Emir Kusturica

Il est né en 1954 à Sarajevo en République fédérale socialiste de Yougoslavie –aujourd’hui Bosnie-Herzégovine.
Wikipedia nous indique que le réalisateur serbe

Citation :

(…) profondément touché par l'éclatement de la Yougoslavie, se considère surtout Yougoslave, refusant ainsi de renier les cultures serbes, croates, bosniaques ou slovènes.

Aussi, lorsque sortira son film Underground en 1995, dont le philosophe français Finkielkraut relèva dans un premier temps "la propagande serbe radoteuse et mensongère" dans le même temps où les conflits sur les Balkans sont la source des massacres barbares que l’on connait, est-il nécessaire de regarder et d’entendre l’œuvre de Kusturica dans son ensemble sans pouvoir s’empêcher de laisser venir à notre curiosité les questions sur ce réalisateur.
Car si son cinéma est, dès le départ, en rupture avec la tradition par le style, il interroge aussi, simultanément, par ses allégories, sur des questions humaines et sociétales qui ne laissent pas indifférents les spectateurs que nous sommes face aux guerres ethniques, aux problèmes identitaires et à l'élaboration de nouvelles frontières, barbarie moderne...


- Son apprentissage à lieu à l'académie du cinéma de Prague, la FAMU. Son professeur de mise en scène est le tchèque Otakar Vavra. Le jeune Kusturica, abreuvé des diverses sources du cinéma classique américain, français, russe et italien, sort en 1978 son premier court-métrage : Guernica. Alexandre Tylski, chercheur et enseignant, nous en parle ainsi :

Citation :

Kusturica aborde l'antisémitisme vu par l'oeil d'un enfant qui apprend sa judéité au moment même où le nazisme impose aux juifs de porter en brassard l'étoile de David. Le film est marqué par une réflexion sur l'art, le montage, la lumière et les portraits de visages, mais également l'obsession de son auteur pour les injustices absurdes et monstrueuses de la guerre, et la famille mutilée.(…).
La question ethnique (l'âme, la langue, la musique ethniques) posée dans ce court-métrage est présente également dans son téléfilm Buffet Titanic en 1979, puis dans tous les films suivants du metteur en scène, notamment Le Temps des Gitans (1988), Underground (1995) et La Vie est un miracle (2004). Mais au fond, nous revenons toujours avec Emir Kusturica à une esthétique basée sur la multitude ethnique et le visage ethnique. Dans son court métrage Guernica , le film s'ouvre sur un père qui photographie son fils jouant dans le jardin. Et il ne s'agit pas de n'importe quel jeu d'enfant: le garçon place sa tête au-dessus d'un buste sculpté sans tête, puis encore dans la spirale noire d'une autre sculpture. Où garder sa tête dans ce monde en effet ? Comment la conserver, la cacher et comment supplanter les corps sans tête, guillotinés par le temps ou l'Histoire?(…)

D’autres trouveront naïf cette manière de donner à voir. D’aucuns même penseront qu’il est indécent d’élaborer un cinéma expérimental autour d’un sujet aussi difficile (effet de reflets impressionnistes de l'eau, portrait cubiste d'un monde tombé sur la tête, déchiré par une logique à l'envers, reflet miroir, figure esthétique…).
- Le film se situe dans la République fédérale socialiste de Yougoslavie des années 1950 : Tito et Staline se querellent. Mesa, père du jeune Malik, entretient une liaison. Sa maîtresse, lasse d’attendre, cède aux avances du beau-frère de Mesa. Au cours d’une discussion, elle rapporte à ce dernier les paroles suspectes de son amant à propos d’une affiche représentant Karl Marx travaillant devant l’effigie de Staline.

Citation :

Filmographie/Index (Cliquez sur les chiffres pour accéder directement aux pages)

Courts et moyens-métrages
1971 : Une partie de la vérité
1972 : Automne
1978 : Guernica (Premier prix du festival du film étudiant de Karlovy-Vary)
1996 : Sept jours dans la vie d’un oiseau (docu-fiction pour l’émission Envoyé spécial de France 2)

Téléfilms
1979 : Les mariées arrivent
1980 : Café Titanic (Premier Prix du Festival du film de la télévision yougoslave à Portoroz)

Longs-métrages
1981 : Te souviens-tu de Dolly Bell ?
1985 : Papa est en voyage d'affaires
1988 : Le Temps des Gitans Page 2
1993 : Arizona Dream Page 3
1995 : Underground Page 1
1998 : Chat noir, chat blanc
2001 : Super 8 Stories
2004 : La Vie est un miracle Page 2
2005 : Les Enfants invisibles segment Blue Gypsy (film commissionné par l’Unicef)
2007 : Promets-moi Page 2, 3
2008 : Maradona
2012 : Words with Gods (co-réalisation)]

Citation :

mise à jour le 16/03/2013 à la page 3

1981 : Te souviens-tu de Dolly Bell ? Une histoire d'enfants de Sarajevo dans les années 60.
1986 : appartenance au groupe rock « No smoking ».
1988 : Le Temps des gitans.
1993 : Arizona Dream (Ours d'argent, Berlin).
1995 : Underground.
1998 : Chat noir, chat blanc.


Underground

source > Kusturicaifrance. Underground est né d’une pièce de théâtre de Dusan Kovacevic, dans laquelle un homme maintenait des compatriotes dans une cave et leur faisait travailler le textile pour son profit personnel. De ce canevas est resté l’idée de manipulation d’un homme par un autre, au départ pour une femme, puis par intérêt économique. Peu à peu, Emir Kusturica a été rattrapé par ses origines, et a transformé cette histoire en fable sur les cinquante années d’une aventure sociale, politique et humaine qui s’appelait Yougoslavie.
Le film, récompensé à Cannes, est sorti au moment où le monde découvrait le massacre de Tuzla. Début juin, dans les pages du Monde, Finkielkraut écrit :

Citation :

L’imposture Kusturica

Plus tard nous apprendrons qu'il n'a pas encore vu le film Underground. L'anecdote sera reportée dans Robert et Robert dont le sujet tourne autour d'un journaliste (Fabrice Luccini) écrivant un article sur un film qu'il n'a pas vu...

1993.
Magnifiques premières images de Arizona Dream :
https://www.youtube.com/watch?v=xzxcwNjsp2Y

Les liens se resserrent :

Grâce : - "Malgré toi, tu deviens tes parents. Même si c'est pas des vrais. Je me tuerai avant que ça m'arrive".
Paul : - - "Grace Turtle !"

Le triangle du tournage : Douglas (Arizona), New York, Alaska.

Ah, je les aime tous, ces films!

Citation :

Plus tard nous apprendrons qu'il n'a pas encore vu le film Underground. L'anecdote sera reportée dans Robert et Robert dont le sujet tourne autour d'un journaliste (Fabrice Luccini) écrivant un article sur un film qu'il n'a pas vu...

Je ne savais pas cela, merci Babelle! Ah Finky...il ne perd jamais une occasion de se taire, celui-là!

Je crois que ce qui me fait revenir à ce réalisateur est sa verve. Les dialogues, la richesse de la communication entre ses personnages, donnent le vertige. J'en ressors toujours un peu ivre.

Suite à ma séance de rattrapage avec Underground (que je n'avais pas encore vu), je reste, toujours, sans voix...
Pourtant la première demi-heure est assez lourde (on se demande où il veut en venir, le burlesque frise le dérapage) et le démarrage en fanfare dérange, dans ce monde qui va vers la destruction.
Le sens "Kusturica", la portée de son "message", m'est apparu lors du défilé de ces années d'après guerre jusque dans les années 60, où s'entremêlent images d'archives et acteurs principaux : la sortie de la guerre pour une entrée en dictature (celle de Tito). Puis sortie de la dictature pour une autre guerre, avec les acteurs d'une même famille où victimes et bourreaux ne cessent de se croiser.
A chaque étape de cette histoire du XXè s. finalement l'homme n'a pas vraiment intérêt à sortir de sa cave. Et quand il met enfin le nez dehors et voit la lune pour la première fois il la confond avec le soleil, quand il voit la mer pour la première fois il s'y noie...
Il y a quelque chose de très indigeste à traiter des drames dans cette confusion de voix, de sons, de caricatures et de bouffonnerie.

"En fanfare" : de manière bruyante et pour attirer l'attention...

Je suis curieux de voir cette appréciation en demi-teinte de Underground, un de mes films préférés, j'aime cette folie baroque de Kusturica, ce sens de la métaphore, cet humanisme et cette joie. Et puis, la musique....

Babelle a écrit:

1993.
Magnifiques premières images de Arizona Dream :
https://www.youtube.com/watch?v=xzxcwNjsp2Y

Je ne m'en lasse pas...Merci Babelle!

Ni de la musique de film...
Sur les images:ICI
Iggy Pop et Goran Bregovic - In the Death Car

Chat noir, chat blanc, après Underground, m'a semblé plus fade.
J'ai vu les deux films en VOST, je crois que je me transporterais bien à nouveau sur Underground mais en VF, pour le mouvement et la musique...

coline a écrit:

musique de film... Sur les images:ICI
Iggy Pop et Goran Bregovic - In the Death Car

Merci Coline, il me suffit de les entendre pour être nostalgique d'Arizona Dream (il faut que je me l'achète.
-J'aimerais me faire mon propre DVD avec copillages d'extraits forts d'AD et d'Underground... Les films de K sont très denses, aussi revenir à certains passages procure un véritable bonheur.
Avez-vous parlé déjà de ces films?

Babelle a écrit:

Les films de K sont très denses, aussi revenir à certains passages procure un véritable bonheur.
Avez-vous parlé déjà de ces films?

LOrsque je les ai vus, je ne postais pas de commentaires...Il faudrait que je les revoie pour pouvoir écrire sur eux...J'ai la mémoirequi flanche, j'me souviens plus très bien...
C'est d'ailleurs le cas pour beaucoup d'autres films dont on parle sur ce forum...

Mmm? Tu nous avais fait le même coup avec Bergman avant de te lancer Coline Tu te souviens? Un petit tour sur les liens vers quelques extraits et tu craques! Un petit air de Bregovic et les souvenirs remontent...

De Jean Vigo (L'Atalante) à Kusturica, à propos d'Underground
L'extrait suivant est présenté sur le site très documenté
kustu.com

Citation :

"-Les plans aquatiques sont un véritable hommage au film L’Atalante de Jean Vigo, film pour lequel Emir Kusturica a une grande admiration :

-Je crois que ce film de Jean Vigo a complètement changé mes illusions sur le caractère révolutionnaire du cinéma. C’est la poésie qui fait le cinéma.Si on veut durer, il faut être un poète ; si on n’est pas un poète, les films que l’on fait sont au mieux des réflexions... Il y a quinze ans, tout me semblait beaucoup plus facile ; aujourd’hui, les choses sont devenues âpres. Il est beaucoup plus difficile de survivre en tant que poète dans la jungle du cinéma moderne... plus personne ne sait ce que ça signifie. Je reste persuadé que dans L’Atalante, on trouve l’équilibre le plus parfait qui soit entre le dialogue et l’action. [...] La mariée volante qui se retrouve sous l’eau... c’est une certaine forme d’hommage à L’Atalante de Jean Vigo. Ensuite, c’est devenu quelque chose de beaucoup plus important, et tout le monde meurt et dérive sous les eaux du fleuve.”

Nouvelle sortie en salle : Promets-moi
- Au sommet d'une colline isolée au fond de la campagne serbe vivent Tsane, son grand-père et leur vache Cvetka. Avec leur voisine l'institutrice, ce sont les seuls habitants du village.
Un jour, le grand-père de Tsane lui annonce qu'il va bientôt mourir et lui fait promettre qu'il franchira les trois collines pour rejoindre la ville la plus proche et vendre Cvetka au marché. Avec l'argent récolté, il devra acheter une icône religieuse et un souvenir. Enfin, il lui faudra trouver une épouse.
Arrivé en ville, Tsane n'a aucune difficulté à exaucer les premiers voeux de son grand-père. Mais comment faire pour trouver une fiancée et la convaincre de le suivre au village avant que son grand-père ne disparaisse ?

BA en vost ICI sur 1 blog hébergé par Allociné- Lancez la vidéo qui est en bas de page.
Quelqu'un pense aller en salle? Pour ma part je crains d'y retrouver le seul côté burlesque et fanfaronnant qui m'a gêné dans Chat blanc, chat noir. Je me sens vraiment davantage attirée par K lorsque la trame s'imprègne directement des évènements historiques ou politiques. D'ailleurs, il dit lui-même :

Citation :

"Je dois dire que je me suis amusé. C’était aussi long que d’habitude, mais dans une atmosphère de création bien meilleure avec tous les comédiens. C’est un film qui est situé hors de toute vie citadine, ça se passe près de mon village, en plein air, dans ce qui est pour moi la plus belle région d’Europe." E. K.

En plus (Coline) Bregovic est absent. La musique est composée par Kusturica fils...

Babelle a écrit:

Quelqu'un pense aller en salle? Pour ma part je crains d'y retrouver le seul côté burlesque et fanfaronnant qui m'a gêné dans Chat blanc, chat noir.
En plus (Coline) Bregovic est absent. La musique est composée par Kusturica fils...

J'avais bien aimé tout de même ce délire de Chat noir, chat blanc...

Plus de Bregovic?... Dommage!...Mais faut voir pour la musique du fils Kusturica...