Gaspar Noé

just a écrit:

Gaspar Noé voit le jour du 27 décembre 1963 à Buenos Aires en Argentine auprès de son père Luis Felipe Noé, peintre très ludique et de sa mère, assistante sociale politisée.

Après avoir passé son enfance entre Buenos Aires et New York, il s'envole avec ses parents à l'âge de douze ans vers la France et réside à Paris. Il suit à l'âge de dix-sept ans des études de philosophie et de cinéma à l'École nationale supérieure Louis-Lumière d'où il sort diplômé deux ans plus tard. Il décide ensuite de continuer ses études en faculté de Philosophie à Tolbiac plutôt que de travailler sur le champ

Longs-métrages:
1998 : Seul contre tous
2002 : Irréversible
2010 : Enter the Void


j'ai pris ça sur le net

Enter The Void


Quelle déception! J'ai trouvé ce film complètement idiot et en partie décevant plastiquement alors que j'en attendais beaucoup.

Imaginez que vous vouliez adapter un passage de la Bible ou un récit mythologique, ou encore comme ici Le livre des morts Tibétain, et que vous le fassiez de manière littérale, ne retenant que l'imagerie la plus naïve sans tenter une seconde le moindre second degré. Cela donne Enter The Void (comprendre: entrer dans le vide mais aussi bien sûr dans la matrice).


Un jeune homme toxicomane, qui vit au Japon, prend une substance hallucinogène et se fait trucider par la police après avoir été dénoncé par un ami (furieux qu'il couche avec sa mère). Au préalable, une autre connaissance, adepte des trips psychédéliques sous acide, lui a raconté la théorie du "Livre des morts tibétain" selon laquelle, à notre mort, notre âme flotte au-dessus des vivants comme un fantôme et cherche à rejoindre la fameuse lumière qui mène vers un autre niveau de conscience à moins qu'elle ne file un mauvais trip avec comme seule échappatoire de choisir un corps pour se réincarner.

Voilà donc notre fantôme repassant dans un premier temps tout le film de sa vie jusqu'à sa mort récente (et ça dure!). On y découvre que ses parents sont morts dans un accident de voiture sous ses yeux et ceux terrorisés de sa jeune soeur. Laquelle soeur est venue le rejoindre au Japon et travaille pour un mac dans une boite de strip tease. Puis dans la 2e partie, notre âme voyage d'orifice en orifice ou de flamme en flamme pour découvrir les conséquences de sa mort et bien évidemment chercher le fameux corps où se réincarner. On peut jouer à deviner par où elle va passer mais on peut aussi trouver le temps long...

Le problème est que tout sonne faux, les acteurs jouent mal, l'histoire est un peu ridicule, les situations artificielles et surtout les dialogues insipides disent tout ce qu'on préfèrerait ressentir ou imaginer. Aucun mystère. Tout est explicité et après le mode d'emploi on a l'illustration...

Illustration plutôt bluffante au début et à quelques moments du film mais par ailleurs terriblement redondante et pas si nouvelle qu'on nous le suggère. Il abuse des plans à la Louma qui survole chaque action en des mouvements sinueux (il avait déjà fait ça dans Irréversible), il filme la nuque du jeune toxico comme les ados de Gus Van Sant pour créer une déréalisation de qui est montré, et il expérimente comme Philippe Grandrieux le fait depuis longtemps (la scène où la petite fille hurle dans la voiture avec le son déformé est impressionnante mais rappelle ce que faisait Grandrieux dans "Sombre"). Le résultat est sympa, parfois psychédélique et le final est beau dans ce "Love Hôtel" fluorescent mais ça ne tient pas vraiment la distance.

Et puis il y a ce final que je raconte et que vous pouvez zapper si vous voulez quand même voir ce film... Après s'être délecté de cet univers assez sordide, il débarque avec une morale incroyable qui consiste à montrer que la drogue c'est mal, que le sexe tarifé et sans amour ne conduit pas au bonheur... Ouah Révolutionnaire! Et donc, que fait notre petite âme en goguette, elle se retrouve dans ce "Love Hôtel" fluo mais assez glauque, elle cherche un corps où se réincarner, elle ressort, elle réfléchit, puis redescend et est appelée par une voix qui lui dira "Entre en moi" (Enter the Void!!!), et elle tombe sur un bon gentil petit couple qui s'aime vraiment et fait l'amour comme au premier jour de l'humanité et hop! elle rentre dans le vagin, direct vers l'ovule qui va être fécondé par un vaillant petit spermatozoïde, avant de se réincarner dans un beau bébé qui pousse un cri de libération. Franchement... je trouve ça débile!

Il me tentait aussi ce film, mais après quelques critiques j'ai trouvé qu'il dégageait une bonne odeur de navet. Et la tienne confirme bien.
La fin est en dessous en tout en effet.

Nezumi a écrit:

Il me tentait aussi ce film, mais après quelques critiques j'ai trouvé qu'il dégageait une bonne odeur de navet. Et la tienne confirme bien.
La fin est en dessous en tout en effet.

Ah oui c'est le plus trip du film quand même
Le problème c'est que même en voulant se laisser flotter dans ces visions hallucinogènes (il y a quand même des images stupéfiantes, c'est le cas de le dire) on s'ennuie ferme. En tout cas je me suis pas mal ennuyé. Dommage.

Marko a écrit:

Nezumi a écrit:

Il me tentait aussi ce film, mais après quelques critiques j'ai trouvé qu'il dégageait une bonne odeur de navet. Et la tienne confirme bien.
La fin est en dessous en tout en effet.

Ah oui c'est le plus trip du film quand même
Le problème c'est que même en voulant se laisser flotter dans ces visions hallucinogènes (il y a quand même des images stupéfiantes, c'est le cas de le dire) on s'ennuie ferme. En tout cas je me suis pas mal ennuyé. Dommage.

Et autour de toi ? Des départs avant la fin du film ?

traversay a écrit:

Et autour de toi ? Des départs avant la fin du film ?

5 dans la salle. 1 jeune couple et 2 types dont un qui ricanait par moment. On est tous restés jusqu'au bout. J'ai bien aimé le trip hallucinatoire du début mais il abuse des effets numériques:


Ensuite on passe son temps à traverser les murs, à survoler la ville, à regarder les autres dans une ambiance cotonneuse. C'est vite lassant même si c'est esthétiquement très maîtrisé. J'attendais encore plus expérimental et finalement c'est très proche de ce qu'il faisait dans Irréversible. ça se regarde quand même mais l'histoire est vraiment simpliste. La bande son est pas mal.

Toujours à propos d'Enter The Void... Je viens de lire la critique du "Monde" que je partage entièrement: Le Monde: Enter The Void

Marko a écrit:

Enter The Void

Quelle déception! J'ai trouvé ce film complètement idiot et en partie décevant plastiquement alors que j'en attendais beaucoup.

Eh bien moi, je m'attendais au pire et j'ai été totalement bluffé. Pas par le scénario, quoique la morale que tu en retires, Marko, n'est pas nécessairement celle que je mettrai en avant. Pourquoi ne serait-elle pas uniquement celle du personnage principal et pourquoi vouloir l'attribuer absolument au metteur en scène. De toute manière, Noé fait de bout en bout de la provocation et on est plus près de l'apologie de la défonce que de sa dénonciation. Pour moi, c'est la vision subjective du garçon dans les limbes, qui est resté d'une certaine façon le petit garçon traumatisé par la mort de ses parents, qui compte. La plupart du temps ce qui m'intéresse au cinéma c'est la conjonction entre la forme et le fond. Ici, à vrai dire, ça ne m'intéresse pas du tout. J'ai été subjugué par la façon de filmer, l'utilisation de la lumière et surtout le travail époustouflant sur le son (tous ceux qui ont fait un peu de cinéma, même amateur, ne peuvent pas ne pas y être sensible). Je ne dis pas que tout est parfait à l'image mais tourner 3/4 d'un film en plongée, sans donner la nausée, j'appelle ça un exploit. Bon, pour moi, c'était un trip psychédélique, une expérience hallucinatoire où le sensoriel a littéralement effacé l'intellectuel. Je n'avais pratiquement lu que des avis contre, je suis plutôt content finalement d'avoir un film que je pourrais aimer, seul contre le reste du monde, ou presque (je précise que j'avais trouvé Irréversible plutôt douteux, glauque et prétentieux). Là, je ne regrette pas d'être monté sur l'arche de Noé, on ne sera pas nombreux à y être.

PS : un détail important.

Spoiler:

C'est un trip hallucinatoire qui fascine pendant 1 heure mais 2h30 à faire tout le temps ma même chose ça lasse je trouve. Surtout pour raconter un truc aussi idiot. Retourner au ventre de la mère pour fuir la violence du monde et se libérer d'un trauma c'est un peu léger comme projet.

Marko a écrit:

C'est un trip hallucinatoire qui fascine pendant 1 heure mais 2h30 à faire tout le temps ma même chose ça lasse je trouve. Surtout pour raconter un truc aussi idiot. Retourner au ventre de la mère pour fuir la violence du monde et se libérer d'un trauma c'est un peu léger comme projet.

Ca dépend de la qualité du trip ! Le fait d'être fiévreux m'a sûrement aidé à planer. Du coup, je ne suis plus malade !
Et il s'agit bien de sa soeur avec son meilleur copain (celui dont elle ne voulait pas). Quitte à pousser le bouchon, autant que ce soit jusqu'au bout (si j'ose dire).

traversay a écrit:

De toute manière, Noé fait de bout en bout de la provocation et on est plus près de l'apologie de la défonce que de sa dénonciation.

ça je veux bien te le concéder... Il a voulu faire joujou pour nous faire vivre une dépersonnalisation hallucinatoire ok.

traversay a écrit:

Ca dépend de la qualité du trip ! Le fait d'être fiévreux m'a sûrement aidé à planer. Du coup, je ne suis plus malade !
Et il s'agit bien de sa soeur avec son meilleur copain (celui dont elle ne voulait pas). Quitte à pousser le bouchon, autant que ce soit jusqu'au bout (si j'ose dire).

Tu veux dire qu'il a voulu montrer le trip un peu idiot d'un type qui n'a pas beaucoup d'imagination? Un peu dommage. En tout cas c'est plus beau qu' Altered States de Ken Russel.

Alors je résume, pour voir si j'ai compris:

Citation :

Et donc, que fait notre petite âme en goguette, elle se retrouve dans ce "Love Hôtel" fluo mais assez glauque, elle cherche un corps où se réincarner, elle ressort, elle réfléchit, puis redescend et est appelée par une voix qui lui dira "Entre en moi" (Enter the Void!!!), et elle tombe sur un bon gentil petit couple qui s'aime vraiment et fait l'amour comme au premier jour de l'humanité et hop! elle rentre dans le vagin, direct vers l'ovule qui va être fécondé par un vaillant petit spermatozoïde, avant de se réincarner dans un beau bébé qui pousse un cri de libération

Marko
Mais pas n'importe quel vagin.

Citation :

de sa soeur

Traversay
Qui faisait donc l'amour

Citation :

avec son meilleur copain (celui dont elle ne voulait pas)

Allons bon. En tout cas, j'aime bien quand vous nous racontez les films à deux. Et cette scène semble avoir guéri Traversay, c'est l'essentiel, finalement

Marie a écrit:

Allons bon. En tout cas, j'aime bien quand vous nous racontez les films à deux. Et cette scène semble avoir guéri Traversay, c'est l'essentiel, finalement

En résumé il a quand même réussi à nous faire le coup de l'inceste de manière un peu plus indirecte par le biais d'un trip sous LSD! Sacré Gaspar

Pour moi Gaspard Noé est un réalisateur qui au delà de son coté subversif, nous met en face des yeux ce sur quoi nous détournons le regard habituellement.Le film seul contre tous est un bijoux, dérangeant certes mais profond et qui suscite beaucoup de questionnement.