Parfum de livres… parfum d’ailleurs
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 Leonid Andreïev [Russie]

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animal
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MessageSujet: Re: Leonid Andreïev [Russie]    - Leonid Andreïev [Russie] - Page 2 EmptyLun 12 Avr 2010 - 22:15

 - Leonid Andreïev [Russie] - Page 2 010-ma10
Judas Iscariote

quatrième de couverture a écrit:
Les récits proposés dans ce troisième tome des œuvres de prose de Léonid Andreïev marquent l'apogée de sa gloire et de son talent. Datés de 1906 à 1908, ils traduisent les angoisses et les obsessions d'un homme ébranlé par deux tragédies : la tragédie nationale que représentent l'échec de la révolution de 1905, porteuse de tant d'espoir pour l'intelligentsia russe, ainsi que les sanglantes répressions qui s'en suivirent, et une tragédie personnelle : la morts de sa femme bien-aimée lors d'un voyage en Occident.
Devenu un auteur célèbre, Andreïev va désormais délaisser de plus en plus les récits courts et réalistes pour se consacrer d'une part au théâtre, et d'autre part, à de longues nouvelles, parfois presque de petits romans, qui développent et illustrent toujours les thèmes qui lui sont chers : le terrorisme et les idéaux de la révolution confrontés à la réalité de la nature humaine (entre autres dans Les ténèbres, qui lui vaudra en partie sa rupture avec Gorki) ; l'angoisse face à la mort, dans Lazare, et dans celui de ses récits qui reste sans doute le plus célèbre en Russie, Histoire des sept pendus ; la traîtrise, dans Judas Iscariote ; la solitude de l'homme moderne dans l'enfer des villes et face à l'absurdité de l'existence (La Malédiction de le Bête et Mes carnets).
Bref, le lecteur retrouvera ici, une fois de plus, cet écrivain tourmenté et attachant qui a su pressentir avec acuité les inquiétaudes et le désarroi d'un monde déjà secoué par les forces qui allaient se déchaîner au cours du XXe siècle.
(Sophie Benech)
www.jose-corti.fr

Les nouvelles :
- Les Chrétiens
- Lazare
- Judas Iscariote
- Les Ténèbres
- Extrait d'un récit qui ne sera jamais achevé
- Le Géant
- Ivan Ivanovitch
- La Malédiction de la Bête
- Histoire des sept pendus
- Mes Carnets
- Le Fils de l'homme

Excellent et remarquable ! Plus épuré que les deux précédents volumes peut-être mais les nouvelles sont savamment conçues et le contenu riche et subtil. Comme l'explique le quatrième de couverture on trouve deux tiraillements de l'âme. D'un côté une conscience politique et humaine certaine et de l'autre un conscience plus spirituelle qui se frotte à quelques principes et histoires religieuses. Cependant la séparation entre ces deux orientations n'est pas si tranchée, au centre il y a le même rapport à la mort, à l'autre, à l'amour... la culpabilité jouant un rôle particulier, dire culpabilité ne dit pas tout cependant. Le questionnement peu dogmatique et les surprises que réserve l'auteur fond de l'ensemble un objet particulièrement pénétrant, des lectures dont on sait qu'elles nous marquent même confusément. Une empreinte humaine complexe.

Lazare et Judas Iscariote sont deux nouvelles empruntant le chemin des mythes dans lesquelles on retrouve avec bonheur le surréalisme grisant d'Andreiev... vraiment troublantes pour l'âme.

Alors que je me disais que la face politique semblait un peu terne en regard de cette profondeur désespérée, j'ai lu Les sept pendus, jeunes révolutionnaires et vrais criminels condamnés à mort... intelligent mais surtout bouleversant. Et ce n'est pas que la peine de mort qui est évoquée.

En fait je mélange la chronologie de la lecture et d'autres souvenirs me viennent eux aussi très forts, jusqu'à cette histoire de géant dont la chute ne peut laisser indifférent. L'art du récit, de la nouvelle, et un autre art, doublé d'un savoir pour motiver l'exercice.

Les Carnets d'un vieil homme condamné à l'emprisonnement mélangent humour et dérision... à l'aimable lecteur de naviguer dans les niveaux d'impressions et d'interprétations sur innocence et personnalité. Une réflexion sur l'enfermement... et sur une vision très vaste de celui-ci.

Impressionné et enrichi en profondeur avec des sensations différentes de la lecture des précédents volumes, le moment, l'état d'esprit jouent certainement leur rôle. Un point commun à souligner encore une fois, c'est avec ces livres qu'on ressent la lecture comme un immense cadeau. Cadeau pour traduire une béatitude un peu simple. Le don étant de l'autre côté ?

Je reprends pour les curieux un petit commentaire à chaud en cours de lecture de Judas Iscariote :

Citation :
très particulière lecture que celle de la nouvelle qui donne son nom au recueil... entre le manque de connaissance d'une référence sur le sujet et le fait que ce soit une vision (noire) et sans doute personnelle de l'auteur. L'impression d'assister à une sorte de mythe romancé et de découvrir en même temps des détails de cette histoire. Très bizarre, très marquant car les questions de fond, inévitables sont plus que présentes... un très troublant mélange de bien, de mal, de juste et de culpabilité. Pire que pas anodine cette lecture.

A lire peut-être en étant a peu près serein, c'est noir. et l'humour est franchement du genre caustique.
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tom léo
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MessageSujet: Re: Leonid Andreïev [Russie]    - Leonid Andreïev [Russie] - Page 2 EmptyLun 12 Avr 2010 - 22:29

Tous ces commentaires, animal, sont extrêmement touchant et personnels - merci! J'ai encore "Les penséesé sur ma Pal, mais c'est définitivement un auteur dont j'aimerais poursuivre la lecture!
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MessageSujet: Re: Leonid Andreïev [Russie]    - Leonid Andreïev [Russie] - Page 2 EmptyLun 12 Avr 2010 - 22:39

et je suis persuadé que tu profiteras pleinement de cette découverte !

en relisant en diagonale mes précédentes impressions je retrouve :

Au fil des pages on accepte de se laisser guider par une impression de compassion et de grande générosité, au sens où le texte, chaque texte, ressemble à (se lit naturellement comme) un don complet de l'auteur autour de son sujet, la dérive vers la folie, l'acceptation de la mort... conserver, trouver sa conscience...

Aux premier mots prêts (on accepte de se laisser guider), c'est un peu autrement dans certaines nouvelles, plus direct tout en étant apparemment "derrière", je peux dire la même chose et de cette manière très lucide et très noir ce n'est pas si commun d'avoir ce sentiment grave de générosité (nouvelle approximation).
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Marko
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MessageSujet: Re: Leonid Andreïev [Russie]    - Leonid Andreïev [Russie] - Page 2 EmptyVen 16 Avr 2010 - 19:04

animal a écrit:
 - Leonid Andreïev [Russie] - Page 2 24917f11
Le gouffre et autres récits
commencé hier, extraordinaire. émerveillement sur les premières nouvelles... à l'impression juste comme ça de début de lecture, dans la joie de lecture, malgré la différence de genre... je le range avec... les mille et une nuits, des morceaux de Buzzati... les pages qui ne se discutent pas. bonheur singe !!!!
C'est extrêmement bon, parfois surprenant (Le mur) très souvent (c'est dingue, presque injuste) dans le chef d'oeuvre (de temps en temps on peut le dire) : Sur la rivière, Le petit ange...

Je viens d'entrer dans ce livre et me voilà conquis moi aussi. J'ai commencé par hasard par la nouvelle Le Petit Ange et je partage le frisson d'Animal car on a le sentiment de lire quelque chose d'à la fois très simple et incroyablement profond et émouvant. J'avais un peu ressenti ça en lisant "Les neiges bleues" de Piotr Bednarski avec ce mélange de noirceur absolue et d'une lumière qui éblouirait la scène soudainement avec une grande intensité avant de s'éteindre. Dans Le Petit Ange, un angelot en cire accroché à la partie cachée d'un sapin de Noël sert de révélateur et rapproche un instant un père alcoolique malheureux et son fils mal aimé et battu par sa mère. C'est juste bouleversant et la chute de la nouvelle simplement parfaite et cruelle.

Un extrait:

A côté des yeux de cet homme qui avait vécu sa vie brillaient les yeux d'un autre qui lui, commençait la sienne, et ces yeux caressaient le petit ange. Pour lui, le passé et l'avenir avaient disparu: le père pitoyable et éternellement triste, la mère insupportable et vulgaire, et ces ténèbres noires remplies de vexations, de cruautés, d'humiliations, de colère et d'angoisse. Les rêves de Sachka étaient sans forme, brumeux, mais ils n'en tourmentaient que davantage son âme bouleversée. Tout le bien qui resplendissait sur le monde, toute la tristesse sans fond et toute la nostalgie d'une âme qui aspire à Dieu, tout cela imprégnait le petit ange, c'est pourquoi ses petites ailes transparentes de libellule palpitaient d'un frémissement silencieux. Le père et le fils ne se voyaient pas ; leurs coeurs à vif souffraient, pleuraient et se réjouissaient de façon différente, mais il y avait dans leur émotion quelque chose qui les réunissait et faisait disparaître le gouffre sans fond qui sépare les hommes les uns des autres et les rend si seuls, si malheureux et si démunis. Machinalement, le père posa la main sur la nuque de son fils; et la tête de celui-ci vint tout aussi machinalement s'appuyer contre la poitrine phtisique de son père.
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MessageSujet: Re: Leonid Andreïev [Russie]    - Leonid Andreïev [Russie] - Page 2 EmptyDim 18 Avr 2010 - 19:20

Je ne remercierai jamais assez les pafumés de m'avoir mis sur la piste de cet écrivain. Comme le dit la 4e de couverture on croit à chaque fois avoir lu la nouvelle la plus marquante et la suivante se révèle tout aussi puissante. C'est absolument merveilleux malgré ce parti-pris constant de noirceur absolue. Le recueil pourrait s'appeler "Les Damnés" ! Je n'ai pas encore tout à fait terminé mais des nouvelles comme L'ami, Dans un sous-sol, Le silence, Le Gouffre ou Le petit ange sont fabuleuses. Tout le recueil dans son ensemble de toute façon. Et il y a comme dans une certaine littérature romantique cette présence de la nature, de la lumière, des éléments qui pénètrent les esprits, deviennent le reflet de la souffrance, de la peur, des interrogations existentielles des personnages. Comme le dit Tom Léo, Edgar Poe n'est pas loin effectivement. Et le tout dans une écriture limpide, très visuelle, captivante qui transporte immédiatement. Du grand art!! Je sais déjà que je les lirai toutes. Combien existe-t-il de volumes de ses nouvelles édités par Corti? Je n'en ai vu que 4 sur amazon... C'est déjà pas mal pour commencer!
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MessageSujet: Re: Leonid Andreïev [Russie]    - Leonid Andreïev [Russie] - Page 2 EmptyMar 20 Avr 2010 - 7:58

Il me semble qu'il y en a 5.
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MessageSujet: Re: Leonid Andreïev [Russie]    - Leonid Andreïev [Russie] - Page 2 EmptyMar 20 Avr 2010 - 7:59

Arabella a écrit:
Il me semble qu'il y en a 5.

Oui effectivement... Plus 2 pièces de théâtre.
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MessageSujet: Re: Leonid Andreïev [Russie]    - Leonid Andreïev [Russie] - Page 2 EmptyMar 20 Avr 2010 - 11:05

Après tous ces commentaires je suis très tenté par Andreïev
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MessageSujet: Re: Leonid Andreïev [Russie]    - Leonid Andreïev [Russie] - Page 2 EmptyMar 20 Avr 2010 - 11:27

rivela a écrit:
Après tous ces commentaires je suis très tenté par Andreïev

A qui le dis tu...
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MessageSujet: Re: Leonid Andreïev [Russie]    - Leonid Andreïev [Russie] - Page 2 EmptyMar 20 Avr 2010 - 15:43

On va finir par vous le faire lire diablotin
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MessageSujet: Re: Leonid Andreïev [Russie]    - Leonid Andreïev [Russie] - Page 2 EmptyMar 20 Avr 2010 - 16:09

Arabella a écrit:
On va finir par vous le faire lire  - Leonid Andreïev [Russie] - Page 2 722735

Un candidat au portail très prochainement!
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MessageSujet: Re: Leonid Andreïev [Russie]    - Leonid Andreïev [Russie] - Page 2 EmptyMar 20 Avr 2010 - 16:13

Marko a écrit:
Un candidat au portail très prochainement!
il a déjà eu ce plaisir (mai 2009) Very Happy
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MessageSujet: Re: Leonid Andreïev [Russie]    - Leonid Andreïev [Russie] - Page 2 EmptyMar 20 Avr 2010 - 17:27

kenavo a écrit:
Marko a écrit:
Un candidat au portail très prochainement!
il a déjà eu ce plaisir (mai 2009) Very Happy

Alors il y reviendra! sourire
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MessageSujet: Re: Leonid Andreïev [Russie]    - Leonid Andreïev [Russie] - Page 2 EmptyMar 20 Avr 2010 - 18:09

Je ne résiste pas à mettre deux extraits.

Dans Le Silence, Andreïev crée un climat extraordinaire en transformant le désarroi moral de son personnage de pasteur en un silence "assourdissant" qui envahit tout l'espace jusqu'à créer un sentiment de désolation et de solitude absolues. La fille du pasteur ne parle plus suite à un énigmatique traumatisme supposé (elle expliquera seulement "je m'ennuie un peu"). Le père se met à se taire également puis la jeune fille se suicide en se jetant sous un train. La mère en fait une attaque cérébrale et ne peut plus rien exprimer ni par la parole ni par ses gestes. Et le silence s'installe jusqu'à cette scène où le pasteur tente d'entendre la confession de son enfant morte en collant son oreille sur sa tombe...

Pris d'effroi, il sent alors le froid de la tombe pénétrer dans son oreille, il sent son cerveau se glacer, et il sent que Véra lui parle, mais toujours avec ce même silence qui n'en finit pas. Un silence qui devient de plus en plus angoissant, effrayant, et quand il décolle de la terre son visage blanc comme celui d'un mort, il a l'impression que l'air vibre et frémit de ce silence rententissant, comme si sur cette terrible mer s'était levée une tempête déchaînée. Ce silence le suffoque, il déferle sur sa tête en vagues glacées et agite ses cheveux, il s'écrase sur sa poitrine qui gémit sous le choc. Tremblant de tout son corps, le père Ignace se relève lentement en jetant de tous côtés des regards perçants, il fait un long, un douloureux effort pour redresser son dos et donner à son corps tremblant une posture digne. Il y parvient. (...) Il est talonné par le silence. Il monte des tombes verdoyantes, ce silence, il émane des croix grises et tristes, de tous côtés, de dessous la terre gorgée de cadavres, il suinte en filets minces qui l'étouffent.


Et dans Le Gouffre, un jeune couple amoureux traverse une forêt menaçante que le soleil couchant transforme peu à peu pour passer du rougeoiement du désir, de la passion, de l'innocence apparente, à la noirceur des ténèbres, de la violence, des pulsions les plus primitives. Cette description de la nature en fait un espace d'archaïsme et de légende. La fin est particulièrement troublante.

Le jour déclinait déjà, mais tous deux continuaient à marcher et à parler sans prêter attention ni au temps qui passait, ni à la route. Devant eux, sur le flanc d'une colline, un petit bois formait une tache sombre, et à travers les branches des arbres, le soleil rouge flambait comme un chardon ardent, embrasant l'air et le transformant en une poussière de feu dorée. Le soleil était si proche, si brillant, que tout, autour, semblait avoir disparu, il ne restait plus que lui, qui colorait la route et l'aplatissait. Les deux promeneurs avaient mal aux yeux, ils rebroussèrent chemin, et aussitôt, tout s'éteignit devant eux, tout devint tranquille et clair, petit et net. Quelque part au loin, à une verste de là ou plus, le crépuscule habillait d'écarlate l'immense tronc d'un pin qui flambait parmi la verdure, comme un cierge dans une pièce obscure; la route, devant, était baignée d'une lueur cramoisie, à présent, chaque pierre y projetait une ombre noire, et les cheveux de la jeune fille, traversés par les rayons du soleil, étaient nimbés d'or rouge. Un cheveu frisé se détachait des autres, bouclant et ondulant dans l'air comme un fil de toile d'araignée doré.
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MessageSujet: Re: Leonid Andreïev [Russie]    - Leonid Andreïev [Russie] - Page 2 EmptyMar 20 Avr 2010 - 22:26

J'ai commandé "Le gouffre"...

Ton premier extrait, Marko, rappelle l'atmosphère de certains films de Bergmann, n'est-ce pas...?
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