Lecture en commun - John Burnside : Scintillation

J'ai un exemplaire de Scintillation devant moi!
Le temps de terminer "Olive Kitteridge" (Elizabeth Strout) et je suis à vous...

Moi j'ai commencé comme je lis lentement...

Je peux participer ?
Mais à ma façon !
Je n'ai pas encore lu cet auteur et ai trouvé en médiathèque aujourd'hui : "Un mensonge sur mon père".
Je peux le commencer demain car contre toute attente, j'ai littéralement dévoré et fini le pavé de Blackmore (Lorna Doone ).

De toute façon on n'avait même pas encore posé de date.
Personnellement, il n'est pas dispo à ma biblio (encore un emprunteur retardataire !).

J'ai commencé hier soir mais lu assez peu aujourd'hui...
On dira que c'est une lecture commune libre!

Ok, mais bon, alors quand ? lecture commune ou pas ? Il faut se mettre un peu en synchro je suppose. Quelles dates de début de lecture proposez vous. Parlez moi...

domreader a écrit:

Ok, mais bon, alors quand ? lecture commune ou pas ? Il faut se mettre un peu en synchro je suppose. Quelles dates de début de lecture proposez vous. Parlez moi...

C'est sûr que pour une lecture commune, il vaut mieux tous commencer en même temps, et avancer et commenter autant que possible à peu près au même rythme, sinon ce n'est plus une lecture commune.

C'est clair! Je pensais bêtement que le principe de le lecture commune c'était de lire le même livre en même temps et de commenter au fur et à mesure. Mais là, c'est free style. Tout fout le camp, ma brave dame.

Ben moi je boude.

OK, donc je me retire, je lirai sans intervenir car je n'ai pas Scintillation en médiathèque.

excusez je n'avais pas vu que tout le monde n'avait pas commencé, je m'arrête le temps que tout le monde soit prêt (j'en suis au'au début.)

C'est vrai, sur le coup je ne suis pas trop discipliné et puis quand j'ai entamé un livre, difficile de le lâcher.
Mais je vous promet d'être discret avant que les avis se manifestent.
Et un livre emprunté à la médiathèque doit être rendu dans un délais de 3 semaines...

Pour la prochaine, peut être choisir un bouquin déjà sorti en poche (hé oui, l'économie ça compte un peu aussi) et ouvrir les candidatures sur deux mois.
Enfin, je sais que vous êtes des pros et je vais rien vous apprendre pour ce genre d'exercice.

Je ne sais pas quand commence cette lecture commune ni si j’aurai le temps d’y participer mais je peux déjà dire quelques mots sur les citations au début du roman sans oublier le prologue qui fait quatre pages et s'intitule « La vie est plus vaste », sorte de préambule qui n’en ai pas vraiment un puisqu’il clôt le roman pour mieux revenir en arrière afin de raconter l’histoire avant que les souvenirs ne s’effacent.

Citation :

Allons donc ! Et comment peux-tu savoir, toi, si une chose vivante, une chose pensante, entière, n’est pas là, invisible et inconnaissable, à l’endroit-là, malgré que tu y sois, en dépit de toi. Dans les moments où tu es le plus seul avec toi-même n’as-tu jamais peur des indiscrétions ?

Herman Melville, Moby Dick

Citation :

Soutenu par ce cercueil pendant un jour et une nuit entière, je flottai sur l’Océan qui grondait doucement comme un chant funèbre. Les requins, paisibles, glissaient à mes côtés avec des gueules verrouillées ; les sauvages faucons de mer planaient au-dessus de moi avec leur bec au fourreau. Le second jour, une voile se dressa, s’approcha et me repêcha enfin. C’était l’errante Rachel. Retournant en arrière pour chercher toujours ses enfants perdus, elle ne recueillit qu’un autre orphelin.

Herman Melville, Moby Dick

Déjà, ces deux citations donnent fichtrement envie de lire Moby Dick, du moins cette traduction (laquelle en fait ?), vachement mieux fichue que celle disponible gratuitement sur le net.

Car mine de rien ces deux citations ne sont pas gratuites du tout du tout mais donnent réellement le ton du roman dans son ensemble, mais ça, on ne s’en rend compte qu’à la fin. En fait, après avoir lu Scintillation, il est vraiment intéressant de revenir sur ces extraits et le prologue, car on se dit que tout y est finalement, déjà là à portée de main dès le début, avant que l’auteur sème les pistes et nous embrouille dès le premier chapitre en passant en apparence à tout autre chose. Mais tout ça c’est pour mieux nous faire revenir sur nos traces, c’est un malin Burnside, un homme compliqué aussi.

Donc il y a un monde invisible à côté du monde visible, un monde qui nous échappe, mais vivant, pensant. Un monde bienveillant ou malfaisant ? Inquiétant tout ça, on n’est même pas seul même si on se croit seul, fichtre. C’est quoi ce monde invisible ? Dieu ou autre chose que nous ne pouvons même pas imaginer ? Un monde inaccessible pour les vivants ? N’y a-t-il pas des passerelles, et si oui, lesquelles ? Et qui sont les passeurs ?

Qui viendra nous arracher de nos cercueils telle l’errante Rachel se retournant pour chercher ses enfants perdus ? Qui sauvera les orphelins du naufrage ? L’enfance… ah l’enfance ! Il y a du Tarkovski et du Dostoïevski dans cet espoir placé dans l’enfance (plutôt l'adolescence chez Burnside), dans cet espoir de renouveau, de nouveau départ.



Voilà pour les extraits de Melville.


Passons maintenant au prologue « La vie est plus vaste ». Alors amis francophones, sachez que vous êtes de petits veinards ! Ou pas, c’est selon votre point de vue. Car ce prologue lève un certain doute si pas une grosse ambigüité sur le final du roman, prologue qui fut retiré dans la version américaine, de manière à paumer totalement le lecteur ou du moins de laisser toutes les portes ouvertes selon votre bon entendement. Relisez donc le prologue dans votre version française après avoir lu le roman et vous verrez que l’auteur a eu la gentillesse de vous guider un peu dans ce dédale parfois obscure si pas nébuleux. Bien que la piste soit ténue, faut pas trop en demander non plus tout de même.

Dès le prologue il y a les mots de Burnside et quels mots ! C’est un poète cet homme-là, on ne le dira jamais assez.
Il est question de ce qui s’évapore, se dilue, de l’oubli et de la perte tout simplement, mais aussi d’un passage, d’un témoignage avant ce passage, avant la perte définitive des souvenirs, des noms, des sons, des mots ? Puis aussi de pardon à tous et pour tous. A nouveau les noms du réalisateur Tarkovski et du romancier Dostoïevski résonnent à mes oreilles. Peut-être que j’aime autant Burnside pour les mêmes raisons que j’aime Tarkovski et Dostoïevski ?
« Parce que c’est là que l’avenir commence : dans l’oublié, dans ce qui est perdu. »


Maintenant on peut commencer le roman, plonger dans le sombre et l’obscurité. Et accepter de ne pas tout comprendre, accepter que des éléments vont nous échapper, demeurer hors d’atteinte à l’image de la vie finalement qui nous échappe toujours, et que c’est totalement assumé de la part de l’auteur. En sera-t-il de même pour le lecteur ? A vous de nous le dire. A chacun sa vérité, comme toujours.

sentinelle a écrit:

Déjà, ces deux citations donnent fichtrement envie de lire Moby Dick, du moins cette traduction (laquelle en fait ?), vachement mieux fichue que celle disponible gratuitement sur le net.

Après vérification, il ne s'agit pas de la traduction d'Armel Guerne (Phébus libretto).

Merci pour cet éclairage, il confirme bien ce que je craignais en quelque sorte: la perte des repères et la plongée dans une dimension autre...

Pas totalement dans une réalité autre non plus : ce roman est aussi très ancré dans le réel, je le trouve par exemple très politisé dans son genre.

Oui! à mon grand étonnement.
Après le prologue et le passage au polar avec Morrisson, je pensais voir s'ouvrir une nouvelle dimension avec Léonard et je suis très surpris de lire des passages comme ceci:
"C'est comme ça que marche le monde. Les méchants gagnent et les autres font semblant de ne pas avoir remarqué ce qui se passe, histoire de sauver la face. C'est dur d'admettre qu'on n'a aucun pouvoir, mais il faut s'habituer à cette idée. Ça sert à ça, l'école, bien sûr. C'est là pour nous former à la discipline vitale de l'impuissance."
Mais bon, ce n'est pas fini...