Parfum de livres… parfum d’ailleurs
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 Leïla Sebbar

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MessageSujet: Leïla Sebbar   Leïla Sebbar EmptyMer 23 Mai 2007 - 14:32

Leïla Sebbar Leilasebbargj1

Leïla SEBBAR est née à Aflou (Hauts-plateaux algériens dans le département d’Oran) d'un père algérien et d'une mère française, instituteurs.

En 1954, c’est le début de la guerre d’Algérie. En 1957, son père est arrêté par l’armée française et incarcéré à Orléansville (aujourd’hui El Asnam) durant plusieurs mois.
Ses père et mère vivent en Algérie jusqu’en 1968, puis à Nice.

Mais Leïla Sebbar quitte l’Algérie en 1961 au moment où l’OAS sévit à Alger. Elle poursuit des études supérieures de lettres à l’université d’Aix-en-Provence.

En 1963, elle s’installe à Paris, où elle vit aujourd’hui.
Diplômée de l’Éducation nationale, elle enseigne la littérature française tout en poursuivant son travail de recherche.
Dans ses fictions, romans, nouvelles, récits, Leïla Sebbar donne une place toute particulière à l’exil.

INDEX des livres chroniqués - Bédoulène - Cliquez sur les chiffres

Le vagabond : pages 1, 2

Les Femmes au bain : pages 1


Une enfance Algérienne : pages 1


Une enfance Outre-mer : pages 1


L'Arabe comme un chant secret : pages 1

Fatima ou les Algériennes au square : pages 2

Arrêté le 31/12/2011 page 2

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MessageSujet: Re: Leïla Sebbar   Leïla Sebbar EmptyMer 23 Mai 2007 - 15:01

LE VAGABOND (nouvelle):

« On l'a vu arriver un soir d'été.
Il avait fait chaud, très chaud. Hommes et bêtes à l'ombre des murs semblaient dormir. Enveloppés tout entiers, c'est à peine s'ils pouvaient ouvrir un oeil, on les aurait cru statufiés pour toujours, tournés vers eux seuls et le silence des plateaux. On ne soupçonnait pas, dans ces hommes dont rien ne les désignait comme des hommes, si ce n'est la forme apparente sous le pli des étoffes, la couleur de la terre qu'ils avaient travaillée à la fraîcheur de l'aube, ces heures clémentes qui leur permettaient de gagner le pain, on n'imaginait pas l'attention en éveil, la vigilance dans ces corps endormis.
Ils voyaient tout, ils entendaient l'herbe ou la pierre frôlées par un scarabée mordoré ou le jeune scorpion. Ils savaient
. »

Qui est-il ce vagabond qui arrive un jour dans un village des hauts plateaux algériens ?
Un jeune homme. Un «bâtard, fils de pute» né en Indochine. Sa mère était brodeuse à Saigon et son père un ennemi, un tirailleur algérien combattant de l’armée française.
La guerre finie, le soldat est reparti pour l’Algérie, laissant à Saigon la femme et l'enfant.
Le fils un jour a ouvert la boîte de photographies. La mère a raconté. Alors le fils, le « vagabond », vient en Algérie sur les traces de son père…
Mais pour quoi faire ?

« L’étranger ne marche pas comme les hommes des hauts plateaux, il vient de la ville, quelle ville, quel pays ? A l’extrême de l’Orient où sont allés mourir des hommes qui ont cru aux promesses, à l’aventure, aux grades. Certains sont revenus, ce n’était pas lapaix, ils se sont trompés de guerre. D’autres ont dit non, le sang de leurs frères, cette fois c’était non. Ils étaient revenus avec une femme aux yeux d’Asie. Ce jeune homme qui marche vers eux ressemble à leurs enfants qui ne sont plus des enfants aujourd’hui. Les mêmes yeux tirés vers la tempe, noirs et brillants, les mêmes cheveux, noirs et lisses, le même corps, mince et gracieux.
C’est lui.
Ils se le disent, le voyant arriver vers eux, qu’il est le fils du vieux tirailleur. Le fils de l’autre Orient, l’extrême Orient. Que vient-il chercher, ce fils ?
»
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MessageSujet: Re: Leïla Sebbar   Leïla Sebbar EmptyMer 23 Mai 2007 - 18:14

Les femmes au bain

« Les femmes au bain, «bain turc», «bain maure», «hammam», le même lieu où se «purifient» les femmes entre elles, côté corps, côté esprit par la liberté des mots. C’est pour moi un lieu à la fois symbolique et réel, nécessaire aux femmes, toutes les femmes. La surveillance patriarcale, sociale, familiale ne s’exerce plus aussi directement (il y a bien quelques vieilles femmes qui veillent à la morale, mais…). Les femmes parlent et se parlent. Sans réserve, en confiance. Elles disent leurs rêveries, leurs colères, des secrets dans l’intimité qu’elles partagent quelques heures durant. Elles se racontent des histoires, vraies ou fausses. Les fables et les contes servent à l’initiation des plus jeunes, attentives aux mots des femmes, mères, épouses, amantes, savantes ou illettrées, aventurières ou sédentaires. Elles écoutent la scène du monde raconté par les femmes, aujourd’hui encore. J’en suis convaincue, bien que je n’aille pas au hammam. »
(Leïla Sebbar ,dans une interview)
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MessageSujet: Re: Leïla Sebbar   Leïla Sebbar EmptyMer 23 Mai 2007 - 18:17

Les femmes au bain

Leïla Sebbar pousse dans ce roman la porte du hammam, lieu de l’intimité féminine, et d’une écriture envoûtante, donne la parole aux femmes dans leur diversité.
Il y a ici les jeunes et les vieilles, les savantes et les illettrées, des magiciennes, des conteuses….Il y a la Bien-aimée qui écoute ce qui se dit de l'Étranger de sang, son amant. Lui est en prison. Les frères de la Bien-aimée l'accusent de viol.

Et que disent les histoires qui s’entrecroisent de ces femmes libérées de toute surveillance ? Leurs histoires réelles ou imaginaires, venant de tous les lieux du Maghreb, de toutes les époques ?

Elles parlent de désir, d'amour, de plaisir ...
« Au bain, je les entends. (...) Je sais de qui elles se parlent. Toujours de l'étranger aperçu, l'étranger d'à côté, le presque cousin qui n'est pas le cousin (...) il est jeune, toujours, et beau, pas d’épouse, pas d’enfants ».

Elles s'échangent les rumeurs, les informations …
« toujours l'une d'elles, discrète a vu, toujours une domestique raconte au bain où se mélangent les femmes du palais et les femmes du peuple ».

Elles se plaignent de l'arbitraire de la tribu, des mariages arrangés, de la violence des intégristes à leur égard…
«Ces hommes-là ont interdit les bains, douceur et volupté, les femmes doivent souffrir depuis la naissance jusqu’à la mort, non pas au service de Dieu, au service des hommes, père, frère, mari (…) au nom d’un Dieu que je ne reconnais pas, il a brûlé les âmes, arrêté les mots et les vers, décapité les corps des résistants et des résistantes, éventré, égorgé. (…) ils sont nés de femmes et ils ne sont pas humains

Elles questionnent …
«Pourquoi cherchent-ils à punir la femme, pour sa beauté de femme et sa puissance de mère ? Une haine qui vient de si loin avec une telle force, pourquoi ?...»

Dans ce récit entre colère et sensualité, où la révolte est adoucie par la langueur du bain chaud, on sent bien la complicité de Leïla Sebbar avec ces femmes dont on a bridé la sensualité et la liberté. Malgré tout, entre elles, elles résistent face aux machismes et aux intégrismes.
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MessageSujet: Re: Leïla Sebbar   Leïla Sebbar EmptyMer 23 Mai 2007 - 18:19

Les femmes au bain


Extraits :

« J'ai lu aussi le livre des ruses, ces ruses que se transmettent les femmes de génération en génération, avant les Prophètes et avant les Pharaons, avant et avant, depuis la première femme sur la terre, Eve non, loin, très loin avant Eve, de la mère à la fille une très longue chaîne. Jusqu'à ce jour et après le Jour dernier, on ne le dit pas, les femmes au Paradis n'ont pas renoncé à la ruse, elles ne sont pas nombreuses, Dieu choisit les parfaites. Des femmes qui ne disent pas non au plaisir de l'amour. Le mari s'est affaibli mais il reste le mari. Inutile de quitter la maison, les amantes ne perturbent pas l'ordre domestique ni l'ordre public, et la vieille nourrice est là, vigilante, attentive aux caprices érotiques de la jeune séquestrée obéissante. L'amant fougueux n'a pas l'impatience du mari, il respecte le rituel amoureux, il est généreux et raffiné, musique, poèmes et chants... jusqu'au plaisir de la bien-aimée clandestine.
Au bain, je les entends. De qui parlent-elles ? De l'époux ? Non, jamais de l'époux, existe-t-il un seul époux bien-aimé ?

Je sais de qui elles se parlent. Toujours de l'étranger aperçu, l'étranger d'à-côté, le presque cousin qui n'est pas le cousin, il vient de loin, il a marché sur les routes de l'inconnu, de l'autre côté du monde, mais il est né de la même terre, du même sang, dans la même langue. Il a quitté la maison des ancêtres, elles ignorent le pays de sa vie, de ses amours, mais il revient, il est jeune toujours, et beau, pas d'épouses, pas d'enfants. Il revient pour elles, les jeunes filles, les femmes et celles qui croient qu'elles ne sont pas encore vieilles, il pourrait les regarder et les aimer. Elles attendent la rumeur qui dit l'homme. L'homme à cheval sous les terrasses avec l'habit d'apparat de l'aïeul, le haut dignitaire disparu lui aussi mais on ne l'a pas revu. L'homme et ses amis au café, ils jouent, bavardent, rient aux éclats, de quoi parlent-ils ? Des femmes de l'autre rive, des villes métropoles qui ont perdu tant de leurs fils
. »


« La Bien-aimée: Je l'ai aimé, oui. Je l'ai aimé. Je ne voulais pas qu'on l'enferme. Je n'ai pas porté plainte. Il ne m'a pas violée. Mes frères ont dit «pour l'honneur», l'honneur du clan des hommes. Je n'appartiens pas à la tribu, elle a disparu depuis longtemps, la tribu, dispersée, dégénérée, mon honneur n'est pas le sien. Ils ne me possèdent pas, ils croient que je suis à eux, les femmes qui obéissent racontent que je suis comme elles, fidèle à nos hommes, quels hommes ? Ainsi, je serais l'honneur de la tribu, fidèle à la loi de Dieu. Je ne l'ai pas toujours su, je sais désormais que la loi de Dieu, c'est la loi des hommes, des savants peut-être. On les dit sages, des érudits capables de citer de mémoire, au mot près, le Livre et les commentaires des transmetteurs, du premier au dernier, ayant passé des années de leurs jeunes et vieilles vies penchés sur les livres qui disent Dieu, la vie et la mort, le bien et le mal, le licite et l'illicite. Les sciences de la religion habitent le coeur, l'âme et le corps de ces hommes pieux. Je les ai lus, je les ai entendus, je sais ce qu'ils disent et ce qu'ils se disent lors des controverses où on les invite. Je ne veux pas les écouter, ils n'aiment pas la vie, ils n'aiment pas les femmes. Et les femmes les aiment. Où sont les hommes dans ces hommes-là ? Où est l'esprit, où est la grâce ? Et la générosité, où est-elle ? »
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MessageSujet: Re: Leïla Sebbar   Leïla Sebbar EmptyMar 3 Juil 2007 - 0:04

Je connais surtout Leïla Sebbar comme anthologiste. Peut-être n'est-ce pas le bon endroit pour poster alors? Désolée!
Une enfance algérienne et Une enfance outre-mer sont deux petits bijoux que je vous recommande vivement: la colonisation, la décolonisation et les guerres qui les accompagnent, vues à travers des yeux d'enfants. Musulmans, juifs, chrétiens, ceux qui partent et ceux qui restent... tous confondus ils racontent des souvenirs minuscules, la douleur de la déchirure, la nostalgie...
Ce sont deux anthos magnifiques.
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MessageSujet: Re: Leïla Sebbar   Leïla Sebbar EmptyMar 3 Juil 2007 - 0:59

ekwerkwe a écrit:
Je connais surtout Leïla Sebbar comme anthologiste. Peut-être n'est-ce pas le bon endroit pour poster alors? Désolée!

Bien sûr que si puisque c'est le fil consacré à Leïla Sebbar!
Dans les anthologies, ce ne sont pas ses textes, oui, mais ce sont tout de même ses choix...
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MessageSujet: Re: Leïla Sebbar   Leïla Sebbar EmptySam 10 Nov 2007 - 1:52

Comme je fais samedi une lecture publique de Femmes au bain de Leïla Sebbar, je ne résiste pas à ajouter sur le fil cet article pris sur le blog d'Assouline:

L’arabe comme un chant secret
Il y a cette phrase inoubiable, dans Les mémoires de Barry Lyndon du royaume d’Irlande justement, au moment où Redmond Barry démasqué par le chevalier de Balibari, les deux Irlandais s’étreignent avec une intense émotion : ” Nul ne saurait dire le bonheur d’entendre parler sa langue par une voix amie pour qui se retrouve étranger, isolé, perdu en exil”. Encore faut-il être en règle avec sa langue natale, sans contentieux d’aucune sorte. Ce n’est pas donné à tous. Ce passage du roman de Thackeray m’est revenu en mémoire en lisant le beau récit de Leïla Sebbar L’arabe comme un chant secret (75 pages, 10 euros, Bleu autour). Une discrète pépite dans le magma de la production de la rentrée. Ce texte bref et émouvant, écrit dans une langue impeccable, est mû par un rythme lancinant, un mouvement secret qui tourne autour d’une antienne revenant en cadence : “Comment vivre séparée de la langue de mon père ?” Formulée d’une manière ou d’une autre, elle resurgit à intervalles réguliers. L’auteur, qui a publié un grand nombre de romans, nouvelles, essais, récits et carnets de voyages tous écrits dans la langue de sa mère, a rassemblé ces six textes en autant de chapitres pour essayer de faire le point avec elle-même sur ce qui la hante plus que tout.

Son père était un arabe, musulman, algérien ; sa mère une Française catholique. Deux religions sur lesquelles l’école laïque de son enfance a fait silence. Ils enseignaient le français à l’école du bled. Sa mère venue des bors de la Dronne était la Française de France, elle incarnait à ses yeux le meilleur des Lumières et de la Raison, elle apprenait la langue de la France à des petits arabes quand l’Algérie formait trois départements d’outre-mer. Son père, un enfant du vieux Ténès formé à l’Ecole normale d’instituteurs de Bouzaréa à Alger, avait débuté comme directeur d’une “Ecole de garçons indigènes”. Cette même école a “colonisé mon père dans la langue de ma mère”, alors que les personnages de mère dans ses livres sont obstinément arabes, musulmans, algériens. A telle enseigne qu’un jour, Agnès Varda la faisant intervenir dans l’un de ses documentaires, lui lâcha de but en blanc une réflexion qui la clouera durablement dans la sidération :“Vous auriez voulu avoir une mère arabe…”. Son père ne voulait pas qu’elle apprenne l’arabe de la rue :”Il a donné à ma mère l’hospitalité dans sa terre et ma mère lui a donné l’hospitalité dans sa langue. Mais à moi ? Le paysage, seulement le paysage d’enfance, et c’est de là que j’écris. Mais c’est pauvre, un paysage, s’il n’est pas habité par une langue et des voix”. Le silence de son père, rétif à lui transmettre sa langue et toutes les épopées qu’elles charrient dans ses replis, a été sa manière à lui de résister. En rendant sa langue inaccessible, et avec elle tout ce qu’elle contient, il l’a préservée. Il a gardée secrète cette langue absente, offrant à sa fille cette énigme indéchiffrable : une seule langue pour deux parents étrangers chacun dans le pays de l’autre. Toute l’oeuvre de Leïla Sebbar vise à rétablir “la filiation rompue” en traduisant son père dans la langue de sa mère. C’est à ce prix que l’inquiétude s’éloignera pour faire place à la sagesse.

Elle sait désormais que la musique de la langue arabe est malgré tout en elle, mais sous la forme d’un chant secret. En l’accueillant enfin, elle s’est réconciliée avec elle-même. Son récit est plein d’odeurs, à commencer par celle du moût de vin de la cave coopérative en face du jardin. Leïla Sebbar atteint à l’universel par la simple évocation de la langue de tous les jours, non une langue à comprendre avec de vrais mots mais juste des sons accompagnant des gestes domestiques. Elle sait désormais ce que c’est que de rire en arabe. Sur la couverture typographique, sous le titre, on peut lire une phrase en caractères arabes de Mustapha Kacimi El Hassani et qui, une fois traduite, signifie :” La langue de mon père, l’arabe, langue bien aimée”. Un mot encore : ça n’a l’air de rien mais personnellement, ça m’enchante de voir que, l’éditeur ayant son siège à Saint-Pourcain-sur-Sioule (Allier), la publication d’un tel livre a été rendue possible, en tout cas facilitée, grâce à l’aide du Conseil Régional d’Auvergne.

La langue arabe est une merveille pour l’étranger qui veut bien se donner la peine de l’écouter. L’autre soir à la Maison de la poèsie, plus d’un auditeur se disait captivé par les poèmes lus par Mahmoud Darwich sans pourtant connaître un seul mot de sa langue. Ce sentiment vient du très profond et du plus lointain, quand bien même n’aurait-on jamais vécu dans un pays arabe.
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MessageSujet: Re: Leïla Sebbar   Leïla Sebbar EmptySam 10 Nov 2007 - 9:24

Merci Coline pour cette belle respiration matinale.
Je note le nom de cette auteure.
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MessageSujet: Re: Leïla Sebbar   Leïla Sebbar EmptyJeu 29 Nov 2007 - 15:52

Dans Le Monde des Livres (22.11.07 )

Assia Djebar et Leïla Sebbar : une jeune Algérienne qui rêvait en français
Nom : Assia Djebar. Pays de naissance : Algérie. Profession : écrivain. Profession du père : maître d'école. Langue maternelle : arabe.

Nom : Leïla Sebbar. Pays de naissance : Algérie. Profession : écrivain. Profession du père : maître d'école. Langue maternelle : français.

Comment ne pas rapprocher deux ouvrages, de nature et de taille différentes, qui racontent l'un et l'autre une enfance algérienne tiraillée entre deux langues et deux cultures, sous le regard du père ? Si Leïla Sebbar a rassemblé différents textes très personnels dans un petit livre, qualifié de "récit", Assia Djebar, membre de l'Académie française, publie le premier volet d'une vaste fresque autobiographique, qu'elle a pudiquement appelé "roman".


"Je suis la fille d'un Arabe et d'une Française", écrit Leïla Sebbar. Dans l'Algérie coloniale, le père dirige une "école de garçons indigènes" où enseigne la mère. Pour sa part, la petite Leïla va à l'école des filles du quartier européen et se fait insulter sur son passage par des garçons, qui se moquent de ses socquettes blanches, de sa jupe écossaise et des boucles dans ses cheveux. Elle se fait insulter en arabe, la langue de son père, qu'elle ne comprend pas. Et la voilà prise au piège, dans ce pays colonisé, "fille d'un victime et d'une bourreau", entre "un masculin féminin et un féminin masculin".

La petite fille modèle, nourrie des romans de la comtesse de Ségur, finira par se réfugier de l'autre côté de la mer, dans le silence des bibliothèques. Mais, un jour, renonçant à cette "protection meurtrière", elle ira à la rencontre des Algériennes exilées, dans les squares et les cafés arabes de Paris : ces mères "musulmanes, analphabètes, séquestrées", qui deviendront les héroïnes de ses propres livres.

Leïla Sebbar écrit en français sur l'Algérie, le pays meurtri. "J'écris le corps de mon père dans la langue de ma mère." Ces femmes, qu'elle n'a plus cessé de rencontrer, sont en quelque sorte ses "mères premières". Elle les entend parler arabe sans les comprendre. "J'ai le son, je n'ai pas besoin du sens, il est pour ainsi dire déjà là." La langue du père, qui était dangereuse sur le chemin de l'école, devient alors "comme une musique, une langue sacrée"...

Le parcours d'Assia Djebar est différent, même si elle connaît, elle aussi, l'épreuve de la rue dans les différentes villes d'Algérie où son père exerce successivement son métier de maître d'école : l'arabe est sa langue maternelle... et paternelle. Encore toute petite, elle traverse la rue du village colonial, chaque jeudi, tenant la main de sa mère, qui se rend au hammam. Une mère voilée de blanc, déshabillée par les regards des Européens attablés aux terrasses des cafés. La fillette lui sert en quelque sorte de garant et de protection.

Qu'est-ce qu'une langue maternelle ? La réponse se trouve 300 pages plus loin, dans ce livre pudique, délicat comme une porcelaine, à l'écriture ciselée : "Doux diminutifs de la prime enfance, tendresse chuchotée, mots chuintés, glissés entre les dents, tout l'amour de ma mère me caressant naguère la peau, les joues, palpant mon corps de fillette au bain maure quand elle m'essorait, moi, nue et grelottante, entre d'épaisses serviettes, en plein coeur ombreux et brûlant du hammam."

A l'âge de 5 ans, la fillette tente de tenir en équilibre sur un vélo et s'élance dans la rue, quand elle est stoppée net par le regard scandalisé de son père. Ce père algérien, défenseur de la Révolution française, au service de la langue de Voltaire, mari amoureux, époux modèle, n'en est pas moins un gardien du gynécée. "Je ne veux pas que ma fille montre ses jambes en montant à bicyclette !" La narratrice sera blessée à jamais par cet interdit. Un demi-siècle plus tard, elle s'en souvient, comme d'une obscénité verbale, une griffure sur ses jambes, un tatouage. "La seule blessure que m'infligea jamais mon père."

Qui s'exprime ? On a du mal à ne pas confondre Assia Djebar avec la narratrice. De "roman", ici, il ne semble y avoir que les hésitations de la mémoire ou le refus de se mettre soi-même en scène.

C'est en classe de sixième que la jeune Algérienne reçoit, comme un coup en pleine poitrine, son premier vers français. Beau de l'air ? Baudelaire. Une enseignante inoubliable - "de longs doigts aux ongles écarlates" - lui fait découvrir L'Invitation au voyage. Les vers sont prononcés avec lenteur et gravité, comme l'étaient jusqu'ici les versets du Coran :

Mon enfant, ma soeur, Songe à la douceur...

Dès lors, la lecture sera son ivresse. Et les poches de sa blouse bleue de pensionnaire, à l'internat de Blida, chargées de livres, ne cesseront plus de bâiller. Magie de la littérature : la correspondance d'Alain-Fournier et de Jacques Rivière, jeunes gens d'avant la première guerre mondiale, qui n'appartiennent ni à son monde ni à son époque, lui fera découvrir d'autres auteurs (Rimbaud, Gide...) et nourrira son amitié livresque avec une camarade européenne. L'adolescente mêlera désormais ses rêves à ceux des héroïnes de Claudel ou de Giraudoux, alors qu'elle baigne toujours parmi "les murmures des femmes de la tribu". Deux langues, deux cultures. Et toujours, en arrière-plan, le regard du père.

C'est en français qu'auront lieu ses premiers rendez-vous amoureux avec un jeune compatriote, qui lui a fait connaître des vers arabes de la poésie antéislamique. La voilà amoureuse... de "la langue perdue", si bien maîtrisée par ce garçon moustachu, à qui elle ne s'adresse surtout pas en arabe dialectal : le français, langue neutre, lui tient lieu, en quelque sorte, de voile. Et il la protégera tout autant dans les rues d'Alger, la faisant passer pour étrangère : un seul mot d'arabe dans la bouche de cette jeune fille à l'allure si libre déchaînerait des gestes d'hostilité.

Et puis un geste fou, boulevard Sadi-Carnot, à Alger, face à la mer, un soir d'octobre 1953... "Si mon père sait, je me tue", s'était-elle dit. Assia Djebar a attendu plus d'un demi-siècle pour révéler ce drame évité de justesse et adresser en quelque sorte, par ce livre, une longue lettre à son père. Un demi-siècle pour rompre un mutisme étouffant, sortir de "la fausse pudeur, cette lâcheté qui se farde" et esquisser "le premier pas de l'autodévoilement". On attend les suivants avec beaucoup de curiosité. Loin de la langue maternelle, loin du regard paternel...


NULLE PART DANS LA MAISON DE MON PÈRE d'Assia Djebar.
L'ARABE COMME UN CHANT SECRET de Leïla Sebbar.
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MessageSujet: Re: Leïla Sebbar   Leïla Sebbar EmptyJeu 29 Nov 2007 - 20:46

J'ai lu ces deux auteurs... Certes, Leila Sebbar est un écrivain de bonne facture, agréable à lire, mais son oeuvre, à mon sens, n'atteint vraiment pas les sommets de celle de sa consoeur, et à quelqu'un qui, en résumant très grossièrement, me dirait vouloir lire un roman écrit par une algérienne, je conseillerais bien plus Assia Djebar...
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MessageSujet: Re: Leïla Sebbar   Leïla Sebbar EmptyJeu 29 Nov 2007 - 23:45

Alfred Teckel a écrit:
J'ai lu ces deux auteurs... Certes, Leila Sebbar est un écrivain de bonne facture, agréable à lire, mais son oeuvre, à mon sens, n'atteint vraiment pas les sommets de celle de sa consoeur, et à quelqu'un qui, en résumant très grossièrement, me dirait vouloir lire un roman écrit par une algérienne, je conseillerais bien plus Assia Djebar...

Assia Djebar n'est pas académicienne pour rien!...
Mais la petite voix de sa consoeur Leïla Sebbar est à écouter aussi...
J'ai beaucoup travaillé sur Les femmes au bain que nous donnons en lectures publiques...A chaque lecture, j'aperçois un peu plus de la richesse de son texte.
Je dirais plutôt que l'oeuvre de Leïla est à pousser sous les yeux des lecteurs...Assia est beaucoup plus (re)connue qu'elle évidemment ...

Elles ont toutes deux leur fil sur Parfum de livres... Wink
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MessageSujet: Re: Leïla Sebbar   Leïla Sebbar EmptyLun 3 Déc 2007 - 14:19

L'Arabe comme un chant secret

C’est un vrai coup de coeur que j’ai eu pour ce petit livre dédié à « tous les enfants qu’on a séparés de la langue de leur père et mère » .

Un livre comme une intime et touchante confidence.

Leïla Sebbar, fille d’une institutrice française en Algérie et d’un père algérien instituteur à l’ECOLE DE GARCONS INDIGENES , n’a jamais appris et parlé l’Arabe.

Plutôt que de commenter ce livre qui m’a bouleversée, je préfère vous livrer quelques passages que j'ai recopiés. J’espère que vous pourrez prendre le temps de les lire et qu’ils vous donneront l’envie de découvrir l’ouvrage tout entier.

Les parents :

[size=12]« La maison de ma mère n’est pas sa maison. C’est la maison de l’Etat français, de l’Instruction Publique, dans l’école de « l’instituteur du bled », mon père, « le petit Arabe, meilleur que les petits Français. » Dans la belle langue de la France, sérieux, curieux, doué pour les mathématiques, il lit tout, il apprend tout, il aime réciter les poèmes qu’il découvre en même temps que la géographie fluviale du pays de France, ce pays des rivières où il rencontrera la jeune Française, éblouie d’entendre un jeune homme étranger qui parle sa langue si parfaitement et sans l’accent de la province aquitaine. Il ne ressemble pas aux hommes de sa Dordogne natale, elle l’écoute, il parle si bien. Lorsqu’ils se penchent vers la Garonne, sur le parapet qui longe le fleuve dans la ville elle voit sa main brune comme le seigle mûr des champs de son père. Ce qu’elle imagine du pays de cet homme et de son peuple, je ne sais pas. Ses yeux sont bleus. Il porte des lunettes rondes en écaille ; Il sera instituteur. »[/size]

La jeune femme suit son amoureux en Algérie.

[size=12]« La république laïque, avec ses règles, est le lieu principal privilégié, idéal, absolu de tout acte, de toute parole. Lieu saint. L’école de mon père, instituteur indigène de langue française dans l’école de la France, maître de l’ECOLE DE GARCONS INDIGENES, est le lieu fondateur, unique, l’espace clos et préféré du discours laïque et républicain qui se répète à l’infini dans le plaisir de la vocation. Ma mère est l’alliée indéfectible de la mission, institutrice dans l’école dont mon père est le directeur, maîtresse d’école et maîtresse dans la maison d’école intégrée à cette république laïque en miniature. »[/size]

[Leïla ne va pas cependant à « L’école du village, l’école de son père » : elle se rend à l’école européenne.

[size=12]« Chaque matin, avec mes deux sœurs, nous allions à pied jusqu’à l’école de filles du quartier européen, traversant l’esplanade de terre battue où les garçons du quartier arabe jouaient au ballon.[…] Ils criaient vers nous, les filles du directeur, dans la langue de la rue, la langue de leur mère, l’arabe, des phrases étrangères où nous pouvions reconnaître, parce qu’elles étaient plus agressives que les autres mots, des injures. »[/size]

Souvenirs chaleureux et tendres de la famille Arabe :

[size=12]« Mon père nous emmenait voir sa mère et ses sœurs dans la vieille maison où elles vivaient ensemble. Avec elles, il parlait la langue de sa mère, oubliant l’autre langue, la langue de l’école et de sa femme. Elles étaient bavardes et parlaient aussi avec ma mère comme si elle avait dû comprendre. Ma mère écoutait, souriait, acquiesçait. Elles la touchaient pour mieux lui parler et la trouvaient belle, comme elles nous trouvaient beaux, nous les enfants de cette femme étrangère et du fils de la maison, l’aîné fidèle et généreux, le fils préféré, le frère bien-aimé. Elles ne devaient pas penser qu’il les avait trahies en épousant la Française. Leurs gestes disaient le contraire. »[/size]

« Tout me sépare de la mère et des sœurs de mon père. La langue, les gestes, les manières, les habitudes domestiques. Il faut manger assis sur des coussins, autour d’une table basse, il faut manger tout ce qui est servi, faire honneur, les tantes nous parlent avec des plats inconnus longuement cuisinés, du pain cuit à la maison, des gâteaux au miel et aux amandes pour nous, les enfants du frère préféré, il faut manger, dire que c’est bon. Nous mangeons, nous mangeons, et les sœurs nous regardent sans manger, attendries, étonnées de nos jupes trop courtes, des rubans écossais dans nos cheveux, de nos sandales de toile blanche, si blanches, de nos bavardages dans la langue inconnue. »[…] Elles nous prennent dans leurs bras, nous serrent contre leurs blouses moelleuses, nous embrassent en riant, elles prononcent en les déformant les prénoms français de mon frère et de mes sœurs. Elles sont heureuses de nous, si étranges sous le jasmin dans la cour de la vieille maison du vieux Ténès. Ma mère, la Française prête ses enfants à l’amour des sœurs privées d’enfants l’une et l’autre. Ma mère sourit, assiste à la scène maternelle multipliée par deux, aux gestes qui enveloppent comme s’ils allaient engloutir, aux rires de cet après-midi d’été dans une cour fermée, protégée par l’odeur du figuier mêlée au miel des gâteaux . »

La petite France :

« Ma mère. Elle est la France. Je le sais, je l’ai toujours su. Elle est la languede la France. Elle ne le dit pas, tout le prouve, ses gestes, son maintien, sa voix.[.. ;] Ma mère est unique. Pas une femme ne lui ressemble.

[…] La femme du maître indigène, la belle étrangère, la Française qui n’a pas peur des Arabes[.. ;] parle une autre langue. On la trouve étrange, différente, on l’entend comme une source claire.[…] Cette langue n’est pas la langue de la Colonie, elle est belle. »

« La maison d’école, son jardin, ses enfants forment une petite France où se parle la langue de la France. Les bonnes, Aïcha et Fatima, leur voile blanc, le haïk, enlevé, plié, rangé dans la maison, s’appliquent à suivre les gestes qui les éduquent, les mots qu’elles apprennent à prononcer sans faute, ma mère, inlassable, corrige. »

« Et mon père ? Mon père est fier, je crois, de sa petite France qu’il transporte d’un poste à l’autre dans la maison d’école que l’ingéniosité de sa femme transforme en maison chaleureuse et généreuse. On le félicite- le jardin, les enfants…- dans la langue de la France, jamais dans la langue du « pays indigène ». Dans la maison de sa femme, mon père ne parle pas la langue de sa mère. Il est arabe et je ne sais pas qu’il est arabe. Il est d’abord mon père, attentif, présent, patient, et maître d’école.[…] Mon père ne nous parle passa langue. Il ne nous raconte pas les légendes de son peuple.[…] Dans la bibliothèque, pas un livre, pas un mot de sa langue. »

Puis vient la guerre :

« Il a fallu la guerre, la guerre d’Algérie, pour avoir la certitude foudroyante que je suis la fille d’un Arabe et d’une Française, que la France a colonisé l’Algérie, que mon père est colonisé et ma mère colonisateur (colonisatrice ?), que je suis divisée malgré le discours qui rassure .»


« Ainsi, l’école de mon père serait l’école coloniale.[…] Il a choisi Satan. Il a perdu son âme…Et ma mère est la séductrice, diabolique, l’auxiliaire de la France impérialiste et guerrière.

Et moi, dans cette histoire de corps, d’âme et de langue ? Fille d’un victime et d’une bourreau…Prise au piège. Tourmentée.[.. ;] Fuguer dans la géographie physique et mentale pour échapper à la folie. Fuguer. Se sauver loin, de l’autre côté de la mer. Dans l’exil. Dans le silence des bibliothèques et des livres des autres. »

L’exil en France pour Leïla et sa famille :

« Des femmes arabes parlent entre elles dans un triste square de la terre française. Je marche encore et encore, seule, dans les mots déplacés, les voix de femmes qui bavardent dans l’exil, la terre de béton, la nouvelle terre [.. ;] Je suis poursuivie par les voix des femmes arabes qui ne se taisent pas. »

Leïla se réfugie dans les livres, ceux des autres, puis elle écrit :

« Aïcha devient, malgré moi, la mère de mes livres. J’écris son corps et sa langue, dans la langue de ma mère, la langue de la France qu’elle ne saura ni lire ni écrire. »

« Les mères de mes livres. Des mères romanesques, imaginaires ?[…] Des mères berbères, arabes, musulmanes, analphabètes, séquestrées, deviennent les héroïnes de mes livres. Des mères premières. Mères archaïques, maternelles, au corps vaste, enveloppées de linge où se perd le corps d’un enfant, mères à la langue inconnue qui ne donne pas d’ordres. »

« J’offre à mon père non pas son peuple sur sa terre et dans sa langue mais des fragments du corps algérien dans le silence de l’exil. […] Mon père a donné ses enfants à sa femme, à la France, à la langue d’amour qui l’a reçu comme maître d’école modèle, il lui a donné le meilleur et sa jeunesse, ses élans d’idéaliste républicain, malade de justice et d’égalité. Il ne pouvait pas être ce Juste dans la langue de sa mère ? Ou elle était là, en sœur jumelle, et je ne le savais pas ? Je ne le sais pas ?

Je traduis l’Algérie, je traduis mon père dans la langue de ma mère. Je lui fabrique, je me fabrique une famille immense des deux côtés de la mer. Je crois ainsi rétablir une filiation rompue. C’est une filiation que j’offre à mon père.

[…] J’ajoute que la langue de mon père, absente, entendue, perdue, retrouvée, jamais parlée, sa langue est là malgré le silence volontaire, elle est là, sédimentée, personne ne me l’enlèvera. Je l’entends comme une musique, une langue sacrée.

[…] Cette langue arabe que les autres et moi aussi, longtemps, ont cru étrangère, hostile parfois et dangereuse, l’arabe de mon père donne émotion, chant profond à la langue de ma mère. J’ai laissé venir la langue arabe et elle est venue, souple et ronde, avec des éclats de rire et des colères. Elle est venue et je l’accueille. Comme mon père la langue de la France, j’accueille l’étrangère du pays natal, je la veux étrangère avec la distance familière et complice de l’amour, l’arabe de l’étranger bien-aimé, mon père. »
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MessageSujet: Re: Leïla Sebbar   Leïla Sebbar EmptyLun 3 Déc 2007 - 14:31

L'Arabe comme un chant secret
...sur le blog de Pierre Assouline:
cliquer ici
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MessageSujet: Re: Leïla Sebbar   Leïla Sebbar EmptyLun 3 Déc 2007 - 14:33

A la télé:Le bateau Livre:

- Le jeudi 13 et le dimanche 16 décembre: Entre autres auteurs, Leïla Sebbar pour L'Arabe comme un chant secret.
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