Interessant point de vue de George Steiner, sur littérature et"âme "russes dans "Lectures. Chroniques du New Yorker, George Steiner", traduit de l’anglais (États-Unis) par Pierre-Emmanuel Dauzat, éd. Gallimard, « Arcades », à paraître le 25 mars.).
"Le tourment comme l’abjection nourrissent ici les racines d’une vision messianique, d’un sentiment d’unicité ou de ruine radicale. Ce qui conduit George Steiner à nous expliquer que le pire danger qui guette le romancier ou le poète russe n’est pas la détention ni même la mort, mais «l’exil dans les limbes occidentaux de la simple survie». L’isolement de Pouchkine, le désespoir de Gogol, le séjour de Dostoïevski en Sibérie, le combat de Tolstoï et de Boulgakov contre la censure, les persécutions subies par Pasternak, Mandelstam, Soljenitsyne, Siniavski… Les nuances les plus variées de la sensibilité et de la création littéraire russe partagent un sentiment d’élection par et pour la douleur. "
"Et c’est bien ce sentiment que Dostoïevski parvient à pousser jusqu’à son point d’incandescence en le transformant en un débat intérieur. Le monde de l’auteur de Crime et châtiment, c’est l’âme, exclusivement l’âme"
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