Ian McEwan

[Cet extrait est-il de McEwan ou d'Argus?]

Mc Ewan, pardon...

Ok, donc je l'ai mis au bon endroit c'est tout ce que je voulais savoir. J'étais pas sûre à 100% vu que tout ça était mêlé au fil Argus.

Bonne Journée les Lecteurs.

markofr a écrit:

Juste pour terminer...

A ne regarder qu'après avoir lu le livre (et vu le film): La scène finale d'Expiation ! Séquence EMOTION!

Trop tard! je n'ai pas lu le livre mais j'ai vu la scène (coupée limite mais bon...) et ça m'a vraiment donné envie de voir le film en entier.

(Alors que le titre français trop nul m'avait plutôt fait fuir!)

Marie a écrit:

je ne regarde pas, je veux voir le film!!!
Mais je recopie cet extrait du roman

"Elle pourrait écrire trois fois la même scène, de trois points de vue différents ; son enthousiasme tenait à la perspective d'être libre, d'être délivrée de la lutte gênante entre le bien et le mal, entre les héros et les méchants. Aucun de ces trois là n'était mauvais, non plus qu'ils n'étaient spécialement bons. Elle n'avait pas besoin de juger. Il n'y aurait pas nécessairement de morale dans cette histoire. Il lui suffisait de montrer des esprits distincts, aussi vivants que le sien, bataillant avec l'idée d'autres esprits non moins vivants. Ce n'était pas seulement le vice et l'intrigue qui rendaient les gens malheureux, c'était la confusion et le malentendu ; et par dessus tout l'incapacité d'appréhender la simple vérité que les autres étaient aussi réels que soi. Et seule une histoire permettait de pénétrer ces différents esprits et de montrer leur égale valeur. C'est la seule morale dont avait besoin une histoire."

C'est tout à fait ce que Milena Agus en pense aussi..

coline a écrit:

J'ai failli acheter cet après-midi son dernier roman...Euh...Je cherche le titre...

Pour Sur la plage de Chesil, vas-y, tu ne devrais pas regretter ton achat! Je le cerclerais bien mais je l'ai en anglais.

Merci pour la fusion du fil.

Nezumi a écrit:

coline a écrit:

J'ai failli acheter cet après-midi son dernier roman...Euh...Je cherche le titre...

Pour Sur la plage de Chesil, vas-y, tu ne devrais pas regretter ton achat! Je le cerclerais bien mais je l'ai en anglais.

Je pense que ce sera mon prochain achat...
( Mais je me suis ruinée en livres depuis fin août...)

aériale a écrit:

Trop tard! je n'ai pas lu le livre mais j'ai vu la scène (coupée limite mais bon...) et ça m'a vraiment donné envie de voir le film en entier. (Alors que le titre français trop nul m'avait plutôt fait fuir!)

C'est un beau film même s'il est parfois à la limite de l'académisme (belles images bien lisses, beaux costumes, belle reconstitution). Surtout grâce à cette histoire très émouvante. Mais je te conseille quand même de commencer par le livre. La première partie notamment est vraiment un régal de lecture!

markofr a écrit:

.. Mais je te conseille quand même de commencer par le livre. La première partie notamment est vraiment un régal de lecture!

Je dois lire prochainement Sur la plage de Chesil qui fait partie d'un cerclage, ce qui me donnera l'occasion de découvrir cet auteur qui m'a l'air plus que bien...

aériale a écrit:

Je dois lire prochainement Sur la plage de Chesil qui fait partie d'un cerclage, ce qui me donnera l'occasion de découvrir cet auteur qui m'a l'air plus que bien...

je suis à ... 98% sûre que tu vas aimer.. c'est vraiment un livre trop bon!!

Amsterdam :

Contrairement à la plupart d’entre vous, je ne trouve pas l’histoire inintéressante. Ce roman est une sorte d’autopsie de la foire des vanités humaines…où chacun se cherche le bouc émissaire idéal pour justifier ou oublier ses propres ignominies.
La fin n’est pas surprenante…le meurtre étant l’aboutissement logique de l’enferment égotique des personnages et tout le monde sait que la haine est toujours plus forte envers ses ex-amis, accusés de trahisons, qu’envers ses ennemis…

La description du climat est excellente : la part disproportionnée de l’émotion au détriment des faits dans les mass médias, le jeu des ambitions qui justifie toutes les bassesses, les politiques qui prônent des opinions qui vont à l’encontre de leurs choix personnels, les lâchetés ordinaires pour ne pas déranger sa « petite » vie ou comment ne pas voir ce qui vous dérange…
L’intrigue est bien menée, l’écriture la sert intelligemment et les personnages réagissent logiquement mais cette accumulation des travers humains manque de lumières.
Aucun des personnages ne semblent capable d’actes généreux ou même simplement justes ; tous sont empreints d’arrière-pensée ou d’auto flatterie de l’ego.
Cette systématisation désert un peu la démonstration mais le roman est à conseiller ; personnellement, je continuerai à lire cet auteur.

Je suis en train de lire La plagede Chesil...Il est court et me plaît beaucoup...Mais mes temps de lecture sont tellement limités et morcelés que je vais devoir le recommencer au début je crois ...

coline a écrit:

Je suis en train de lire La plagede Chesil...Il est court et me plaît beaucoup...Mais mes temps de lecture sont tellement limités et morcelés que je vais devoir le recommencer au début je crois ...

oui, ce serait trop dommage pour ce très bon roman de garder pas ou peu de ce qu'il y est..

kenavo a écrit:

coline a écrit:

Je suis en train de lire La plagede Chesil...Il est court et me plaît beaucoup...Mais mes temps de lecture sont tellement limités et morcelés que je vais devoir le recommencer au début je crois ...

oui, ce serait trop dommage pour ce très bon roman de garder pas ou peu de ce qu'il y est..

Je vais le recommencer après le festival...

SUR LA PLAGE DE CHESIL

J’ai beaucoup aimé ce roman court mais fort où Ian McEwan relate, dans un récit d’une grande sensibilité, une véritable tragédie.

On est en 1962, en Angleterre, avant la révolution sexuelle. Edward Mayhew, un jeune historien et Florence Ponting, brillante violoniste, se sont rencontrés lors d’un meeting en faveur du désarmement nucléaire.
Coup de foudre et long flirt, comme cela devait être à ce moment-là où « La pilule n’était qu’une rumeur colportée par les journaux, une promesse ridicule, une légende de plus venue d’Amérique. ».
Pour les convenances, leur histoire devait aboutir inévitablement et vite à un mariage.
Ils en étaient d'ailleurs heureux, ils y gagneraient leur liberté et leur statut d’adultes.

Ainsi débute du roman :

« Ils étaient jeunes, instruits, tous deux vierges avant leur nuit de noces, et ils vivaient en des temps où parler de ses problèmes sexuels était manifestement impossible. Mais ce n’est jamais facile. Ils venaient de s’installer pour dîner dans un minuscule salon au premier étage d’une auberge de style géorgien. Dans la pièce voisine, visible par la porte ouverte, se trouvait un lit à baldaquin assez étroit, dont la courtepointe d’un blanc pur s’étendait, incroyablement lisse, comme si aucune main humaine ne l’avait touchée. Edward n’avoua pas qu’il n’était encore jamais allé à l’hôtel, alors que Florence, après ses nombreux voyages avec son père dans son enfance, était une habituée. En apparence, tout leur souriait. »

Oui mais voilà… Ian Mc Ewan sait admirablement décrire l’atmosphère pesante qui s’est installée dans la chambre où ils dînent, le malaise…
Les jeunes mariés sont « murés dans leurs angoisses respectives », « moins heureux qu’ils ne se le répétaient ». « C’était leur nuit de noces et ils n’avaient rien à se dire »…

Edward est inquiet mais impatient…Florence, elle, est dans la peur et le dégoût :
« Des angoisses plus profondes agitaient Florence, et plusieurs fois, durant le voyage depuis Oxford, elle s'était sentie sur le point de prendre son courage à deux mains et d'exprimer ses craintes. Mais ce qui la troublait était inexprimable, et elle pouvait à peine se le représenter. Contrairement à Edward, qui n'éprouvait rien d'autre que le trac du tout jeune marié avant sa nuit de noces, elle était habitée par une terreur viscérale, par un dégoût incoercible, aussi palpable que le mal de mer. La plupart du temps, durant tous ces mois de joyeux préparatifs, elle avait réussi à ignorer cette tache sur son bonheur, mais dès que lui venait la pensée d'une étreinte -elle ne tolérait aucun autre terme - son estomac se nouait, une nausée la prenait à la gorge. Dans un petit guide moderne et optimiste, qui était censé rassurer les jeunes mariées par son ton enjoué, ses points d'exclamation et ses illustrations numérotées, elle était tombée sur tel mot ou telle expression qui lui donnaient un haut-le-coeur : muqueuse vaginale, ou bien ce sinistre gland luisant. Certaines images insultaient son intelligence, surtout celle de l'entrée dans le corps féminin : "Peu avant qu'il n'entre en elle...", ou "Enfin, il entre en elle", ou encore : "Heureusement, dès qu'il est entré en elle..." Serait-elle donc obligée, le moment venu, de se transformer pour Edward en une sorte de portail ou d'antichambre qu'il puisse franchir ? Presque aussi fréquemment revenait ce mot qui n'était synonyme pour elle que de souffrance, de chairs tranchées par une lame : pénétration. »

D’une conversation embarrassée (où l’essentiel est tu) à l’accumulation de gestes maladroits, la nuit de noces vire au cauchemar pour les jeunes gens pourtant très amoureux l’un de l’autre.

« Voilà comment on peut radicalement changer le cours d'une vie : en ne faisant rien. »

Au cours du récit, Ian McEwan, relatant l’enfance des deux jeunes gens, issus de milieux très différents, dresse le portrait d’une époque. C’était en Angleterre que l’on voit puritaine… mais la France l’était tout autant, même quelques années après…

Magnifique roman!