Avez-vous un "livre de la honte" ?

J'entends par là un livre dont vous savez qu'il n'appartient pas à la grande littérature, mais dont la lecture va vous rassurer par son caractère facile et reposant, vers lequel vous revenez avec plaisir quand vous avez besoin de poser vos valises... Le mien c'est Le voisin de l'Américain Nelson DeMille :



C'est le seul livre que j'ai lu en entier de cet auteur, les autres ne m'ont pas spécialement plu. Un extrait, conversation entre un père et son fils jeune adulte :

Citation :

De ce côté-ci de la baie, à l'autre bout de la plage, se dresse une grande maison coloniale blanche qui a été préservée; je suis certain que c'était celle de Daisy Buchanan, l'amour perdu de Gatsby. Le long quai qui s'avançait dans la mer derrière la maison de Daisy a disparu, mais les gens d'ici affirment qu'il a existé; quant à l'envoûtante lumière verte que Gatsby épiait de chez lui, je l'ai aperçue de mon bateau certains soirs d'été, et Susan l'a vue, elle aussi, une lueur spectrale qui paraissait danser sur la mer et qui devait signaler autrefois l'extrémité du quai.
Je ne sais pas ce que signifiait cette lumière verte pour Gatsby, ni ce qu'elle symbolisait, outre l'espoir de lendemains orgiaques. Mais pour moi, quand je la vois, tous mes soucis se diluent dans la brume marine et je retrouve mes sensations d'enfant, quand, par une nuit d'été, il y a de cela bien des années, j'avais regardé, du bateau de mon père, les lumières du port scintiller dans les eaux mouvantes de Hempstead Bay. Elle fait revivre cette heure innocente, cette nuit parfaite et sereine, embaumée de senteurs marines, effleurée de brises discrètes, rythmée du doux clapot des vagues berçant la coque, quand mon père m'avait pris la main. [...]
La lumière verte que j'ai aperçue au bout du quai disparu de Daisy n'est pas celle de l'avenir; c'est le passé qui s'y consume, et c'est le seul signe rassurant qu'il m'ait été donné d'observer.

*****

Nous écoutions les vagues se briser sur la côte dans le lointain. J'ai regardé vers l'est. Au nord de Garvie Point, à cinq cents mètres de nous environ, scintillaient les lumières de la grande maison coloniale blanche, perchée sur la hauteur.
J'ai pointé l'index vers elle.
- Tu vois cette grande maison là-bas ?
- Oui.
- Il y avait un long quai autrefois, accroché entre ces deux grands cèdres. Tu les vois ?
- Oui.
- Imagine l'extrémité de ce quai, en admettant qu'il existe encore. Tu vois quelque chose ?
Il scruta l'eau et la nuit.
- Non.
- Regarde bien, Skipper. Plisse les yeux. Concentre-toi.
Il essaya, puis admit :
- Peut-être... quelque chose...
- Quoi ?
- Je ne sais pas. Quand je fixe la mer, je vois... comment ça s'appelle... ? Ces espèces d'algues qui poussent dans l'eau et qui brillent d'une sorte de lueur verte. Bioluminescence... Ouais. Je la vois.
- C'est bien.
- Et alors ?
- C'est ta lumière verte, Skipper. Je crois que ça veut dire vas-y.
- Où ça ?
Je ne suis pas très doué pour les conversations de père à fils, aussi fut-ce d'un ton un peu embarrassé que je lui expliquai.
- Va où tu veux. Sois celui que tu veux être. Pour moi, cette lueur verte, c'est le passé, pour toi, c'est l'avenir.
Je lui pris la main.
- Ne la perds pas de vue.

Et vous, quel est cet ouvrage dont vous ne vous vantez pas ?

La série "Fleurs captives" de Virginia Andrews et aussi "Ma douce Audrina" du même auteur . Des bouquins que j'ai prêtés à toutes mes amies de lycée (c'était sûrement moins un truc de garçons). On aurait pu monter un fan club. C'était délicieusement trouble et pervers. J'avais adoré. Mais ça n'est pas vraiment de la littérature (de gare disons). Il y a eu des suites nettement moins réussies et sa famille a continué à utiliser son nom pour en écrire encore. C'est dire que ça tenait du produit marketing.

Je ne l'ai jamais lu, mais la couverture me disait quelque chose - j'ai trouvé une photo de l'auteure, j'imagine que c'est fait exprès, mais elle fait un peu peur :



Merci pour ta réponse Marko, j'ai cru que j'allais être la seule à confesser des lectures honteuses

Des lectures "honteuses", comme tu le dis, il y en a eu beaucoup. Trop pour en parler vraiment.
Les livres de l' adolescence : Cronin, Bromfield, R. Lehman... Des polars bas de gamme... Oubliés par la suite mais il faut un début à tout, un passage.

Puis les livres philosophiques que je me forcais à lire parce que je m' imaginais que la Kulture devait passer nécessairement par des livres pleins de  systèmes, de concepts, de charabia...
On est ou on a tous été victimes des impératifs de cette Kulture-là..

Enfin ceux que je lis après -ou avant- un très bon livre. Ne lire que des bons livres ou des livres dont on sait à peu près que la lecture
vous conviendra, c' est un peu comme si on devait manger du caviar tous les jours. On a aussi besoin de savoir ce qui est important pour soi. Et lire des livres qui réclament peu de concentration. Mais qui ne sont pas forcément mauvais pour autant...

Enfin, et c' est un fil à part sur lequel tu peux jeter ubn coup d' œil, il y a des romans et des auteurs qui m' ont touché pour une raison
très personnelle et tout à fait subjective.  Aucune "honte" à ça, mais au contraire, un plaisir émerveillé correspondant sensiiblement aux émois et aux plaisirs que les premiers livres de l' enfance vous ont procuré...

Le fil : Ecrivains rares, écrivains secrets.

Des sagas quand j'avais une dizaine d'années que j'ai du lire et relire plusieurs fois :











Je suppose que ça devait être niais à souhait et qu'est ce que je me suis régalée ! Le souvenir du plaisir ressenti dans ces moments de lecture est encore là .....

bix229 a écrit:

Le fil : Ecrivains rares, écrivains secrets.

J'en reviens, je te remercie Beaucoup de belles choses dites avec sensibilité...

C'est pas si niais que ça.

églantine a écrit:

Je suppose que ça devait être niais à souhait et qu'est ce que je me suis régalée ! Le souvenir du plaisir ressenti dans ces moments de lecture est encore là .....

Oui, c'est exactement ça églantine, un plaisir simple, sans mélange, un peu enfantin, petit plaisir coupable et délicieux (les doigts dans le pot de confiture !)

Agnès a écrit:

églantine a écrit:

Je suppose que ça devait être niais à souhait et qu'est ce que je me suis régalée ! Le souvenir du plaisir ressenti dans ces moments de lecture est encore là .....

Oui, c'est exactement ça églantine, un plaisir simple, sans mélange, un peu enfantin, petit plaisir coupable et délicieux (les doigts dans le pot de confiture !)

J'en ai (au moins !) un dans ces critères-là: La Sierra de l'Indien Mort (Vagabond des Andes) de Bernard Deleuze, l'un des nombreux pseudonymes de Jean Sabran.

Vous noterez que nul ici n'a cru bon d'ouvrir un fil le répertoriant parmi les auteurs chroniqués sur "Parfum", ni sous le pseudonyme Bernard Deleuze, ni sous aucun d'entre ceux qu'il a pu utiliser !

Anecdote: J'avais reçu ce livre (en édition brochée) en Prix, style Tableau d'Honneur, au sortir de la Communale (j'ignore si de telles pratiques subsistent encore !).
J'étais bien sûr trop petit pour bien comprendre -en d'autres termes merci, mais ce n'était vraiment pas adapté !-, ce qui ne m'a pas empêché de le lire dès l'été qui suivait.

Puis j'y suis revenu, de temps en temps, environ quatre ou cinq fois peut-être, dont la dernière...ahem...l'an passé...

Je ne m'en suis jamais séparé, et, curieux, personne ne m'a demandé de le lui prêter  !
En toute honnêteté, pourrait à la rigueur convenir en littérature pour ados. Bon, si quelqu'un souhaite porter ce chef d'œuvre...truc-là à l'écran, il est certain que j'irai au cinéma dès la sortie - ceci dit, ça ne risque pas, je crois !

Merci à tous pour vos contributions, je trouve que ça aide aussi à mieux nous connaître (vous vous connaissez déjà, disons que ça me permet de vous découvrir aussi par ce biais-là)

Disons que je n'en renierai aucun. Même "Les livres dont vous êtes le héros", que je lisai ado. Ah quelle animation ! Un problème ? Lancez un dé (ou deux). Avec le temps, on se rend vite compte que les scénarii étaient ultra linéaires. Mais pourquoi en avoir honte après tout ?

Oui, "honte" c'était peut-être un peu fort - disons que ce sont des livres dont on mesure l'exacte valeur mais qu'on aime quand même (un peu comme un vieux chien borgne qui sent le chacal mais qu'on est content de retrouver le soir en ouvrant la porte)...

Tous les Agatha Christie que j'ai lu et relu, j'ai une édition complète, et je n'exclu pas d'y jeter un oeil ou deux à l'avenir, même si je les connais par coeur.
La compagnie des glaces de G.-J Arnaud, découvert à l'adolescence, et j'ai toujours l'édition.

Mais je n'en ai pas honte non plus. Même si je ne recommande à personne (surtout La compagnie des glaces).

mmmh... je ne crois pas en avoir. même pour des auteurs que je ne relirai sans doute pas, ça ne me dérange pas d'ouvrir un fil, par exemple : Gilles Maurice Dumoulin... qui n'est pas non plus 'achement plus pire que d'autres trucs.

mais si quelque chose de complètement improbable me reviens je retrouverais le fil.

J'ai plutôt des livres ou des musiques de la honte que des livres... à part citer comme certains mes livres de jeunesse, mais je trouve que c'est biaisé. D'abord parce que ces lectures appartiennent à un âge, et comme le dit Exini, difficile d'en avoir "honte", ensuite parce que je les garde comme un vrai bon souvenir pas comme un truc que je tairais.

Mais je vais réfléchir, et comme le Panda, si je trouve, je reviendrais alors sur ce fil.