Richard Matheson

RICHARD MATHESON


20.02.1926 (Allendale, Etats-Unis) - 23.06.2013 

Citation :

R. Matheson a débuté une carrière de journaliste avant de se tourner vers l'écriture. Il a acquis sa renommée dans le monde de la science-fiction grâce à deux romans devenus des classiques du genre : Je suis une légende et L'homme qui rétrécit, tous deux adaptés au cinéma

Matheson a également écrit quelques scénarios, dont quelques épisodes de Star Strek et La quatrième dimension. Et le scénar' de Duel (de Steven Spielberg.

biblio :
   * 1953: Jour de fureur
   * 1954: Je suis une légende
   * 1955: Les seins de glace
   * 1956: L'homme qui retrécit
   * 1958: Echos
   * 1960: De la part des copains
   * 1971: La maison des damnés
   * 1975: Le jeune homme, la mort et le temps
   * 1978: Au-delà de nos rêves
   * 1989: Otage de la nuit
   * 1991: Journal des années de poudre
   * 1993: A 7 pas de minuit
   * 2002: La traque

ce que j'aime particulièrement dans les romans de Matheson (j'ai lu les deux les plus connus : je suis une légende et L'homme qui rétrécit, c'est qu'il ancre vraiment ses histoires dans un cadre extrèmement réaliste. A ce titre je qualifierai d'ailleurs plus ses romans de fantastiques plutôt que de SF.

Ce qui me plait également dans ses livres, c'est qu'ils s'interessent avant tout à la psychologie du personnage principal. Que ce soit dans Je suis une légende ou dans L'homme qui rétrécit, l'homme se retrouve peu à peu seul, abandonné par tous, évoluant dans un monde devenu extrèmement hostile.
L'homme lutte, tous les jours, à chaque seconde. Au début par espoir de trouver une solution, il se raccroche à ça. Ensuite parce qu'il n'y a rien d'autre à faire, que l'homme ne peut se résoudre à abandonner, à se laisser mourir, parce que toute cette horreur est devenue son quotidien.

Il est très interessant de voir comment Matheson parvient à faire évoluer ses personnages, la façon dont il montre que socialement on se définit par le regard des autres, que l'on peut perdre ses repères et une partie de son identité lorsqu'on se retrouve seul.

Matheson manie le suspens et l'angoisse merveilleusement, nous transportant dans des atmosphères particulièrement étouffantes, dont on veut sortir à tout prix, et nous oblige donc à tourner les pages les unes après les autres pour découvrir où se trouve la sortie du tunnel.

Un petit défaut dans cette littérature : Matheson joue sur la répétition, sur le quotidien d'un homme qui tourne en rond en attendant que quelque chose change, du coup, des paragraphes se répétent, pas tout à fait à l'identique, il y a toujours quelques variations, mais ces répétitions pourraient amener le lecteur à se lasser (heureusement Je suis une légende ou dans L'homme qui rétrécit sont des romans courts, ne nous donnant donc pas le déplaisir de trop nous embourber).

@ Queenie : j'ai détesté "Je suis une légende" et je l'avais abandonné deux fois avant de le lire pour de bon. J'avoue que c'est la seule histoire de vampire qui ne m'a absolument pas plu. Mais tes commentaires vraiment intéressants me donnent envie de ressortir ce bouquin de ma bibliothèque et de le feuilleter à la lumière de tes remarques beaucoup plus positives ! :)

je te comprends lou, pour je suis une légende... parce qu'il ne faut pas lire ce livre comme une histoire de vampires ou de zombies comme on en a l'habitude. Même si j'adore des livres de Anne Rice, de Poppy Z.Brite, l'approche de Matheson est assez complémentaire et interessante. S'interesser à l'homme le plus banal du monde et voir comment un évènement fantastique le change.
Après, c'est peut-être l'écriture qui t'a gênée. Elle est tout de même un peu vieillote je trouve, et pas franchement lumineuse, mais c'est une sacrée histoire d'un point de vue très flippant je trouve.
Tu me diras ce que tu en penses si tu te décides à renouveler l'expérience.

Citation :

Tu me diras ce que tu en penses si tu te décides à renouveler l'expérience.

Volontiers !
Je crois que j'avais trouvé à l'époque l'histoire très répétitive. Pour l'écriture, j'avais lu ce livre en français donc je ne peux pas trop juger du style de l'auteur, mais je crois qu'effectivement ça me paraissait un peu vieillot.

Au fait, je n'ai pas encore lu Poppy Z. Brite dont me parlait beaucoup mon prof de "Vampires in literature and cinema"... ça n'a rien à voir avec Rice (dont les vampires sont très classiques), non ?

rien à voir en effet, je vais en faire un fil à part.

Je n'ai rien lu de lui. J'ai vu certains des films réalisés à partir de l'un ou l'autre de ses scénarios. Je citerai principalement "L'Homme Qui Rétrécit" ("The Incredible Shrinking Man") de Jack Arnold, 1957.
Un des plus grands chefs d'oeuvre de la science fiction dixit le Guide des Films de Jean Tulard. Je suis totalememt de cet avis.

Je me permets de répondre à ce sujet car j'ai acheté récemment "Je suis une légende" qui est un livre très plaisant à lire avec un style d'écriture que je trouve très agréable.

Imaginez le dernier être humain sur terre face à une véritable armée de vampires assoifés de sang et suivre son quotidien. Moi je deviendrais folle toute seule avec une bande de zombie enragés Etrangement, ce livre me fait penser au film "28 jours plus tard". Je ne sais pas si quelqu'un a pu le voir?

Aura a écrit:

Je me permets de répondre à ce sujet car j'ai acheté récemment "Je suis une légende" qui est un livre très plaisant à lire avec un style d'écriture que je trouve très agréable.

Imaginez le dernier être humain sur terre face à une véritable armée de vampires assoifés de sang et suivre son quotidien. Moi je deviendrais folle toute seule avec une bande de zombie enragés Etrangement, ce livre me fait penser au film "28 jours plus tard". Je ne sais pas si quelqu'un a pu le voir?

en effet ça a un petit air de ressemblance avec des films comme 28 jours plus tard. Sauf que dans le roman de matheson, l'homme a un rapport ambigu avec les morts autour de lui, il se sent à la fois surhomme et vit dans le souvenir et l'amour d'être qui paraissent parfois bien vivant devant lui. Un rapport à la nécrophilie perturbant..

Mais, bon, vu la bande annonce du film "Je suis une légende" qui doit sortir bientôt (avec will smith) et qui a l'air de tourner pas mal autour de l'action... je parierai presque que 28 jours plus tard est plus une adaptation du roman de matheson que ce blockbuster américain où les gros guns sont de sortie.

J'espère au moins que le film en vaut la peine C'est toujours un peu ma crainte avec les adaptations. Qu'elles ne soient pas réussies.
Je sens que je vais dévorer le livre

Pour Matheson, il faut aussi signaler sa nouvelle la plus célèbre, "Journal d'un Monstre."

Concernant le film "Je suis une légende", le film aurait dû se faire il y a une quinzaine d'années, avec Arnold Schwarzenegger. Il aurait bien sûr été très crédible...

D'après les critiques ricaines, le décor (Manhattan post-apocalyptique) est incroyablement bien fait.
Par contre, le point noir, ce sont les zombies, trop forts, trop rapides, aux mouvements trop fluides, bref trop "computer-generated", comme sortis d'un "mauvais jeu vidéo".
Et Will Smith est très bien.

J'ai lu sa nouvelle, "Journal d'un Monstre". Un peu courte mais pas mal. C'était dans le cadre du cours de français. On a fait son analyse.
Bon, je prends note pour le film, j'espère pouvoir le voir. Mais avant, c'est obligé, je lis le livre! Que je suis d'ailleurs entrain de lire

Une très bonne adaptation du roman Je suis une légende est le film Le survivant de Boris Sagal avec Charlton Heston dans le rôle de Robert Neville (1971).

Edit : voir lien ici

sentinelle a écrit:

Une très bonne adaptation du roman Je suis une légende est le film Le survivant de Boris Sagal avec Charlton Heston dans le rôle de Robert Neville (1971).

Edit : voir lien ici

Je confirme : un film magnifique ! très angoissant, très renfermé dans de vastes espaces solitaires où toute ombre est menaçante

"Je suis une légende" est une belle variation moderne sur le thème des vampires, sans le folklore judéo-chrétien habituellement rattaché au mythe (crucifix, eau bénite,...) C'est une des raisons qui m'a fait aimé ce roman (alors que je n'ai pas du tout aimé le Dracula de Stocker).
Une autre raison est que le roman de Matheson peut aussi se lire comme une métaphore de la solitude que ressent un individu quand il se sent cerné par tous les imbéciles, les fous, les extrémistes et les enquiquineurs de ce monde. Catégories au moins aussi effrayantes que des vampires car bien réelles celles-là !

Je voudrais aussi citer un autre roman de Matheson dont on parle rarement : "Le jeune homme, la mort et le temps". Ce roman est plutôt atypique dans l'oeuvre de l'écrivain : il y fait preuve d'une sentimentalité rare chez lui, d'une certaine mélancolie aussi. Même l'écriture est très différente : Matheson abandonne son style froid et dépouillé pour une écriture plus détaillée.
C'est d'ailleurs l'aspect que j'ai trouvé le plus remarquable dans cette histoire de voyage dans le temps : faire ressentir au lecteur le passage du XXè siècle au XIXè grâce à un grand nombre de détails peu exploités dans les autres histoires du même genre : les étoffes, les textures, les parfums, l'éclairage, la nourriture.
Détail plus étonnant encore, qui m'a beaucoup frappé : le personnage se fait soudain la réflexion qu'il est en train de respirer l'air du XIXè siècle. J'avais trouvé cette idée très forte.
Bref, dans ce roman, le voyage dans le temps n'est pas seulement, comme dans bon nombre d'histoires de SF, un simple jeu spéculatif avec paradoxes. Matheson y ajoute une dimension plus sensuelle, plus palpable.
Même si ce roman n'est pas son meilleur, il faut lui reconnaître cette particularité très intéressante.