LC Joris-Karl Huysmans - Là-bas

ça se présente comment par ici les z'amis?? Prêts pour débuter cette lecture d'ici peu?

Je suis normalement motivée pour m'y joindre.

Coli!

Et les autres, partants pour s'y mettre dans la semaine qui arrive?

Sullien, que dit la météo?
Chamaco et Chymère? Vous en êtes?

ArturoBandini a écrit:

Coli! Sullien, que dit la météo?

La météo dit que la moisson du blé va commencer par ici.
Vous ne me verrez pas les deux prochaines semaines, sauf orage, pluie, neige, etc.

Bonne lecture !
Je viendrai après, comme un cheveu sur la soupe...

Je tenterais bien de vous rejoindre mais je ne suis pas sûr de pouvoir y arriver en Août. Quoiqu'il arrive je suivrai avec attention vos commentaires.

Je vais faire la danse de la pluie alors!


Pas de souci Marko, tu pourras prendre le second train avec Sullien.

Mes représailles pourraient être sévères si tu t'amuses à faire la danse de la pluie...

Non, ne me laisse pas seul pour la lecture. Je vais rester sage!

Puis, je ne suis vraiment pas doué pour la danse de la pluie, il n'a pas plu depuis plus de 2 mois chez moi.

Par contre, t'as l'air plutôt doué pour faire pleuvoir chez les autres, alors je me méfie...

shanidar a écrit:

Par curiosité j'ai relu la première page hier et qu'est-ce que ça balance sur le naturalisme (tout en maintenant le maître Zola au-dessus du lot) !

J'ai commencé la lecture, et en effet ça démarre fort! Les naturalistes en prennent pour leur grade!

Quel plaisir de retrouver cette plume magnifique. Il y a un passage remarquable sur le pouvoir pernicieux de l'argent, ce serait trop long à recopier, mais c'est brillamment formulé.

Je pense que je vais consigner mes impressions quelque part, et j'attendrai que vous le lisiez également, pour ne pas dévoiler trop de choses, et gâcher le plaisir de la découverte.

Oui, attends-nous !

Je pense avoir moins de temps pour la lecture à partir d'aujourd'hui, tu auras peut-être même le temps de me rattraper très vite!

Un petit mot tout de même pour dire que j'aime beaucoup jusqu'à présent, pour le peu que j'ai lu, je trouve ça plus vivant que A rebours, car il y a davantage de personnages. Je dis ça... Je dis rien!

Commencé ma lecture aussi, non, tu n'es plus seul Arturo !

Je confirme, c'est plus vivant que A rebours, mais comme ce livre c'était le cimetière, ça ne veut pas dire non plus que Là-bas va nous faire exploser les synapses. On trouve encore de longues descriptions sophistiquées et mortuaires, dès le premier chapitre avec le tableau d'une crucifixion de Grünewald.

Toujours ce même sens du détail, entre conversations passionnées au sujet de cloches, et dissertation un peu plus intéressante sur le personnage de Gilles de Rais. Le personnage principal écrit en effet un essai sur Gilles de Rais, se posant notamment la question de savoir comment cet homme, qui avait pourtant tous les atouts en main, a fini par commettre les crimes qu'on lui connaît ?
Cette exploration de l'homme doit se faire au-delà du naturalisme (qui fait l'objet de jolies controverses dès le début du roman), il va donc falloir loucher du côté du spirituel, voire de l'occulte ou du satanisme, son versant sombre.

Et hop, un petit extrait sur la méthode de Durtal :

Citation :

« Pour Durtal, l’histoire était donc le plus solennel des mensonges, le plus enfantin des leurres. […] La vérité, c’est que l’exactitude est impossible, se disait-il ; comment pénétrer dans les événements du Moyen Age, alors que personne n’est seulement à même d’expliquer les épisodes les plus récents, les dessous de la Révolution, les pilotis de la Commune, par exemple ? Il ne reste donc qu’à se fabriquer sa vision, s’imaginer avec soi-même les créatures d’un autre temps, s’incarner en elles, endosser, si l’on peut, l’apparence de leur défroque, se forger enfin, avec des détails adroitement triés, de fallacieux ensembles. C’est ce que Michelet a fait, en somme ; et bien que cette vieille énervée ait singulièrement vagabondé dans les hors-d’œuvre, s’arrêtant devant des riens, délirant doucement en des anecdotes qu’elle enflait et déclarait immenses, dès que ses accès de sentiment et ses crises de chauvinisme brouillaient la possibilité de ses présomptions, alitaient la santé de ses conjectures, elle était néanmoins la seule, en France, qui eût plané au-dessus des siècles et plongé de haut dans l’obscur défilé des vieux récits.


Hystérique et bavarde, impudente et intime, son histoire de France était cependant, à certains endroits, soulevée par le vent du large ; ses personnages vivaient, sortaient de ces limbes où les inhument les cinéraires anas de ses confrères ; peu importait dès lors que Michelet eût été le moins véridique des historiens, puisqu’il en était le plus personnel et le plus artiste. Quant aux autres, ils furetaient maintenant dans les paperasses, se bornaient à piquer sur leurs plaques de liège des faits divers. A la suite de M. Taine, ils gommaient des notes, les collaient les unes à la suite des autres, ne gardaient, bien entendu, que celles qui pouvaient soutenir la fantaisie de leurs contes. Ces gens-là se défendaient de toute imagination, de tout enthousiasme, prétendaient ne rien inventer, ce qui était vrai, mais ils n’en maquillaient pas moins, par la sélection de leurs documents, l’histoire. Et puis, comme leur système était simple ! On découvrait que tel événement s’était passé en France dans quelques communes et l’on concluait aussitôt que tout le pays pensait, vivait de telle façon, à tel jour de telle année, à telle heure. »

En lisant, mon esprit se fait souvent la malle. Les cloches, j'ai vraiment pas pu. Mais sur le personnage de Gilles de Rais, on apprend vraiment beaucoup de choses... Et dans une mise en abîme fractale, j'imagine Houellebecq étudiant Huysmans étudiant Gilles de Rais...

Je te sens un peu sur la réserve pour le moment. Tu en es où? Moi, il me reste 70 pages sur ma version livre de poche. Son style me transporte, autant j'avais eu un peu de mal par moments avec A rebours où comme toi mon esprit avait tendance à beaucoup vagabonder, autant ici c'est plus rare. Je suis bien dans la peau du personnage de Durtal, je le suis avec plaisir dans sa quête d'élucidation de ces vastes zones d'ombres dans lesquelles il navigue.

colimasson a écrit:

Toujours ce même sens du détail, entre conversations passionnées au sujet de cloches, et dissertation un peu plus intéressante sur le personnage de Gilles de Rais. Le personnage principal écrit en effet un essai sur Gilles de Rais, se posant notamment la question de savoir comment cet homme, qui avait pourtant tous les atouts en main, a fini par commettre les crimes qu'on lui connaît ?

Un peu le Joker du Moyen-Âge ce Gilles de Rais?

Spoiler:

Il est également à noter que les femmes en prennent pour leur grade! (il n'y en a pas que pour les naturalistes!)

Citation :

... il savait pourtant bien que, quelle qu'elle soit, la femme est un haras de chagrins et d'ennuis. Si elle est bonne, elle est souvent par trop bête, ou alors elle n'a pas de santé ou bien encore elle est désolamment féconde, dès qu'on la touche. Si elle est mauvaise, l'on peut s'attendre, en plus, à tous les déboires, à tous les soucis, à toutes les hontes. Ah! quoi qu'on fasse, on écope!

Bon j'ai noté d'autres pages à vous faire partager, chaque chose en son temps.