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Parfum de livres… parfum d’ailleurs
Littérature, forum littéraire : passion, imaginaire, partage et liberté. Ce forum livre l’émotion littéraire. Parlez d’écrivains, du plaisir livres, de littérature : romans, poèmes…ou d’arts…
Messages : 6465 Inscription le : 28/04/2010 Age : 49 Localisation : Yvelines
Sujet: Erik Satie Mar 25 Mai 2010 - 15:56
Erik Satie est un de mes chouchous (j'en ai beaucoup ). Passionné de piano, ce compositeur normand avait tout pour me séduire. Sa musique est, en apparence, simple : les rythmes sont lents, les notes peu nombreuses, mais l'émotion qu'elle transmet est immense. Cela pourrait paraître paradoxale et pourtant Satie est là, s'il en était besoin, pour nous prouver que la débauche (au sens noble du terme) n'est pas synonyme de beauté.
Citation :
Né de Jane Leslie Anton d’origine écossaise et d'Alfred Satie courtier maritime normand, élevé dans la religion anglicane, Erik Satie a passé sa jeunesse entre la Normandie et Paris. En 1870, la famille Satie quitte Honfleur pour Paris où le père a obtenu un poste de traducteur. À la mort de leur grand-mère en 1878, Erik et Conrad retournent chez leur père à Paris. Ce dernier s’est remarié avec une jeune femme, professeur de piano, qui enseigne à Erik les bases de l’instrument. Il embrasse le catholicisme puis il entre au Conservatoire de musique en 1879. Jugé sans talent par ses professeurs, il est renvoyé après deux ans et demi de cours avant d’être réadmis, fin 1885. Incapable de produire une meilleure impression sur ses professeurs, il décide de s’engager dans un régiment d’infanterie.
Spoiler:
Après quelques semaines, constatant que l’armée n’est pas pour lui, il se fait réformer en s’exposant au froid au point d'en attraper une congestion pulmonaire. En 1887, il s’installe à Montmartre. À cette époque commence une longue amitié avec plusieurs poètes, comme Stéphane Mallarmé, Paul Verlaine ou le poète romantique Patrice Contamine. Il fait éditer ses premières compositions par son père.
En 1890, il déménage au 6 rue Cortot, toujours à Montmartre et fréquente le cabaret le Chat noir où il fait la connaissance de Claude Debussy. En 1891, les deux amis s’engagent dans l’« Ordre kabbalistique de la Rose-Croix » fondé par le « sâr » Joséphin Péladan et par Stanislas de Guaita. En qualité de maître de chapelle de cet ordre, il compose plusieurs œuvres dont les Sonneries de la Rose-Croix et Le Fils des Étoiles. Poursuivant son engouement mystique, il crée sa propre église : l’« Église métropolitaine d’art de Jésus-Conducteur » et lance des anathèmes contre les « malfaiteurs spéculant sur la corruption humaine ». Il est à la fois le trésorier, le grand-prêtre, mais surtout le seul fidèle autorisé. Contraint à cette réalité, il l’abandonne.
Portrait d'Erik Satie par Suzanne Valladon (1893)En 1892, il réalise ses premières compositions et, le 18 janvier 1893, commence une relation amoureuse avec l'artiste peintre Suzanne Valadon. Bien qu’il l’aie demandée en mariage après leur première nuit, le mariage n'aura jamais lieu, mais Valadon s’installe rue Cortot dans une chambre près de Satie qui, dans sa passion pour elle l'appelle sa « Biqui ». Il rédige des notes enflammées sur « tout son être, ses beaux yeux, ses mains douces et ses pieds minuscules » et compose à son intention ses Danses Gothiques tandis qu’elle réalise son portrait. Cinq mois plus tard, le 20 juin, leur rupture brisera Satie « avec une solitude glaciale remplissant la tête de vide et le cœur de tristesse ». On ne lui connaît aucune autre relation sentimentale. Comme pour se punir lui-même, il compose Vexations, un thème construit à partir d'une mélodie courte, qu'il faut répéter 840 fois, selon ses notes. Des compositeurs comme John Cage jouent la pièce dans son intégralité durant presque 20 heures.
La même année, il fait la connaissance de Maurice Ravel. Plus tard il écrira de Ravel : « Ravel vient de refuser la Légion d'honneur, mais toute sa musique l'accepte ». En 1895, il hérite une certaine somme d’argent qui lui permet de faire imprimer plus d’écrits et de changer de vêtements, abandonnant le style ecclésiastique pour le velours. Il achète un même costume en sept exemplaires, couleur moutarde, qu'il portera constamment. Il est surnommé à Paris le « Velvet Gentleman ». En 1896, tous ses moyens financiers ayant fondu, il doit s’installer dans un logement moins coûteux, d’abord dans une chambre minuscule rue Cortot puis en 1897, à Arcueil.
Maison Satie, à Honfleur, NormandieIl rétablit le contact avec son frère Conrad et abandonne des idées religieuses auxquelles il ne s'intéressera plus avant les derniers mois de sa vie. Il surprend ses amis en s’inscrivant, en octobre 1905, à la Schola Cantorum de Vincent d’Indy pour y étudier le contrepoint classique avec Albert Roussel. C’est également à cette époque qu’il devient socialiste, collabore au Patronage laïc de la communauté d’Arcueil et change à nouveau d’apparence pour celui du « fonctionnaire bourgeois » avec chapeau melon et parapluie.
En 1915, il fait la connaissance de Jean Cocteau avec qui il commencera à travailler à partir de 1916. Tous deux seront les pères spirituels du Groupe des Six, créé en 1920, composé de Georges Auric, Louis Durey, Arthur Honegger, Darius Milhaud, Francis Poulenc et Germaine Tailleferre. Il fait également la connaissance, par l’intermédiaire de Picasso, d’autres peintres cubistes, comme Georges Braque, avec qui il travaillera sur des projets qui ne verront pas le jour.
En 1919, il est en contact avec Tristan Tzara qui lui fait connaître d’autres dadaïstes comme Francis Picabia, André Derain, Marcel Duchamp, Man Ray avec lequel ils fabriqueront son premier ready-made dès leur première rencontre. Au commencement de l'année 1922, il prend le parti de Tzara dans le différend entre Tzara et André Breton au sujet de la nature vraie de l’art d’avant-garde, tout en parvenant à maintenir des relations amicales dans les deux camps.
En 1923, il est l'inspirateur de l'École d'Arcueil, groupe informel composé de Henri Cliquet-Pleyel, Roger Désormière, Maxime Jacob et Henri Sauguet.
Il a écrit de nombreuses partitions sans barre de mesure et a inventé son style d’annotations sur la manière d’interpréter ses œuvres.
Il inspira entre autres John Cage, Claude Debussy, Francis Poulenc, Maurice Ravel, Jean Cocteau, et fut pianiste accompagnateur notamment du chansonnier Vincent Hyspa au cabaret Le Chat noir.
Une plaque à son nom est visible sur sa maison à Montmartre ainsi qu’à Arcueil. On peut visiter sa maison à Honfleur transformée en musée.
Marko Faune frénéclectique
Messages : 17930 Inscription le : 23/08/2008 Age : 56 Localisation : Lille
Sujet: Re: Erik Satie Mar 25 Mai 2010 - 20:01
J'aime aussi son minimalisme relaxant, un peu mystérieux et parfois orientalisant en même temps.
Une orchestration de la 3e Gnossienne par Francis Poulenc (dirigée par Charles Dutoit qui est un formidable interprète du répertoire français):
Et 6 Nocturnes pour pianoforte:
Nathria Sage de la littérature
Messages : 2867 Inscription le : 18/06/2008 Age : 57
Sujet: Re: Erik Satie Mar 25 Mai 2010 - 20:49
J'aime beaucoup Satie! Ses créations me parlent autant pour la musique que pour le choix des mots: "Trois morceaux en forme de poire"...
Satie appréciait le jazz, et moi j' aime les deux...
Invité Invité
Sujet: Re: Erik Satie Mar 25 Mai 2010 - 21:11
Ah, combien de copies ai-je corrigées sur du Satie? C'est le fond musical idéal. Comme tu le dis Marko, sa musique est suffisamment minimaliste pour ne pas interférer avec ce travail de décryptage et assez relaxante pour que je n'envoie pas tout bouler.
Harelde Zen littéraire
Messages : 6465 Inscription le : 28/04/2010 Age : 49 Localisation : Yvelines
Sujet: Re: Erik Satie Mer 26 Mai 2010 - 9:00
Nezumi a écrit:
pour ne pas interférer avec ce travail de décryptage et assez relaxante pour que je n'envoie pas tout bouler.
J'ai parfois aidé mon épouse dans ses corrections de CE2. Ce n'était plus du décryptage, c'était de la devinette. De la divination...
Satie n'y aurait pas suffit !
Invité Invité
Sujet: Re: Erik Satie Mer 26 Mai 2010 - 12:48
Un jour je vous posterai ma playlist spéciale corrections (Satie, Sigur Ros, divers Badalamenti...) et vous pourrez me suggérer des morceaux.
Vincent-Marie Posteur en quête
Messages : 74 Inscription le : 03/10/2011 Age : 39 Localisation : Nice
Sujet: Re: Erik Satie Jeu 13 Oct 2011 - 23:46
J'aime. Mais pour moi son minimalisme aide la pureté. Il n'y a pourtant rien de simple ni d'évident dans ses oeuvres. Elles portent parfois vers la déstructuration du temps. J'ai essayé d'en jouer, les temps nous oblige à oublier le solfège. Et pourtant une seule entrer par nos oreilles suffi. Il y a du génie la dedans que je ne comprend pas totalement.
Igor Zen littéraire
Messages : 3524 Inscription le : 24/07/2010 Age : 71
Sujet: Re: Erik Satie Ven 14 Oct 2011 - 11:18
Igor Zen littéraire
Messages : 3524 Inscription le : 24/07/2010 Age : 71
Sujet: Re: Erik Satie Ven 14 Oct 2011 - 11:34
Baklava Espoir postal
Messages : 41 Inscription le : 19/09/2011 Age : 65 Localisation : Bordeaux
Sujet: Re: Erik Satie Ven 14 Oct 2011 - 23:15
Harelde a écrit:
Sa musique est, en apparence, simple : les rythmes sont lents, les notes peu nombreuses, mais l'émotion qu'elle transmet est immense. Cela pourrait paraître paradoxale et pourtant Satie est là, s'il en était besoin, pour nous prouver que la débauche (au sens noble du terme) n'est pas synonyme de beauté.
Tout à fait !
Et cette simplicité n'est effectivement qu'apparente.
Je pense à une chanson qu'il a composée : "Je te veux".
Simple chanson, genre mineur comme disait Gainsbourg, mais quelle subtilité, quelle sophistication !
Du grand art, celui de se faire discret au service de l'émotion.
Bonjour chez vous
Baklava Espoir postal
Messages : 41 Inscription le : 19/09/2011 Age : 65 Localisation : Bordeaux
Sujet: Re: Erik Satie Ven 14 Oct 2011 - 23:26
Une belle compilation de 29 oeuvres "essentielles".
Igor Zen littéraire
Messages : 3524 Inscription le : 24/07/2010 Age : 71
Sujet: Re: Erik Satie Mar 20 Mar 2012 - 10:36
Le label Nato, a édité un coffret autour d'Erik Satie qui regroupe:
Tony Hymas - "Correspondances Erik Satie Claude Debussy "
Steve Beresford - Tony Coe - Robert Cornford - Lol Coxhill - Alan Hacker - Dave Holland - Phil Wachsman - "Sept tableaux phoniques Erik Satie "
et surtout:
Ulrich Gumpert - "Trois sarabandes et six gnossiennes " Intéressant d'entendre des musiciens qui s’expriment habituellement dans un registre jazz aborder cette musique. Les interprétations d'Ulrich Gumpert sont de par la lenteur avec laquelle cette musique est jouée remarquable. Les six gnossiennes deviennent une seule et même suite envoutante que l'on peut écouter encore et encore...
shanidar Abeille bibliophile
Messages : 10518 Inscription le : 31/03/2010
Sujet: Re: Erik Satie Jeu 10 Nov 2016 - 12:42
bix229 a écrit:
Satie appréciait le jazz, et moi j' aime les deux...
itou !
Enrico Pieranunzi / André Ceccarelli / Diego Imbert extrait de l'album Ménage à trois
1ère Gymnopédie
Quasimodo Main aguerrie
Messages : 402 Inscription le : 29/05/2016 Age : 29 Localisation : Rennes