Tunisie, carnets d’incertitudeLe format du livre, voisin de celui d’Actes Sud, n’est pas sans rappeler un carnet de voyage.
Le livre débute par l’immolation de ce jeune tunisien, marchand de légumes, déclencheur des évènements. Ce printemps tunisien était porteur de tant d’espoir, où ils ont appris que l’on pouvait dire non. « Maintenant on a le droit de dire non ! ».
Les phrases de Cécile Oumhani sont lancées sur la feuille par un besoin, une nécessité impérative de ne pas oublier, suivre les évènements de ce printemps tunisien 2011. Phrases courtes, voire très courte genre style télégraphique pour certaines. Fontaine des Innocents. Faire ce que l’on peut là où l’on est.
L’urgence est là, il faut écrire la peur, la crainte, l’espoir, l’amour, la beauté. La poésie est omniprésente.
Ses écrits sont comme un remède à l’éloignement de ce pays qui fait partie de ses racines, même si ce n’est pas son pays natal. « Pas celui où je suis née. Mais pourtant indissociable de ce que je suis. »
Cécile Oumhani reprend ses écrits en 2013 après le meurtre de Chokri Belaïd « Ainsi ils ont tué Chokri Belaïd. Agresseurs anonymes. Un tireur embusqué au moment où l’opposant laïque sortait de chez lui. » Le chapitre sur le salafiste remontant la file d’attente résume le nouvel état des lieux. La déception est là, la peur est revenue. Et si tout était à refaire ?
Un livre que je n’ai pas lu d’une seule traite car ces phrases méritent que l’on s’y arrête. Un livre d’urgence plein de mots qui ricochent plein de poésie. Un beau et bon livre.