Takeshi Kitano

animal a écrit:

d'écouter les avis tendance crétin (à part Sophie Avon en partie) ça me remonte la cote du Kitano...

(c'est à se dégouter du cinéma, quand même...)

Ils n'ont quand même pas complètement tort, non ? C'est répétitif, ce n'est pas passionnant... Alors, ça veut peut-être montrer que notre société n'a pas de relief, est chiante, que les gens sont interchangeable, mais j'ai beau le savoir, ça ne me rend pas le film plus exceptionnel pour autant... Ca me rappelle tous ces monochromes qui expriment l'uniformité de la société, et qui en rajoutent dans l'uniformité ; ou bien un film ultra-violent d'Oliver Stone qui disait qu'il l'avait fait pour dénoncer la violence (ah bon ? pourquoi en rajouter, alors). Je ne sais plus qui a dit que la musique ira là où le prochain génie voudra qu'elle aille, quelque chose comme ça, et c'est bien vrai. Plutôt que de refléter la société, pourquoi ne pas la faire avancer ?

Ensuite, même un crétin peut parfois avec un avis qui va dans notre sens, ce n'est pas pour autant que je me dis que je me suis trompé... Enfin, j'espère
Pour en revenir à Kitano, il paraît qu'il a d'abord conçu les scènes de violence (qui sont certes bien fait, comme il est rappelé dans le Masque et la Plume, la pendaison horizontale, c'est assez frappant) et a fait le scénario (enfin, ce qui en tient lieu) autour. Les scènes de violence sont donc bien, le scénario est lui beaucoup plus léger...

je ne l'ai pas trouvé plus violent que "ses anciens films de yakuza". Plus que le répétitif c'est la logique (enragée) répétitive qui est utile (et évidente) dans le film. Après que le film ressemble aussi à une sombre blague et esquive plusieurs catégorie au passage... je ne partage pas la vision d'un moderne 2010 par rapport aux anciens (90's ?). la comparaison bite et petit doigt ça ne pèse pas lourd (avec ou sans t-shirt bob l'éponge). un bonhomme qui se gargarise de s'intéresser à la mise en scène et à la construction d'un film plutôt qu'au scénar et qui raconte je ne sais même plus quelle platitude. cool.

pas pour moi ces émissions.

animal a écrit:

je ne l'ai pas trouvé plus violent que "ses anciens films de yakuza". Plus que le répétitif c'est la logique (enragée) répétitive qui est utile (et évidente) dans le film. Après que le film ressemble aussi à une sombre blague et esquive plusieurs catégorie au passage... je ne partage pas la vision d'un moderne 2010 par rapport aux anciens (90's ?). la comparaison bite et petit doigt ça ne pèse pas lourd (avec ou sans t-shirt bob l'éponge). un bonhomme qui se gargarise de s'intéresser à la mise en scène et à la construction d'un film plutôt qu'au scénar et qui raconte je ne sais même plus quelle platitude. cool.

pas pour moi ces émissions.

Pour la comparaison bite et doigt, je suis 100% d'accord avec toi, c'est nul (de même le t-shirt Bob l'éponge). Ca ne m'était pas venu à l'idée, et pourtant j'ai l'esprit mal tourné. Par rapport à ses anciens films de yakuza, c'est très différent, là, non ? La façon dont la violence arrive... elle était souvent non vue, arrivait brusquement. Là, on la voit arriver, on la voit se préparer, ça ôte une grande partie de l'originalité de son cinéma. Il y avait un côté ras-de-bitume, le petit malfrat, c'était bien sympa. Là, c'est la grosse organisation comme on l'a déjà vue tellement de fois dans les films asiatiques... (bon, c'est moins chiant que Election 1, de Johnny To - je ne peux pas parler de Election 2, je ne l'ai pas vu - ceci dit, Election 1 et 2 ne sont pas faits à la base pour un public occidental, j'imagine).
Mais le côté moderne/ancien est très appuyé dans le film : à chaque fois que quelqu'un arrive avec son doigt coupé, on lui dit que ça ne sert à rien, que ce sont des trucs d'un autre temps, que c'est désuet...

mouais mais ça tourne (ou a tourné) à la blague facile. grosse organisation pas tant que ça, ils sont proche du niveau "en bas" d'ailleurs ils ne voient pas le grand chef normalement. les alliances politiques à une étape ou une autre c'est très présent (inévitable ?) dans le genre.

les japonais ont au moins une décennie de cinéma hantée par le bruitage "batte en alu", c'est horrible.

souvenir : BA de Violent cop

animal a écrit:

ça va être difficile de dire que le film est une franche réussite ou particulièrement emballant. mais on ne s'ennuie pas ou ne s'agace pas comme devant Achille et la tortue. c'est parfois marrant sans être drôle, je dirai que ça a tout de la blague qui laisse dans le doute, c'est sinistre (emballé dans une hiérarchie omniprésente et des apparences très très lisses) et c'est entre des genres. c'est un film de yakuza qui n'en est pas un, un film qui peu être pris et aimé pour ce qu'il n'est pas (bête de film de gangster ou merveille artistique). il a un petit côté attachant l'air de rien dans son excès à lui. je regrette un peu qu'il n'est pas plus collé aux longues discussions mais... ça fait partie du sens et le casting est très bon.

Le grand retour de Kitano, après une période expérimentale sans boussole ? Moui et bof. Outrage est un film de yakuzas pur et dur, à la première lecture. Avec meurtres à répétition, guerre de bandes incessante, scènes de mutilations pas très ragoutantes. A croire, c'est une interprétation, que Kitano a voulu parodier le genre, avec ses excès, parce que, après tout, il en a fait le tour, non ? Heureusement d'ailleurs qu'il y a quelques plages d'humour dans cette suite de violences effrénées, certes stylisée mais agaçante dans son systématisme. Surtout avec un scénario qui ne brille pas par son originalité. La griffe Kitano est bien présente mais il y a là comme une sorte d'impuissance, ou de non volonté, à s'affranchir des lois du film de genre. Pour moi, c'est décevant sans être fondamentalement raté parce qu'il y a quelques (rares) moments de grâce.

Vraiment désolé, animal, j'espère que je ne devrai pas sacrifier un doigt pour outrage à Kitano.

traversay a écrit:

ou de non volonté, à s'affranchir des lois du film de genre.

c'est ce morceau là qui m'intrigue et m'intéresse, pour le film de genre gangster et pour sa phase Kitano-arty-qui-marche-à-l'étranger ?

Il est (presque) nulle part sont film. quasi inutile.

ça vaut le coup de garder plein de petits doigts, c'est mieux pour la bière.

Je n' ai pas vu Outrages, mais voilà une critique plutot à contre courant...

Le premier contresens critique consisterait à voir dans Outrage une forme de retour aux sources du genre - le film de yakuzas - qui l' a fait connaitre du public occidental.
Après des années d' égarement et de panne d' inspiration, Kitano trouve enfin une porte de sortie
et non pas de repli, la matière d' un rebondissement réjouissant qui se tient assez loin de Violent cop, Sonatine ou Hana-BI.
Dans Outrage, le monde a refermé ses portes sur des bandes de yakuzas rivaux qui, pendant deux heures, vont s' entretuer, s' humilier et s' abimer dans l' unique but de revetir le jogging couleur
crème du chef de clan.
L' histoire à la fois minimaliste et opaque, pourrait se résumer à une série de passages à tabac et de pétages de gueules gratinés, comme si le cinéma de Kitano se resserait violemment sur le visage,
devenu objet de toutes les défigurations.
Film de la convalescence et d' un nouveau souffle recherché à coups de poing et de cutter, Outrage prolonge, mais dans l' unique but d' y mettre un terme...
Difficile donc de savoir si on a affaire ici à du lard ou du cochon, à un sommet hardboiled ou à une
farce/fable sanguinolente, dont les yakuzas ne seraient, au fond, que la version hyperbolique et
grotesque.
Très vite on comprend que ce qui interesse Kitano réside moins dans le développement d' un récit
volontairement répétitif qu' il mène joyeusement dans une impasse, ni dans énième variation mélancolique d' un old timer dont ce serait l' unique tour de piste, que dans le processus d' ascension sociale qu' il décrit.
Kitano incarne ici un yakuza de la middle class, vieillissant mais pas encore carbonisé, à la fois spectateur et acteur d' un monde autiste en proie à la soif de pouvoir inextinguible et délirante
qui carbure à la pulsion d' autodestruvtion.
La beauté d' Outrage, son coté goguegnard aussi, tient dans la façon dont il réduit le fonctionnement
de cet univers mafieux à quelques os creux... à des rafales de trahisons et d' accomodements qui ne font meme plus évènement, à une légèreté de surface qui ne dissimule pas la gravité dont le film est empreint.

Jean-Baptiste Thoret, Charlie n° 962

Outrage Beyond, la suite de Outrage, sort au Japon en octobre.
Eh oui, ce n'est pas "Outrage 2"

"Je n'aimais pas l'idée d'utiliser un '2' dans le titre, alors j'ai mis 'Beyond' dans savoir ce que ça voulait dire. On aurait pu mettre 'Beyonce' à la place", a plaisanté Kitano. (voir ici).


Ce que j'aime bien, dans les bandes-annonces nippone, c'est quand, comme ici, le titre est en anglais. Il est prononcé de façon super sérieuse, à la fin du "teaser".

Outrage : Beyond (Autoreiji : Biyondo, Takeshi Kitano, 2012, Japon)
Bienvenue dans le monde impitoyable des yakuzas. Takeshi Kitano est le meilleur guide en la matière et la bonne nouvelle est qu'il est en grande forme. Cette suite d'Outrage lui est largement supérieure même si elle n'atteint pas les sommets de quelques uns de ses opus précédents. Le scénario, complexe et sophistiqué, décrit la guerre entre deux clans, orchestrée par un flic retors qui utilise un criminel retiré officiellement des affaires (Kitano lui-même, onctueux). Entre réunions aux sommets, colères imprévisibles et meurtres en cascade, le cinéaste revient aux fondamentaux avec une pointe d'humour et une violence éruptive. Un polar haut de gamme avec son lot de surprises, le final, entre autres, dans un classicisme très chic.

Je n'ai pas souvenir d'avoir vu un seul film de Takeshi Kitano alors que j'en entends parler depuis... toujours.

Ce que tu en dis me laisse penser que c'est une hérésie.

Faut-il avoir vu Outrage avant de voir Outrage : Beyond ?

Heyoka a écrit:

Je n'ai pas souvenir d'avoir vu un seul film de Takeshi Kitano alors que j'en entends parler depuis... toujours.

Ce que tu en dis me laisse penser que c'est une hérésie.

Faut-il avoir vu Outrage avant de voir Outrage : Beyond ?

Pas nécessairement, sauf que le dernier film n'existe qu'en DVD japonais et qu'il n'est pas programmé pour l'instant sur les écrans français.

traversay a écrit:

Pas nécessairement, sauf que le dernier film n'existe qu'en DVD japonais et qu'il n'est pas programmé pour l'instant sur les écrans français.

Tu conseilles quel film de lui alors ? Et Outrage vaut le coup d'oeil ?

Heyoka a écrit:

traversay a écrit:

Pas nécessairement, sauf que le dernier film n'existe qu'en DVD japonais et qu'il n'est pas programmé pour l'instant sur les écrans français.

Tu conseilles quel film de lui alors ? Et Outrage vaut le coup d'oeil ?

A mon avis, il vaut vraiment mieux éviter de commencer par Outrage. Ça n'est vraiment pas son meilleur... et ça te donnera une image fausse de Kitano. C'est un film ultra-sérieux, qui n'est, je crois, intéressant que par rapport à ce qu'on sait du reste de son oeuvre (on fait des comparaisons, etc.)

Son premier film, Violent Cop, était "rigolo" (genre Dirty Harry sauce nippone... plan lent... et explosion de violence, parfois hors champ).
A noter qu'il vaut mieux ne pas commencer non plus par Getting Any?, sauf si on adore l'humour potache très décalé, un peu trash.

Bref, pour résumer, à ta place, je commencerais par Sonatine, qui déchire bien :


ou Hana-Bi (souvent considéré comme son meilleur film, réalisé après Sonatine. Il est plus lent, plus triste... mais vraiment bien, aussi)


Ou bien (plus mineur, mais c'est bien quand même... finalement assez proche des petits livres de textes plus ou moins autobiographiques de Kitano, qui sont très sympas), L'Eté de Kikujiro :


Ah, toujours la belle musique de Joe Hisaishi (qui a oeuvré aussi pour Miyazaki, bien sûr !)


Kitano peut faire du cinéma très sérieux, ou très potache, ou encore du n'importe quoi total. Il fonctionne souvent par sketch...
Il y a d'autres films très sympas : A Scene at the sea, par exemple.

Ah, quels chouettes films ! C'est en revoyant des extraits qu'on regrette encore plus qu'il ne se soit pas maintenu à ce niveau... Mais bon, il est tellement occupé à faire plein d'autres trucs...

Boiling Point, Dolls ou Kids Return, Aniki même ça doit le faire aussi pour voir, essayer.

ça me tente cette suite, je suis dégoûté parce que la question que j'avais était "mais ça sort en salles ?" et que maintenant j'ai la réponse. Outrage je ne le qualifierai pas d'ultra-sérieux, il y a des trucs sérieux mais ça joue à asticoter beaucoup de codes (qui ne lui sont pas tous propres).

Après si c'est celui là qui passe dans les pattes pourquoi pas ?

eXPie a écrit:

Bref, pour résumer, à ta place, je commencerais par Sonatine, qui déchire bien :

Je vais commencer par celui-là alors.