Parfum de livres… parfum d’ailleurs
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 Leila Aboulela [Soudan]

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Arabella
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MessageSujet: Leila Aboulela [Soudan]   aboulela - Leila Aboulela [Soudan] EmptyJeu 13 Mar 2014 - 22:29

Leila Aboulela (1964 -   )



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Informations trouvées sur Wikipédia :

Leila Aboulela est une femme de lettres soudanaise.

Née en Égypte en 1964, elle grandit à Khartoum, où elle étudia à la American School et l'économie à l'Université de Khartoum, puis elle obtint un diplôme en statistique à la London School of Economics. .

Elle vécut plusieurs années à Aberdeen et maintenant elle habite à Doha. Ses romans ont été nommés au Orange Prize.


Dernière édition par Arabella le Jeu 13 Mar 2014 - 22:34, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Leila Aboulela [Soudan]   aboulela - Leila Aboulela [Soudan] EmptyJeu 13 Mar 2014 - 22:32

La traductrice


Le roman est centré sur le personnage de Sammar, une Soudanaise vivant à Aberdeen, travaillant comme traductrice à l’université. Son mari est mort très jeune, son fils est au Soudan chez sa belle mère, et Sammar vit recroquevillé sur elle-même, solitaire. Mais elle va retrouver le goût à la vie grâce à Rae, professeur d’université spécialiste de l’islam, pour qui elle traduit des textes. Une histoire s’ébauche entre eux, mais Sammar ne peut concevoir une relation qu’avec un musulman, et rêve ardemment à la conversion de Rae. Lorsqu’il ne répond pas positivement à sa demande, elle décide de ne pas rentrer d’un voyage au Soudan. Elle y vit chez sa belle-mère, trouve un travail mal payé en enseignant à des adultes analphabètes, en continuant à penser à Rae.

J’ai été d’abord vraiment emballée par ce roman, le personnage de Sammar est rendu de façon très convaincante, les gestes du quotidien, ses pensées, sa nostalgie et sa souffrance. Dans une écriture belle et prenante, sobre et précise. La deuxième partie, à Khartoum, m’a un peu moins séduite. Bien que la vie dans la capitale soudanaise, entre les coupures d’électricité, les pénuries, la chaleur, les contacts entre voisins, soit bien rendue. De même d’ailleurs que les personnages, la belle mère, le frère, les voisines, sont extrêmement vivants et crédibles. Mais j’ai commencé à ressentir un peu d’agacement devant l’attitude de Sammar, très passive, se laissant martyriser par sa belle-mère, comme sans aspirations ni envie de réagir et de construire, juste en attente. Mais à sa façon, le personnage est bien rendu. Mais c’est la fin qui m’a gênée, elle ne m’a pas parue vraisemblable, peut être parce que le personnage de Rae est vue à distance, sans que l’on puisse le comprendre lui et ses motivations. Et sa conversion et son amour pour cette femme qu’il connaît peu et qui a toujours eu un comportement en retrait, ne s’expliquent pas. C’est presque comme si Sommar rêvait, que ce qu’elle voulait se réalise, comme par miracle, sans qu’elle ait besoin d’agir. Et puis cette obsession de vouloir à tout prix que l’homme qu’elle aime se convertisse et l’épouse, l’impossibilité de concevoir une relation avec quelqu’un de différent de soi, m’a parue incompréhensible, d’autant plus qu’il n’y a pas d’explication, cela va de soi.

Mais à part cette fin, c’est un beau portrait de femme, et un livre très prenant, ainsi qu’un tableau intéressant de la vie quotidienne au Soudan. Et je trouve dommage que les livres suivants de l’auteur (en anglais on trouve trois autres titres) n’aient pas été traduits.
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MessageSujet: Re: Leila Aboulela [Soudan]   aboulela - Leila Aboulela [Soudan] EmptyJeu 13 Mar 2014 - 22:44

Ca a l'air très intéressant, comme roman, je note.

Arabella a écrit:
Et puis cette obsession de vouloir à tout prix que l’homme qu’elle aime se convertisse et l’épouse, l’impossibilité de concevoir une relation avec quelqu’un de différent de soi, m’a parue incompréhensible, d’autant plus qu’il n’y a pas d’explication, cela va de soi.

Par contre je suis étonnée que tu sois étonnée du conservatisme de l'héroïne. Wink

Il y a encore quelques dizaines d'années, en France, les mariages inter-religieux (y compris entre branches du christianisme) étaient extrêmement mal vus ; quant à vivre maritalement, il ne fallait pas y songer… La relative tolérance que nous connaissons est somme toute très récente.

Dans de nombreux pays, une femme qui aime sans épouser est une femme déchue, de mauvaise vie, pointée du doigt.
Un couple où chacun aurait une religion propre serait également très mal accepté. (regarde les soucis rencontrés par les chrétiens en Egypte, par exemple, et imagine un mariage mixte)
Je pense donc que dans de nombreux pays, la question ne se pose même pas, les gens considèrent comme allant de soi de se marier et de se convertir si besoin.  La peur du regard des autres ne fait que renforcer cet état de fait. L'auteur ne donne pas d'explication au comportement de l'héroïne probablement parce que, dans son pays, une telle attitude "va de soi", et qu'il faudrait une ouverture d'esprit et une force de caractère qu'elle n'a pas pour résister à l'ordre établi.
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MessageSujet: Re: Leila Aboulela [Soudan]   aboulela - Leila Aboulela [Soudan] EmptyJeu 13 Mar 2014 - 22:57

Oui, je comprends ce que tu veux dire, évidemment, je sais que les choses se passent comme cela dans de nombreux pays ou cultures, mais en même temps, cela me semble si éloigné d'une certaine façon, j'aurais voulu justement peut être avoir des éléments qui expliquent, qui posent un point de vue et le justifient. Et puis le livre se place d'abord dans le contexte écossais, cette femme est née là, elle a un travail, elle accepte très bien par exemple une collègue, qui a des manières et des façon d'être très différents, et le livre écrit en anglais semble quand même aussi en parti destiné à un public qui ne va pas partagé ce genre de point de vue naturellement.
Mais malgré tout un livre intéressant, et très bien écrit.
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MessageSujet: Re: Leila Aboulela [Soudan]   aboulela - Leila Aboulela [Soudan] EmptyVen 14 Mar 2014 - 0:39

Il me semble que c'est très fréquent, comme attitude, d'accepter tout à fait les moeurs plus libérées du pays d'accueil, mais de ne pas tolérer le même comportement dans sa propre famille.
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MessageSujet: Re: Leila Aboulela [Soudan]   aboulela - Leila Aboulela [Soudan] EmptyVen 14 Mar 2014 - 8:45

Sans doute. C'est le genre de livres qui fait réfléchir. Ce serait bien que tu le lises dans pas trop longtemps et que l'on puisse en discuter.  innocent 
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MessageSujet: Re: Leila Aboulela [Soudan]   aboulela - Leila Aboulela [Soudan] EmptyVen 14 Mar 2014 - 12:46

Ca devrait être possible d'ici un mois maximum, je viens de le réserver. Wink
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MessageSujet: Re: Leila Aboulela [Soudan]   aboulela - Leila Aboulela [Soudan] EmptyVen 14 Mar 2014 - 16:29

swing Nous allons pouvoir échanger.
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MessageSujet: Re: Leila Aboulela [Soudan]   aboulela - Leila Aboulela [Soudan] EmptySam 3 Mai 2014 - 22:19

Invité a écrit:
Par contre, j'ai été, contrairement à toi, très séduite par la partie au Soudan. Je commençais à m'essouffler, je trouvais que l'on tournait un peu en rond avec Sammar, dans sa chambre écossaise… La seconde partie a totalement réveillé mon intérêt. Elle décrit de façon très vivante la vie dans ce pays, sa chaleur, ses pénuries constantes, et les rôles bien définis de chacun dans la famille. L'on se rend mieux compte alors du carcan qui pèse sur Sammar, à quel point tout est codifié, et l'on comprend mieux que cela ne la quitte pas, même en Ecosse.

Je suis d'accord sur l'intérêt de la description de la vie au Soudan, elle rend de façon très vivante et concrète de la réalité quotidienne, des difficultés mais en même temps des éléments positifs. Et ce que tu écris me fait percevoir plus clairement le côté étouffant de sa vie de famille, une sorte de rejet, qui fait qu'elle n'a plus sa place dans ce pays, dans cette maison dont elle est en partie propriétaire. Comme si elle n'avait une place que par son mari, et celui-ci mort, elle n'existe plus vraiment.
Mais je me suis moins intéressé au personnage de Sammar à ce moment là, peut être à cause de la façon passive dont elle acceptait la manière dont elle était traitée. Et que sa seule façon de retrouver une place, d'exister, était de tenter de retrouver un mari. A tout prix. Là j'ai eu sans doute beaucoup de mal à comprendre cette attitude. Je ne sais pas si j'aurais voulu qu'elle se libère, c'est simplement que j'ai du mal à comprendre et à être en empathie.

Invité a écrit:
Arabella a écrit:
Et puis le livre se place d'abord dans le contexte écossais, cette femme est née là, elle a un travail, elle accepte très bien par exemple une collègue, qui a des manières et des façon d'être très différents, et le livre écrit en anglais semble quand même aussi en parti destiné à un public qui ne va pas partagé ce genre de point de vue naturellement.


Je n'ai pas du tout lu les choses de la même façon que toi.

Certes, elle est née au Royaume Uni, mais elle en est partie pour le Soudan à l'âge de 7 ans, pour n'y revenir qu'une fois adulte avec son mari, soudanais comme elle. D'ailleurs, à son arrivée, les rues écossaises furent pour elle des "labyrinthes de chocs culturels", impression qui, si elle s'est atténuée, n'en reste pas moins prégnante.
A la mort de son époux, elle semble s'être repliée encore plus sur sa culture, vivant sans cesse dans le passé, "avec un Tarig jeune à l'intérieur de la tête". Elle ne vit en Ecosse qu'à contre coeur, en pensée elle est sans cesse au Soudan.

Sa seule amie, Yasmine, ne m'a pas fait du tout la même impression qu'à toi. Je ne la trouve pas si différente de Sammar.

La collègue dont je parlais n'est pas Yasmine, mais l'étudiante qui partage son bureau (je ne me souviens plus du prénom et je n'ai plus le livre).

C'est très juste ce que tu dis sur le repli sur soi, un repli sur le passé, et un passé forcément idéalisé qui n'existe plus ou qui n'a jamais existé de cette façon, le refuge dans la tradition, et l'incapacité de voir autre chose et d'évoluer. Mais c'est pour ça que le retour au Soudan recadre les choses, parce que le quotidien est loin d'être idyllique, entre les difficultés dans le pays et sa situation familiale, elle y a presque encore moins sa place qu'en Ecosse, et sa façon de vivre n'est pas moins sans espoir. Et finalement elle n'a rien contre l'idée de retourner en Ecosse, du moment qu'elle est mariée, ce qui redonne un sens à sa vie.

Le communautarisme en Grande-Bretagne, bien sûr, mais je trouve un peu effrayant de ne pas du tout s'intéresser à la mentalité et la culture des gens dans le pays dans lequel on vit, de manquer complètement d'intérêt à ce point. Une marque d'intérêt ou une tentative de compréhension, c'est comme si c'était mal, comme si cela voulait dire qu'on rejette sa propre culture et qu'on adhère à celle de l'autre.

Invité a écrit:
J'avoue que le côté prosélyte m'a également dérangée ; plusieurs passages du roman semblant en effet suggérer que, sans la foi, un être humain est incomplet. Conviction qui m'a paru émaner tout autant de l'auteur que de ses personnages. J'ai eu du mal avec ce message, qui présuppose que l'accomplissement de l'être passe forcément par la religion.

L'aspect le plus gênant pour moi dans ce livre incontestablement. C'est pour le bien de Rae qu'elle veut qu'il se convertisse, il est comme mutilé sans cela. Elle ne peut l'accepter comme un être humain à part entière sans religion.

C'est une lecture en partie dérangeante, parce qu'elle pose des points de vue très différents de ceux que l'on a l'habitude de lire ou d'entendre, sur cet aspect religieux entre autres. Mais en même temps quelque part c'est aussi authentique et pas conçu pour un public occidental, mais exprime une façon de voir le monde dans une autre culture. Alors forcément certains aspects passent moins bien que d'autres, mais en tous les cas une lecture qui interroge.
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MessageSujet: Re: Leila Aboulela [Soudan]   aboulela - Leila Aboulela [Soudan] EmptySam 3 Mai 2014 - 23:28

Arabella a écrit:

Mais je me suis moins intéressé au personnage de Sammar à ce moment là, peut être à cause de la façon passive dont elle acceptait la manière dont elle était traitée. Et que sa seule façon de retrouver une place, d'exister, était de tenter de retrouver un mari. A tout prix. Là j'ai eu sans doute beaucoup de mal à comprendre cette attitude. Je ne sais pas si j'aurais voulu qu'elle se libère, c'est simplement que j'ai du mal à comprendre et à être en empathie.

Forcément, c'est une attitude que nous n'aurions pas, et qui nous semble assez incompréhensible. On a envie de la forcer à réagir...

Mais si on regarde bien, à peine un an après son veuvage, elle avait déjà souhaité épouser "un vieux", simplement parce qu'elle le connaissait et qu'il avait toujours été gentil. Après avoir fait un premier vrai mariage "d'amour", ça pose question.
J'ai vraiment eu l'impression que cela tenait à deux points : le caractère intrinsèque de Sammar, qui ne s'imagine que mariée et protégée par un homme. Mais j'y vois aussi et surtout la difficulté de vivre le statut de veuve au Soudan. A un moment, l'auteur explique qu'en tant que veuve, elle ne devrait pas avoir le droit de vivre dans la maison de sa belle famille. Et pourtant, par son statut de veuve et de mère d'un fils, elle a hérité de la plus grande part de la maison. C'est très paradoxal.
Ajoute à cela l'attitude hostile de sa belle-mère qui lui reproche la mort de son fils, il y a de quoi vouloir s'échapper à tout prix… Et comme elle n'envisage pas la vie de femme émancipée, reste le mariage qui lui donnerait légitimité et respectabilité...

Arabella a écrit:
La collègue dont je parlais n'est pas Yasmine, mais l'étudiante qui partage son bureau (je ne me souviens plus du prénom et je n'ai plus le livre).

Excuse moi, je n'avais pas compris. Je crois qu'elle s'appelle Daisy. J'ai vraiment eu l'impression que Sammar la regarde comme une fille sympa mais qui évolue vraiment dans une autre sphère, elle n'envisage pas une seule seconde de lui ressembler.

Arabella a écrit:
Et finalement elle n'a rien contre l'idée de retourner en Ecosse, du moment qu'elle est mariée, ce qui redonne un sens à sa vie.

Arf, elle le dit bien, quand même, qu'elle n'a aucune envie de retrouver l'humidité et la froidure écossaise. Quelles que soient les difficultés rencontrées au Soudan, elle en savoure quand même les aspects qui lui ont tant manqué, dont le climat…
Il faut lui reconnaître qu'elle est raide dingue de son Rae, et qu'elle le suit pour cela. Wink

Arabella a écrit:
Le communautarisme en Grande-Bretagne, bien sûr, mais je trouve un peu effrayant de ne pas du tout s'intéresser à la mentalité et la culture des gens dans le pays dans lequel on vit, de manquer complètement d'intérêt à ce point. Une marque d'intérêt ou une tentative de compréhension, c'est comme si c'était mal, comme si cela voulait dire qu'on rejette sa propre culture et qu'on adhère à celle de l'autre.

Je suis bien entendu tout à fait d'accord avec toi, et c'est un aspect des choses qui me dérange aussi profondément. Mais, pour avoir vu quelques documentaires sur la Grande Bretagne, le repli communautariste est une attitude qui se renforce, même si elle est évidemment loin d'être partagée par tous, et plus ou moins présente suivant les communautés. Comme je te l'ai dit, j'ai halluciné de voir que ce pays accepte les jugements de tribunaux islamiques appliquant la charria, et donc acceptant la répudiation des femmes, par exemple.
Mais c'est un autre sujet…

Ta remarque est vraiment intéressante, et m'a amenée à réfléchir encore sur l'attitude de Sammar.
On pourrait se dire qu'éloignée des regards scrutateurs de ses compatriotes elle aspirerait à plus de liberté, mais non, tout au contraire. Son attitude a une part de choix assumé : elle est tellement persuadée d'être dans le vrai qu'elle veut amener Rae à partager son point de vue, convaincue que c'est ce qu'il y a de mieux pour elle (puis, plus tard, pour lui). A aucun moment elle ne cherche à comprendre la vision de Rae, tant la supériorité de la sienne est évidente à ses yeux. Ce qui, effectivement, lorsque l'on vit en pays étranger, pose un sacré problème.
Mais il y a aussi dans tout cela une grande part, pour moi, de réaction inconsciente : le respect de ces traditions est aussi une façon de garder un lien avec le pays, de ne pas renier son identité profonde. Et ce lien n'est pas fait que de nostalgie et d'adhésion, mais aussi d'une peur du constante qu'en dira t'on. Elle a toujours en tête ce qu'on pourrait dire d'elle au Soudan, le jugement négatif qui serait automatiquement asséné si elle adoptait certaines moeurs écossaises. Au point qu'elle n'ose pas accepter de faire une balade en voiture seule avec un homme, et encore moins de l'embrasser avant le mariage. Ce qui nous paraît absolument aberrant, mais montre bien combien, dans certains pays, le poids du jugement d'autrui sur la respectabilité des femmes, et le carcan dans lequel elle se retrouvent enfermées, sont écrasants.

Arabella a écrit:
c'est une lecture en partie dérangeante, parce qu'elle pose des points de vue très différents de ceux que l'on a l'habitude de lire ou d'entendre, sur cet aspect religieux entre autres. Mais en même temps quelque part c'est aussi authentique et pas conçu pour un public occidental, mais exprime une façon de voir le monde dans une autre culture. Alors forcément certains aspects passent moins bien que d'autres, mais en tous les cas une lecture qui interroge.

Dérangeant, en effet. J'ai oublié de le noter, mais un passage m'a marquée. Après sa conversion, Rae lui explique regretter avoir, par le passé, écrit que les croyants trouvaient leur dignité dans la religion. Il dit ne pas s'être aperçu que lui-même, ne l'était pas, digne, et que la plénitude lui est venue avec la foi.
De plus, par le biais de dialogues, on évoque l'air de rien la supériorité de l'islam, jugé plus abouti, sur les autres religions monothéistes… Et encore une fois, il ne s'agit pas là de l'avis des seuls personnages, mais bien de l'auteur.
Au moins, comme tu le dis justement, nous n'avons pas là un ouvrage formaté pour les yeux occidentaux, et c'est aussi ce qui en fait tout l'intérêt. Mais il y a de quoi tiquer.

Merci en tout cas pour cette lecture, instructive, intéressante, qui amène à réfléchir. Tout ceci en plus d'être fort agréable à lire.
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MessageSujet: Re: Leila Aboulela [Soudan]   aboulela - Leila Aboulela [Soudan] EmptyDim 4 Mai 2014 - 23:12

Invité a écrit:
De plus, par le biais de dialogues, on évoque l'air de rien la supériorité de l'islam, jugé plus abouti, sur les autres religions monothéistes… Et encore une fois, il ne s'agit pas là de l'avis des seuls personnages, mais bien de l'auteur.

Oui, j'avais aussi remarqué cela, la supériorité de l'Islam, les piques sur le christianisme...
Ce qui m'a peut être le plus fait tiquer, c'est lorsqu'au moment de demander à Rae de l'épouser, et qu'il ne se précipite pas dans la conversion et le mariage, elle lui reproche d'étudier l'islam, d'essayer de le comprendre, puisque cela doit juste rester une démarche intellectuelle et non pas un désir de se convertir. Comme si vouloir comprendre sans adhérer était répréhensible. Ce qui explique d'ailleurs son manque d'envie de comprendre les gens, de pénétrer leur intimité en Ecosse : vouloir mieux comprendre serait presque comme une trahison de sa culture. Et tout cela n'inspire pas beaucoup d'optimisme dans une cohabitation possible.
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