David Lean

David Lean (vous pouvez l'appelez Sir) est né le 25 mars 1908 dans la riante localité de Croydon (Surrey). Apprenti comptable frustré, il ne tarde pas à intégrer le monde du cinéma, qui le fascine. Par la petite porte, en faisant le thé ou le clap, pour commencer. Petit à petit, il monte en grade et devient ... monteur pendant quelques années. Il l'est notamment pour Asquith et Powell. Une bonne expérience qui lui apprend le sens du rythme. En 1942, il co-réalise Ceux qui servent en mer, un film qui sera longtemps perçu comme une oeuvre de son célèbre scénariste Noël Coward. Il adapte trois de ses pièces dans la foulée, notamment Brève rencontre, qui le fait reconnaître internationalement. Il s'attaque à Dickens (Les grandes espérances puis Oliver Twist), signe deux comédies (Le mur du son, Chaussure à son pied). Le grand tournant de sa carrière se situe en 1957 avec Le pont de la rivière Kwai, succès colossal. Désormais, son créneau, ce sera le film à grand spectacle, sur fond historique, de facture classique (académique disent ses détracteurs). Lawrence d'Arabie, Le docteur Jivago, La fille de Ryan se succèdent. Ce dernier film ne connaît qu'un succès mitigé. Il ne tournera plus que La route des Indes, en 1984. Il meurt en 1991, en pleine préparation de l'adaptation de Nostromo, de Conrad.



Brève rencontre


Lawrence d'Arabie

Allez, un classement personnel des films de David Lean, quitte à faire hurler eXPie, oui, j'ai mis Lawrence d'Arabie en tête. Avertissements habituels : c'est totalement subjectif, c'est biaisé par le fait que je n'ai pas revu certains films depuis 20 ans, j'en ai vus sur grand écran, en DVD, à la TV etc...

1. Lawrence d'Arabie (1962) 2. Brève rencontre (1945) 3. L'esprit s'amuse (1945) 4. La route des Indes (1984) 5. Les grandes espérances (1946) 6. Heureux mortels (1944) 7. Oliver Twist (1948) 8. Chaussure à son pied (1954) 9. Le pont de la rivière Kwai (1957) 10. Madeleine (1950) 11. Docteur Jivago (1965) 12. La fille de Ryan (1970) 13. Le mur du son (1952) 14. Les amants passionnés (1949) 15. Ceux qui servent en mer (1942) 16. Vacances à Venise (1955)

traversay a écrit:

Allez, un classement personnel des films de David Lean, quitte à faire hurler eXPie, oui, j'ai mis Lawrence d'Arabie en tête. Avertissements habituels : c'est totalement subjectif, c'est biaisé par le fait que je n'ai pas revu certains films depuis 20 ans, j'en ai vus sur grand écran, en DVD, à la TV etc...

1. Lawrence d'Arabie (1962) 2. Brève rencontre (1945) 3. L'esprit s'amuse (1945) 4. La route des Indes (1984) 5. Les grandes espérances (1946) 6. Heureux mortels (1944) 7. Oliver Twist (1948) 8. Chaussure à son pied (1954) 9. Le pont de la rivière Kwai (1957) 10. Madeleine (1950) 11. Docteur Jivago (1965) 12. La fille de Ryan (1970) 13. Le mur du son (1952) 14. Les amants passionnés (1949) 15. Ceux qui servent en mer (1942) 16. Vacances à Venise (1955)

Ah non, je ne vais pas hurler... Un peu comme toi, il y a un certain nombre de ces films que je n'ai pas revu depuis des années. Et Lawrence d'Arabie, je ne l'ai jamais vu sur grand écran ; or, il me semble que c'est vraiment un film à voir sur grand écran. Le désert du Patient Anglais, au cinéma, c'était quelque chose, et Anthony Minghella, ce n'était quand même pas David Lean.
A propos de Lawrence, imdb précise que c'est le film le plus long (227 minutes) dans lequel aucune femme n'a de dialogue.
Et que presque tous les mouvement vont de gauche à droite, parce que Lean voulait souligner qu'il s'agissait d'un voyage...
Ce n'est pas un petit film, il y a beaucoup à découvrir dedans.

La fille de Ryan


Je sors de la projection de ce film restauré que je découvre seulement et je suis enchanté, ému, enthousiasmé. Très surpris de le voir si bas dans le classement de Traversay et de savoir qu'il a été un relatif échec commercial.



Dans un registre de cinéma classique, romanesque, humaniste c'est un chef-d'oeuvre et un grand classique. J'ai été époustouflé par la somptuosité des images en scope qui montrent de très beaux paysages maritimes irlandais de côtes déchirées, une petite communauté digne du Peter Grimes de Britten avec ses trognes et son unité très archaïque pour le meilleur et pour le pire, des scènes d'amour en pleine nature qui donnent des ailes, des éléments déchaînés comme si on y était, un peu d'images fantasmées ...Le drame intime qui se mêle à la destinée collective sur fond de traumatisme de guerre et de résistance.



Et puis surtout des personnages très forts, profondément humains, contrastés. Habités par des acteurs de la trempe de Robert Mitchum et de Trevor Howard. Cette histoire est captivante de bout en bout et propose une escalade dramatique si intense qu'on oublie que le film dure 3h15. Et le final? Génial, bouleversant sans excès dans le mélodrame.



La grande classe. J'y retourne avec la famille, les amis et je commande le DVD. Seul tout petit bémol, la musique de Maurice Jarre très présente et souvent réussie mais qui se fait parfois trop enjouée dans des moments pourtant assez dramatiques. Mais elle sait aussi se faire étrange et décalée au bon moment. Bref un film qui rentre immédiatement dans mes meilleurs souvenirs de cinéma.



Extrait:

Marko, c'est un de ceux que j'ai vus il y a plus longtemps. J'ai bien envie de le redécouvrir.

traversay a écrit:

Marko, c'est un de ceux que j'ai vus il y a plus longtemps. J'ai bien envie de le redécouvrir.

Faut y aller! La copie est parfaite et en plus on voit un petit documentaire avant qui montre Sarah Miles présentant le film au Champo. Avec un cinéphile qui dit avoir vu le film 20 fois depuis sa sortie. Je le comprends. Je vais approfondir ma connaissance de son cinéma dont je ne connais que 4 autres films.

Un film qui m'avait fait une très forte impression. Sans doute à revoir.

Summertime (Vacances à Venise) (1955)


Changement de registre après l'ampleur du film précédent qui revisitait Madame Bovary avec l'intensité d'une tragédie antique. Ici le ton se fait plus léger et l'impact plus discret. Mais Summertime a un certain charme et une mélancolie qui n'est jamais très loin derrière la romance et les images d'Epinal d'une Venise volontairement idéalisée et perçue à travers le regard de son héroïne.



Une touriste américaine qui a dépassé la quarantaine, manifestement marquée par la vie et les déceptions sentimentales, se rend à Venise dans l'espoir d'y trouver l'exaltation en accord avec son âme mélancolique en manque de romantisme et de passion même éphémère. Elle observe les couples autour d'elle, se méfie quand on l'aborde puis se laisse troubler par un antiquaire local qui tente de l'apprivoiser progressivement.



Saura-t-il venir à bout de ses réticences? Est-il sincère ou un nouveau leurre dans sa vie? Le film vous le dira



Photographie superbe avec des couleurs très contrastées (merci Carlotta pour la restauration) qui n'évite pas le côté carte postale mais qui permet de visiter Venise dans pas mal de recoins. Galerie de personnages secondaires assez savoureux mais à peine ébauchés. Katharine Hepburn un peu dans le sur-jeu pour suggérer sa névrose mais plutôt touchante et authentique à l'arrivée. Un joli portrait de femme qui souffre derrière son côté fantasque et imprévisible.



C'était le film préféré de David Lean lui-même d'après ce que j'en ai lu.

Je n'ai vu aucun de ses films, mais les images (et ce que tu en dis) donne envie d'y jeter un coup d’œil !

Marko a écrit:

traversay a écrit:

Marko, c'est un de ceux que j'ai vus il y a plus longtemps. J'ai bien envie de le redécouvrir.

Faut y aller! La copie est parfaite et en plus on voit un petit documentaire avant  qui montre Sarah Miles présentant le film au Champo. Avec un cinéphile qui dit avoir vu le film 20 fois depuis sa sortie. Je le comprends. Je vais approfondir ma connaissance de son cinéma dont je ne connais que 4 autres films.

Je compte bien le voir également. Sarah Miles était déjà épatante dans The Servant de Joseph Losey, que je te conseille également si tu ne l'as pas déjà vu !

Petit hommage à John Mills (décédé en 2005) qui a remporté l'Oscar du meilleur second rôle dans La fille de Ryan. Il y incarne l'idiot du village qui est un peu l'âme de cette communauté et à travers qui tous les évènements et passions se concentrent et transitent. Il est à la fois bouc émissaire et messager. Rôle muet qui tient de la pantomime. C'est à l'arrivée celui qui exprime l'émotion la plus authentique. Un oscar plus que mérité même si les américains raffolent des freaks et autres rôles à handicap...

L'esprit s'amuse (1945)


Comédie très British adaptée d'une pièce de théâtre, L'esprit s'amuse pourrait être un épisode de Ma Sorcière bien aimée mais avec des dialogues très caustiques qui mettent à mal avec bonne humeur la conjugalité. L'intrusion après une séance de spiritisme hilarante de l'ectoplasme tout vert de son ex-épouse, véritable Madame Bovary en puissance (encore une!), confronte Charles (tiens encore un!) à son passé et surtout à son épouse actuelle qui ne lui fait aucun cadeau.



Tout le monde en prend pour son grade et j'ai de plus en plus le sentiment que le cinéma de David Lean est plein de Charles et d'Emma Bovary   Ici l'ex-épouse évoque d'ailleurs qu'elle l'a trompé par le passé avec un beau militaire avec lequel elle faisait du cheval... (il ne s'appelle pas Rodolphe mais c'est tout comme). Idem dans La fille de Ryan.

Margaret Rutherford qui fait la médium Mme Arcati est un sacré phénomène et on s'amuse pas mal à condition d'accepter les conventions théâtrales de ces comédies des années 40.



J'ai regardé tout ça d'un oeil un peu distrait mais c'était plutôt agréable. Il y a quelques répliques d'anthologie. A voir un soir de cafard pour se donner un peu la pêche (quoi que!! la vision du couple est d'une lucidité implacable).

J'ai réservé La fille de Ryan à ma mediathèque.
Les autres n'y sont pas (y'a Les grandes espérances, Le docteur Jivago, Oliver Twist : ils valent le coup ?)

Queenie a écrit:

J'ai réservé La fille de Ryan à ma mediathèque.
Les autres n'y sont pas (y'a Les grandes espérances, Le docteur Jivago, Oliver Twist : ils valent le coup ?)

Carrément!  J'espère que pour La fille de Ryan ils ont le DVD de la copie restaurée... Moi j'ai pris celui-ci après avoir vu le film au cinéma et il est parfait malgré sa jaquette hideuse:



Si tu as une copie moche arrête tout et je te l'envoie...

P.S S'il passe encore en salle sur Paris vas-y! Il faut voir ça sur le plus grand écran possible.

P.S. 2: il est encore au Champo et à partir du 13 septembre à Saint-Ouen...

Un dernier argument de choc:

Très rares sont les cinéastes qui vous donnent l’envie immédiate de voir tous leurs films. En haut de ma liste, je mettrais Fellini, Bergman et David Lean.
Stanley Kubrick