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| Christopher Marlowe | |
| | Auteur | Message |
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Arabella Sphinge incisive
Messages : 19316 Inscription le : 02/12/2007 Localisation : Paris
| Sujet: Christopher Marlowe Mar 9 Fév 2010 - 21:19 | |
| Christopher Marlowe (1564-1593) Né le 26 (6 ?) février 1564 à Canterbury, fils de cordonnier, il entre comme boursier à Corpus Christi de Cambridge. Son manque d’assiduité aux cours, les autorités universitaires veulent l’empêcher de se présenter aux examens, mais une lettre émanant du conseil privé de la reine leur enjoint de fermer les yeux. Cet incident a donné à des interprétations de missions secrètes pour le compte du Service d’espionnage. Son diplôme en poche, Marlowe s’installe à Londres en 1587 et débute une carrière dramatique fulgurante, mais qui sera brève. Tamerlan, sans doute encore écrite à Cambridge est représenté en 1587, et c’est un grand triomphe pour son auteur. Plusieurs autres pièces suivront, jusqu’en 1593, dont les plus connues sont Le docteur Faust et Edouard II (mais certaines pièces sont perdues). En 1593, c’est la grande peste, les théâtres de Londres sont fermés, et Marlowe quitte la capitale. La même année, il est accusé d’athéisme, et doit se tenir à la disposition du conseil privé et répondre à des questions, mais il repart libre. Il meurt peu de temps après dans une rixe dans une auberge, dans laquelle sont impliqués un espion et des agents secrets. Cette mort a donné lieu à des nombreuses interprétations, on a parlé d’un assassinat sur commande d’un espion devenu encombrant par exemple. Mais aucune véritable certitude. Personnage haut en couleurs, cynique, débauché, homosexuel notoire, disciple de Machiavel, auteur d’un poème érotique, et donnant vie dans ses pièces à des personnages à l’orgueil démesuré, se précipitant eux-mêmes vers leur propre fin par excès, il semble avoir été un homme et un auteur de l’extrême. Il n’y a pas que Shakespeare qui soit intéressant parmi les auteurs élisabethains. | |
| | | Arabella Sphinge incisive
Messages : 19316 Inscription le : 02/12/2007 Localisation : Paris
| Sujet: Re: Christopher Marlowe Mar 9 Fév 2010 - 21:21 | |
| Le docteur Faust La légende de Faust aurait eu sa source dans la vie d’un certain Georg Faustus (1466-1539), diplômé de l’université d’Heildelberg, médecin, astrologue, il s’adonne à la magie noire, bénéficie de soutien de gens haut placés. Il mène une vie errante. Diverses chroniques paraissent en Allemagne, évoquant ce personnage devenu à demi légendaire. En 1587 paraît le Faustbuch, un petit livre intitulé Histoire du docteur Faust, très célèbre magicien et nécromant. Il s’agit de mettre en garde les chrétiens, les inviter à se méfier du diable et de la magie, le Faust de ce livre n’a plus rien à voir avec son modèle historique. En 1588 paraît le Faustbook, la version anglaise de Faust, l’auteur du texte demeure incertain, c’est la première traduction du texte allemand dans une autre langue. Il s’agit d’une traduction à la mode de l’époque, c'est-à-dire d’une adaptation très libre de l’original, avec des ajouts et des coupures. La pièce de Marlowe est datée selon les sources soit de 1589, soit de 1592 ou 1593, certains la considèrent comme sa dernière pièce. Si la pièce est donnée à plusieurs reprises après la mort de l’auteur, ce n’est qu’en 1604 qu’elle paraît pour la première fois en volume (texte A). En 1616 paraît un texte significativement différent appelé texte B, il est plus long que l’autre, même si le texte A contient quelques passages absents du texte B. Dans le texte de l’édition bilingue de GF que j’ai lu, le traducteur a choisi de présenter un mélange des deux textes, en essayant de donner la version la plus complète de la pièce. L’histoire de Faust est suffisamment connue pour ne pas nécessiter de résumé très long ; le très savant docteur Faust a la sensation d’avoir fait le tour des connaissances accessibles à un homme, et décide de se consacrer à la magie noire. Il invoque le Diable et lui vend son âme pour en faire son serviteur, et obtenir la toute puissance pendant 24 ans. Il profite de ses pouvoirs pendant le laps du temps qui lui est imparti, devient l’ami des puissants, ridiculise qui lui déplaît, mais parvenu à la fin des années imparties, il n’a plus qu’à attendre dans l’angoisse la venue du démon venu réclamer son dû. - Citation :
- Ah ! Faust !
Tu n’as plus maintenant qu’une dernière heure à vivre, Et tu devras alors être à tout jamais damné. Vous, planètes du ciel, suspendez votre course, Que s’arrête le temps et que jamais minuit ne sonne ! Œil du monde, beau soleil, lève-toi et engendre Un jour sans fin, ou que cette heure soit Un an, un mois, une semaine, une journée, Pour que Faust se repente et qu’il sauve son âme ! Malgré la fin de l’extrait cité, Faust choisi en quelque sorte de ne pas sauver son âme, de ne pas se repentir. C’est un texte très étrange, très composite. Il y a, avant les actes et à la fin de la pièce, l’intervention d’un chœur, comme dans le théâtre antique. Les références à l’Antiquité, en particulier mythologique sont d’ailleurs très nombreuses dans la pièce. Le moyen-âge aussi est très présent, les moments de farce, très nombreux, font penser aux farces du moyen-âge. La thématique de l’homme qui se damne, en particulier en ayant vendu son âme au diable, est aussi une thématique du moyen-âge, il s’agissait de mise en garde, et aussi d’une démonstration de la toute puissance divine, qui peut sauver une âme repentante, quelque soit ses pêchés, comme par exemple dans Le miracle Théophile, ou la Vierge, sauve le pêcheur qui a pourtant signé un pacte avec le démon, pacte déchiré par la Vierge, qui démontre ainsi sa supériorité sur le diable. Mais ce qui appartient à la Renaissance, c’est la remise en cause du désir d’être sauvé, Marlowe a été accusé d’athéisme, et son personnage semble savoir que s’il acceptait de se repentir, il pourrait échapper à son funeste destin. Mais d’une certaine façon, il préfère garder son orgueil, ne pas s’humilier à demande pardon, et rester lui-même quitte à payer le prix fort. En fait il ne regrette pas ce qu’il a fait, mais juste que les bonnes choses, la puissance, et la satisfaction de tous ses désirs doivent s’arrêter. Il voudrait en fait pouvoir signer un deuxième pacte diabolique. Pièce étrange, troublante, avec quelques passages magnifiques, mais j’ai été gênée par le parti pris du traducteur de donner un texte exhaustif, très long. Les intermèdes comiques, qui pour certains impliquent d’autres protagonistes, ne sont pas forcement passionnants, et un peu répétitifs. Sans doute ils étaient appréciés sur scène de leur temps, mais de nos jours en lecture, ne sont pas d’un très grand intérêt. Il semblerait qu’ils ne soient en plus pas forcement tous de Marlowe. Une version plus resserrée serait à mon sens plus intéressante. | |
| | | eXPie Abeille bibliophile
Messages : 15620 Inscription le : 22/11/2007 Localisation : Paris
| Sujet: Re: Christopher Marlowe Mar 9 Fév 2010 - 21:52 | |
| J'avais commencé l'introduction, il y a plusieurs années... et puis j'avais été interrompu et j'étais passé à autre chose (il y a parfois des moments qui ne se prêtent pas à certaines lectures). Ce n'est quand même pas bien... Je vais rattraper le retard. Pour les amateurs de pièces Elisabéthaines, il faut bien sûr signaler "Théâtre Elisabéthain" dans La Pléiade (2 volumes, 28 pièces en tout). Marlowe est présent avec trois pièces : Le Docteur Faust, Le Juif de Malte, et Edouard II. | |
| | | Arabella Sphinge incisive
Messages : 19316 Inscription le : 02/12/2007 Localisation : Paris
| Sujet: Re: Christopher Marlowe Mer 10 Fév 2010 - 7:41 | |
| J'avais vu que ces volumes de la Pléiade étaient sortis, mais j'essayais d'être raisonnable, et ne pas acheter trop de livres. Ce n'est pas bien d'éveiller la tentation eXPie | |
| | | eXPie Abeille bibliophile
Messages : 15620 Inscription le : 22/11/2007 Localisation : Paris
| | | | Arabella Sphinge incisive
Messages : 19316 Inscription le : 02/12/2007 Localisation : Paris
| Sujet: Re: Christopher Marlowe Mer 10 Fév 2010 - 18:09 | |
| Deux Pléiades. En poche, les 28 pièces seraient susceptibles de faire 28 volumes | |
| | | eXPie Abeille bibliophile
Messages : 15620 Inscription le : 22/11/2007 Localisation : Paris
| Sujet: Re: Christopher Marlowe Mer 10 Fév 2010 - 19:03 | |
| - Arabella a écrit:
- Deux Pléiades. En poche, les 28 pièces seraient susceptibles de faire 28 volumes
Oui... et de faire, au bout du compte, plus cher que le prix des Pléiade. Parfois, c'est presque "économique"... | |
| | | Arabella Sphinge incisive
Messages : 19316 Inscription le : 02/12/2007 Localisation : Paris
| Sujet: Re: Christopher Marlowe Mer 10 Fév 2010 - 19:45 | |
| Edouard II Dans cette pièce, Marlowe évoque le règne d'Edouard II (1307-1327). Encore une fois, il prend comme personnage principal un homme qui transgresse les règles considérées comme s'imposant. Homosexuel, il prend comme favoris successifs Gaveston et Spencer. D'hommes de peu, comme l'a voulu leur naissance, il fait des personnages tout puissants, au-dessus des autres. Il néglige sa femme, fille du roi de France. Il met au premier plan la satisfaction de ses envies et pulsion. Et les grands seigneurs s'opposent très vite à lui, et finissent par le destituer. Isabelle, son épouse, s'attache à Mortimer, dont elle fera le nouveau grand personnage du royaume. Mais le fils du roi maudit, Edouard III vengera son père. Grande pièce historique, un peu dans la manière des grandes pièces historiques de Shakespeare, plus homogène et d'une construction plus satisfaisante que Faust. Les personnages donnent tous la démesure et le pêché d'orgueil, à commencer par Edouard II, il est le roi, il a le droit de faire ce qu'il entend, et comme il l'entend. Malgré divers avertissements, il ne change en rien son comportement, et finit par succomber, en ne remettant à aucun moment en cause ce qu'il considère comme son droit. Mais tous les autres personnages sont aussi orgueilleux et incapables d'éviter de construire leur propre chute, comme Mortimer, qui ne peut s'empêcher de tuer ses ennemis, sans tenir compte des sentiments et opinions du jeune Edouard III qui se montrera impitoyable à son tour lorsqu'il sera assez fort pour cela. La pièce est un enchaînement de violences qui entraînent à leur tour d'autres violences, et les personnages se montrent incapable de rompre cette logique, en faisant à un moment donné acte de pardon, mansuétude, et de se sauver eux-même, d'échapper au cercle infernal. Grandiose et pathétique, un beau texte, qui nous plonge dans un univers sombre et violent. | |
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| | | | Christopher Marlowe | |
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