John Von Duffel [Allemagne]

LES HOUWELANDT. - A. Michel

S' agit-il d' une chronique de famille ? Oui, si l' on considère la famille comme l' assemblage fortuit de sept personnes.

D' ailleurs quand commence l' action, elles sont touters dispersées, seules ou avec leur propre famille. A l' intiative d' Esther, la mère, qui n' a jamais renoncé à les rassembler, se prépare une fete en l' honneur du pater familias, Jorge, à l' occasion de son 80e anniversaire. C' est loin d' etre évident, vu que, de ce père-là, ils gardent l' image d' un tyran domestique, égoiste et dépourvu d'affection.

On retrouve donc Thomas, le fils de Jorge, et son ex femme, Christian, son fils et sa compagne. Ils ont tous en commun d' etre à un moment-clé de leur vie. Plutot spéculatifs et sans grande illusions sur eux-memes et sur les autres.

Le projet de l' auteur est de nous les présenter tour à tour en de brèves séquences juxtaposées. Une chronique à plusieurs voix et contradictoire. Se produisent de multiples changements d' attitude et d' optique selon le moment et les interférences qui se produisent entre eux.

Et c' est ainsi que se font ou se défont des constructions intellectuelles et imaginaires. Et que chacun réalise qu' il n' est pas ce qu' il imaginait ni ce que les autres pensaient de lui. Meme Jorge, le père. La faiblesse de l' age et de la maladie le forcent à lever le masque. Du moins en l' absence de sa femme, partie préparer le terrain familial en Allemagne.

Lui est resté seul dans sa résidence en Espagne. La douleur le trahit et le désespère... L' homme froid, apparemment insensible, muré dans son mutisme, va, au moment meme où la mort l' atteint, communiquer brièvement avec un enfant tout aussi solitaire et mutique que lui.

Cet enfant est un batard et un orphelin miné par la douleur et le regard des autes. Il n' a qu' une pensée en tete, partir à la nage vers l' Afrique et rejoindre son père. Et Jorge, porté par ce projet insensé va leui apprendre à nager.

Je ne vous révelerai pas la fin. Voilà un livre qui insiste sur l' incommunicabilité de chacun, son mystère, sa solitude profonde.

bix229 a écrit:

J' espère que Maline pourra compléter mes infos, plutot maigres...

Comme il y a un bon moment que j'ai lu les romans de John von Düffel, je vais me mettre à lire son dernier paru qui vient de sortir en livre de poche, " Goethe ruft an " (Goethe téléphone), avant de parler ici de l'auteur et du dramaturge. Car John von Düffel travaille beaucoup pour le théâtre et pas seulement à Bâle ou à Berlin...