Gregg Araki

Gregg Araki
(17.12.1959, Los Angeles)
Réalisateur, scénariste, monteur, producteur, directeur de la photographie (en gros : il fait presque tout sur ses films!).

Américain d'origine asiatique, ces films tournent autour de la jeunesse, de l'identité, du sexe, du trash, de la violence, de la drogue, de l'alcool.
Il est souvent catalogué dans les films gay ou transgenre parce qu'il hésite pas à mêler tous les codes sexuels dans ses films, et à les mettre tous en images. Du coup, forcément y'a de l'ambivalence, des gays, des queers, des sado-maso, des hétéro, des trans... etc...

Citation :

Filmographie/Index (Cliquez sur les chiffres pour accéder directement aux pages)

Cinéma
1987 : Three Bewildered People in the Night
1989 : The Long Weekend (O'Despair)
1992 : The Living End
1993 : Totally F***ed Up Page 1
1995 : The Doom Generation Page 1
1997 : Nowhere Page 1
1999 : Splendeur (Splendor)
2004 : Mysterious Skin Pages 1, 2
2007 : Smiley Face Page 1
2010 : Kaboom Pages 1, 2
2013 : White Bird in a Blizzard
Télévision
2000 : This Is How the World Ends

Citation :

Arrêté à la page 2 le 1/02/2013

Le vendredi 26 septembre 2008 :

Mordicus a écrit:

Nowhere



Dvd de hier soir.

Un film comme j'aime : des jeunes paumés, du sexe à ne plus savoir qui foutre, de la musique de NIN et de Portishead et de Sonic Youth. Que des têtes connues de films de séries B. (Shannon Doherty dans son presque propre rôle tiens).
Desespoir et Absurdité avec une pincée de romantisme et un fracassage de gueule à coup de conserve soupe Campbell et un extra terrestre.

C'était extra.

La trilogie Génération perdue :

Totally F***ed Up

Traiter sous forme de docu-fiction, on suit un groupe d'ado dans la ville. La peur du sida est très présente, la drogue, les problèmes de relation, pour se trouver une place dans le monde.

Le traitement est un chouia redondant et maladroit, mais on sent tout le sombre, le désespéré et en même temps l'espoir et la rage de vivre.



The Doom Generation

Jordan et Amy rencontrent Xavier, un mec étrange, magnétique, bestial. Il va les entraîner derrière lui dans une sorte de road-movie macabre, psychédélique, sexuel, et intense. Jordan, le pur et l'innocent tout plein d'amour et de tendresse et Amy, un peu délurée, assoiffée d'expérience et au passé un peu mystérieux (surgissement du passé dont on ne sait si c'est la réalité ou un "rêve").

Un film intense, hyper bien réalisé, avec des décors incroyables, très "pop culture", un peu lynchiens aussi. Des décors qui font sens, qui alourdissent bien l'ambiance, qui sont parsemés de détails.

La musique est évidemment excellente.



Nowhere



Dès la première séquence du film le ton est donné : un jeune homme se douche tout en se caressant le torse sous une musique lancinante. Une image qui rappelle les scènes " sexy " des soap opera. Puis on dérive dans l'esprit du jeune, ses fantasmes… de plus en plus " déviants "… une scène de plus en plus érotique qui manque de virer au porno lorsque sa mère vient cogner à la porte et se moque de son fils " éjaculateur ".

Tout le film va se jouer des limites : entre la série pré-adolescente, le film autour de jeunes aux hormones en ébullition et tout le malsain qui peut surgir d'une société de consommation et de strass. Araki a poussé la parodie jusqu'à choisir ses acteurs parmi la crème des comédiens de sitcom américain (Beverly Hills, Alerte à Malibu)

Ce film est franchement déjanté. Aux couleurs complètement survoltées, aux répliques d'une niaiserie désespérée. Tellement ancré dans les extrêmes qu'il en devient hyper réaliste. Entre boulimie/anorexie forcenée, drogues en tout genre, pluralisme sexuel, sadomasochisme… Araki suit un groupe d'adolescents paumés qui cherchent peut-être tout simplement à comprendre la vie, où ils doivent aller, ce qu'ils doivent faire, et qui ils sont. Nowhere est un film à la fois hilarant, délirant et effrayant de vérité.

Mysterious skin


Brian a 8 ans lorsqu’il se réveille dans la cave de ses parents, ne se souvenant absolument pas ce qu’il s’est passé pendant les cinq heures précédentes. A partir de ce jour, sa vie change complètement : il fait des cauchemars, s’évanouit et saigne du nez. Peu à peu il commence à croire que ce sont des extra-terrestres qui l’ont enlevé.
Dans ses rêves il y a un autre garçon de son équipe de base-ball : il décide de le retrouver, persuadé que celui-ci détient les clefs du mystère.

Gregg Araki mène la narration de cette histoire avec fluidité, alternant les plans fantasmagoriques et les plans d'une dure réalité, la lenteur et les évènements s'enchaînant par saccades. Il met en parallèle l'histoire des deux protagonistes (l'un devenu prostitué aventureux et l'autre surdoué solitaire).

Les acteurs sont d'ailleurs extrêmement doués et parfaitement dirigés. Alors que ce film parle de sujets pesants (pédophilie, prostitution, solitude...) Araki ne donne pas dans le sentimentalisme mais dans la douceur, son « discours » sur la pédophilie est à part de ce que l'on peut voir habituellement, loin du pathos et du lourd sans pour autant être insensible et léger.

Il y a des passages tellement intenses qu'on ne peut les oublier, maniés par le génie d'Araki, le travail sur la photo magnifique. Gregg Araki prouve une nouvelle fois qu'il est un très bon réalisateur de cinéma indépendant américain... malheureusement, s'il s'exporte jusqu'en France parfois, ses films sont encore trop peu distribués...

Smiley Face


La journée de Jane, comédienne qui vit en colocation avec un geek qui va aux conventions Star Wars, qui court les castings foireux, qui a du mal à finir ses fins de mois. Une journée où elle a plein de trucs à faire, mais malencontreusement elle va se gaver de space cupcake et ... la journée va être complètement azimutée.


Film ultra délirant de n'importe quoi, avec une Anna Faris à se rouler parterre de rire. Dans la veine des films américains complètement débiles où la situation la plus banale devient un délirant problème, où des rencontres improbables font virer le personnage à la paranoïa la plus ridicule.

Réalisation impecc' et rythme nickel. Rien à dire, quand j'ai une envie de me marrer, je met Anna et youplalala.

Des bouts d'itv :

Une idée des musiques, ultra importantes pour aborder mieux l'univers d'Araki :

Citation :

La Bo de Smiley face contient des groupes que j'aime beaucoup et qui étaient déjà présents sur la BO d'autres films ou qui sont dans le même style "alternatif", comme les Chemical Brothers, Ladytron, Scissor Sisters, Clearlake, etc. Mais cette fois, il y a aussi des musiques de styles différents : du rock nostalgique des 70's et 80's, comme Styx, REO Speedwagon, ça collait bien avec ce personnage un peu nerd, interprété par John Krasinski (de The Office). qui est amoureux de Jane F.
La musique a toujours été une source d'inspiration majeure pour moi. Ces derniers temps, j'ai pas mal écouté des groupes comme Interpol, Helen Stellar ou dans les vieux trucs que j'adore, comme les Cocteau Twins, My Bloody Valentine. Mon meilleur ami est mon Ipod !

A propos de Smiley Face :

Citation :

Smiley face tient une place très spéciale dans mon cœur, même si je n'ai pas écrit le scénario. Il fait entièrement partie de mon œuvre. Ça trouve parfaitement sa place par rapport aux autres films, même si au départ, ça semble plus "en surface". Mes films ont toujours été des films sur les marginaux, les outsiders de la société. En particulier, je vois Smiley face et Mysterious skin comme deux œuvres qui vont ensemble, un peu comme le yin et le yang, la clarté et l'obscurité, mon film le plus grave et mon film le plus fun.

Autour de Mysterious skin :

Citation :

Mes films ont toujours parlé des outsiders. Comme les marginaux des groupes de rocks. Il y a aussi cette idée d’aliénation de la société. De génération perdue. Je voulais vraiment que ce film atteigne durement les gens dans leur intimité. Pour moi, la meilleure chose qu’on puisse me dire à propos de ce film, c’est qu’après l’avoir vu on reste pétrifié. Sans pouvoir parler. On reste là, apaisé avec soi-même. Ou alors on décide de prendre un verre, d’aller faire un tour. Ce film reste avec les spectateurs. Ils n’arrivent pas à en décoller parce qu’il a un réel impact sur eux.

Tiens! Je croyais que ce fil existait déjà et qu'on avait échangé autour de Mysterious Skin que j'aime aussi beaucoup.

Greg Araki est avec Gus Van Sant et Larry Clark un des meilleurs cinéastes américains de l'adolescence. Il a créé un univers pop, trash, barré, bariolé et parodique, qui peut déraper dans la violence sordide (The Doom generation), l'humour sitcom (Nowhere) ou tendre du côté d'une forme de poésie triste plus maîtrisée avec Mysterious Skin qui traite magnifiquement d'un sujet scabreux. C'est iconoclaste et foutraque, excessif et joyeusement de mauvais goût. La série Skins lorgne un peu de ce côté par moments en plus soft ... (et hop je la case encore celle-là ).

Vivement le prochain... Smiley Face ne m'a pas vraiment convaincu par contre. Trop dans le grand n'importe quoi d'une gamine sous acides. Un trip expérimental qui m'a vite lassé.

Marko a écrit:

Tiens! Je croyais que ce fil existait déjà et qu'on avait échangé autour de Mysterious Skin que j'aime aussi beaucoup.
[...]

Ça devait être sur le fil du roman !

Queenie a écrit:

Marko a écrit:

Tiens! Je croyais que ce fil existait déjà et qu'on avait échangé autour de Mysterious Skin que j'aime aussi beaucoup.
[...]

Ça devait être sur le fil du roman !

Bingo!

Je revois la scène finale de "Mysterious Skin" et elle me donne toujours le frisson quand il termine par cette réplique:

And as we sat there listening to the carolers, I wanted to tell Brian it was over now and everything would be okay. But that was a lie, plus, I couldn't speak anyway. I wish there was some way for us to go back and undo the past. But there wasn't. There was nothing we could do. So I just stayed silent and trying to telepathically communicate how sorry I was about what had happened. And I thought of all the grief and sadness and fucked up suffering in the world, and it made me want to escape. I wished with all my heart that we could just leave this world behind. Rise like two angels in the night and magically... disappear.



https://www.youtube.com/watch?v=0HDxHumpCu0

Kaboom à Cannes.

Des vidéos qui donnent Envie !

clip #1

clip #2

clip #3

Queenie a écrit:

Kaboom à Cannes.
Des vidéos qui donnent Envie !

Il va falloir être patient!

Alors Alors Queenie? Raconte Kaboom!

Je me réveille, je le digère un peu, et je viens en parler.

Mais en gros, pour faire très large : J'Adore !
Et Araki est trop meugnon, tout piti, timide, et plein de simplicité. Et son acteur était trop content d'être là, tout admiratif devant son "maître".

Kaboom


Queer Palm à Cannes (première année que cette palme existe, je me demande quel avenir elle va avoir...)

La fac. Smith fait un rêve récurrent étrange. Puis, il se met à croiser les deux-trois personnes qui squattent ce rêve. Et il assiste à une scène troublante d'agression : une fille de son rêve est attaquée par des hommes avec des masques d'animaux. Le lendemain il pense presque à un mauvais trip... seulement la fille existe réellement, et a réellement disparu.
Il essaye de démêler cette histoire étrange, tout en vivant son quotidien d'étudiant un peu paumé : il fantasme sur son copain de chambrée, il couche avec une fille de temps en temps qui refuse toute autre forme d'engagement, il soutient sa meilleure amie embarquée dans une histoire étouffante avec une sorcière (sisi une vraie!)...


Kaboom est juste ExCelLent !

On retrouve un peu l'Araki d'antan, avec ses films fourre tout sur des jeunes qui veulent tout tout de suite, qui brûlent leur temps et leur énergie à essayer de se connaître mieux, et à combler leur solitude.
A ça se rajoute une partie enquête-fantastique un peu délirante, un chouia angoissante (les morceaux avec les gars masqués animal sont vraiment flippants parfois).
Araki joue une nouvelle fois avec les codes des séries tv : on retrouve l'ambiance de Buffy, d'X.Files, légèrement parodié tout en étant sincère.
Et pour le côté soap, l'enquête et les personnages zarbi, les parties rêves et le mélange avec le réel, on reconnaîtra sans peine l'influence Lynchienne.

J'adore toujours autant ses décors tranchants, ses gros plans sur la bouffe gluante, colorée, dégueux et "appétissante" (comme un hamburger en plus funky quoi).
C'est plein de personnages caricaturaux qui s'échappent de leurs codes pour prendre un peu plus d'épaisseur au fur et à mesure du film.
Ça ressemble aussi à une tragédie grecque.
C'est loufoque, absurde.
Les acteurs ont de la gueule (et on retrouve James Duval, ça fait plaisir à mon TiCœur de Fan).

La musique est, comme d'habitude, parfaite.

Bon, et puis le petit fond psychologique sur le passage à l'âge adulte, l'affranchissement des carcans familiaux et sociaux, des tabous.

Chez Araki, les personnages n'ont pas spécialement de mal à avaler la pilule, non, ils l'avalent d'un coup sec, en faisant un peu la grimace parfois, quand c'est trop dégueux, et puis ils en découvrent les conséquences. Bonnes ou mauvaises, ils farfouillent dedans histoire de s'y trouver une place à eux.

Vous l'aurez compris : je ne jette rien dans ce film, je suis totalement subjective, et de toute façon je suis folle de Gregg Araki, j'ai envie de lui faire des poutoux, il est trop chouchou gentil et foufou dans ses films. C'est mon maître.

Typique situation série tv :


Ils sont beaux, ils sont jeunes, ils partagent "tout".



Le colocataire. Smith décortiquera ses comportements pour trouver les preuves de sa homosexualité refoulée (qui n'a jamais fait ça !). Notamment : monsieur se mate un chouia trop longtemps dans le miroir !


(Bouh, c'est pourri, y'a quasi pas d'images...)