Félix Couchoro (Ouidah, Bénin, 1900 - Lomé, 1968) est un écrivain togolais.
Il étudia dans une mission catholique et fut professeur d'une école catholique. De plus, il fut éditeur de différentes publications.
L'Esclave, 1929
Amour de féticheuse, 1941
Drama d'amour à Anecho, 1950
L'héritage cette peste, 1963
(sources wikipedia)
L’esclaveL’introduction (de Yves-Emmanuel DOGBE) est très intéressante pour situer l’auteur dans la Littérature négro-Africaine et pour cette précision :
« La naissance de la littérature négro-africaine fut tributaire de l’action missionnaire, qui dota les premières élites africaines de l’usage de la langue française (aussi de l’écriture de certaines langues locales) et de l’instruction suffisante pour écrire un livre. On conçoit que leurs témoignages ne sauraient être que de gratitude, d’autant que la Mission elle-même les sollicita pour apprécier aux yeux du monde l’importance et le bien-fondé de l’implantation du christianisme en Afrique. »
La préface de l’auteur évoque le fleuve fétiche « Mono » de manière très poétique ; fleuve sur lesquelles rives ont pris position et possession deux peuples européens (les Germains et les Gaulois selon les termes de l’auteur) .
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Résumé : Akoéba se marie avec Komlangan en grandes fastes et s’acquitte honorablement de sa place de dernière et jeune femme. Cohabitent dans la maison les autres femmes de Komlangan avec leurs enfants et son frère Mawoulawoé et son épouse.
Mawoulawoé n’est pas le frère de sang de Komlangan, il était un jeune esclave quand le père de Komlangan l’a acheté. Il vécut de la même façon que son « frère », mais à la mort du père les revendications de Mawoulawoé indisposèrent Komlangan qui lui opposa un refus.
Akoéba et Mawoulawoé s’aimèrent, découverts ils n’hésitèrent pas à éliminer les gêneurs, il fallait que l’honneur fut sauf.
Le remord alors les fit se haïr, mais un fruit était né et Akoéba , veuve ne sû résister à l’homme, devenu à son tour le « maître ».
Le fils ainé de la première femme de Komlangan Victor revient après plusieurs années d’absence et prend possession de l’héritage qui lui revient, après avoir eu connaissance des évènements tragiques qui ont bouleversé la maison et de la responsabilité de Mawoulawoé « son oncle ».
Avec la sage et clémente conduite de Victor qui s’apitoie sur le sort d’ Akoéba et même sur celui de « l’esclave » la maisonnée renoue avec une vie agréable.
Extraits : « Battre le tambour est tout un art qui a ses maîtres, car ce cuir tendu sur un billot de bois creusé est un être que l’on fait parler, une espèce de télégraphe, transmetteur de nouvelles d’un village à un autre. »
« C’est que le tam-tam parle, et parle de vous ; c’est une suite de louanges qu’il vous adresse, c’est de vos ancêtres qu’il parle en termes élogieux ; c’est souvent aussi une litanie de choses mortifiantes, désagréables qu’il vous décerne et seul l’entendent le joueur et les quelques initiés se trouvant là. »
« Ces fantômes le poursuivaient le jour, le harcelaient la nuit.
Plus de repos.
La hantise devenait une obsession.
Dès qu’il se retrouvait seul, l’idée fixe, à l’affût, près de son cerveau malade, s’y précipitait. Les deux fantômes se montraient menaçants. L’ homme se surprenait à parler. Souvent, il se livrait à des soliloques qui absorbaient toute son attention. »
« Non ! demain, après-demain, la semaine prochaine, le mois suivant, l’année prochaine, tout ce chaos d’évènements, de choses qu’on nomme le futur, tout cet abîme insondable se cache sous le voile sombre dont se couvre l’hallucinant fantôme : l’Avenir ! »
C’est donc l’histoire d’une famille aisée vivant dans un petit village de la brousse sur la rive du Mono dans laquelle va se dérouler un adultère, mais ce n’est pas un vaudeville. Dans cette région d’Afrique la morale est rigoureuse et l’adultère prend des accents dramatiques. Toutes les passions humaines sont aiguisées.
L’auteur s’adresse 2 ou 3 fois au lecteur, l’incluant ainsi dans l’histoire en témoin des évènements.
Le lecteur est plongé dans les codes, les rythmes de cette Afrique noire, il assiste subjugué à ces chants ces danses, ces violences et ces passions.
L'écriture est limpide, mais je ressort toutefois de cette lecture avec un manque, sans savoir le définir même si elle m'a intéressée.