[2010] A l'affiche ou bientôt sur les écrans (vu ou à voir)

Le dernier été de la Boyita de Julia Solomonoff

Citation :

Jorgelina qui, l'été en Argentine, avait l'habitude de jouer avec sa soeur dans la "Boyita", la roulotte garée au fond du jardin. Mais cette année, tout est différent : ses parents se séparent et sa soeur, désormais adolescente, devient une étrangère pour elle. Alors Jorgelina part à la campagne en quête de Mario, le fils des paysans voisins. Ensemble , ils découvrent les mystères de leurs identités sexuelles.

Il faut décidément suivre de près les cinéastes argentines dont le patronyme est d'origine russe (!). Après le très joli Puzzle de Natalia Smirnoff, au tour de Julia Solomonoff, avec Le dernier été de la Boyita, d'imposer sa propre douceur sur un sujet pourtant délicat et déjà plus ou moins traité, de façon très différente, par Lucia Puenzo dans XXY, celui de l'identité sexuelle.

Le cadre ici a un rôle de premier plan. La pampa argentine, ce monde macho et fruste où être un homme signifie quelque chose. Le regard est celui d'une pré-adolescente qui se rapproche d'un jeune garçon dont la virilité va justement être mise à l'épreuve. Julia Solomonoff filme à hauteur d'enfance, avec une délicatesse touchante la découverte du corps et de ses mystères, loin du monde brutal des adultes.

C'est la qualité première du film, cette volonté de suggérer plutôt que de montrer mais c'est aussi son talon d'Achille. Le dernier été de la Boyita manque de force de conviction et se perd parfois dans une trop grande pudeur. Il reste un joli film intimiste qui caresse les visages avec une certaine sensualité. On se contentera de cette esquisse qui se refuse à devenir tableau achevé.

Beaucoup de sorties ce mercredi. La quantité plus que la qualité ? C'est à voir.

Ceux que je verrai à coup sûr :



Ceux que je verrai éventuellement (pas sûr) :



Ceux que je ne pourrai pas voir dans ma ville :



Celui que j'ai déjà vu (et qui n'est pas bon) :




Ca s'accélère dans les deux semaines suivantes, surtout avec le Dolan (une merveille), le tchadien Un homme qui crie (beau), Honoré, Kaplanoglu, Iosseliani ...

Je ne manquerai pas "The Housemaid" et je vais voir l'avant première du nouveau Christophe Honoré vendredi soir.

traversay a écrit:

Celui que j'ai déjà vu (et qui n'est pas bon) :

Ah ? Ils en disent vraiment du bien dans Télérama. Ca l'air un peu lent mais très beau, un peu Tchékhovien... une mise en scène sophistiquée...
Il passe dans trois cinémas à Paris, c'est une sortie bien confidentielle...

eXPie a écrit:

traversay a écrit:

Celui que j'ai déjà vu (et qui n'est pas bon) :

Ah ? Ils en disent vraiment du bien dans Télérama. Ca l'air un peu lent mais très beau, un peu Tchékhovien... une mise en scène sophistiquée...
Il passe dans trois cinémas à Paris, c'est une sortie bien confidentielle...

A La Rochelle, les 3/4 des spectateurs sont partis bien avant la fin. Un des 2 ou 3 plus mauvais films de l'année pour moi.

"Ce film-là, tout de plans-séquences tortueux en longue focale et de brouillage des profondeurs sonores, ressemble tellement à ses modèles des années 70 que même sa vision très consensuellement critique de l'histoire des missions spatiales soviétiques passe inaperçue."
Les Cahiers du Cinéma

traversay a écrit:

eXPie a écrit:

traversay a écrit:

Celui que j'ai déjà vu (et qui n'est pas bon) :

Ah ? Ils en disent vraiment du bien dans Télérama. Ca l'air un peu lent mais très beau, un peu Tchékhovien... une mise en scène sophistiquée...
Il passe dans trois cinémas à Paris, c'est une sortie bien confidentielle...

A La Rochelle, les 3/4 des spectateurs sont partis bien avant la fin. Un des 2 ou 3 plus mauvais films de l'année pour moi.

"Ce film-là, tout de plans-séquences tortueux en longue focale et de brouillage des profondeurs sonores, ressemble tellement à ses modèles des années 70 que même sa vision très consensuellement critique de l'histoire des missions spatiales soviétiques passe inaperçue."
Les Cahiers du Cinéma

Merci pour l'info, Traversay !

traversay a écrit:

Soyons charitables : Miral n'est pas une oeuvre décevante, elle est (presque) totalement ratée.

Ouf! Un de moins... La bande annonce ne me donnait pas envie. C'est la même jeune comédienne qui faisait la copine de Jamal dans Slumdog Millionaire?

Marko a écrit:

traversay a écrit:

Soyons charitables : Miral n'est pas une oeuvre décevante, elle est (presque) totalement ratée.

Ouf! Un de moins... La bande annonce ne me donnait pas envie. C'est la même jeune comédienne qui faisait la copine de Jamal dans Slumdog Millionaire?

Oui, c'est elle. Et je pense qu'effectivement, tu ne rateras pas grand chose. On pourrait être bien plus méchant tant sur le fond que sur la forme.

Pour ce qui est de Soldat de papier, j'en dirai deux mots demain, je précise que je l'ai vu dans un festival et que, parfois, il faut tenir compte de la fatigue du spectateur. Je vois pas mal de critiques positives le concernant et donc, un autre avis Parfumé serait intéressant (cela dit, il est très mal distribué. Et c'est pire pour Chouga de Omirbaev, un réalisateur kazakh dont j'ai aimé les précédents films).

Soldat de papier de Alexei German Jr

Citation :

1961, Daniel Pokrovski, un médecin intelligent qui se distingue par son anticonformisme, est chargé de superviser l’entraînement des premiers cosmonautes. Envoyé sur la base de Baïkonour, il se sent déchiré entre son devoir et ses doutes; entre la peur qu’il a de perdre ses hommes dont la vie est en jeu, et l'amour et la compassion qu’il éprouve pour les deux femmes qui lui sont proches. Mais il finit par se consacrer à sa tâche, au risque d’en perdre la raison.

De quoi ? Soldat de papier serait un film "tchékhovien" ? Oui, pourquoi pas, comme la majorité des films russes, non ? A moins qu'ils ne soient "kafkaïens" ou "orwelliens", c'est tellement facile de coller des étiquettes, façon de ne pas creuser outre mesure.

A dire vrai, Soldat de papier est avant tout d'un ennui colossal, triste comme une base spatiale dans les steppes kazakhes. Baïkonour, mon amour, pense t-on en regardant ce film lymphatique, aux embardées ponctuelles (mentalité slave oblige), et dont on suit avec peine le mélange de romanesque -un homme entre deux femmes-, de scientifique, et d'historique.

Les petites histoires au sein de la Grande, soit la conquête spatiale soviétique, on ne demandait pas mieux que de s'y intéresser. Comme le réalisateur Alexei German Jr se soucie assez peu de son public, eh bien, le spectateur vexé peut se permettre de ne pas aller au bout de cette purge. Tchékhovienne, ou pas !

Les Runaways de Floria Sigismondi

Citation :

Los Angeles, 1975. Joan Jett et Cherie Currie, deux adolescentes rebelles, se rencontrent et deviennent les figures emblématiques de ce qui se révélera être le plus célèbre des groupes de glam rock féminin, les Runaways.

Au milieu des années 70, le monde du rock est encore ultra macho quand débarque une bande de californiennes délurées et mineures qui n'hésitent pas à jouer la carte de la provocation sexuelle, à jouer trop fort pour les vieux et à faire un doigt d'honneur aux bonnes manières.

Les Runaways vont se faner très vite, mais entrouvrir une porte : eh oui, les mecs, les filles peuvent aussi jouer de la guitare électrique ! Le film que Floria Sigismondi leur consacre est bien trop sage et elliptique pour faire comprendre l'étendue du phénomène, mais la B.O est suffisamment explicite. Du rock basique et légèrement acidulé sur un tempo d'enfer.

On en veut quand même à la réalisatrice qui, au-delà des figures imposées : sexe, drogues et égos démesurés, aurait pu mieux montrer la subtile alchimie qui liait les deux leaders du groupe, le film se focalisant d'ailleurs davantage sur la blonde Cherie Currie, alors que la vraie source des Runaways était la brune Joan Jett.

Chapeau en passant aux deux actrices, Kristen Stewart et Dakota Fanning qui sont juste parfaites. Alors, bon, c'est un film trop lisse, mais qui fait taper du pied. If you love rock n'roll !

Vu le Christophe Honoré... Je vous en dis un mot demain.

traversay a écrit:

PS : Il s'agit d'un remake d'un film de Kim Ki-young (1960). Im Sang-soo a repris la trame initiale, mais a complètement perverti les thèmes originaux. Et c'est tant mieux (voir par ailleurs).

Les deux me font envie.

Happy Few d'Antony Cordier

Citation :

Rachel travaille dans une boutique de bijoux. Lorsqu’elle rencontre Vincent à l’atelier, elle est séduite par son franc-parler et décide d’organiser un dîner avec leurs conjoints respectifs, Franck et Teri. Les deux couples ont à peine le temps de devenir amis qu’ils tombent presque aussitôt amoureux.

Filmer le désir n'est pas une partie de plaisir. Antony Cordier s'y essaie, avec un ton décomplexé qui n'appartient qu'à lui, dans une histoire qui n'est pas qu'une partie carrée qui tourne rond, pas plus qu'un traité moderne sur les vertus roboratives de l'échangisme.

Happy Few est un double mixte, que l'on trouvera plus ou moins osé, selon sa propre conception de la morale, qui convaincra ceux qui pensent que l'on peut évoquer les choses graves de façon légère, et inversement.

Le film ne s'appesantit pas sur la psychologie des personnages, ceux-ci sont libres de leurs pulsions et emballements, la mise en scène de même. Mille et un détails donnent de l'intérêt à Happy Few : le regard des enfants, la sensualité de la nature ...

Quant aux scènes de sexe, elles ne sont pas excessivement crues ni choquantes (beaucoup moins que chez un Joaquim Lafosse, par exemple), et celle de la farine, déjà célèbre, est particulièrement jouissive, à tous points de vue. Et la qualité de jeu du quatuor Foïs, Bouchez, Duvauchelle, Zem, n'est pas pour rien dans la réussite globale de cette célébration du libertinage sans tabous.

"Aimez qui vous voulez" proclame l'affiche de Happy Few. Pas mieux.

traversay a écrit:

eXPie a écrit:

traversay a écrit:

Celui que j'ai déjà vu (et qui n'est pas bon) :

Ah ? Ils en disent vraiment du bien dans Télérama. Ca l'air un peu lent mais très beau, un peu Tchékhovien... une mise en scène sophistiquée...
Il passe dans trois cinémas à Paris, c'est une sortie bien confidentielle...

A La Rochelle, les 3/4 des spectateurs sont partis bien avant la fin. Un des 2 ou 3 plus mauvais films de l'année pour moi.

"Ce film-là, tout de plans-séquences tortueux en longue focale et de brouillage des profondeurs sonores, ressemble tellement à ses modèles des années 70 que même sa vision très consensuellement critique de l'histoire des missions spatiales soviétiques passe inaperçue."
Les Cahiers du Cinéma

Enthousiasme général au masque et la plume qui en parle comme d'un des meilleurs films de l'année. Ils ont par contre détesté "The Housemaid"... Décidément dur de s'y retrouver

Marko a écrit:

Enthousiasme général au masque et la plume qui en parle comme d'un des meilleurs films de l'année. Ils ont par contre détesté "The Housemaid"... Décidément dur de s'y retrouver

Exactement, j'ai pensé pareil !