De Gustave Doré à Peter Webber
Je viens enfin de découvrir l'enfance d'Hannibal Lecter et c'est un petit choc.
Queenie, merci, je vois que grâce à ton entrée en matière nous avons un fil dans notre index-réalisateurs sur
Peter Webber, qui est aussi le réalisateur de
La jeune fille à la perle.
Behind the mask /
Hannibal Rising /
Les Origines du malSi je n'ai pas mis le nez dans le roman de Thomas Harris, c'est que je n'ai aucune fascination pour le genre gore : cannibalisme, têtes coupées, arracheurs de joues et gouteurs de cerveau. Aussi ne me suis-je pas précipitée non plus sur l'adaptation en salle, craignant d'autres horreurs, des horreurs aussi lourdes que
Le Silence des agneaux adapté en 1990 par Jonathan Demme.
Et bien, je suis très surprise.
Je considère que ce film pourrait amorcer un renouveau dans le ciné gore que nous trouvons indigeste ou détestable.
Ici, durant la première demie-heure, puis en flash back, je me suis senti propulsée dans la littérature de jeunesse dans le sens le plus noble du terme.
J'y ai retrouvé l'orphelin de Charles Dickens, l'aventure tragique que vivent les enfants jetés sur les routes suite à la perte des parents, avec en parallèle une humanité qui ne leur offre aucune protection.
La chose étant faite (le deuil du parent à peine réalisé et l'angoisse de séparation), un petit garçon sage, le même qui une heure plus tôt apprenait à sa toute petite soeur à écrire sur le sable, va protéger cette dernière au coeur de la maison, la nourrissant des dernières miettes.
Lituanie. Forêt obscure et profonde. 1944. Sur les routes se croisent les russes "libérateurs" et ce qu'il reste des collabos responsables d'atrocités.
Sorti de la profondeur de cette forêt, l'ogre, d'un coup, affamé, surgit dans la maison. Epouvante des deux enfants blottis l'un contre l'autre.
Moi, désolée, mais ça me ramène à une terriblement belle allégorie des contes pour enfants, et je ne pense pas que ce soit fait par hasard.
Le Petit Poucet,
Hansel et Gretel,
Le petit Chaperon Rouge,
Hannibal et Micha Lecter : une référence à l'univers des contes...
Si j'ose évoquer un renouveau du genre gore mis en image, c'est que chez Webber un sens est enfin donné, avec une image de qualité, au mal, à son origine, et peu importe ce que deviendra le Lecter pervers et effrayant du silence des agneaux puisqu'à cette étape de son enfance, et sur cet écran-là, lorsque des têtes tombent, lorsque des joues sont mangées en brochettes, il ne s'agit, après tout, que de joues et de têtes d'ogre dont l'allégorie renvoie aux criminels de guerre nazis.
- Un cinéma, donc, qui me réconcilie avec la vision du Lecter sadique avec lequel je n'étais pas très copine.
- Un versant qui nous montre comment (sinon pourquoi) tous les enfants ne tricotent pas leur résilience après leurs drames.
Enfin, si vous voulez comprendre pourquoi Anthony Hopkins ne dévore pas Jodie Foster, pas d'hésitation!