Juan Gelman vient de disparaître, mardi dernier.
Poète, traducteur, journaliste, militant révolutionnaire,
Juan Gelman est né à Buenos Aires en 1930. Touché dans sa chair par la dictature des années 76-82 (son fils et sa belle-fille disparaîtront dans les geôles de militaires) il connaît un long exil en Europe durant lesquels il écrit ses textes les plus impressionnants. Agé aujourd’hui de 81 ans, lauréat des plus grands prix de poésie hispaniques comme le Prix Cervantès, le Nobel espagnol en 2007, il est considéré comme l’un des plus grands poètes latino-américains vivants. Plusieurs de ses livres ont paru en français dont
Salaires de l’impie et autres poèmes, traduit par Jean Portante, éditions PHI, Luxembourg,
Lettre à ma mère traduit par François-Michel Durazzo, Myriam Solal éditeur, Paris, 2002,
L’opération d’amour, traduit par Jacques Ancet, Gallimard, 2006,
Lettre ouverte suivi de
Sous la pluie étrangère 2011 sont publiés aux éditions Caractères, dans une traduction de
Jacques Ancet.Si vous voulez en savoir plus sur les circonstances tragiques de sa vie, et l´ infatigable recherche -durant 25 ans- de sa petite fille ( Macarena Gelman), sa belle fille étant enceinte quand elle disparut sous le regime militaire de Videla, Juan Gelman supposait que le bébé aurait été donné en adoption à un couple de militaires, comme cela se faisait durant la dictature, écoutez Jacques Ancet, sur France-culture.
http://www.franceculture.fr/emission-ca-rime-a-quoi-juan-gelman-jacques-ancet-1ere-partie-2012-01-15
Et pour terminer, son dernier poème, écrit le 28 Octobre, quand la mort le talonnait, offert à son ami Joaquin Sabina, chanteur madrilène et poète aussi.
3 jours de deuil national en Argentine, mais Juan Gelman continuait son long exil au Mexique.
Verdad es Cada día
me acerco más a mi esqueleto.
Se está asomando con razón.
Lo metí en buenas y en feas sin preguntarle nada,
él siempre preguntándome, sin ver
cómo era la dicha o la desdicha,
sin quejarse, sin
distancias efímeras de mí.
Ahora que otea casi
el aire alrededor,
qué pensará la clavícula rota,
joya espléndida, rodillas
que arrastré sobre piedras
entre perdones falsos, etcétera.
Esqueleto saqueado, pronto
no estorbará tu vista ninguna veleidad.
Aguantarás el universo desnudo.
Juan Gelman
La Condesa DF
28 de octubre de 2013