Parfum de livres… parfum d’ailleurs
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MessageSujet: Martin Provost   Martin Provost EmptyMar 21 Oct 2008 - 23:00

Martin Provost A358

Citation :
Martin Provost est un réalisateur et écrivain français. Né à Brest en 1957, il est d’abord comédien pendant une dizaine d’années, dont sept comme pensionnaire à la Comédie-Française.
source: Wikipédia

Séraphine

Martin Provost Seraph10

"Il faut que je lève le menton, mon inspiration vient d'en haut" Séraphine

Résumé (Allociné):

En 1912, le collectionneur allemand Wilhelm Uhde, premier acheteur de Picasso et découvreur du douanier Rousseau, loue un appartement à Senlis pour écrire et se reposer de sa vie parisienne. Il prend à son service une femme de ménage, Séraphine, 48 ans. Quelque temps plus tard, il remarque chez des notables locaux une petite toile peinte sur bois. Sa stupéfaction est grande d'apprendre que l'auteur n'est autre que Séraphine. S'instaure alors une relation poignante et inattendue entre le marchand d'art d'avant-garde et la femme de ménage visionnaire.

Un sujet passionnant. Celui du mystère de l'acte créateur. Séraphine de Senlis était une femme modeste, artiste autodidacte et schizophrène habitée par des délires mystiques, qui se disait inspirée par un ange gardien. Une sorte de Camille Claudel de l'art brut qui peignait un peu comme Van Gogh en plus naïf  (une de ses toiles m'a surtout  fait beaucoup penser à des peintures d'Odilon Redon).

Jean Dubuffet a inventé ce terme d'art brut après 1945 et s'est passionné pour ces artistes n'appartenant à aucune école. Parmi eux de simples amateurs, des patients d'hôpitaux psychiatriques... Certains se considéraient comme des médiums que les esprits utilisaient pour leur dicter leur volonté créatrice,  d'autres se sentaient inspirés par Dieu ou des anges (comme Séraphine). Pour ceux qui passent par Lille, il ne faut pas manquer de passer au musée d'art moderne de Villeneuve d'Ascq qui abrite une importante collection d'art brut qui sera exposée prochainement dans une aile toute neuve: http://mam.cudl-lille.fr/

Le film est de facture classique, sobre, subtil, dans une veine naturaliste qui le rapproche du Van Gogh de Pialat. J'ai été très sensible au rapport de  Séraphine à la nature qui conditionne toute sa peinture et qui est très bien montrée. Il y a de superbes plans d'arbres, notamment à la fin, qui rappellent la façon dont certains réalisateurs, comme Tarkovski par exemple,montrent que les "fous" ou les simples d'esprit ont souvent un rapport profond et élémentaire à la nature qui les rapprocheraient davantage du divin.

Il faudrait ouvrir un fil sur les arbres... S'il n'existe pas déjà.

Le film montre aussi le mystère de celui qui ressent, recherche fébrilement et découvre la beauté et la nouveauté au delà des conventions d'une époque. Celui qui sait voir, peut-être comprendre.  Le collectionneur d'Art est un beau personnage malgré son ambivalence.

A voir sans hésiter!

Martin Provost Seraph11
Séraphine (le menton en haut!)

Martin Provost Seraph12
Une de ses grandes peintures

Martin Provost Seraph10
Celle qui me fait penser à Odilon Redon

Martin Provost Seraph13

Martin Provost Seraph14


Dernière édition par markofr le Mer 22 Oct 2008 - 0:59, édité 2 fois
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MessageSujet: Re: Martin Provost   Martin Provost EmptyMer 22 Oct 2008 - 0:30

markofr a écrit:
Séraphine de Martin Provost

Martin Provost Seraph10


Merci pour ce beau commentaire "à chaud"!...J'aimerais bien le voir encore celui-là... content
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MessageSujet: Re: Martin Provost   Martin Provost EmptyMer 22 Oct 2008 - 1:06

markofr a écrit:
Séraphine de Martin Provost

Martin Provost Seraph10

"Il faut que je lève le menton, mon inspiration vient d'en haut" Séraphine

Moi qui me demandais ce que j'allais aller voir dans les jours qui viennent, j'avais oublié celui-là !

(au fait personne n'est allé voir La frontière de l'aube de P. Garrel avec L. Garrel ?)
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MessageSujet: Re: Martin Provost   Martin Provost EmptyMer 22 Oct 2008 - 14:40

tommy a écrit:
markofr a écrit:
Séraphine de Martin Provost
A voir sans hésiter!

ce film un peu simpliste et trop sage ne parvient jamais à vibrer à l'unission de son héroîne qui, elle n est ni classqiue, ni sage, ni prisonnière des conventions. Mais nenamoins Seraphine est portée haut et loin par Yolande Moreau au dessus de tout éloge. Ce qui n'est pas rien.

Le traitement est lisse et classique mais je ne l'ai pas trouvé simpliste. C'est d'abord un superbe portrait de femme habitée par un élan mystérieux. Il y a quelques longueurs et certains personnages sont caricaturaux, c'est vrai. Mais il montre l'essentiel à mon avis: l'urgence de créer et les rituels immuables qui en découlent, des gestes, les moyens rudimentaires qu'elle a trouvés pour peindre et surtout le miracle de son inspiration. On sent un souffle la traverser, comme si la nature qu'elle aime tant se projetait ensuite sur ses toiles. Rien que pour ça je trouve le film réussi.
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MessageSujet: Re: Martin Provost   Martin Provost EmptyMer 22 Oct 2008 - 16:00

Encore une bande annonce (Séraphine) qui résume tout le film! Je déteste! En plus elle ne donne même pas envie de voir le film...

A noter une belle musique de Michael Galasso qui a beaucoup composé pour le théâtre et aussi pour Wong Kar Wai dans Chungking Express et In the mood for love (oui le célèbre thème!) :

In the mood for love
par Gallasso:
http://fr.youtube.com/watch?v=6QTiK7m1Yyo

Et encore (le final à Angkor) : http://fr.youtube.com/watch?v=nWbUEB60F4I qui ressemble un peu à ce qu'il a fait pour Seraphine

Sur Michael Gallasso: http://www.michaelgalasso.com/#biof
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MessageSujet: Re: Martin Provost   Martin Provost EmptyMer 22 Oct 2008 - 21:09

Merci pour le commentaire de Séraphine !
content
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MessageSujet: Re: Martin Provost   Martin Provost EmptyLun 27 Oct 2008 - 0:18

J'ai vu Séraphine !!!!

D'abord, je n'y ai pas trouvé de longueurs et n'ai pas vu le temps passer. J'ai raté les 5 premières minutes, remarquez !
Bonbonbon comment s'y prendre pour parler d'un film ? D'abord, j'ai été frappée par les détails. Quand on débarque en retard dans un film, une vieille porte de garde-manger vermoulue qui vous claque à la figure, ça marque ! J'ai aimé les décors.

Il y a quelque chose qui me gêne dans ce film. Difficile à définir. Je crois que c'est l'approche qui a été faite de l'artiste. J'aurais aimé en savoir plus sur le personnage, ses visions, son mysticisme. Là, on se balade en surface. Le réalisateur Martin Provost a insisté sur la rencontre entre le collectionneur Wilhelm Uhde (personnage intéressant d'ailleurs) et Séraphine, il a abordé le contexte historique et a fait une légère critique sociale (bien vu, d'ailleurs), il a montré d'un doigt, d'un seul, le fossé immense entre une élite intellectuelle avant-gardiste et une bourgeoisie de clocher bien installée, ce qui a presque réussi à donner un peu de consistance au film qui à mon sens manque d'intensité, d'émotions. Même Séraphine n'ose pas être amoureuse de son beau collectionneur, c'est mignon et tout en pudeur.

Quoi ? Un personnage pareil ! Ces peintures, ces couleurs, cette luxuriance ! Suis injuste, je l'ai découverte grâce à Martin Provost (mais c'est pas une raison).
Je n'ai pas vu l'exhaltation, la transe de Séraphine. Quant à Wilhelm Uhde, il réfléchit beaucoup. Séraphine patauge, voilà ! Non, j'exagère... Elle patauge vite ! Une folie douce qui aime se baigner nue dans la rivière et un petit côté bio, côté choix des couleurs, très tendance. Peut-être est-ce le jeu de Yolande Moreau, je ne sais pas. ça dérive doucement, on nous raconte une gentille histoire, sans véritable passion.

D'un côté, on nous dit que Séraphine passe dans la vie comme ça, sans se poser de questions, son côté naïf quoi ! D'un autre, on s'inquiète (les bonnes soeurs surtout) sur le côté obscur et dérangeant de son oeuvre. Mais c'est le Paradis que je peins, dit Séraphine. Point final et la boucle est bouclée. Il aurait suffi d'un peu de révolte, d'un peu de... A croire qu'elle est morte rassasiée dans son asile, Séraphine !! On évoque sa vie misérable et on passe vite fait sur sa mort et la fosse commune. Ah mais il ne fallait pas que cela ressemble à une biographie.

Les images sont belles et j'ai bien aimé les reconstitutions (étonnant, les diligences existaient encore en 1927 !!). Un petit rire quand Séraphine s'inquiète de savoir s'il y a une souillarde dans sa nouvelle maison. Une vraie émotion qui passe vite fait quand son ex-patronne qui a beaucoup changé à la fin du film, semble-t-il, exprime enfin ce qu'elle ressent à la vue d'un tableau de Séraphine "on dirait que les feuilles bougent..."

Bon, je me dis que tout ça, c'est pour nous laisser sur notre faim et c'est pas plus mal. Very Happy
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MessageSujet: Re: Martin Provost   Martin Provost EmptyLun 27 Oct 2008 - 10:23

ça méritait bien son propre fil tous ces chouettes commentaires... Si j'ai le temps, j'irais le voir.
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Nathria
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MessageSujet: Re: Martin Provost   Martin Provost EmptyMer 12 Nov 2008 - 0:15

Je sors juste de la salle de cinéma. A chaud, j'ai retenu certains plans (le premier arbre par exemple est fabuleux), une belle photographie et les couleurs du film m'ont marquée (des tonalités de bleus superbes). L' histoire est simple. Les travaux petits formats de Séraphine de Senlis m'ont curieusement renvoyée aux wycinanki polonais (art populaire du découpage papier).
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MessageSujet: Re: Martin Provost   Martin Provost EmptyMer 12 Nov 2008 - 1:15

Nathria a écrit:
Je sors juste de la salle de cinéma. A chaud, j'ai retenu certains plans (le premier arbre par exemple est fabuleux), une belle photographie et les couleurs du film m'ont marquée (des tonalités de bleus superbes). L' histoire est simple. Les travaux petits formats de Séraphine de Senlis m'ont curieusement renvoyée aux wycinanki polonais (art populaire du découpage papier).

Intéressant rapprochement... Je vais regarder ça
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MessageSujet: Re: Martin Provost   Martin Provost EmptyDim 30 Nov 2008 - 1:10

Séraphine

Je ne vois aucune réserve à émettre quant à ce film qui m’a donné deux heures de bonheur…Deux heures qui se sont écoulées sans même que je ressente la moindre longueur, la moindre minute d’ennui malgré sa lenteur…
J’ai oublié tout ce que je voulais oublier aujourd’hui… Ravie (dans le sens « emportée », et dans le sens « heureuse ») par les images, la musique, le charme de la peinture de Séraphine de Senlis et le talent de Yolande Moreau.

On a beaucoup fait le lien entre Séraphine et Camille Claudel, deux artistes contemporaines gagnées par la folie. Mais si Camille sculpte dans une passion dévastatrice, Séraphine peint dans une sorte de volonté tranquille qui lui est donnée par son esprit simple et son inspiration toute mystique.
Elle travaille durement comme bonne et lave le linge à la rivière pour gagner quelques sous qui sont loin de suffire à la nourrir et à acheter les matériaux pour exercer son Art…Alors elle vole un peu des choses sans valeur qui lui fourniront ses couleurs (du sang chez le boucher, de la bougie devant l’autel de la Vierge…Elle prend aussi la boue dans la rivière …)
Elle fait preuve d’une détermination presque fière, d’une obstination incroyable à créer, ce qui lui donne une vraie dignité.

Tommy a écrit:
Seraphine est portée haut et loin par Yolande Moreau au dessus de tout éloge. Ce qui n'est pas rien.

Non, ce n'est pas rien...Yolande Moreau est là…Elle ne semble même pas jouer…Elle habite le personnage de sa remarquable et singulière présence. Infiniment juste et bouleversante…Epoustouflante !…

Il faut aussi rendre hommage aux seconds rôles (à leur écriture dans le scénario et à leur incarnation à l’image).

La photographie est exceptionnelle. Elle rend un hommage réussi à la peinture de Séraphine mais les images, souvent, rappellent aussi les toiles des maîtres. On pense à Vermeer, à Renoir, à Monet…

Il ne me reste plus qu’à dire la beauté de la musique pour expliquer pourquoi j’ai succombé sans résistance au charme tout simple de ce film ….
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MessageSujet: Re: Martin Provost   Martin Provost EmptyDim 30 Nov 2008 - 11:02

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MessageSujet: Re: Martin Provost   Martin Provost EmptyDim 30 Nov 2008 - 11:12

Marko a écrit:
Martin Provost Seraph15 Martin Provost Seraph16 Martin Provost Photo-11 Martin Provost Seraph17 Martin Provost Seraph18
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Comme ces images sont belles!

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MessageSujet: Re: Martin Provost   Martin Provost EmptyDim 30 Nov 2008 - 11:25

coline a écrit:
Séraphine
On a beaucoup fait le lien entre Séraphine et Camille Claudel, deux artistes contemporaines gagnées par la folie. Mais si Camille sculpte dans une passion dévastatrice, Séraphine peint dans une sorte de volonté tranquille qui lui est donnée par son esprit simple et son inspiration toute mystique.

Tout à fait d'accord mais la différence fondamentale est que Camille Claudel n'était pas autodidacte alors que Séraphine est une femme qui n'a suivi aucune formation ni reçu aucune influence autre que celle qui venait "d'en haut". C'est ce qui est passionnant dans l'art brut et il y a eu d'autres grandes figures qu'il faudrait évoquer. Je pense notamment au facteur Cheval , sorte de Gaudi de l'art brut, et son "palais idéal" :

www.facteurcheval.com/
Fils de paysan je veux vivre et mourir
pour prouver que dans ma catégorie
il y a aussi des hommes de génie
et d'énergie. Vingt-neuf ans je suis resté
facteur rural. Le travail fait ma gloire
et l'honneur mon seul bonheur;
à présent voici mon étrange histoire.
Où le songe est devenu,
quarante ans après, une réalité
.
»
— Ferdinand Cheval, 15 mars 1905


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MessageSujet: Re: Martin Provost   Martin Provost EmptyDim 30 Nov 2008 - 11:36

Wilhelm Uhde, le collectionneur, insiste àun moment donné dans le film pour dire que ce n'est pas de l'Art Naïf (comme cela pouvait être considéré) mais de l'Art primitif (brut)
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