Lecture en commun - Laurent Binet : HHhH

Je poursuis cette lecture avec toujours autant d'intérêt, le grand mérite de Laurent Binet aura été de maintenir un suspense et de susciter toujours d'aller plus loin dans le livre, belle progression narrative donc.

Heydrich se trouve propulsé par Hitler en janvier 42 (peu après la conférence de Wannseee qui entérine la solution finale) à la tête du protectorat de Bohême Moravie en Tchécoslovaquie.
Il forme un gouvernement et nomme Moravec Ministre de l'Education nationale auquel il dicte une politique se résumant à :
Former des ouvriers utiles, donc on se dispense de connaissances "inutiles" et bien sûr je cite"avec l'éducation physique et le sport, nous assurerons tout à la fois un développement, une rééducation et une éducation".
Heydrich ajoute"Il est essentiel de régler leurs comptes aux enseignants tchèques car le corps enseignant est un vivier pour l'opposition".

Des propos qui ne sont pas d'une nature vraiment surprenante venant d'un dirigeant fasciste.

J'aurais vraiment apprécié que Laurent Binet prenne un peu de distance et ne se croit pas obligé de nous dire:
"Heydrich tient ce discours qui m'intéresse parce qu'il concerne l'honorable corporation à laquelle j'appartiens"
et s'il n'avait pas été prof alors ? ce discours l'aurait moins intéressé ?

Puis viennent 3 réflexions de l'auteur (dont on n'a rien mais alors..... rien à faire):

- En Tchéquie comme ailleurs, l'honneur de l'Education nationale n'est jamais aussi mal défendue que par son ministre.
- L'honneur de l'Education nationale est bel et bien défendu par les profs qui, quoiqu'on puisse en penser par ailleurs, ont vocation à être des éléments subversifs et mérite qu'on leur rende hommage pour cela.
- Le sport, c'est quand même une belle saloperie de fasciste.

Drôlement nuancés comme propos.... et surtout d'une inutilité complète dans la trame du roman.

Je crois que Laurent Binet aime trop parler de lui que pour prendre de la distance, qu'il ait écrit en 2004 La Vie professionnelle de Laurent B n'est pas surprenant du tout
Je n'ai pas pu beaucoup avancer hier au soir mais la lecture est toujours aussi plaisante malgré ces quelques fausses notes déjà relevées sur ce fil.

Ah oui d'accord, le symptôme était déja bien présent

Effectivement, il apprécie tout particulièrement se mettre en scène et mon petit doigt me dit qu'il continuera dans la même veine

sentinelle a écrit:

Effectivement, il apprécie tout particulièrement se mettre en scène et mon petit doigt me dit qu'il continuera dans la même veine

ce qui ne va pas m'inciter à le lire à nouveau

J’aimerais garder une trace des romans/essais cités par l’auteur. Je mettrais la liste à jour au fur et à mesure de ma lecture...



Dans la collection Ce jour-là :

Au niveau des films :

très bonne idée Sentinelle, je me permets d'ajouter les deux seuls qui trouvent grâce aux yeux de Binet, même si on ne comprend pas vraiment pourquoi tout à coup il cite T. Vollmann...

et en complément une photo des deux parachutistes (Kubis et Gabcik)

shanidar a écrit:

très bonne idée Sentinelle, je me permets d'ajouter les deux seuls qui trouvent grâce aux yeux de Binet, même si on ne comprend pas vraiment pourquoi tout à coup il cite T. Vollmann...

Merci, j'avais envie de garder une trace des références citées pour y revenir plus tard, alors je me suis dis que cela pouvait aussi intéresser d'autres lecteurs

Je ne suis pas encore arrivée au moment où Laurent Binet cite Central Europe de Vollmann mais je peux confirmer que ce livre est vraiment excellent, bien que très ardu. J'ai appris une quantité de choses, un livre que j'avais emprunté mais que je vais certainement acheter tant on a envie d'y revenir pour relire tel ou tel chapitre. Les références abondent également, un livre gigogne en quelque sorte, on a l'impression qu'on en arrivera jamais au bout si on suit tous les fils et autres auxquels il nous ramène. On y rencontre des personnages extraordinaires au destin invraisemblable, je le conseille vraiment ! Mais il faut du temps et de la disponibilité devant soi...

J'ai eu beaucoup de mal à entrer dans Central Europe et puis au fur et à mesure la lecture a été moins crispante, j'ai également découvert énormément de choses (aussi bien au niveau historique, que culturel et social). La machine Vollmann est un peu comme une locomotive à vapeur, bruyante, odorante, excessive, voire animale mais fascinante. Je garde précieusement en mémoire l'histoire de Chostakovitch (j'ai mieux aimé ce compositeur après la lecture du livre et je l'écoute souvent avec beaucoup plus d'émotions qu'auparavant. Comme si les mots de Vollmann m'avaient ouvert une porte vers la douleur et la poésie russe...).

Il faudrait aussi que je le relise...

Je ne sais pas vous mais je suis allée chercher après une carte de la Tchécoslovaquie pour visualiser un peu mieux le cours de l'histoire.
Je ne peux pas la copier mais suivez le lien pour y parvenir, elle est vraiment bien fichue je trouve : http://www.atlas-historique.net/1914-1945/cartes_popups/Tchecoslovaquie1919GF.html

Edit : je me suis trompée, suivez plutôt ce lien : http://www.atlas-historique.net/1914-1945/cartes_popups/Tchecoslovaquie1938-45GF.html

shanidar a écrit:

J'ai eu beaucoup de mal à entrer dans Central Europe et puis au fur et à mesure la lecture a été moins crispante, j'ai également découvert énormément de choses (aussi bien au niveau historique, que culturel et social). La machine Vollmann est un peu comme une locomotive à vapeur, bruyante, odorante, excessive, voire animale mais fascinante. Je garde précieusement en mémoire l'histoire de Chostakovitch (j'ai mieux aimé ce compositeur après la lecture du livre et je l'écoute souvent avec beaucoup plus d'émotions qu'auparavant. Comme si les mots de Vollmann m'avaient ouvert une porte vers la douleur et la poésie russe...).

Il faudrait aussi que je le relise...

C'est un rouleau compresseur ce livre, un truc de fou mais tout comme toi, il faudrait que je le relise tant je suis certaine d'être passée à côté de beaucoup de choses !

J'avais eu très envie de lire Central Europe à sa sortie. par contre j'ai arrêté très vite, mais vraiment très vite si je me souviens bien, car j'avais trouvé cela extrêmement ardu, je n'y comprenais pas grand chose.
Est ce que ça devient plus facile avec les pages qui tournent? Ou est ce qu'il faut continuer à s'accrocher tout du long? Vous me refaites envie mais ça avait été vraiment trop dur pour moi ce début.

Pour en revenir aux références citées, plus que Central Europe de T. Vollmann, ce sont Les bienveillantes de Jonathan Littell qui m'avait donné beaucoup de mal : ce roman me donnait la nausée, j'ai dû surmonter un profond dégout pour en arriver à bout, ce fut une véritable délivrance lorsque j'ai pu enfin passer à autre chose...