Tous au Larzac [Christian Rouaud]

Quelques mots quand même sur Tous au Larzac. J'y allais curieux mais redoutant quelque chose de très "José Bové ambiance carnaval"... et j'en fus donc pour une bien belle surprise. Ma référence pour ce "genre de film" et dans cette tendance verte étant Nos enfants nous accuserons tant pour les très belles images que pour la justesse du propos et de l'exposé. La référence n'est pas changée et la forme de Tous au Larzac est plus simple.... avec quand même quelques paysages à se décrocher la mâchoire des yeux. Paysages qui alternent avec des fragments d'interviews de paysans et paysannes du Larzac qui se sont battus pendant une décennie pour garder leurs terres et leurs fermes menacées par un projet d'extension de camp militaire. Là c'est synthétique comme résumé mais le film à le mérite de donner une histoire à des références, à la référence Larzac en tout cas ! Récit chronologique et retour par ces acteurs sur leur propre évolution sur comment de réservés et respectueux d'une société policée et traditionnelle ou traditionaliste plutôt (au moins bon sens du terme) il se sont révélés contestataires.

En fait ce n'est pas un film écolo, le sujet n'est d'ailleurs pas abordé et en fin de compte c'est une bonne idée car le film est un documentaire sur l'engagement et l'action politique "par en bas" si on veut. Un engagement qui est montré pragmatique malgré des hésitations et surtout non violent. Le double qui va avec est celui de la collectivité, de l'action collective et des choix qui sont faits avec chacun et même de nouveaux arrivants. Il y a un regard distancié sur l'extrême gauche doctrinaire et sur l'imagerie hippie qui avec pas mal d'humour laisse une place de cœur à certains qui sont devenus des compagnons et laisse après-coup, le coup/coût de l'expérience une place à l'alternative, de pensée ou de mode de vie.

Le film est orienté quand même, en plus de sa cause initiale il ouvre dans sa toute fin sur les mc do et les ogms (je suis sympathisant mais incertain quant à l'image renvoyée) mais là encore après cette démarche explicative et alternative aux medias et à un semblant de manipulation (le problème est encore ouvert aussi sur la présence de policier pour faire dégénérer des événements/manifestations par des faits violents) devient plus intéressante.

J'ai trente balais, suis méfiant de plein de choses y comprit de certaines formes d'engagements, en même temps en manque d'un sentiment politique (le seul qui changer une masse ?) et j'ai trouvé ce film bien construit par ce qu'il met très clairement en jeu les motivations et les nécessités ainsi que l'action et, très important, ce film, sans doute idéaliste et soigneusement construit, montre un changement de situation mais d'abord de personnes et de mentalités.

C'est assez chouette et nourrit la réflexion sans trop essayer de la tordre (quitte à mettre de côté certains sujets). Il rend palpable le poids de la société (de l'image qu'on s'en fait et qu'elle construit, les deux) dans nos comportements ce qui amène forcément à s'interroger.

C'est à voir, il y avait d'ailleurs du monde pour un samedi après-midi.

Je l'ai vu passer sur le Blog Documentaire et j'aimerais bien savoir quand il sera disponible sur DVD.
Il me semble que c'est un doc incontournable.

Dans ces années 7O, il y eut quelques expériences qui avaient le parfum de l' aventure, la naiveté de l' enfance, et le simple bonheur d' exister.


LIP, le combat d' une poignée d' ouvriers pour garder leur entreprise en l' autogérant. Ce fut une expérience exaltante mais qui eut une fin prévisible. Non parce que l' initiative était mauvaise, bien au contraire, mais parce LIP autogérée, meme comme utopie, était un mauvais exemple pour la société dominante. LIP, devenu un camp retranché était trop en avance ou trop en retard, on le saura peut etre un jour...

L' autre évènment ce fut le Larzac. Inutile de retracer tout ce qui s' y passa.
Il faut simplement savoir que les paysans du Larzc s' opposèent à l' extension du camp militaire qui avait été installé par l' Armée française. Et que le mouvement s' accéléra, porté par les médias et le vent de l' histoire qui était alors à l' espérance...

Les troupes militaires de pays européens venaient s' y installer et manoeuvrer. Et l' appétit de l' armée était d' autant plus grand qu' elle n' escomptaient pas de résistance.

De fait, les paysans du Larzac étaient en perte de vitesse, comme à peu près tous les paysans et éleveurs de l' époque. Mais au delà de leur égoisme et de leur individualisme traditionnels, il y a vait quand meme en germe l' esprit des jacqueries qui secoua les campagnes d' ici et d' ailleurs au cours des iècles.

Et puis il y avait Lanza del Vasto, un religieux charismatisque qui eut une importance assez grande sur les esprits et qui représentait une forme de résistance à la fois spirituelle et non violente.

C' est cette forme de résistance qui anima les paysans du Larzac. Non seulement elle connut un grand succès, mais en plus elle présentait une image vivante, dynamaique, drole de cette révolte.

Et son influence comme celle de LIP restèrent vives dans les esprits. Peut etre davantage le Larzac, une victoire qui rendait l' espoir à tous ceux qui avaient participé de près ou de loin à mai 68 et aux jeunes de l' époque.

Les paysans d' alors racontaient leur lutte avec une verve incroyable. Comment une ferme avait été détruite à l' explosif (les coupables courent toujours). Et dans l' émotion du moment, ceux qui racontaient la chose avaient les larmes aux yeux et aussi ceux qui les écoutaient. Et quand ils racontaient comment ils avaient éprouvé la patience des forces de l'ordre en se couchant devant les convois de camions et mille autres ruses, toutes pacifiques mais quand meme efficaces, il fallait et entendre leur rire de vieux gamins, tout fiers d' avoir fait tourner en bourrique les CRS !

Une sorte d' éopée, certes petite, mais gagnante !

Ils concluaient en disant que les militaires leur avait finalement rendu un très grand service. Ils les avaient aidé à aimer encore plus leurs terres et ce qu' elle représentaient pour eux... Bien plus qu' ils ne l' imaginaient. Et à leur propre surprise.

Désormais, ils déveloperaient leurs entreprises d' une autre façon, en collaborant entre eux et en faisant participer tous ceux qui s' étaent sentis concernés par leur lutte.

Ah, disaient-ils encore, nous sommes devenus intelligents et cultivés ! Notre vision, alors individualiste s' est transformée, elle est devenure universaliste. Nous étions désormais solidaires de tous ceux qui étaient opprimés ici ou là.

Dans les années qui ont suivi, on a vu d' étranges pélerins sur le Causse : étudiants, jeunes de tous milieux, Indiens des Etats Unis, Tiers mondistes (ils s' apelaient ainsi à l' époque). Un vrai chaudron en ébullition. Une ruche bourdonnate d' idées folles et de concerts, de chants, de danses et de réflexion.

C'est un doc utile, pas innocent (comme nos enfants... ) mais qui fait l'effort voire l'exercice d'expliquer et de normaliser du coup une possibilité d'engagement qui vise à rétablir un "pour tous". Et il le fait relativement simplement.

animal a écrit:

C'est un doc utile, pas innocent (comme nos enfants... ) mais qui fait l'effort voire l'exercice d'expliquer et de normaliser du coup une possibilité d'engagement qui vise à rétablir un "pour tous". Et il le fait relativement simplement.

Animal, tu m' a télescopé !

héhé, en tout cas tu résumes très bien ce que j'ai vu cette après-midi, et avec le même élan.

Tant mieux tant mieux !

Il repasse cette semaine dans mon cinoche... Vais aller le voir je crois bien.

J'aimerai bien le voir aussi, et en attendant qu'il sorte en DVD ou sur Internet, on peut mater celui-ci... ça grésille un peu mais on l'oublie assez vite ; c'est drôle, malin et d'époque...

Le Larzarc ! Alors, jeune étudiante, j'y étais.
Souvenir ... autour d'un feu de camp avec mon amoureux de l'époque, aux longs cheveux soyeux puant la chèvre, qui jouait de la guitare, tandis que nous entonnions les chansons de Bob Dylan, nous refaisions le monde.
Minçalors ! Il semblerait que nous n'ayons pas terminé le travail.

colimasson a écrit:

Il repasse cette semaine dans mon cinoche... Vais aller le voir je crois bien.

Pauv' Coli, tu t' es trompée d' époque !Mais on pourrait essayer de refaire le Larzac... Au Larzac ou ailleurs ?

Constance a écrit:

Souvenir ... autour d'un feu de camp avec mon amoureux de l'époque, aux longs cheveux soyeux puant la chèvre, qui jouait de la guitare, tandis que nous entonnions les chansons de Bob Dylan, nous refaisions le monde.

Eh, je t'ai vue Constance, tu étais dans le film !

Sur ce même plateau, il y a eu une réunion altermondialiste en 2003. J'étais un peu jeune, j'avais 12 ans. A quand la prochaine ?

bix229 a écrit:

colimasson a écrit:

Il repasse cette semaine dans mon cinoche... Vais aller le voir je crois bien.

Pauv' Coli, tu t' es trompée d' époque !

Cela expliquerait beaucoup de choses !

colimasson a écrit:

Constance a écrit:

Souvenir ... autour d'un feu de camp avec mon amoureux de l'époque, aux longs cheveux soyeux puant la chèvre, qui jouait de la guitare, tandis que nous entonnions les chansons de Bob Dylan, nous refaisions le monde.

Eh, je t'ai vue Constance, tu étais dans le film !

Sans dec' ! A l'époque j'étais une vedette méconnue, avec mon truc en peau de chèvre, et ma pâquerette à la main, que je brandissais tel un trophée de combattante .

En tout cas, ton copain aux longs cheveux qui jouait de la guitare et qui sentait la chèvre y était (je n'ai pas senti mais je suis sûre qu'il avait cette odeur !)
Tu ne devais pas être bien loin...