le sermonner sur les mortifications qu'il s'infligeait et fut réduit au silence par le vieux soldat mutilé de Noain. - Spoiler:
- chapitre V a écrit:
- Une immense fatigue le prit. Il ne pouvait plus rien vouloir, plus rien décider. Il se laisserait porter quelque temps, puis il abandonnerait cette vie. Il était aussi las qu'un vaincu. Il se retrouvait à Pampelune, le soir de la défaite, sans plus d'espoirs qu'alors, et sans nul endroit où aller. Des larmes amères coulaient dans sa barbe hirsute. Il marcha au hasard dans les rues, et les enfants n'osaient pas l'aborder. Dans une ruelle qui descendait vers le Cardoner, il s'assit sur une borne, et un lourd sanglot lui souleva la poitrine. Comme il frottait machinalement sa jambe endolorie, ses larmes tombaient dans la poussière. Le soir venait. Il n'entendait plus les cloches ni la rumeur de la ville. C'était la fin. Il vivrait désormais comme un mort jusqu'à la mort, sans rien attendre. Il fit appel à ce qui lui restait de courage pour se lever et regagner sa chambre. Ce fut alors que Dieu s'empara de son âme.
- SCOman a écrit:
- Avec cet ouvrage il fait œuvre de portraitiste, ou pour le dire plus précisément de peintre de la conscience.
Oui, c'est marqué "portrait" sur la première de couverture. Donc pas un roman, ni une biographie. Pas une fiction ni une étude. Mais ce n'est pas un portrait "d'après modèle qui pose". Ni non plus un portrait évanescent, ou abstrait, ou suggéré et déduisez-en ce que vous y lirez. La clef est dans l'ajout postface, que tu qualifies d'"apostilles", on pourrait -mais est-ce digne d'intérêt ? - discuter cette appellation que tu choisis: - SCOman a écrit:
- Un exercice de style brillant, à l’évocation puissante, mais qui ne nécessitait pas les quinze pages d’apostille finales.
Pour ma part, à l'opposé, je ne pense pas que ce soit un exercice de style, en ce sens que je ne pense pas que l'auteur s'exerce. A moins qu'exercice fasse signe pour les fameux "Exercices Spirituels"d'Ignace de Loyola ? Les quinze dernières pages hors propos proprement dit sont cruciales à plus d'un titre. On est en droit de se demander si -c'est du domaine de l'hypothèse que je n'irai pas vérifier- l'auteur ne livre pas aussi, en lui-même, une lutte identique ou identifiable du moins, avec des similarités. Ce qui fera rire, si ça a le mérite de les intéresser, les enfants du siècle, atrophiés volontaires ou culturels de toute spiritualité en notre occident contemporain. Les tout derniers mots du livre sont-ils, à cet égard, assez parlants ? - François Sureau a écrit:
- Sans doute ai-je espéré, en m'approchant de ce domaine mystérieux, attirer sur mes proches et sur moi, au-delà du temps, l'amitié de mon objet d'étude, et en recueillir des bienfaits insoupçonnés
En négligeable apport suggérons un clin d'oeil : "Si pérégrinant" , tendrons-nous vers le "discernement" ? | |
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| | | | François Sureau | |
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