Parfum de livres… parfum d’ailleurs
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 Henry Miller

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colimasson
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MessageSujet: Re: Henry Miller   miller - Henry Miller - Page 2 EmptyDim 5 Aoû 2012 - 17:46

Sympa la lecture proposée par mon groupe thérapeutique Laughing

Sexus (1949)

miller - Henry Miller - Page 2 Sexus_10
La Crucifixion en Rose (tout rapprochement à faire avec le concept de Téléphone Rose serait fortuit…) est une œuvre de grande envergure qui s’ouvre avec un premier volume intitulé Sexus (ici encore, le titre est explicite). Cette trilogie prétend être la somme de l’existence de Henry Miller. En réalité, on comprendra qu’il ne s’agit que d’une somme sélective, bien loin de rappeler tous les évènements de la vie de l’écrivain. Les morceaux mis en premier plan sont surtout ceux qui permettent au livre de mériter son titre.

Ainsi, les premières pages nous présentent un Henry Miller qui ne semble pas être du premier âge –en tout cas pas pour un homme qui prétend écrire le récit complet de son existence. L’écrivain n’est encore qu’un écrivaillon, certes, mais il est déjà marié à Maude –une femme qu’il s’empressera de tromper sitôt nommée dans les pages du livre- et père de plusieurs enfants –qui ne seront évoqués qu’à une ou deux reprises, lorsqu’ils apparaîtront comme des empêcheurs de baiser en rond. Existence monotone dont les origines ne méritent pas d’être évoquées ? Henry Miller marque le début de sa véritable existence avec la rencontre de Mara, une jeune femme simple, complètement insouciante et volage –bien loin de l’hystérique Maude qui, entre pudibonderie et nymphomanie, incarne aux yeux de Miller le prototype de la femme dégénérée. Pourtant, il y reviendra, partagé entre le dégoût et le désir insatiable de se fourrer dans tout ce qui possède des attributs féminins. D’ailleurs, Miller ne se contente ni de Maude, ni de Mara, aussi satisfaisantes que puissent (parfois) être l’une ou l’autre. Rappelons qu’il convient d’honorer le titre du livre… Cinq pages ne s’écoulent pas sans que Henry Miller ne soit assailli par des pensées, des pulsions ou des envies qui lui fassent aussitôt dresser le mât. Lorsqu’il passe à l’acte, il se fait plaisir, aussi bien dans l’acte physique en lui-même que dans les souvenirs qu’il en conserve et qu’il retranscrit par la suite dans de longues pages regorgeant de précisions sensitives. Certains passages sont crus, mais parviennent mal à dissimuler la joie fanfaronne ressentie par Miller à l’idée de se répandre dans une écriture sciemment provocante. Ce côté narquois est parfois agaçant mais Miller est irréprochable : il réussit à représenter la réalité des relations sexuelles dans ce qu’elles ont de plus terre-à-terre, que cela soit plaisant pour lui-même et le lecteur ou non.

Citation :
« Quand je revins au supplice, j’avais l’impression que ma pine était faite de vieux bouts d’élastique. Tous mes nerfs étaient morts, à cette extrémité ; c’était comme si j’avais enfoncé un morceau de suif raide dans un tuyau d’écoulement. Par-dessus le marché, la batterie était complètement à plat ; s’il devait arriver quelque chose, cela relèverait de la noix de galle, de la teigne, de la goutte de pus dans une solution d’émincé de cancoyote. Ce qui m’étonnait, c’est que ça continuait à se tenir levé comme un marteau ; ça avait perdu toute apparence d’outil sexuel ; ça vous avait un air écœurant de machin-truc bon marché droit sorti du prisunic, de fragment d’engin de pêche brillamment coloré…moins l’appât. Et sur ce machin-truc, éclatant et glissant, Mara se tortillait comme une anguille. »

En refusant toute complaisance dans la description des relations qui unissent plus généralement les hommes –en dehors du seul cadre des relations sexuelles-, Sexus apparaît comme un livre qui sonne juste, loin de toute naïveté hallucinée. Publié pour la première fois en 1949, on sent que cette mise à mal de toutes les conventionalités qui régissent habituellement les rapports humains permet également de justifier l’attrait évident que Miller ressent pour l’esprit d’émancipation qui commence à bourgeonner au milieu du siècle passé. En cherchant à revendiquer l’expression libérée et totale de son être, Miller en vient paradoxalement à perdre toute singularité, devenant seulement un des étendards de l’opposition aux normes de son époque. Son comportement, à présent, pourrait être rapproché de la bannière trop connue du « Sexe, drogue et rock’n’roll ». On ne peut pas reprocher à Miller d’avoir anticipé le succès de masse de ce mode de pensée ; il n’empêche, il avait vu faux en pensant qu’il suffirait à lui seul à permettre l’épanouissement des « rejetés de la société bien-pensante ».

miller - Henry Miller - Page 2 Miller10
Sexus redevient singulier lorsque, entre deux parties de jambes en l’air avec l’une ou l’autre des femelles de son entourage, et une bravade adressée à l’ordre établi (maudit soient le travail et la famille, destructeur de la pure innocence de mon âme préservée !), Miller s’interroge sur son obsession des mots et de l’écriture. Les questions ne sont pas nouvelles : qu’est-ce qui nous pousse à écrire ? quelle absence, quel manque cherchons-nous à pallier à travers l’utilisation des mots ? Les réponses apportées par Miller semblent être le fruit d’une longue maturation. C’est à ce moment-là où l’écrivain se retire de l’action frénétique –sorte de réaction de terreur dans laquelle on le sent obligé de prouver au lecteur qu’il est bien cet homme émancipé qu’il rêve d’être- qu’on sent enfin émerger une individualité à part entière, faite de réflexions et d’expériences singulières. Enrichis de ces passages qui nous permettent de prendre conscience que Miller ne se dupe pas quant à son art, on apprécie alors à leur juste valeur les moments au cours desquels la prose de l’écrivain s’emballe dans des descriptions burlesques et sordides. On n’est jamais loin de l’émerveillement, tant les images que convoque Miller interpellent l’imaginaire du lecteur.

Citation :
« Nous étions maintenant allongés au creux d’une dune de sable suppurante, à côté d’un lit d’herbes puantes et onduleuses, au bord sous le vent d’une route macadamisée, sur laquelle les émissaires d’un siècle de progrès et de lumières roulaient, dans ce fracas familier et sédatif dont s’accompagne la plane locomotion de ferblanteries à cracher et péter, étroitement tricotées à coups d’aiguilles en acier. Le soleil se couchait à l’Ouest comme d’habitude, dans le dégoût cependant, et non dans la splendeur et le rayonnement –pareil à une omelette somptueuse noyée dans des nuées de morve et de glaires catarrheux. C’était le décor idéal pour scène d’amour, tel qu’on le vend ou le loue dans les drugstores, relié cartonné, bonne petite édition de poche. »

En 668 pages, l’écrivain évoque seulement un tiers de ce qu’il juge convenable d’appeler son « existence ». Cette densité tient aux détails et aux anecdotes dont Miller se répand dans un souci d’hyperréalisme qui pousse au voyeurisme.

Plexus et Nexus se profilent à la suite de ce premier volume… Ce serait sans doute risqué de se jeter tout de suite dessus –risque de saturation. Il n’empêche, Henry Miller a réussi à susciter suffisamment d’intérêt pour nous donner envie de le retrouver dans les volumes suivants de la Crucifixion en rose, même s’il faudra sans doute attendre un certain temps afin que l’assimilation de ce premier volume se fasse dans son intégralité…

miller - Henry Miller - Page 2 Henrym10
Miller sait aussi faire bref. En un paragraphe, il réussit à mettre en place une atmosphère qui résume tout l'état d'esprit de son roman :

Citation :
« Un homme traversa la pièce, un grand coutelas sanglant dans une main, tenant de l’autre, par les pattes, un poulet décapité : le sang dégoulinait sur le plancher, laissant une trace zigzagante –comme celle d’une putain ivre qui menstruerait à flots. »
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MessageSujet: Re: Henry Miller   miller - Henry Miller - Page 2 EmptyDim 5 Aoû 2012 - 21:54

Puisque je parlais des nombreux passages dans lesquels Miller livre ses réflexions à propos de l'écriture et, plus largement, de l'acte créatif, pourquoi ne pas mettre quelques extraits ?

Point de départ... Miller se compare à Mara, femme volubile et débordante d'imagination, mais qui n'écrit pas. Et pourquoi ne le fait-elle pas, alors que tant d'écrivains galèrent pour pondre une misérable idée sans originalité ?

Citation :
« Elle parlait d’abondance, à un point extraordinaire. Elle racontait toutes sortes d’histoires au hasard –des choses complexes ou obscures, ou aveuglantes comme des flammes, ou alors elle glissait à perdre haleine dans une parenthèse qui vous transportait dans des limbes poivrées de feux d’artifice ; autant d’exploits linguistiques admirables, qui auraient sans doute coûté des heures d’effort furieux à un écrivain chevronné. Et pourtant ses lettres (je me rappelle encore le choc que je reçus à la première que j’ouvris) étaient presque enfantines. »

Une des premières raisons invoquée pour expliquer le besoin d'écrire :

Citation :
« Si l’homme écrit, c’est pour vomir le poison qu’il a accumulé en lui du fait de l’erreur foncière qu’il commet dans sa manière de vivre. Il cherche à reconquérir son innocence. Ses écrits n’ont d’autre effet que d’inoculer au monde le virus de ses désillusions. Je ne pense pas qu’il se trouverait un homme au monde pour noircir une feuille de papier, si nous avions le courage de vivre ce en quoi nous avons foi. L’inspiration est déviée dans son cours au sortir de la source. Si c’est un monde de vérité, de beauté et de magie que nous entendons créer, à quoi bon dresser des millions de mots entre nous-mêmes et la réalité de ce monde ? »

Et une explication au besoin de côtoyer l'oeuvre :

Citation :
« Qui aurait envie de tourner le bouton de la radio pour écouter Beethoven, par exemple, quand il lui suffirait de se tourner vers lui-même pour vivre les extases harmoniques que Beethoven a désespérément tenté d’enregistrer ? Toute grande œuvre d’art, si elle atteint la perfection, sert à nous rappeler, mieux : à nous faire rêver l’intangible éphémère –c’est-à-dire l’univers. Elle ne jaillit pas de l’entendement –on l’y admet ou on l’en rejette. Admise, elle instille une vie nouvelle. Rejetée, nous en sommes diminués d’autant. »

Une description du "héros moderne" :

Citation :
« Dans le métro, face aux clochards noctambules de la grande ville, je m’adonnai à une de ces séances de profonde introspection, chères aux héros de romans modernes. Comme eux, je me posai nombre de questions inutiles, de problèmes qui n’existent pas ; je tirai pour l’avenir des plans qui ne se réaliseraient jamais ; je doutai de tout, y compris de ma propre existence. Pour le héros moderne, la pensée ne mène nulle part : son cerveau est un évier à eau courante où il lave les légumes détrempés de l’esprit. Il se raconte à lui-même qu’il est amoureux et, assis dans le métro souterrain, il essaie de ruisseler comme un égout. »

Sur la difficulté de la reconnaissance des artistes écrivains, par rapport aux autres artistes (les peintres, par exemple) :

Citation :
« - […] S’il existait aujourd’hui un écrivain aussi singulier dans son domaine que l’est Picasso dans le sien, vous auriez tôt fait de voir où je veux en venir. La plupart des gens, même s’ils n’aiment pas son œuvre, conviennent que Picasso est un grand génie, du moment qu’ils s’y connaissent un peu en art. Mais, prenez Joyce, qui est un écrivain plutôt excentrique : a-t-il atteint à un prestige comparable à celui de Picasso ? A part une élite d’érudits, à part les snobs qui essaient de se tenir à la page, sa réputation actuelle repose en grande partie sur le fait qu’il est un phénomène. On admet son génie, d’accord ; mais avec une tare, pour ainsi dire. Picasso commande le respect, même si on ne le comprend pas toujours. Mais Joyce sert plus ou moins de cible : sa renommée s’accroît d’autant plus, précisément, qu’il ne peut pas être universellement compris. »

Un des passages qui m'a le plus intéressé est le débat qui oppose Miller à Kronski. En admettant que l'on se suppose l'âme d'un "créateur", vaut-il mieux passer à l'acte de création ou tout garder pour soi ? Kronski préfère la dernière solution :
Citation :

« - Tenez ! A la place d’Henry, si j’étais aussi sûr que lui d’être un artiste, vous croyez que je me donnerais le mal d’en faire la preuve ? Tu parles ! Je n’écrirais pas une ligne sur le papier ; je me contenterais de penser mes pensées, de rêver mes rêves, et ça me suffirait. Je prendrais n’importe quel boulot, n’importe quoi qui me permettrait de vivre, et je dirais au monde : « Va te faire foutre, p’tite tête ! Tu peux toujours courir pour que ça prenne avec moi ! Si tu crois que tu me feras crever de faim, histoire de prouver que je suis un artiste ! Oh ! que non ! Je sais ce que je sais ; pas la peine de me conter des histoires ! » […] Si j’avais de bonnes idées, riches et juteuses, je les savourerais tout seul dans mon coin. Je n’essaierais pas de prendre l’entonnoir et d’en gaver de force les gens. Je jouerais les muets la plupart du temps. Je ferais le béni-oui-oui, le tampon de caoutchouc ; je laisserais les autres me marcher sur les pieds si ça leur chante. Du moment que je saurais, au fond de moi-même, cœur et âme, que je suis vraiment quelqu’un. »

Et la réplique, très belle :

Citation :
« - […] L’art n’a rien d’un récital de soliste ; c’est une symphonie dans le noir, avec des millions de participants et des millions d’auditeurs. La jouissance que procure une belle pensée n’est rien à côté de la joie de l’on éprouve à la fixer dans sa forme –dans sa forme permanente. En fait, il est quasi strictement impossible de se réfréner de formuler une grande pensée. Nous ne sommes que des instruments dont joue une force qui nous dépasse. On nous permet, on nous accorde la grâce, pour ainsi dire, de créer. Personne ne crée tout seul, de soi-même, par soi-même. L’artiste est l’instrument qui enregistre ce qui existe déjà –quelque chose qui est la propriété du monde entier et que, si l’individu en question est vraiment un artiste, il est contraint et forcé de restituer au monde. Garder ses belles idées pour soi seul, cela reviendrait à être un virtuose qui se croiserait les bras sur son siège, au milieu de l’orchestre. Chose impossible ! Quant à l’exemple que vous donniez –celui de l’auteur qui perdrait, avec son manuscrit, l’œuvre d’une vie- eh bien, moi, je comparerais cet individu à un virtuose stupéfiant qui n’aurait pas cessé de jouer avec l’orchestre, mais qui se serait tenu dans une autre salle, où personne ne l’entendait. »


Petite question aux Parfumés... Miller dresse le portrait de deux catégories de lecteurs (assez extrêmes quand même). De quelle catégorie vous sentez-vous le plus proche ?

Citation :
« Je n’ai jamais pris Arthur Raymond en train de lire. Ce ne devait pas être un grand lecteur ; pourtant, le champ de ses connaissances était stupéfiant. Il se souvenait avec une vivacité et une précision étonnantes de ce qu’il avait lu. A part mon ami Roy Hamilton, je n’ai connu personne capable d’exprimer à ce point le suc d’un livre. Il soumettait le texte à une véritable éviscération. Roy Hamilton avançait millimètre par millimètre, pour ainsi dire, s’attardant sur une phrase, des jours, des semaines durant. il prenait parfois un an ou deux pour venir à bout d’un petit livre ; mais quand il en avait terminé, c’était un fait qu’il avait l’air grandi d’une coudée. Une demi-douzaine de bons livres suffisaient à lui assurer assez de fourrage spirituel pour le reste de ses jours. Pour lui, les idées étaient choses vivantes, comme pour Louis Lambert. Quand il avait achevé de lire un livre, il donnait l’impression très réelle de les connaître tous. Un livre, il le pensait et le vivait de bout en bout, et sortait de cette expérience transformé, glorifié. Il était le contraire même de l’érudit qui perd un peu de sa stature à chacune de ses lectures. »

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MessageSujet: Re: Henry Miller   miller - Henry Miller - Page 2 EmptyDim 5 Aoû 2012 - 22:05

Voilà un auteur qui m'a toujours intimidé. Je n'arrive pas à me décider à le lire mais ce que tu en dis et les citations que tu as choisies commencent à me titiller.
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colimasson
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MessageSujet: Re: Henry Miller   miller - Henry Miller - Page 2 EmptyDim 5 Aoû 2012 - 22:20

J'ai encore pas mal d'autres extraits titillants dans mon placard Wink

Intimidant pour quelle(s) raison(s) ?
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MessageSujet: Re: Henry Miller   miller - Henry Miller - Page 2 EmptyDim 5 Aoû 2012 - 23:02

L'impression d'un foisonnement de réflexions sans vraie trame narrative et autour de sujets qui ne me branchent pas plus que ça a priori sur sa sexualité.
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shanidar
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MessageSujet: Re: Henry Miller   miller - Henry Miller - Page 2 EmptyLun 6 Aoû 2012 - 10:17

tu as raison de temporiser un peu Coli car Plexus et Nexus, à mon avis, ne sont pas tout à fait à la hauteur du premier opus, en revanche Tropique du Capricorne pourrait à nouveau te séduire.
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MessageSujet: Re: Henry Miller   miller - Henry Miller - Page 2 EmptyLun 6 Aoû 2012 - 15:46

Je te conseille aussi Souvenir Souvenirs, Les Livres de ma vie, Un diable au paradis. Le sourire au pid de l' échelle, Big Sur et les oranges de Jerome Bosch, et sa correspondance avec Lawrence Durrell, John Cowper Powys et Anais Nin...

Toi qui aimes tant lire, je pense que Miller te fera connaitre d' autres livres. Toute sa vie, Miller a été un lecteur passionné tous azimuts.


Dernière édition par bix229 le Lun 6 Aoû 2012 - 21:11, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Henry Miller   miller - Henry Miller - Page 2 EmptyLun 6 Aoû 2012 - 20:51

shanidar a écrit:
tu as raison de temporiser un peu Coli car Plexus et Nexus, à mon avis, ne sont pas tout à fait à la hauteur du premier opus, en revanche Tropique du Capricorne pourrait à nouveau te séduire.

Je pense quand même que je lirais les deux volumes suivants, ne serait-ce que par curiosité...
Ca tombe bien pour le Tropique du Capricorne, il est dans ma PAL (chopé dans la bibliothèque de mémé, ah, ah !)

bix229 a écrit:
Je te conseille aussi Souvenir Souvenirs, Les Livres de ma vie, Un diable au paradis. Le sourure au pid de l' échelle, Big Sur et les oranges de Jerome Bosch, etsa correspondance avec Lawrence Durrell, John Cowper Powys et Anais Nin...

Ouh, ça m'en fait un paquet à lire ! Laughing
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MessageSujet: Re: Henry Miller   miller - Henry Miller - Page 2 EmptyMer 21 Aoû 2013 - 12:22

Plexus (1952)


miller - Henry Miller - Page 2 Miller10

Après Sexus, Henry Miller a encore beaucoup de choses à écrire. Pourtant, les évènements de sa vie se font moins tumultueux. Il est dans Plexus relativement moins question de femmes et de sexe que dans le volume précédent. La frénésie à chercher le modèle féminin d’une communion parfaite s’est tarie dans la vie commune qu’il mène avec Mona : grâce à elle, le temps, l’argent, le sexe et la vie sociale féconde se mettent à la disposition d’un Miller plus dévoué que jamais à sa cause artistique. Mona croit en ses talents littéraires et se sacrifie en travaillant –sans tout avouer sur sa manière de ramener de l’argent- afin de permettre à Henry de disposer pleinement de son temps pour écrire. Mais ce serait trop facile si l’écriture se mettait aussitôt à couler d’un flot…


Si Sexus décrivait la quête sexuelle d’Henry Miller, Plexus –chakra de l’énergie vitale- se consacre plutôt à la quête artistique de l’écrivain en devenir. Cette quête passe par une première phase solitaire qui nous étonne, eut égard à ce que l’on croyait connaître du personnage : son besoin constant d’être entouré, de parler, d’écouter, de se confronter aux autres dans la diversité de leurs identités comme s’il s’agissait d’un jeu de hasard. Passant son temps à déambuler chez lui, dans la rue ou dans les bibliothèques, Henry Miller revient aux sources de sa fascination pour les mots et nous parle à demi-mots de ses influences. Mais le chakra dispense son énergie à outrance, s’emballe plus que de raison et condamne au silence par surplus de parole.


« J’étais si épris de l’idée d’être un écrivain que c’est à peine si je pouvais écrire. La quantité d’énergie physique que je possédais était incroyable. Je m’épuisais en préparatifs. Il m’était impossible de m’asseoir tranquillement et de libérer tout simplement le flot ; je dansais intérieurement. »


Progressivement, Henry Miller va retrouver un équilibre énergétique qui passera peut-être par la perte de cette fébrilité qui nous avait amusé dans Sexus, mais qui lui permettra d’accéder à une profondeur qui ne s’y trouvait pas encore. Par étapes, il retrouvera la capacité de dire sans se laisser déborder par son flot d’émotions et de sentiments. Après avoir canalisé le flux de ses pensées, il retrouve Mona et leurs amis, rencontre de nouvelles personnes aussi fantasques que lui et apprend à maîtriser le flux de ses paroles, bien qu’il se laisse parfois dépasser par les mots et s’écoute plus souvent parler qu’il n’écoute parler les autres. Les mots constituent l’élément de fascination d’Henry Miller. Ce sont eux qui lui échappent, à présent qu’il a conquis celle des femmes qui constituaient auparavant son principal objet de chasse.


« Des mots, des mots… Ça me rend des fois marteau. Chaque nuit je discute dans mon sommeil. Le diable, c’est que je ne sais pas de quoi je discute. Exactement comme eux. Même mon jour de repos est fichu »


Derrière les mots se cache sans doute autre chose. Ils cachent en tout cas le mystère de l’écrivain qui, peu à peu, se révèle, perdant en frénésie pour gagner en calme dans une apparence de maturité –mais on n’oserait accoler ce terme à la personnalité de Henry Miller sans se demander s’il ne s’agit pas d’une insulte voilée. Quoiqu’il en soit, Plexus nous fait mieux connaître un homme qui avait essayé d’échapper à toute forme de définition dans Sexus. Henry Miller baisse la garde. En tarissant un peu des mots qui le subjuguaient, en les dirigeant jusqu’à nous de manière ordonnée, les mots cessent de le parasiter et le libèrent de ses démangeaisons intérieures. L’homme a évolué ; assurément, ce n’est plus le même que celui que nous avions connu dans le volume précédent.


« Il fut un temps où je croyais avoir été blessé comme jamais aucun homme ne l’avait été. Parce que tel était mon sentiment, je fis le vœu d’écrire ce livre. Mais longtemps avant que je l’eusse commencé, la blessure avait guéri. Puisque j’avais juré de remplir ma tâche, je rouvris l’horrible blessure »


Reste toutefois que l’équilibre dans Plexus ne commence à s’établir que dans les dernières pages. Tout ce qui précède n’est qu’un flot ininterrompu d’idées et de mots parfois confus, en tout cas fatigants pour le lecteur lambda au plexus moins rayonnant que celui de l’écrivain. On lit Henry Miller qui s’agite dans ses pensées comme on regarderait un gamin hyperactif sauter d’un bout à l’autre d’une pièce sans s’arrêter. Au milieu de cette vague d’énergie, on distingue parfois du bon, un sursaut de luminosité ou une idée brillante. Le reste du temps, on se contente d’observer, et on lit ces témoignages d’un débordement de vitalité comme la manifestation pas plus sereine que les lamentations d’un neurasthénique. Le véritable changement s’amorcera peut-être avec le troisième tournant de la Crucifixion en rose


Citation :
« La phrase suivante aussi est du miel, dit Ulric. Je la sais presque par cœur. »
Je poursuivis :
« Lorsque la superstructure logique se détend, lorsque l’épicrâne, las de l’assaut des états prélunaires… »
- Bon Dieu ! Quel langage ! Excuse-moi, Henry, je ne voulais pas interrompre encore.
- « Lorsque l’épicrâne, las de l’assaut des états prélunaires, ouvre les frontières de la connaissance autour desquelles il y a toujours lutte, alors apparaît l’ancien, l’inconscient, dans la magique transmutation et l’identification du « moi », dans la première expérience du partout et de l’éternel. Le patrimoine héréditaire…
- Des encéphales ! s’exclama Ulric. Bon Dieu, Henry, quel passage, cela ! Je voudrais que tu me l’expliques un peu plus en détails. Non, pas maintenant… plus tard, peut-être. Excuse-moi.
- «Le patrimoine héréditaire des encéphales, poursuivis-je, se situe plus profondément encore et est impatient de s’exprimer : si l’enveloppe est détruite dans la psychose, de la substructure primitivo-schizoïde émerge, poussé vers le haut par les instincts primaires, le gigantesque et archaïque « moi » instinctif, se déployant sans limite à travers le sujet psychologique en lambeaux. »
- Le sujet psychologique en lambeaux ! Oh ! s’exclama Ulric. Merci, Henry, ç’a été un régal. »

miller - Henry Miller - Page 2 Conver10



« Qui pourrait résister si l’amour devenait l’ordre du jour ? Qui aurait envie de puissance ou de connaissance –s’il baignait dans la perpétuelle gloire de l’amour ? »

*peinture de Franz Radziwill
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MessageSujet: Re: Henry Miller   miller - Henry Miller - Page 2 EmptyMer 21 Aoû 2013 - 12:25

Diantre je viens d'acheter sa trilogie tu me fais froid dans le dos coli surpris 
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MessageSujet: Re: Henry Miller   miller - Henry Miller - Page 2 EmptyMer 21 Aoû 2013 - 12:30

D'autres extraits qui montrent la fascination de Miller pour le langage dans cet opus...


Citation :
L’anglais est une langue de cinglés, le sais-tu ? Imagine-toi des mots comme Michaelmas ou Whitsuntide –ou wassail ou syndrome ou nautch ou hangdoodle. Attends un instant, en voilà un encore plus rigolo –prepollent. Ou parlous –n’est-il pas étrange, celui-là ? Ou bien prends acne ou cirrhosis –il est difficile d’imaginer quelqu’un inventant des mots comme ça, tu ne trouves pas ? Le langage est pur mystère.

Citation :
Des 450 000 mots emprisonnés dans le dictionnaire non abrégé, le docteur Vizetelly m’avait assuré que je devais en connaître au moins 50 000. Même l’égoutier a un vocabulaire d’au moins 5000 mots. Pour le prouver, il suffisait de rentrer à la maison, de s’asseoir et de regarder autour de soi. Porte, bouton de porte, chaise, poignée, bois, fer, rideau, fenêtre, rebord, pied, bol… Dans toute chambre, il y avait des centaines d’objets avec un nom, sans parler des adjectifs, des adverbes, des prépositions, des verbes et des participes qui les accompagnent. Et Shakespeare avait un vocabulaire à peine plus riche que celui d’un minus d’aujourd’hui.

Citation :
Si je prenais le trolley ou le métro, je lisais debout, même à l'extérieur, sur la plate-forme du train aérien. En descendant du métro je continuais à lire.....lire les visages, lire les gestes, les démarches, l'architecture, les rues, les passion, les crimes. Tout, oui, tout, était noté, analysé, comparé et décrit-pour usage future.Etudiant un objet, un visage, une façade, je les étudiais de la manière dont ils devaient être consignés (plus tard) dans un livre, y compris les adjectifs, les adverbes, les prépositions, les parenthèses, que sais-je encore. Avant même que je n'eusse ébauché le plan de mon premier livre, mon esprit foisonnait de centaines de personnages. J'étais un livre ambulant...
On comprend bien vite que les mots ne sont qu'un prétexte... sous-jacent à ce déferlement, on pourrait presque soupçonner Miller d'être atteint de troubles bipolaires...


Citation :
L’argumentation n’est que de la poudre aux yeux. Le pape, Darwin, les kangourous –vous avez tout entendu. Ça n’a jamais aucun sens, de quoi ils parlent. Hier, c’était les travaux hydrauliques et comment guérir la constipation. Le jour d’avant, c’était la rébellion de Pâques. Le tout mêlé d’un tas de crottin de cheval –la peste bubonique, la révolte des Cipayes, les aqueducs romains et les plumes de cheval. Des mots, des mots… Ca me rend des fois marteau. Chaque nuit je discute dans mon sommeil. Le diable, c’est que je ne sais pas de quoi je discute. Exactement comme eux. Même mon jour de repos est fichu.
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MessageSujet: Re: Henry Miller   miller - Henry Miller - Page 2 EmptyMer 21 Aoû 2013 - 12:55

eXistenZ a écrit:
Diantre je viens d'acheter sa trilogie tu me fais froid dans le dos coli surpris 
Pourquoi ?
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MessageSujet: Re: Henry Miller   miller - Henry Miller - Page 2 EmptyMer 21 Aoû 2013 - 12:58

colimasson a écrit:
eXistenZ a écrit:
Diantre je viens d'acheter sa trilogie tu me fais froid dans le dos coli surpris 
Pourquoi ?
Bah tu parles de lecture fatigante, confuse...
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MessageSujet: Re: Henry Miller   miller - Henry Miller - Page 2 EmptyMer 21 Aoû 2013 - 16:09

Miller est inégal. Mais il sait bien parler de ce qu' il aime. L' amour, la bouffe, les femmes, les voyages... Et puis les lIvres, bien entendu... Un vrai boulimique.
Essayez Les Livres de ma vie.  Plein d' idées de lectures...
Ses souvnirs de voyages, son séjour à Paris, ses amis... Il en avait beaucoup.

Et aussi un très bon épistolier. Lisez par exemple sa correspondance avex John Cowper Powys ou Lawrence Durrell. Ou meme Anais NIn...
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MessageSujet: Re: Henry Miller   miller - Henry Miller - Page 2 EmptyVen 23 Aoû 2013 - 12:42

eXistenZ a écrit:
colimasson a écrit:
eXistenZ a écrit:
Diantre je viens d'acheter sa trilogie tu me fais froid dans le dos coli surpris 
Pourquoi ?
Bah tu parles de lecture fatigante, confuse...
Oui, mais ce n'est pas forcément un défaut...
On a tous au moins un ami comme ça (si on ne l'est soi-même !) qui parle beaucoup, sans arrêt, qui déborde d'idées et de mots... c'est génial, mais il ne faut pas en abuser... au bout d'une demi-heure, ça devient exaspérant.
Il faut être capable d'encaisser la richesse sans procéder à une anti-alchimie (transformer l'or en plomb).
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