Le train des écrivains

Deux ans avant Traversay qui nous  en fit le récit  ici, une quinzaine écrivains francophones et deux photographes ont été invités à un voyage à bord du transsibérien.

J'ouvre ce fil pour vous parler cette histoire, et  des textes qui en sont nés.

Du 27 mai au 15 juin 2010, ils ont voyagé de de Moscou à Vladivostok, en passant par Nigni Novgorod, Novossibirsk, Krasnoairsk et le long du lac Baikal.


Deux wagons  leur étaient spécialement réservés en queue du train baptisé pour l'occasion "Blaise Cendrars".


En effet, dans son texte fantasque et fantastique  La Prose du Transsibérien et de la Petite Jehanne de France ,  Blaise Cendrars a fait plus pour la mythologie de ce train que bien des récits de voyage.
Ecrit en 1913, ce poème évoque son voyage imaginaire sur la mythique ligne ferroviaire.



Le voyage est organisé par l'Agence fédérale russe pour la presse et les télécommunications, les ministères français de la Culture et des Affaires étrangères, les Chemins de fer russes (Russian Railways), la Société nationale des chemins de fer (SNCF), l'Association des libraires russes et les centres culturels français en Russie.

J'arrive pas à voir si ça va être encore fait cette année (et si je comprends bien ça été fait au moins en 2010 et 2012 ?), tu va aller chercher les livres des auteurs autour de ce voyage et les référencer ici ?
En tout cas, l'idée me plaît beaucoup, de ce trains d'écrivains.

je vais également suivre le voyage attentivement. Vu l'original du poème à Beaubourg et suis restée longuement songeuse, devant. Un beau mélange des arts (d'ailleurs toutes les salles consacrées au couple Delaunay sont renversantes de beauté et de couleurs). J'ai également eu l'occasion d'entendre sur France culture une partie du récit écrit par Mathias Enard et lu par lui-même et un petit quelque chose de Maylis de Kerangal (je crois...). Si je parle bien de la bonne année... Tout cela me met furieusement en appétit  


edit : je parle bien de la bonne année !! merci topocl, c'est alléchant !

Queenie, c'était seulement en 2010, et devait rester unique. En 2012, c'es t Traversay qui a fait le Transsibérien, et je ne crois pas qu'il était sponsorisé par l'Agence fédérale russe pour la presse et les télécommunications.

Je vous donne d'autres infos un peu plus tard.

Les participants



Dominique Fernandez,  auteur de biographies romancées de Gogol, Tchaïkovski et Eisenstein, d'un roman consacré à Saint-Pétersbourg, du "Dictionnaire amoureux de la Russie" et de l'essai littéraire "L'Ame russe".



Géraldine Dunbar, auteur de  Seule sur le Transsibérien. Mille et une vies de Moscou à Vladivostok, œuvre où elle évoque son odyssée de 2004 à travers la Russie.



Michel Parfenoff, coauteur du film "Hommage à Alexandre Soljenitsyne",

Mathias Enard

Wilfried N’Sondé

le poète Guy Goffette qui a une arrière-grand mère russe

Le romancier belge Eugène Savitzkaya

Sylvie Germain

le scénariste de bande dessinée Kris

Jean Echenoz

Ces deux derniers réunis ici:



Minh Tran Huy


Jean-Noël Pancrazi

Patrick Deville

Jean Echenoz

Danielle Sallenave, la seule qui a fait le parcours complet

Olivier Rolin

les photographes Ferrante Ferranti et Tadeusz Kluba.

merci Topocl

un train de rêve ou un rêve de train !

c'est vrai que c'est un peu une affiche de rêve et qu'on se demande bien ce qu'ils ont pu se raconter tous ces gens-là...

Selon les organisateurs du projet, son but est "de faire connaître aux écrivains français la Russie telle qu'elle est, sans mythes et contrevérités, et de présenter aux lecteurs russes d'illustres représentants de la littérature contemporaine de France".
La Russie cherchant à projeter une autre image d'elle-même à l'étranger, les écrivains français se sont baignés dans le lac Baïkal, ont visité des musées, dansé une ronde bouriate et bu du lait de jument fermenté.
Au départ, le train devait accueillir des écrivains russes qui ne sont finalement pas venus.

A défaut de l'enregistrement secret de leurs conversations, quelques ragots pour satisfaire Shanidar!


À l'intérieur : des cabines pour deux personnes et du thé à volonté, puisé depuis un samovar. Les écrivains s'arrêtaient en moyenne deux jours à chacune des étapes. La longueur des trajets transformait les couloirs en salon littéraire. Avec ses événements mondains.
Ainsi quand Olivier Rolin a appris (par SMS) à Oulan-Oude qu'il avait reçu le prix Paul-Morand de l'Académie française. Le soir même, il organisa, au wagon-restaurant, le « premier cocktail littéraire à bord du Transsibérien ». Dominique Fernandez, membre de l'Académie française, lui rendait hommage en quelques mots. Dans une ambiance de camaraderie joyeuse entre auteurs si différents, que le voyage a rapprochés. Ainsi, Danièle Sallenave et Dominique Fernandez ont conclu symboliquement un « mariage bouddhiste »  dans la steppe bouriate, en forme de canular.

Les longs trajets ont aussi été ponctués de lectures de textes, organisées pour les passagers par deux comédiens accompagnant le groupe, Sergueï Vladimirov et Julie Pouillon. Elles sont devenues, au fil des jours, un rendez-vous apprécié des passagers.
Aux escales, des conférences, des tables rondes, des rencontres avec des écrivains russes.

Quelques photos de  Cédric Aussir , accompagnateur de France Culture ICI

Ils ont du s'amuser comme des petits fous!

Citation :

Selon les organisateurs du projet, son but est "de faire connaître aux écrivains français la Russie telle qu'elle est, sans mythes et contrevérités, et de présenter aux lecteurs russes d'illustres représentants de la littérature contemporaine de France".
La Russie cherchant à projeter une autre image d'elle-même à l'étranger, les écrivains français se sont baignés dans le lac Baïkal, ont visité des musées, dansé une ronde bouriate et bu du lait de jument fermenté.

[...]

Les écrivains s'arrêtaient en moyenne deux jours à chacune des étapes.

Ça fait plus petit voyage touristique de carte postale plutôt que plongée et connaissance de la "Vraie Russie", je trouve.
L'intention est louable, mais j'y crois pas trop vu l'apparente organisation.

(Ça n'enlève rien au fait que je trouve l'idée très sympa !)

Citation :

Au départ, le train devait accueillir des écrivains russes qui ne sont finalement pas venus.

Ça c'est bien dommage, y'aurait eu des rencontres intéressantes, et justement, un moyen d'aborder mieux les entrailles russes.
Tu sais pourquoi ils ont annulé ?

Queenie a écrit:

Citation :

Au départ, le train devait accueillir des écrivains russes qui ne sont finalement pas venus.

Ça c'est bien dommage, y'aurait eu des rencontres intéressantes, et justement, un moyen d'aborder mieux les entrailles russes.
Tu sais pourquoi ils ont annulé ?

Le seul article qui en parlait émettait l'idée que, autant pour des Français, le transsibérien est quelque chose de magique, autant pour les auteurs Russes, c'est l'image de l'ennui et la désolation.Mais comme j'ai supposé que l'auteur de cette idée n'était pas dans la tête des-dits écrivain russe, et qu'il y avait peut-être eu une entourloupe quelque part, je ne l'ai pas recopié.

Les retombées

Dans cette résidence ambulante, la seule obligation  des auteurs invités était de participer aux colloques, tables rondes, conférences, débats… Une place pour l'échange, la communication.

France Culture a diffusé dans le cadre de sa grille d’été un feuilleton quotidien relatant cette épopée littéraire, en proposant à Mathias Enard, Maylis de Kerangal, Sylvie Germain, Olivier Rolin de tenir un carnet de voyage. Cédric Aussir (voir le sphotos ci-dessus), réalisateur, Claire Levasseur, ingénieur du son, ont accompagné les écrivains tout au long du voyage, rapportant pour ce feuilleton d’été des sons et des entretiens. Des extraits de Passant par la Russie écrit par Denis Lavant lors d’un voyage en transsibérien qu’il a fait en 2006, étaient également diffusés.



Mais… des écrivains restent et écrivains, et bien sûr, il y a eu des livres.Dès leur descente du train, Danièle Sallenave et Dominique Fernandez annoncent un récit du voyage qu'ils publieront le même jour chez 2 éditeurs différents.J'ai retrouvé au total 6 livres directement liés à cette aventure, que je liste ci-dessous, reprenant ceux que Kenavo  a déjà évoqués. Le poète Guy Goffette avait promis un album de voyage ainsi qu'un livre de poésie, mais je n'en ai pas trouvé trace.

Mathias Enard L'alcool et la nostalgie chez Babel Sud

Quatrième de couverture a écrit:

Réveillé en pleine nuit par un coup de téléphone de Jeanne, qui lui apprend le décès deVladimir, Mathias part à Moscou pour escorter le corps de son ami jusqu'à son village natal, au-delà de Novossibirsk. Dans le Transsibérien, il s'adresse au faux frère couché dans sa boîte, évoque le trio fiévreux que tous deux ont formé avec Jeanne, et l'emprise des stupéfiants autant que le dépit amoureux qu'il a cru fuir en retournant seul à Paris. Au fil de quatre mille kilomètres de paysages ouatés, pâles bouleaux et neige immaculée, les souvenirs se pressent, bientôt relayés par les plus belles pages de Gogol, Tchekhov, Dostoïevski ou Axionov qui lui avaient fait rêver la Russie. Si
l'amour ne peut plus rien quand l'alcool et la nostalgie se sont emparés d'un homme, restent la révolution, la mort, ou la littérature. C'est ce que Mathias Enard illustre magistralement dans ce roman sensuel, ardent et profondément mélancolique.

Le commentaire de kenavo
Le commentaire de topocl

Dominique Fernandez, Transsibérien chez Grasset

Quatrième de couverture a écrit:

28 mai 2010, Dominique Fernandez, accompagné d'une vingtaine d'écrivains, photographes, journalistes, acteurs, français et russes, embarque, au départ de Moscou, à bord du Transsibérien qui les mènera à Vladivostok, capitale de la Russie d'Extrême-Orient. Trois semaines sur les rails, et le bout du monde. De découvertes en réflexions, il livre, dans un récit émaillé de références littéraires et historiques, la Russie toute entière. Au fil du parcours et des paysages qui se succèdent, l'écrivain poursuit sa méditation, constate, observe, raconte, s'interroge. Une migration à la fois physique et spirituelle, aux allures de pélerinage.
De la place Rouge à Tchékhov, de la dictature stalinienne à la terrible beauté sibérienne en passant par Nijni-Novgorod, Irkoutsk et le fleuve Amour, Dominique Fernandez invoque écrivains et penseurs, Gautier, Dumas, Gorki, Tolstoï. Et, en toile de fond, persistante, l'ombre inquisitrice du passé soviétique.

Sylvie Germain, Le monde sans vous chez Albin Michel

Quatrième de couverture a écrit:

« Chacun recèle dans son imaginaire un atlas amoureux qu il compulse selon sa fantaisie. Un atlas amoureux est forcément extravagant, illustré de cartes et de planches qui ne respectent pas toujours la bonne échelle. C est un imprécis de géographie passionnelle. »

Que le voyage soit dans l espace, la Sibérie en transsibérien jusqu à Vladivostok, ou dans le temps, le souvenir des êtres chers et disparus, Sylvie Germain, par la puissance et la beauté des images qu elle évoque, nous en fait partager l émotion, la force des sentiments, l aura des légendes qui le nimbe et la fragilité de toute existence.

Le commentaire de coline

.../...

Ça en fait des écrivains connus. Si je devais me fier à mon instinct, j'aurais tendance à me méfier et flairer la camelote littéraire. Je crois que les écrivains au sens large sont amenés à écrire quelque chose dans une vie et que ça fait la particularité d'une oeuvre. J'ai l'impression qu'un voyage organisé et la multiplication des perspectives en découlant peut offrir quelque chose d'intéressant. Mais n'est-ce pas redondant...?