Le train des écrivains

Alors si cela ressemble à des ateliers d'écriture, je ne vais plus du tout apprécier.   

Mais là, il me semble que c'était différent, parce que qu'il n'y avait pas (si j'ai bien compris) d'obligation d'écrire. Et puis dans ce type de voyage, qui a quand même une certaine aura et un imaginaire, certains ont pu venir avec des attentes personnelles fortes, une envie pouvait précéder la proposition.

En fait, une écriture à partir d'un canevas, d'une contrainte, d'une commande, ont existé à différentes époques et dans différents cadres. Après cela dépend du talent et de la capacité d'un auteur à transcender et à injecter quelque chose de personnel dans ce qui pourrait n'être qu'un exercice de style. J'ai envie de citer François Villon, perçu pourtant comme un auteur très personnel, participant au concours de Blois de Charles d'Orléans et écrivant une ballade à partir d'un premier vers imposé....Mais évidemment, peu ont le même talent, et un écrit de circonstance peut souvent être creux et au final sans grand intérêt.

Arabella a écrit:

Alors si cela ressemble à des ateliers d'écriture, je ne vais plus du tout apprécier.   

C'est le même principe.

Un atelier d'écriture, y'a pas d'obligation non plus. Si t'écris pas on ne va pas te clouer au pilori. Mais tu y vas en tant qu'écrivain, qui veut écrire, veut se lancer un défi, tenter une approche différente, se secouer les mots. Ça donne forcément un résultat, bon ou pas.

Un bon atelier d'écriture, on ne t'apprend pas à écrire, on ne t'oblige pas à écrire de telle ou telle façon. On te donne des points d'impulsion. T'en fais ce que tu en veux ensuite.

Citation :

Après cela dépend du talent et de la capacité d'un auteur à transcender et à injecter quelque chose de personnel dans ce qui pourrait n'être qu'un exercice de style.

Je ne pourrais dire mieux.

Autant je trouve que le principe d'atelier d'écriture peut être intéressant pour des gens qui ne seront pas écrivain, par exemple des adolescents, cela peut donner une autre approche de l'écrit, moins scolaire, plus ludique, décoincer des choses, autant des ateliers pour former des écrivains, je suis des plus réticente. Un auteur doit trouver sa propre voix, et je ne pense pas le groupe l'aide à ça. Et puis c'est dans la littérature américaine que l'on rencontre le plus d'écrivains qui sont passés par ce genre de formations, et c'est une littérature avec laquelle je n'ai pas d'affinités. Souvent des romans bien faits, qui coulent de source, mais justement trop à mon goût. Il me manque souvent le cachet de l'unique, de vraiment personnel, c'est trop lisse, un peu formaté pour plaire à un grand nombre. Et j'ai la sensation que la pratique des ateliers d'écriture contribue à ce genre de résultats. Mais je me trompe peut être.

Je pense que l'art, ça s'apprend et ça se perfectionne. On n'est pas choqué de voir des musiciens suivre des master class, pourquoi des écrivains ne le feraient-ils pas? À eux, après, à en tirer ce qui peut les aider à exprimer ce qu'ils sont.

Un apprentissage pour composer, dans une école ou auprès de compositeurs a toujours existé, l'aspect technique de la musique le rend indispensable.

Les ateliers d'écriture sont très récents, et les grands écrivains du passé n'en n'ont pas eu besoin pour écrire leurs chefs d'oeuvres. Si certains y trouvent leur compte, évidemment c'est leur droit. Sauf que je trouve qu'un certain nombre d'écrivains qui sont passés par là et que j'ai lus, écrivent de façon habile, mais lisse. Et ce n'est pas le genre de livres qui m'intéressent. Mais évidemment, pas de généralisation, j'imagine qu'on peut préserver son individualité et sa singularité. Je pense que de se trouver pour un écrivain c'est avant tout un travail solitaire, et qu'un groupe ne peut pas le remplacer. Mais encore une fois, ce n'est qu'une opinion. Il faut voir les résultats, et juger en fonction.

Quand je lis les listes de remerciement à la fin de nombreux romans, j'imagine que l'écriture n'est pas pour tous, qu' exercice strictement solitaire. Et je ne pense pas que beaucoup de livres soient publiés sans relectures et corrections.

Même quand il ne s'agit pas d'un voyage, j'aime bien certains projets qui donnent des 'instructions' aux auteurs, p.ex. les éditions NIL avaient une collection autour de "maison/endroit" que j'ai adoré

___

Didier Decoin, Avec vue sur mer, Philippe Delerm, À Garonne, Catherine Clément, Maison Mère, Jean-Paul Kauffmann, Maison du retour
J'ai encore un 5ème livre, mais je n'arrive plus à me rappeler du nom de l'auteur

Par après ils ont commencé avec leur collection "Exquis d'écrivains" qui se concentre autour de la cuisine/nourriture et dont j'ai lu récemment Léonora Miano, Soulfood Equatoriale

J'aime bien ce genre "d'exercice" et du coup ce n’était même pas une question pour moi que j’allais embarquer avec ces différents écrivains dans le Transsibérien... et les quatre livres que j’ai lu de cet exploit m’ont donné grand plaisir !

Commentaire de Transsibérien de Dominique Fernandez ici

kenavo a écrit:

Même quand il ne s'agit pas d'un voyage, j'aime bien certains projets qui donnent des 'instructions' aux auteurs, p.ex. les éditions NIL avaient une collection autour de "maison/endroit" que j'ai adoré

___

Didier Decoin, Avec vue sur mer, Philippe Delerm, À Garonne, Catherine Clément, Maison Mère, Jean-Paul Kauffmann, Maison du retour
J'ai encore un 5ème livre, mais je n'arrive plus à me rappeler du nom de l'auteur

Par après ils ont commencé avec leur collection "Exquis d'écrivains" qui se concentre autour de la cuisine/nourriture et dont j'ai lu récemment Léonora Miano, Soulfood Equatoriale

J'aime bien ce genre "d'exercice" et du coup ce n’était même pas une question pour moi que j’allais embarquer avec ces différents écrivains dans le Transsibérien... et les quatre livres que j’ai lu de cet exploit m’ont donné grand plaisir !

une chose de plus que j'ignorais (soupir)

donc je fouillerai dans tout cela un de ces jours, merci Kena

tiens, je viens de retrouver le dernier de la série autour des maisons
j'ai cherché les phares et trouvé un jardin


Gilles Clément, Le salon des berces

Citation :

" Comment imagine-t-on une maison? Par quoi commence-t-on? Existe-t-il une pièce plus importante que les autres? Celui qui n'a jamais pratiqué l'exercice ne sait pas combien ces questions - exemplaires de trivialité - atteignent le fond de la conscience en malmenant nos habitudes puisque, soudain, elles interrogent leur bien-fondé."
Non loin de sa maison de famille désormais interdite - on a changé les clefs -, dans la vallée des Papillons où, enfant, il allait faire ses premiers pas d'entomologiste, Cilles Clément construit une cabane de pierres. Dans la très profonde campagne creusoise des années 1970, il imagine autour de sa nouvelle maison un jardin en mouvement, un observatoire des espèces, un laboratoire de la nature où se trouvent déjà toutes les préoccupations environnementales qui feront de lui un paysagiste mondialement célèbre et respecté. Un livre botanique, poétique, drôle, émouvant, engagé, inclassable.

un livre qui pourrait te plaire