Anton Corbijn

CONTROL



l'histoire de Ian Curtis, leader du groupe Joy Division. En fait c'est plutôt une tranche de vie de son histoire. Lorsque le groupe se forme, et jusqu'à sa mort.
Ce film, centré uniquement sur le Ian, ses angoisses, ses chansons, sa maladie (épilepsie) et ses amours (sa femme et sa maîtresse), coule inexorablement vers l'auto-destruction.

Les images de ce film sont très belles, le choix d'une couleur sepia n'y est pas pour rien, colant parfaitement à l'univers sombre et mélancolique de Ian Curtis.
A travers ce film on découvre surtout un jeune homme (de 16 à 23 ans) en prise avec des angoisses et des doutes qui se confrontent à une réalité effrayante.
On voit comment cet être n'arrive pas à déculpabiliser de faire souffrir les autres, s'infligeant à lui-même des souffrances morales. Il n'arrive pas à gérer le succès soudain de groupe Joy Division : c'est un poète, un chanteur, mais il a dû mal à supporter ce que lui demande le public. L'impression qu'il y a finalement un gouffre entre ce que l'on veut donner et ce que l'autre reçoit, et exige.
Ian Curtis fuit, refuse de prendre des décisions, s'enterre tout seul.
Sa maladie l'effraie, il a l'impression de perdre le contrôle de son corps, que son esprit lui échappe. Il refuse de devenir un poids pour les autres.

Ce film se concentre sur Ian Curtis, mettant carrément dans l'ombre le groupe Joy Division, c'est un peu dommage de tout concentrer sur lui, de mettre en avant ses textes, et d'autant effacer la musique, la composition, la vie d'un groupe. Mais bon, c'est un parti pris clair dès le départ.

J'ai eu un peu de mal à complètement aimé Ian Curtis, ressemblant plus à un pré-adulte ne parvenant pas à sortir de sa crise adolescente. "Il se prend la tête" comme on peut le faire à cette âge-là. En même temps, les mots de ce film sont très forts, très profonds. Et même si Ian ressemble plus à un gamin incapable de se prendre en main, faible et refusant l'acte, préférant se morfondre et écrire sur des malheurs qui son inaction engrange, je me suis attachée à lui parce qu'il me ressemble aussi un peu (son rapport à l'écriture, au partage de son écriture, à son don).

L'actrice qui joue Debbie (la femme de Ian) est excellente. Parvenant à passer par toutes les phases des sentiments, soulignant la complexité des sentiments, la force d'être dans la vie, et d'être en accord avec soi-même. Je l'ai beaucoup aimée.

L'acteur qui joue Ian est troublant de vérité, et parvient parfaitement à montrer le don entier que le chanteur-poète faisait de son être au public, à la musique, aux textes. Il a énormément d'expressivité dans le regard, fortement mélancolique et torturé.

Un beau film, tragique, troublant. Avec en double fond : l'auto destruction par l'hypersensibilité.

Il faut absolument que je le vois.

Repéré ce film dès sa sortie à Cannes, j'ai moi aussi très hâte de le voir et ce que tu en dis m'y incite un peu plus. Son parcours et les angoisses dans lesquelles il s'enferme font penser au chanteur de Nirvana, Kurt Cobain. Dommage par contre que la musique soit un peu reléguée et que ce ne soit pas le chanteur Ian Curtis qui interprète les chansons de Joy Division...
J'irai surement lundi en tout cas...

en fait, la musique, tu en auras, on les voit très souvent sur scène. Mais je sais pas... le film ne montre pas un groupe de musique, il montre ian curtis, c'est juste un peu bizarre...

quant aux chansons, je te garantis qu'elles sont superbemenet interprétées par le comédien. A foutre des frissons, c'est intense

Queenie a écrit:

Les images de ce film sont très belles, le choix d'une couleur sepia n'y est pas pour rien, colant parfaitement à l'univers sombre et mélancolique de Ian Curtis.
A travers ce film on découvre surtout un jeune homme (de 16 à 23 ans) en prise avec des angoisses et des doutes qui se confrontent à une réalité effrayante.
On voit comment cet être n'arrive pas à déculpabiliser de faire souffrir les autres, s'infligeant à lui-même des souffrances morales. Il n'arrive pas à gérer le succès soudain de groupe Joy Division : c'est un poète, un chanteur, mais il a dû mal à supporter ce que lui demande le public. L'impression qu'il y a finalement un gouffre entre ce que l'on veut donner et ce que l'autre reçoit, et exige.
Ian Curtis fuit, refuse de prendre des décisions, s'enterre tout seul.
Sa maladie l'effraie, il a l'impression de perdre le contrôle de son corps, que son esprit lui échappe. Il refuse de devenir un poids pour les autres.

Tu as bien résumé Queenie ce film beau et intense qui m'a laissé une sensation de nostalgie, de ces années où la musique, principalement le rock, nous ouvrait des voies nouvelles....

Comment décrire le charme étrange de ce film? J'ai vraiment été très touchée par le personnage de Ian Curtis joué magnifiquement par Sam Riley, qui est parvenu à capter les moindres gestes, le moindre regard et jusqu'à la voix de ce garçon tourmenté qu'était Curtis et à qui il ressemble étonnament: Ca en est bluffant! Cet aspect aide bien sûr énormément à rentrer dans l'univers tourmenté du chanteur, de comprendre ses angoisses et ses tiraillements entre une vie traditionnelle à laquelle il tente de s'accrocher, auprès de son épouse ,et un succés qu'il n'a pas prévu ni même voulu,et qui le dépasse complètement.

Les couleurs sombres noir/blanc collent à l'atmosphère de grisaille de cette petite ville anglaise et au psychisme du héros, à son errance, son incertitude entre une vie basique et un rejet du monde : Tout est pesant, jusque dans les bureaux de L'ANPE où il s'obstine à bosser . Il rêve d'un amour idéal, d'un ailleurs, mais la réalité le rattrape et il ne parvient pas à la gérer. On ressent tout le mal-être d'un jeune homme qui n'est bien nulle part, partagé entre l'insatisfaction et la culpabilité, affaibli par d'incessantes crises épileptiques. Le film retranscrit bien cette sensation: ce décalage entre un être fragile, doux et même naÎf , fortement intériorisé, mais qui pouvait se transformer sur scène en l'icône rageur et explosif que l'on connait.

Un beau film, une très belle interprétation, et la musique génialement désespérée des Joy Division : je ne pouvais qu'aimer !

AHHHH il faut que je trouve le temps
:| :| :| :|

lekhan a écrit:

AHHHH il faut que je trouve le temps
:| :| :| :|

Oui il le faut , absolument
Pour t'y inciter encore plus ICI

AH la torture Vite vite du temps pour ce film

Pour la peine je m'écoute un live ^^

C'est décidé, je vais le voir demain! Quel pouvoir de conviction, Queenie et Aériale .

Nezumi a écrit:

C'est décidé, je vais le voir demain! Quel pouvoir de conviction, Queenie et Aériale .

Hé, hé...
En tout cas vous me direz si le personnage de Ian Curtis incarné par le fascinant Sam Riley vous a poursuivi comme ça a été le cas pour moi depuis 2 jours...Je n'arrête pas de me revoir ses prestations scéniques dans ma tête, je me remémore certains passages, etc... Ah, le pouvoir de la musique

Film esthétique. Je suis assez déçu que le talent de l'acteur ne soit pas "mieux filmé".

J'ai trouvé qu'hormis les prestations scéniques et certaines scènes poignantes de désespoir de Curtis, le film manquait d'intensité. Je n'ai pas pu m'empêcher de comparer avec le Feu Follet alors... Un bon film, néanmoins je dois avouer être un peu déçu. On reste bien en surface. Je crois qu'il aurait fallut filmer plus prés du visage, et que le dialogue ne soit pas si vide. Ça n'allait pas avec les textes des chansons. Il y avait je ne sais pas, un décalage entre le propos et l'expression dans les chansons.

Bref, bref, à voir tout de même, bon, voir très bon premier film.

Néanmoins déception.

Je ne vous lis pas trop...je dois aller le voir vers la mi-novembre...

Fan de Depeche mode, je suis moi aussi intéressé de voir le film de ce monsieur qui a réalisé pas mal de leurs clips et filmé deux de leurs concerts au moins dont celui du "devotional tour".

lekhan a écrit:

J'ai trouvé qu'hormis les prestations scéniques et certaines scènes poignantes de désespoir de Curtis, le film manquait d'intensité. Je n'ai pas pu m'empêcher de comparer avec le Feu Follet alors... Un bon film, néanmoins je dois avouer être un peu déçu. On reste bien en surface. Je crois qu'il aurait fallut filmer plus prés du visage, et que le dialogue ne soit pas si vide. Ça n'allait pas avec les textes des chansons. Il y avait je ne sais pas, un décalage entre le propos et l'expression dans les chansons.

Ce que tu dis n'est pas faux Lekhan, j'ai moi-même ressenti un peu cette "froideur"apparente, le vide dont tu parles dans les échanges, mais lorsque Curtis/Riley monte sur scène et s'empare du micro, là tout change...J'ai vraiment ressenti une intensité, une force particulière qui devait aussi emplir la personnalité par ailleurs très renfermée et quasi maladroite hors scène, de Ian Curtis.
C'est cette transformation que l'acteur parvient complètement à nous communiquer, je trouve, qui est remarquable.
Un type gauche et peu loquace, un "taiseux" qui se transcendait devant son public, par la musique, mais qui n'est jamais parvenu à gérer cette puissance qui le dépassait finalement.
Et ce décalage est bien retranscrit par le peu d'effets ou de dialogue, en fait, dans ce qui touche à sa vie quotidienne...

Control

Je n’avais pas encore expliqué ce qui m’a fait apprécier ce film.

Je craignais le côté musical de ce film. Une musique de laquelle je ne suis pas fan. Mais j’ai découvert les paroles graves et profondes des chansons de Ian Curtis.

S’il y avait musique, il y avait aussi cinéma. Un somptueux cinéma en noir et blanc, ou sépia. Le parti pris esthétique du réalisateur m’a totalement séduite.

Il faut ajouter à ces qualités la beauté et le talent de Sam Riley qui fait plus qu’interpréter car il incarne de façon bouleversante le rocker.

Le drame est traité en finesse, sans pathos et avec beaucoup de pudeur.

Ce film m'a vraiment plu.