Voiture de luxeRéalisé par Wang ChaoPrix de la section Un Certain regard au Festival de Cannes.
C'est l’histoire tourmentée d’une famille divisée entre la ville et la campagne.
Un instituteur, Li Qi Ming, envoyé de force à la campagne pour actes antirévolutionnaires il y a quarante ans est proche de la retraite. Il revient dans la ville de Wuhan, où il a été étudiant. Sa femme est gravement malade et elle veut revoir son fils. Li Qi Ming vient à la ville à la recherche de ce fils dont il n'a plus de nouvelles. Ce dernier est parti après avoir reçu une gifle du père. Le noble instituteur, au regard grave et pur, rêve de recomposer sa famille.
C’est Yanhong qui l’accueille, sa fille. Elle a elle-même tout fait pour retrouver son frère. La vie est difficile à la ville et Yanhong tente tant bien que mal de cacher à son père la réalité de sa situation. Elle est entraîneuse dans un grand bar-karaoké et maîtresse du patron. Li entrevoit sa détresse, pressent un drame mais garde l’espoir et retient ses larmes.
Au cours de ses recherches, il se lie d'amitié avec le policier qui l’accompagne .Lors d’un repas, ce dernier reconnaît dans l’ami de Yanhong l'homme qu'il a arrêté dix ans plus tôt...
Voiture de luxe est le dernier volet de la trilogie de
Wang Chao sur la Chine, composée de
L’Orphelin d’Anyang (2001) et de
Jour et nuit (2004).
"Voiture de luxe s'inscrit dans la continuité des réflexions et des critiques déjà exprimées dans mes deux premiers films, sur la réalité et les allégories historiques et politiques de la Chine contemporaine. Dans la Chine actuelle, l'écart entre riches et pauvres, la distance qui sépare le peuple du bonheur, les contradictions entre le système social hérité du passé et le poids du présent sont autant de problèmes dont moi-même, partie intégrante du peuple, je ressens le poids et l'intensité. C'est ce qui m'a décidé à tourner ce film."( Wang Chao)
"Mon style de vie précaire, l'irruption de grandes mégalopoles, ma relation distendue avec mes parents, m'ont fait penser à tous ces jeunes disparus, aux parents qui avaient perdu leurs enfants et j'ai décidé de tourner Voiture de luxe (...) Je dédie ce film de tout mon coeur à tous les parents chinois qui ont perdu un enfant et aux fantômes des jeunes disparus. Je le dédie surtout à mon père et à ma mère."
"Je m'associe au courant du "réalisme chinois" et je suis persuadé que tout réalisateur chinois a la responsabilité d'endosser et de faire face à la réalité de la Chine actuelle. Cependant, en tant que réalisateur et romancier, je ne suis pas complètement satisfait par les seules observations et mises en question du réel. Dans ma trilogie, et surtout dans son deuxième volet, Jour et nuit, j'aborde d'un point de vue oriental le côté obscur de la nature humaine et la condition absurde de l'homme. Dans L'Orphelin d'Anyang et Voiture de luxe, j'ai davantage insisté sur le poids de la misère humaine et sur l'existence éventuelle de la rédemption et de l'espoir. Il est très difficile de faire ce genre de films en Chine, le cinéma chinois se focalise sur les grandes comédies populaires. Et je ne suis pas optimiste pour le développement du cinéma chinois, mais je ne perdrai jamais confiance et continuerai mon travail."
C’est du beau cinéma, magnifiquement filmé, éclairé, coloré.
Son film est bouleversant d’humanité.
Les rapports entre le père et la fille sont basés sur une immense tendresse et gachés par les non-dits, les remords. Le père se sent coupable de la gifle donnée au fils. La fille a honte de sa vie humiliante. Le jeu est sobre. Elle n’arrête pas de dire papa, elle n’arrête pas de faire silence aussi…Chacun regarde l’autre à son insu et les visages, souvent, se tournent dans la même direction pour que les yeux ne se croisent p