Joachim Lafosse

Joachim Lafosse est un cinéaste, scénariste, dramaturge et metteur en scène de théâtre belge né à Uccle le 18 janvier 1975.

Citation :

Sorti diplômé de l'Institut des arts de diffusion en 2001, Joachim Lafosse fait déjà parler de lui en remportant la même année le Prix du Meilleur court métrage au Festival de Namur pour son film de fin d'études, Tribu. Sa carrière de cinéaste lancée, il réalise en 2004 son premier long, Folie privée, l'histoire d'une séparation conjugale douloureuse, et signe pour enoît Mariage le scénario de L'Autre. L'année suivante, il participe à l'Atelier u Festival de Cannes, avec Révolte intime, un projet qui restera nabouti, puis se consacre à la mise en scène de deux films qui sortiront en rance en 2007 : Ca rend heureux, où Joachim Lafosse retrouve son acteur étiche Kris Cuppens, et Nue Propriété, un drame familial présenté à la Mostra de Venise 2006 et interprété par les frères Renier et Isabelle Huppert. En 2008, c'est un autre de ses compatriotes, Jonathan Zaccaï, que le cinéaste belge dirige pour le troublant Elève libre, remarqué à la Quinzaine des Réalisateurs.

Citation :

Filmographie/Index (Cliquez sur les chiffres pour accéder directement aux pages)

2000 : Égoïste Nature (court métrage)
2001 : Tribu (court métrage, 23')
2001 : Scarface (documentaire)
2004 : Folie Privée
2006 : Ça rend heureux
2006 : Nue Propriété Page 1
2008 : Élève libre Page 1
2012 : À perdre la raison Page 1, 2, 3

Citation :

mise à jour le 16/03/2013 à la page 3

Un film réalisé par Joachim Lafosse
Avec Isabelle Huppert, Jérémie Renier, Yannick Renier

Résumé allociné!
Quand leur mère décide de vendre la maison familiale, Thierry et François réalisent qu'ils vont devoir vivre leur vie d'adulte. Leur relation fusionnelle va alors se transformer en guerre fratricide sous les yeux impuissants de leur mère.

Pas terrible, ce résumé, même si c'est bien l'histoire. Une histoire vécue, pas comme elle est racontée dans le film, mais imaginée à partir de faits réels par le réalisateur. Celui ci, et son frère, se se sont donc retrouvés un jour en position de contrecarrer la vente d'une maison , mais surtout et par ce biais, d'empêcher leur mère de toucher une somme d'argent pouvant lui permettre un nouveau départ..ce qui créait de nouvelles relations de pouvoir.

Au début du film, il est écrit " A nos limites...", et c'est effectivement un film qui traite des limites dans un cadre familial., dans un lieu ( ici, une propriété que l'on ne voit qu'à la fin pour mieux enfermer les personnages en vase clos,et pour évoquer le paradis de l'enfance définitivement perdu), et aussi dans la pratique cinématographique , avec les différents cadrages ( c'est très bien expliqué par Joachim Lafosse dans le bonus).La forme et le fond.
Dans cette famille, il n'y a plus personne pour donner les limites, même identitaires. Les fils sont jumeaux, mais un tiendrait plus du père,ce qui lui est reproché par sa mère, l'autre de la mère, la mère est une p... pour un de ses fils , elle leur reproche son manque de liberté , bref le passage à l'acte semble obligatoire et inéluctable.
C'est un film bien fait car la question n'est pas posée en problème de responsabilité des uns ou des autres,ils en ont tous, comme dans toute famille, mais plutôt en reflexion sur ce qui leur manque pour sortir de l'impasse. C'est une réflexion sur les liens et leurs limites.
Isabelle Huppert est toujours excellente dans ce genre de rôle , les frères Renier aussi.
Cinéaste à suivre!

Je voulais le voir à sa sortie et je l'avais raté... si tu le proposes en cerclage, je ne serais pas contre..

J'ai vu il y a un an...Je garde le souvenir d'un (presque) huit clos explosif ...et je revois surtout la performance d'actrice une fois de plus d'Isabelle Huppert mais aussi des frères Rénier...

J'en ai marre d'avoir aussi peu de mémoire...
Tout ce que je lis...tout ce que je vois...tout ce que j'oublie!...
Heureusement que je fais souvent mes commentaires à chaud (après lecture ou film)...Un an plus tard, il m'est impossible d'écrire quelque chose de consistant...Et pourtant j'ai vraiment aimé ce film!...

Citation :

si tu le proposes en cerclage, je ne serais pas contre..

c'est parti!

Et moi je veux bien m'inscrire après Queenie, Marie!
Je l'avais aussi raté à sa sortie

(Je vais le ramener à Nantes et te le passerais Aériale)


Un film avec tout ce que j'aime dedans : une famille qui s'auto-détruit à petit feu, enfermée dans des relations étouffantes et au bord de la déchirure. Des secrets qu'on garde parce que c'est le dernier espace de liberté qui nous reste.

Les longs plans séquences, caméra au loin, nous laisse prendre la mesure des scènes et de l'étouffement qui s'en dégagent. On assiste à des combats silencieux, à des repas interminables où tout semble sur le point d'exploser. Cette caméra éloignée n'apporte pas une bouffée d'oxygène mais montre l'état de huis clos, de limites que s'imposent les personnages.

Et puis la mère commence à sortir, à vouloir s'échapper.

Des luttes émergent, des mots irrévocables sont prononcés, et des identités individuelles surgissent (surtout pour les jumeaux, qui semblent très très proches au début et qui à la fin sont extrêmement mal à l'aise lorsqu'une amie leur affirme plus qu'elle ne leur demande que des jumeaux sont forcément très proches)

C'est vraiment une belle maîtrise de la réalisation : juste en équilibre, laissant du champ aux comédiens tout en les maintenant dans un cadre qui leur impose des limites créatrices.
Jamais à sombrer dans le trop violent, le trop pathos.

Isabelle Huppert est eXtra... mais je ne suis pas du tout objective, je l'adore.

Ah,ravie de savoir que tu as aimé!
Et vous les cinéphiles confirmés, il n'y a pas un autre film de ce cinéaste- sorti ou qui doit sortir?

Marie a écrit:

Ah,ravie de savoir que tu as aimé!
Et vous les cinéphiles confirmés, il n'y a pas un autre film de ce cinéaste- sorti ou qui doit sortir?

si, mais je n'en ai ne les ai pas vus ni n'en ai entendus parlé :
ça rend heureux, sorti en juin 2007
Elève Libre, qui devrait sortir début 2009

Queenie a écrit:

(Je vais le ramener à Nantes et te le passerais Aériale)
...
Isabelle Huppert est eXtra... mais je ne suis pas du tout objective, je l'adore.

Pour la Huppert, ça va être plus dur car je la supporte mal.
mais ton com' est alléchant.
Alors merci pour la passation Queenie, je le veux bien toujours

aériale a écrit:

Queenie a écrit:

(Je vais le ramener à Nantes et te le passerais Aériale)
...
Isabelle Huppert est eXtra... mais je ne suis pas du tout objective, je l'adore.

Pour la Huppert, ça va être plus dur car je la supporte mal.
mais ton com' est alléchant.
Alors merci pour la passation Queenie, je le veux bien toujours

Alors alors alors ?

Queenie a écrit:

Alors alors alors ?

Alors...Ca scotche!

Je ne savais pas que Nue propriété était tiré d'une histoire réelle, mais on pourrait la croire vivre devant nous comme dans un reality show (en beaucoup mieux) tant l'effet est stupéfiant!

Au début leur petit trio marche comme sur des roulettes; la mère prend son bain avec l'un pendant que le dernier se brosse les dents. On se taquine, on se charrie, Huppert déambule avec la nouvelle lingerie fine sans que personne ne s'en émeuve. Un univers très libre où les vagues contours de l'inceste ne sont même pas d'actualité. Un équilibre que l'on sent fragile mais qui fonctionne un temps et à merveille.

Et puis ça se gâte bien sûr, comme dans la vie: à cause de l'argent ou du moins de l'indépendance qu'elle amène. Et là, on est pris comme eux par l'atmosphère électrique qui grossit peu à peu. Des temps morts, des images fixes, le silence s'installe.
Quand cela éclate ca part très fort et très loin. Epatée j'étais, face à cette violence qui fait dire à Jérémie Rénier des horreurs à sa mère qui ne réagit d'ailleurs pas toujours comme elle devrait parce qu'elle est déjà ailleurs, indifférente, figée.

C'est juste, impressionnant de réalisme et ça glace le sang. Isabelle Huppert que je retrouve ici touchante et si humaine c'est vrai, m'a charmée. Ca fait bien la deuxième fois en peu de temps (depuis Home) et je dois revenir sur mes impressions antérieurs (je l'ai détestée dans certains films) Les frères Rénier quant à eux, sont parfaits. Une mention spéciale quand-même à Jeremie!

Bref, un bon moment de cinéma dont on garde certaines scènes en mémoire et un film découvert encore grâce au cerclage! -merci Marie -
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Cool !

NUE PROPRIETE

J’aime beaucoup ce film du jeune réalisateur belge Joachim Lafosse que je viens de revoir grâce au cerclage.

Filmé en longs plans séquences j’admire le travail des acteurs, extrêmement justes, tous.

La mère (Isabelle Huppert) qui a élevé seule ses deux fils devenus de jeunes adultes semble forte et fragile.
Tout le monde s’aime dans cette famille mais l’on ne se ménage guère.
Et la maison magnifique est le lieu où depuis toujours la famille vit, le lieu de tous les échanges, tendres, drôles souvent, mais aussi le lieu de terribles silences ou encore le lieu où l’on se déchire.
La situation va devenir explosive lorsque la mère, pour qui la propriété est une lourde charge, veut s’en séparer et donner une nouvelle orientation affective et professionnelle à sa vie.

Les jumeaux sont interprétés par les frères Renier (parfaits) : Jérémie, le blond, déjà très connu au cinéma et Yannick, le brun, qui fait plutôt carrière au théâtre.

Elève libre



Jonas va encore raté son année, ses profs refusent de le faire redoubler, veulent l'envoyer en technique "chez les ratés" comme il dit. Il le prend avec colère, ne veut pas.
Pierre, un ami de sa mère, va l'aider, lui donner des cours de maths, de chimie... et de sexualité...
Entre eux va s'installer une relation ambiguë.



ça rappelle bien évidemment les philosophes grecs qui s'occupaient de l'éducation de jeunes éphèbes en contre partie de plaisirs de chair.

C'est vraiment bien traité. ça vient doucement, tranquillement, vers ce qu'on sait qu'il va arriver dès le départ.

Les adultes qui jouent avec l'adolescent sans se rendre compte (sans vouloir se rendre compte) du mal qu'ils peuvent faire. Pierre finit par complètement isoler Jonas des autres.
Leur relation n'est pas pointée du doigt comme une horreur. On sent de la douleur aussi chez Pierre, mais, à la fin, lorsqu'il fait éclater toute sa mauvaise foi, franchement j'ai eu du mal à le "comprendre".

Un jeu de manipulation, d'opportunisme.

C'est difficile de savoir si j'ai vraiment aimé ce film, en tout cas, le traitement est parfait : il reste juste à la limite, ne sombre ni dans le trop glauque, le trop malsain, ou le trop permissif et libéré. Il est entre tout ça, et nous montre plutôt les implications psychologiques que morales qu'engendrent une telle relation.

Il manque quand même des trucs sur lesquels je n'arrive pas encore à poser des mots.

A perdre la raison

Citation :

Murielle et Mounir s’aiment passionnément. Depuis son enfance, le jeune homme vit chez le Docteur Pinget, qui lui assure une vie matérielle aisée. Quand Mounir et Murielle décident de se marier et d’avoir des enfants, la dépendance du couple envers le médecin devient excessive. Murielle se retrouve alors enfermée dans un climat affectif irrespirable, ce qui mène insidieusement la famille vers une issue tragique.

Inspiré d'un fait divers qui a choqué la Belgique, A perdre la raison confirme tout le bien que l'on pensait de Joachim Lafosse. On connait l'issue du drame, tout le talent du réalisateur réside dans le récit des événements ou, plus exactement, des fêlures psychologiques qui ont conduit une jeune mère de 4 enfants à commettre l'irréparable. Sous le même toit que son mari et que le père adoptif de ce dernier dont le couple est de plus en plus dépendant, cette femme va étouffer au fil du temps et disjoncter (la scène dans le voiture où elle craque en écoutant Femmes je vous aime est bouleversante). La maîtrise de Lafosse dans cet exercice très complexe qu'est la reconstitution de faits réels, en faisant comprendre comment il est possible d'arriver à de telles extrémités, est confondante. Le montage, avec des ellipses temporelles toujours pertinentes, le thème musical, lancinant, la direction des acteurs, y compris des enfants, tout contribue à faire du film une expérience suffocante, à la manière des meilleurs Ozon. Aux côtés de Arestrup et de Rahim, très bons, Emilie Dequenne livre une prestation ébouriffante digne d'une Sandrine Bonnaire. Filmé par Haneke, A perdre la raison aurait été un constat glacial. Le cinéaste belge, toujours sur le fil du rasoir et la crête des sentiments, choisit l'épure et une certaine compassion. Il a bien fait.