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| Les garçons et Guillaume, à table ! [Guillaume Gallienne] | |
| | Auteur | Message |
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traversay Flâneur mélancolique
Messages : 10160 Inscription le : 03/06/2009 Age : 66 Localisation : Sous l'aile d'un ange
| Sujet: Re: Les garçons et Guillaume, à table ! [Guillaume Gallienne] Mer 20 Nov 2013 - 19:28 | |
| - Aeriale a écrit:
- Guillaume à table, je l'avais vu au théâtre il y a 3 ans (déjà!) et j'avais adoré. Trop heureuse qu'il ressorte en film.
ICI
Je vous reposte mon com' en spoiler pour ne pas encombrer.
- Spoiler:
Les garçons et Guillaume, à table, c'est la phrase qui résume l'enfance et le piège de Guillaume. Différent parce que plus sensible, attaché à sa mère à qui il veut plaire absolument, réfractaire au sport, préférant mimer l'archiduchesse Sissi enroulé dans sa couette ou enrubanné d'un pull en guise de coiffure, Guillaume est à part. Comme il n'est pas vraiment garçon, on le classe parmi les filles, du moins sa mère qu'il mime à la perfection. Ca plait moins à son père et ses frères se moquent de lui. Il aimerait bien partir avec eux l'été, faire du trekking ou de la marche, mais on lui réserve plutôt Séville, un coin sinistre ("pire que Le Havre") où il apprend à danser la sevillane...comme les filles !
C'est le début d'une longue histoire qui passe par les années de pensionnat en Angleterre, les bizutages et les coups reçus, les cures thermales en Allemagne (avec Mlle Grechten, hilarant) les essais de drague et ceux de casting où il doit jouer un type des cités parce qu'il a mal lu le sujet. On passe de l'éclat de rire à l'émotion en un rien car cet homme qui se dévoile devant nous, seul sur une scène qu'il occupe sans temps morts, est totalement imprévisible. Un peu candide, un peu lunaire, vif et bourré de malice, parfois féroce, il nous capte totalement.
Cachées sous la dérision il y a aussi les blessures, un compte à rendre, surtout avec lui-même. Pas facile de devenir ce qu'on est. Surtout quand on vous enferme d'emblée dans une boite qui convient aux autres, mais qu'on n'a pas pu choisir, par pudeur, respect, tout ce qui constitue l'éducation et dont on doit se défaire. Tout s'apprend, à commencer par la liberté.
Voilà le parcours atypique de cet acteur qui m'a complètement emballée! Sa diction est parfaite (Les années à la comédie française lui ont aussi donné un port altier) mais il prend aussi bien tous les accents (beur, allemand, "chevillan" ou british) Il a quelque chose de Luchini, cette fantaisie débridée qui n'est jamais vulgaire car il y a une vraie finesse dans son jeu. Un spectacle jubilatoire que je vous conseille vivement de voir. J'ai presque envie d'y retourner même..
Les garçons et Guillaume, à table ! de Guillaume Gallienne - Citation :
- Le premier souvenir que j’ai de ma mère c’est quand j’avais quatre ou cinq ans. Elle nous appelle, mes deux frères et moi, pour le dîner en disant : "Les garçons et Guillaume, à table !" et la dernière fois que je lui ai parlé au téléphone, elle raccroche en me disant : "Je t’embrasse ma chérie" ; eh bien disons qu’entre ces deux phrases, il y a quelques malentendus.
En adaptant son spectacle sur grand écran, Guillaume Gallienne courait le risque de la simple transposition au caractère plus théâtral que cinématographique. C’était mal connaître ce singulier animal, qui a su lui donner du relief et de l’ampleur à partir d'un one man show, sous forme de psychanalyse profonde, d'une sincérité de d’une nudité absolues. Son histoire à lui et rien d'autre : garçon élevé comme une fille dans les jupes d’une mère inflexible et cependant vénérée. Dans Les garçons et Guillaume à table, Gallienne ose tout sur le ton de la comédie et c'est d'une incroyable drôlerie dramatique. Complexe œdipien et coming out hétéro sont au menu, entre autres. Une comédie oui, mais avec un fond et des questionnements essentiels sur l'identité. En jouant son propre rôle, mais aussi celui de sa mère, GG met en abyme les abîmes de l’intime. Manier l’impudeur et l’égocentrisme avec un tel doigté est une entreprise périlleuse. En dynamitant l’exercice, avec une virtuosité constante, Guillaume Gallienne réalise un tour de force et un tour de farce prodigieux. Délirant, cruel, et bouleversant. | |
| | | Marko Faune frénéclectique
Messages : 17930 Inscription le : 23/08/2008 Age : 56 Localisation : Lille
| Sujet: Re: Les garçons et Guillaume, à table ! [Guillaume Gallienne] Jeu 21 Nov 2013 - 23:35 | |
| - traversay a écrit:
- Aeriale a écrit:
- Guillaume à table, je l'avais vu au théâtre il y a 3 ans (déjà!) et j'avais adoré. Trop heureuse qu'il ressorte en film.
ICI
Je vous reposte mon com' en spoiler pour ne pas encombrer.
- Spoiler:
Les garçons et Guillaume, à table, c'est la phrase qui résume l'enfance et le piège de Guillaume. Différent parce que plus sensible, attaché à sa mère à qui il veut plaire absolument, réfractaire au sport, préférant mimer l'archiduchesse Sissi enroulé dans sa couette ou enrubanné d'un pull en guise de coiffure, Guillaume est à part. Comme il n'est pas vraiment garçon, on le classe parmi les filles, du moins sa mère qu'il mime à la perfection. Ca plait moins à son père et ses frères se moquent de lui. Il aimerait bien partir avec eux l'été, faire du trekking ou de la marche, mais on lui réserve plutôt Séville, un coin sinistre ("pire que Le Havre") où il apprend à danser la sevillane...comme les filles !
C'est le début d'une longue histoire qui passe par les années de pensionnat en Angleterre, les bizutages et les coups reçus, les cures thermales en Allemagne (avec Mlle Grechten, hilarant) les essais de drague et ceux de casting où il doit jouer un type des cités parce qu'il a mal lu le sujet. On passe de l'éclat de rire à l'émotion en un rien car cet homme qui se dévoile devant nous, seul sur une scène qu'il occupe sans temps morts, est totalement imprévisible. Un peu candide, un peu lunaire, vif et bourré de malice, parfois féroce, il nous capte totalement.
Cachées sous la dérision il y a aussi les blessures, un compte à rendre, surtout avec lui-même. Pas facile de devenir ce qu'on est. Surtout quand on vous enferme d'emblée dans une boite qui convient aux autres, mais qu'on n'a pas pu choisir, par pudeur, respect, tout ce qui constitue l'éducation et dont on doit se défaire. Tout s'apprend, à commencer par la liberté.
Voilà le parcours atypique de cet acteur qui m'a complètement emballée! Sa diction est parfaite (Les années à la comédie française lui ont aussi donné un port altier) mais il prend aussi bien tous les accents (beur, allemand, "chevillan" ou british) Il a quelque chose de Luchini, cette fantaisie débridée qui n'est jamais vulgaire car il y a une vraie finesse dans son jeu. Un spectacle jubilatoire que je vous conseille vivement de voir. J'ai presque envie d'y retourner même..
Les garçons et Guillaume, à table ! de Guillaume Gallienne - Citation :
- Le premier souvenir que j’ai de ma mère c’est quand j’avais quatre ou cinq ans. Elle nous appelle, mes deux frères et moi, pour le dîner en disant : "Les garçons et Guillaume, à table !" et la dernière fois que je lui ai parlé au téléphone, elle raccroche en me disant : "Je t’embrasse ma chérie" ; eh bien disons qu’entre ces deux phrases, il y a quelques malentendus.
En adaptant son spectacle sur grand écran, Guillaume Gallienne courait le risque de la simple transposition au caractère plus théâtral que cinématographique. C’était mal connaître ce singulier animal, qui a su lui donner du relief et de l’ampleur à partir d'un one man show, sous forme de psychanalyse profonde, d'une sincérité de d’une nudité absolues. Son histoire à lui et rien d'autre : garçon élevé comme une fille dans les jupes d’une mère inflexible et cependant vénérée. Dans Les garçons et Guillaume à table, Gallienne ose tout sur le ton de la comédie et c'est d'une incroyable drôlerie dramatique. Complexe œdipien et coming out hétéro sont au menu, entre autres. Une comédie oui, mais avec un fond et des questionnements essentiels sur l'identité. En jouant son propre rôle, mais aussi celui de sa mère, GG met en abyme les abîmes de l’intime. Manier l’impudeur et l’égocentrisme avec un tel doigté est une entreprise périlleuse. En dynamitant l’exercice, avec une virtuosité constante, Guillaume Gallienne réalise un tour de force et un tour de farce prodigieux. Délirant, cruel, et bouleversant.
Même plaisir à la vision de ce film qui est à la fois très drôle et très émouvant. Il y a du Marcel Proust version parodique dans ce portrait d'un hypersensible qui a apprivoisé ses névroses pour assumer ce qu'il est. Guillaume Gallienne est génial et chamboule toutes les idées reçues. J'ai presque regretté que ce ne soit pas sa vraie mère qu'on découvre dans le public de la salle de théâtre. Mais ça serait devenu un peu trop voyeur. | |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Les garçons et Guillaume, à table ! [Guillaume Gallienne] Ven 22 Nov 2013 - 11:14 | |
| Je compte le voir ce we, j'ai hâte |
| | | Avadoro Zen littéraire
Messages : 3501 Inscription le : 03/01/2011 Age : 39 Localisation : Cergy
| Sujet: Re: Les garçons et Guillaume, à table ! [Guillaume Gallienne] Ven 22 Nov 2013 - 23:43 | |
| Les garçons et Guillaume, à table !
Je n'ai pu complètement partager votre enthousiasme, même si l'interprétation de Guillaume Gallienne est remarquable tout comme la qualité d'écriture de cette démarche introspective. Le registre de la comédie est audacieux, brillant par instants mais fragilise l'exploration de l'intime : j'ai eu trop souvent l'impression de me retrouver face à des sketches décousus et à l'intérêt inégal (surtout les séjours à l'étranger). Gallienne retrouve une justesse dans les développements familiaux et chaque face à face avec la figure maternelle touche par sa spontanéité et l'intensité d'une relation fusionnelle. | |
| | | Aeriale Léoparde domestiquée
Messages : 18120 Inscription le : 01/02/2007
| Sujet: Les garçons et Guillaume, à table ! [Guillaume Gallienne] Dim 1 Déc 2013 - 19:07 | |
| - traversay a écrit:
- Aeriale a écrit:
- Guillaume à table, je l'avais vu au théâtre il y a 3 ans (déjà!) et j'avais adoré. Trop heureuse qu'il ressorte en film.
ICI
Je vous reposte mon com' en spoiler pour ne pas encombrer.
- Spoiler:
Les garçons et Guillaume, à table, c'est la phrase qui résume l'enfance et le piège de Guillaume. Différent parce que plus sensible, attaché à sa mère à qui il veut plaire absolument, réfractaire au sport, préférant mimer l'archiduchesse Sissi enroulé dans sa couette ou enrubanné d'un pull en guise de coiffure, Guillaume est à part. Comme il n'est pas vraiment garçon, on le classe parmi les filles, du moins sa mère qu'il mime à la perfection. Ca plait moins à son père et ses frères se moquent de lui. Il aimerait bien partir avec eux l'été, faire du trekking ou de la marche, mais on lui réserve plutôt Séville, un coin sinistre ("pire que Le Havre") où il apprend à danser la sevillane...comme les filles !
C'est le début d'une longue histoire qui passe par les années de pensionnat en Angleterre, les bizutages et les coups reçus, les cures thermales en Allemagne (avec Mlle Grechten, hilarant) les essais de drague et ceux de casting où il doit jouer un type des cités parce qu'il a mal lu le sujet. On passe de l'éclat de rire à l'émotion en un rien car cet homme qui se dévoile devant nous, seul sur une scène qu'il occupe sans temps morts, est totalement imprévisible. Un peu candide, un peu lunaire, vif et bourré de malice, parfois féroce, il nous capte totalement.
Cachées sous la dérision il y a aussi les blessures, un compte à rendre, surtout avec lui-même. Pas facile de devenir ce qu'on est. Surtout quand on vous enferme d'emblée dans une boite qui convient aux autres, mais qu'on n'a pas pu choisir, par pudeur, respect, tout ce qui constitue l'éducation et dont on doit se défaire. Tout s'apprend, à commencer par la liberté.
Voilà le parcours atypique de cet acteur qui m'a complètement emballée! Sa diction est parfaite (Les années à la comédie française lui ont aussi donné un port altier) mais il prend aussi bien tous les accents (beur, allemand, "chevillan" ou british) Il a quelque chose de Luchini, cette fantaisie débridée qui n'est jamais vulgaire car il y a une vraie finesse dans son jeu. Un spectacle jubilatoire que je vous conseille vivement de voir. J'ai presque envie d'y retourner même..
Les garçons et Guillaume, à table ! de Guillaume Gallienne - Citation :
- Le premier souvenir que j’ai de ma mère c’est quand j’avais quatre ou cinq ans. Elle nous appelle, mes deux frères et moi, pour le dîner en disant : "Les garçons et Guillaume, à table !" et la dernière fois que je lui ai parlé au téléphone, elle raccroche en me disant : "Je t’embrasse ma chérie" ; eh bien disons qu’entre ces deux phrases, il y a quelques malentendus.
En adaptant son spectacle sur grand écran, Guillaume Gallienne courait le risque de la simple transposition au caractère plus théâtral que cinématographique. C’était mal connaître ce singulier animal, qui a su lui donner du relief et de l’ampleur à partir d'un one man show, sous forme de psychanalyse profonde, d'une sincérité de d’une nudité absolues. Son histoire à lui et rien d'autre : garçon élevé comme une fille dans les jupes d’une mère inflexible et cependant vénérée. Dans Les garçons et Guillaume à table, Gallienne ose tout sur le ton de la comédie et c'est d'une incroyable drôlerie dramatique. Complexe œdipien et coming out hétéro sont au menu, entre autres. Une comédie oui, mais avec un fond et des questionnements essentiels sur l'identité. En jouant son propre rôle, mais aussi celui de sa mère, GG met en abyme les abîmes de l’intime. Manier l’impudeur et l’égocentrisme avec un tel doigté est une entreprise périlleuse. En dynamitant l’exercice, avec une virtuosité constante, Guillaume Gallienne réalise un tour de force et un tour de farce prodigieux. Délirant, cruel, et bouleversant.
Je ne vais pas refaire de commentaire, j'avais déjà posté sur la pièce. Je voulais quand même préciser que j'ai plus ri dans cette dernière, que dans le film. Le fait de le voir jouer tous les rôles devant nous avec les moyens du bord et prenant tous les accents dans la même seconde était carrément fantastique. Le décalage était plus grand. (Mlle Grechten jouée par lui est un grand grand moment. Idem pour Sissi, encore plus renversant) Et certaines scènes ont sauté (une vraiment excellente notamment, où il joue un jeune des banlieues, lors d'un casting) Par contre l'émotion est encore plus grande. Est-ce dû à la proximité des visages? A la présence de cette femme jouant sa mère? Je ne sais, mais j'ai été encore plus troublée. Chapeau bas à Guillaume Gallienne, ce type est un as, et il revient de très loin, surement. | |
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