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Parfum de livres… parfum d’ailleurs
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Messages : 290 Inscription le : 13/07/2012 Age : 59 Localisation : Lyon
Sujet: Jean-Gabriel Périot Lun 2 Nov 2015 - 13:49
J'ai fait une recherche infructueuse sur le forum alors que je trouve qu'il mérite un fil. J'espère ne pas faire doublon... :)
Jean-Gabriel Périot
Né en 1974, vit et travaille à Tours. Jean-Gabriel Périot construit, souvent à partir d’archives préexistantes – photographies, films, fichiers Internet – une œuvre de réflexion sur le statut polymorphe de la violence dans nos sociétés. Tout passe par le pouvoir des images, sans discours, sans commentaires : une pensée-cinéma. À travers ses installations et ses vidéos, Jean-Gabriel Périot joue de la manipulation d’images, affectionnant les montages syncopés, quitte l’esthétique pour travailler le discours, forcément politique, sort de l’image pour s’attaquer à l’espace. Il aime brouiller les pistes et multiplier les fonctions et les supports en se plaçant là où on ne l’attend pas. Ses films ont été sélectionnés et primés dans les festivals du monde entier. (trouvé ici)
Il pourrait être hâtivement classé dans les documentaristes alors qu'il est bien plus que cela.
Une jeunesse allemande (2015)
Synopsis officiel : « La Fraction Armée Rouge (RAF), organisation terroriste d’extrême gauche, également surnommée "la bande à Baader" ou "groupe Baader-Meinhof", opère en Allemagne dans les années 70. Ses membres, qui croient en la force de l’image, expriment pourtant d’abord leur militantisme dans des actions artistiques, médiatiques et cinématographiques. Mais devant l’échec de leur portée, ils se radicalisent dans une lutte armée, jusqu’à commettre des attentats meurtriers qui contribueront au climat de violence sociale et politique durant "les années de plomb". »
On ressent vraiment bien comment le "groupe" (plus un agglomérat de très fortes individualités) décroche peu à peu du discours politique, comment la violence se met à fonctionner en circuit de plus en plus fermé et finit par s'auto-alimenter, se déconnecter des objectifs de départ. Mais le film met aussi bien en exergue les articulations intimes entre la violence terroriste et le "terreau" sur lequel elle pousse, l'espèce de "symbiose" délétère (à tous les niveaux) qui existe entre pouvoir (officiel, étatique, médiatique) et terrorisme. De ce point de vue, la fin est vraiment très bien vue.
Formellement, ce film qui s'accroche aux pas d'intellectuels s'exprimant dans les domaines médiatiques (journalistes, cinéastes...) est aussi particulièrement intéressant.
Une interview de JGP ici.
Cerise sur le gâteau, Une jeunesse allemande est précédé du magnifique court-métrage The Devil. "Petit" film coup-de-poing sur les Black Panthers.
animal Tête de Peluche
Messages : 31548 Inscription le : 12/05/2007 Age : 43 Localisation : Tours
Sujet: Re: Jean-Gabriel Périot Lun 2 Nov 2015 - 21:52
et m... ça ne passe plus ici je crois bien. un collègue m'avait fait voir un court métrage de ce réalisateur et si le fil était apparu plus tôt j'aurais recollé les morceaux à temps.
le souvenir de ce court métrage et ce que tu dis du film, ç'a m'aurait fortement intéressé !
eXPie Abeille bibliophile
Messages : 15620 Inscription le : 22/11/2007 Localisation : Paris
Sujet: Re: Jean-Gabriel Périot Mer 4 Nov 2015 - 23:20
Le film n'approfondit pas vraiment les arguments politiques (ce n'est pas un documentaire qui veut approfondir les arguments) mais, il me semble, présente bien le milieu et l'époque dans lesquels le mouvement s'inscrit. Quelques décennies ont passé ; on se rend compte à quel point tout a changé, outre les coiffures, les lunettes et les mouvements d'appareil des émissions télévisées : on a l'impression d'un monde très différent, un peu comme si la société de consommation avait gagné la partie (c'est une façon caricaturale de dire les choses, bien sûr), que les débats portent maintenant sur des sujets totalement différents.
Il y a des moments burlesques involontaires, comme celui où, pendant une discussion animée dans un bistro (du genre : "jusqu'où la tolérance peut-elle aller ?", et ce n'est pas forcément de la rhétorique, parce que si la frontière est dépassée, il y a des bombes, assassinats), une main entre dans le champ pour déposer une pinte de bière sur la table. Cela ne perturbe pas les protagonistes qui continuent à parler.
C'est un doc intéressant, mais en fin de journée après le boulot, un léger manque de sommeil et une Pietra, ça n'était peut-être pas l'idéal.
Le générique de fin utilise le très beau titre "One time", d'Elaine Brown :
Citation :
Elaine Brown (born March 2, 1943) is an American prison activist, writer, singer, and former Black Panther Party chairman who is based in Oakland, California
. ( https://en.wikipedia.org/wiki/Elaine_Brown )
Quant au court-métrage The Devil (merci pour les liens, MezzaVoce !), le titre utilisé est The Devil, par Boogers.