David Wahl

Auteur et conteur
Auteur et dramaturge, David Wahl travaille avec Julie Bérès au sein de la Compagnie Les Cambrioleurs ( Sous les visages, 2008), il travaille également avec Caterina Gozzi ( Le Vertige des animaux avant l’abattage de Dimitris Dimitriadis, 2010) ainsi qu’avec le cinéaste et metteur en scène Damien Odoul. Il est également membre du collectif La Scène au vert, festival des arts de la scène, dans le Lot, en charge de la programmation. Deux de ses textes, Le Chant du narcisse et Pampres sont publiés aux Éditions Archimbaud. Au sein de l’agence Art Public Contemporain, il a été conseiller artistique pour le projet Nice 2013 capitale culturelle auprès de Bernard Faivre d’Arcier. Pendant cinq ans, il a travaillé au Théâtre du Rond-Point, à la mise en place notamment des actions artistiques auprès des élèves en art dramatique, et a collaboré au catalogue dirigé par Jean-Michel Ribes Anthologie du rire de résistance(partie Antiquité grecque et romaine).
Auteur de pièces de théâtre :
- « Sous les visages » (2007)
- « Notre besoin de consolation » (2009)
(source : théâtre contemporain.net)
Auteur de « causeries » (2015) :
- causerie°1 « traité de la boule de cristal »
- causerie n°2 : « la visite curieuse et secrète ou relation véritable de choses inouïes se passant en la mer et ses abysses »

Se fondant sur la lamentable et méconnue histoire des hommes et des manchots, La Visite curieuse et secrète nous embarque en un voyage marin à la recherche du lien mystérieux qui rattache l’Homme à l’Océan. Des histoires oubliées, des audaces philosophiques ignorées, des découvertes scientifiques encore confidentielles, faits inconnus, méconnus, amusants, surprenants voire incroyables, mais tous véritables et vérifiés… A partir d’un thème allègrement distendu en tous les sens, au fil de digressions qui s’avèrent finalement n’en être pas, de découvertes en surprises, peut alors émerger ce qui se dissimule en cette sorte de cabinet de curiosités marines : une odyssée de l’émerveillement…
(source : du 7 au 11 octobre David Wahl à Océanopolis)

Début du texte :

David Wahl a écrit:

« Lecteur, si tu choisis d’ouvrir ce livre, tu y verras me tenant compagnie et me chauffant la jambe, un manchot, royal qui plus est. Comme un être humain il possède un prénom, connu d’un petit cercle de privilégiés. Il s’appelle Dominique. Dominique le manchot. Tu apprendras bientôt, au cours de ces pages, la cause de ce prénom ainsi que sa surprenante histoire. »

Mes citations :

David Wahl a écrit:

"Il y a bien longtemps, Pythagore et certains Grecs se demandaient pourquoi la terre reste en équilibre dans le cosmos et ne verse pas d'un côté ou de l'autre. Ils proposèrent alors l'idée suivante : la terre est stable parce qu'elle est conçue comme une balance parfaitement équilibrée, il doit ainsi se trouver dans sa partie sud un continent unique et gigantesque qui contrebalance le poids des continents de la partie nord. La Terra australis incognita, la Terre australe inconnue était née."

david wahl a écrit:

"Le temps passait, et pour pallier l'incurie des marins qui ne parvenaient pas à trouver un pays dont on parlait depuis si longtemps, les savants redoublaient d'efforts pour le décrire de manière toujours plus savante et toujours plus précise, comme s'ils y habitaient depuis toujours."

David Wahl a écrit:

"C'est alors que l'impensable se produisit. Alors que depuis plus de deux mille ans on cherchait un continent dont on n'avait jamais douté, on accosta au bout de deux mois de traversée un autre dont on n'avait jamais, mais alors jamais, soupçonné l'existence."

Au travers de ces citations on touche du doigt, des yeux ce qui est jouissif dans ce texte :
- la causerie, l'oralité, l'auteur conteur
- la causerie qui porte sur des choses avérées, histoire, géographie, sciences naturelles
- la causerie précise, véridique, et en même temps légère, malicieuse, relevant les travers des hommes

Merci pour l' info, Titine !

il y a aussi de vertigineux développements sur l'origine de l'homme (l'homme, un singe "marin").
et j'ai été confondue, vers la fin du livre, de trouver des lignes sur le "second cerveau de l'homme", dont j'ai appris l'existence récemment grâce à un documentaire diffusé par arte, qu'on retrouve en vidéo sur le net (durée 52 mn).

ps / bio : bio d'un contemporain, pas trouvé de date de naissance sur le net, il doit être trentenaire.

ps / causeries : je reviendrai parler sur ce fil de la causerie n°1 (David W ne se "parfume" pas à Chanel), "le traité de la boule de cristal", une fois lu.

bonne soirée

Il semble être né en 1978.

Merveilleux petit livre. Confirme le talent de son auteur, comme conteur expérimenté, comme philosophe éblouissant, honnête et abordable.

J'ai lu que parmi ceux qui l'avaient lu il y avait des réticents, déçus de ne pas en apprendre plus sur la boule de cristal, ayant comme le sentiment, le livre refermé, de s'être fait un peu piéger.
oui mais. D Wahl ne cache pas d'emblée qu'il ne sait pas grand chose, presque rien en fait, mais ce qu'il peut faire avec ce presque rien est fabuleux : 79 pages de grande tenue, où il ne se contente pas de décliner des "je ne sais pas" sous différentes formes (me fait penser à mon ancien chef de service, qui passait le temps des réunions à demander si nous avions des questions suite à ses exposés creux, pour ensuite répondre à ces questions qu'il ne savait pas, ignorait la réponse, n'en avait aucune idée, était sec etc) mais s'appuie sur cette ignorance, en fait un tremplin vers des développements spéculatifs, qui, à partir de l'observation de l'objet qu'est une boule de cristal (sa forme, sa matière) nous envoient de fil en aiguille (finesse du cheminement) vers des champs de connaissance multiples, parmi lesquels l'histoire ou la métaphysique.

deux extraits pour essayer d'en rendre compte :

le premier, cherché dans les anecdotes historiques, les dessous des grands, sujets de facétie et de farce :

Citation :

Cagliostro était protégé par le fameux cardinal de Rohan. Ce prince de l'Eglise était tant fasciné par son mage qu'il avait fini par croire que Cagliostro "était Dieu lui-même". Quand on est cardinal, c'est quelque peu préoccupant, mais ce qui angoissait le plus Rohan, c'était le mépris que lui portait la reine Marie-Antoinette. Il aurait fait n'importe quoi pour devenir son ami.
Cagliostro, quant à lui, connaissait une prostituée, qui ressemblait comme deux gouttes d'eau à la reine. Il la présenta alors à une aventurière du nom de Madame de La Mothe, qui avait un grand besoin d'argent. Et Madame de La Mothe eut une idée très malhonnête. Elle savait le cardinal prêt à tout pour être aimé de la reine. Elle organisa une entrevue entre le sosie de Marie-Antoinette et le cardinal de Rohan, un peu sot, qui crut vraie la fausse reine. Laquelle demanda au cardinal, ébahi, de lui avancer de l'argent, pour qu'elle puisse acquérir en secret le plus fantastique collier qui fût jamais. La vraie reine aimait les bijoux, c'était connu, et le cardinal ne se douta de rien. Le marché fut conclu, Madame de La Mothe se proposant de jouer les intermédiaires dans la transaction. Or, quelques temps auparavant, la vraie reine avait refusé d'acheter ce même collier ; son prix était si élevé qu'il aurait fallu endetter follement le royaume. Mais de cela, Rohan n'avait aucun souvenir, car Cagliostro avait organisé une séance de voyance pendant laquelle il avait prédit au prélat, grâce à sa carafe d'eau, que la reine serait tellement heureuse de recevoir le collier, qu'elle lui accorderait désormais toutes les faveurs, et qu'il serait nommé premier ministre... La suite de l'histoire, connue sous le nom de "l'Affaire du collier de la reine", ne vit pas se réaliser exactement les prédictions de Cagliostro. Lorsque Rohan vint réclamer à la vraie reine l'argent qu'il avait avancé à la fausse, Marie-Antoinette, toute étonné, le prit très mal. Et notre cardinal, au lieu de devenir premier ministre, finit à la Bastille. On peut donc affirmer que Cagliostro s'est affreusement trompé dans cette histoire.

le second, est à l'opposé, très sérieux et profond : il développe une réflexion sur le temps, démonte notre perception commune de celui-ci, perception du temps qui conditionne notre démarche vers les boules de cristal et les prédictions en tout genre pour nous révéler notre passé, notre présent et nous prédire notre avenir. ça dit ça :

Citation :

Puisque nous parlons d'étoiles, qu'il me soit permis de m'y attarder un peu. En avril 2009, des scientifiques annoncèrent qu'ils avaient été témoins de l'explosion de l'une des plus vieilles étoiles de l'univers. Etant très éloignée, les astronomes en ont déduit qu'elle était née quelques millions d'années seulement après le Big Bang, ayant lui-même eu lieu il y a 13,7 milliards d'années. Or, grâce à la théorie de la relativité, nous savons que l'image des phénomènes célestes nous parvient bien après leur manifestation ; les scientifiques ont calculé que l'explosion à laquelle ils avaient assisté s'était produite 500 millions d'années environ après le Big Bang. ce qui signifie que nous assistons maintenant à ce phénomène avec un retard de 13 milliards 200 millions d'années ! Ce que nous voyons en levant les yeux vers le ciel correspond, certes, au présent de notre perception, mais absolument pas au présent des choses en train de se produire. Du monde, nous ne voyons que le passé. Autrement dit, nous sommes le futur de ce que nous voyons. .. Et partant de là il nous faut complètement renverser la situation : bien loin de révéler notre avenir, les étoiles, au contraire, nous apprennent notre passé, puisqu'elles lui sont contemporaines. Il n'y aurait donc que le passé que nous puissions prédire. (...)
Ce qui vient d'être dit, je n'en ai que trop conscience, se conclut sur une impénétrable aporie ; en affirmant à la fois que le futur est inconnaissable et que nous sommes nous-mêmes l'avenir du monde que nous percevons, je soutiens, en vérité, que le seul futur qui soit est notre présent.

bon, sur la fin, ça jongle pas mal avec les mots et les idées et on s'éloigne peut-être insidieusement d'une logique absolument rigoureuse. mais il est toujours agréable, je trouve, de suivre cette façon explicite de dire les choses, ainsi que les méandres d'une logique mi-sérieuse/mi-ludique, mi-scientifique/mi-littéraire.

Oh la la ! J'étais complètement passée au travers de ce fil ! Tout ça m'a l'air parfaitement délectable et dangereusement plaisant ! merci titine !

merci de ton retour shanidar

"dangereusement plaisant" ? hum, rien de bien dangereux dans ce livre (j'espère que ça ne t'en écartera pas).

je me disais que cette appréciation s'appliquerait assez bien à "ici commence la nuit" d'Alain Guiraudie, que je commence et pour lequel je n'ai pas trouvé de fil (mais un fil sur son film "l'inconnu du lac") ; un futur "fil en devenir" à vue de nez

(dangereusement = risque d'achat compulsif...)...