Pierre Michon

moi je suis restée sur ma faim avec "les Onze", je l'ai trouvé trop bref. Et puis, j'aurais aimé une reproduction du tableau ! maintenant ma curiosité est aiguisée !

Personne ne pourrait contester que style de Pierre Michon soit très travaillé, en revanche je me refuse de penser que plus un style est travaillé et plus il touche à la perfection. Une analogie osée (désolée Coline), c'est comme pour un cuisinier, à force de rajouter des ingrédients, de "travailler" son plat, il se peut qu'à un moment il en fasse de trop et dépasse la mesure. Et à certains moments c'est la sensation que provoque chez moi Pierre Michon. C'est toujours une question de mesure et de proportions, la littérature comme tout art est toujours un miracle. Le problème n'est pas d'utiliser des mots ou de tournures peu courants, j'aime beaucoup lire les auteurs du XVIIem siècle qui en sont remplis, mais pour que je trouve qu'un auteur m'élève, il faut que le style, la maîtrise qu'il peut en avoir, révèle à son lecteur un aspect de l'humanité que renferme chacun de nous, qu'il arrive à toucher à l'universel de l'homme en partant d'une singularité, d'une expérience unique. Et là ce n'est pas uniquement la richesse du vocabulaire qui va permettre cela, ni le travail accompli sur la phrase. Cela n'est que l'outil dont dispose l'auteur, mais il doit y avoir autre chose, qui fait sens chez le lecteur. Et Michon se concentre à mon avis trop sur la maîtrise de l'outil, et oublie un peu trop le reste. Je veux bien lui reconnaître d'éminentes qualités stylistiques, mais les qualités littéraires ne sont pas que stylistiques à mon humble avis.

Désolée, mais dire qu'un auteur est reconnu par les universitaires et donc que nous pauvres lecteurs on a donc pas le droit de contester le fait qu'il soit l'un des premiers ne me paraît recevable. Ou alors nous arrêtons tout de suite ce forum.

Tout auteur ou livre peut et doit etre critiqué...

Nous sommes subjectifs, à la merci d' une humeur ou d' une fatigue ou meme d' une allergie.
Pourquoi pas ?
C' est parfaitement compréhensible et respectable.
Mais c 'est auusi pour cela que j' égratigne rarement un livre que certains aiment.
C' est un peu comme si on cassait leurs jouets !

Par contre, s' il est unanimement loué...

je vais décidément attendre un peu avant de relire un Quignard... 
(deux fois que j'hésite à mettre la patte sur Mythologie(s ?) d'hiver)

animal a écrit:

je vais décidément attendre un peu avant de relire un Quignard... 

...Je ne vois pas le rapport... Comment ça se prend ce "truc"-là?...
Bref...Passons...

Je vais répondre à la reine…

Queenie a écrit:

Je trouve ta réaction... étrange Coline.
Tu critiques les gens parce qu'ils donnent leur avis de leur lecture de Michon... jusqu'à dire, en gros, qu'ils n'ont juste rien compris parce qu'ils ont l'habitude de lire de la littérature prémâchée.

Tout de suite les grands mots !...Je ne pense pas avoir eu la dent si dure que ça…Je ne « critique pas les gens », et surtout pas une personne en particulier (Steven l’a bien compris il me semble)…J’exprime le sentiment qui est le mien après une accumulation de remarques négatives sur le fil parfumé de Pierre Michon…Et ceux qui les ont formulées seront bien assez nombreux, donc bien assez forts pour se défendre…
Le combat est égal…Je serais même plutôt défavorisée je crois…

Queenie a écrit:

S'il parait présomptueux et maniériste à certains, n'ont-ils pas droit de le dire ?

Dans mon post, je ne dénie à quiconque le droit d’exprimer son avis, relis-moi…

Queenie a écrit:

Ce n'est pas parce que Michon est reconnu, et qu'il est étudié par de grands spécialistes de la langue française qu'on doit être moins sévère. Sinon, alors censurons-nous tous sur tous les auteurs (ou la plupart).

Je n’ai pas parlé de censure, j’ai avancé un argument qui, excusez-moi, me paraît être imparable. Les spécialistes, en nombre, ne prennent pas le temps de faire des études, des colloques, des publications…sur des auteurs qui n’en valent pas la peine.
Après...libres à nous d'apprécier leur oeuvre ou pas...

Queenie a écrit:

Je trouve important qu'ils existent, et on avait déjà débattu de cela, d'ailleurs (ici). Et tiens, c'était toi qui avais créé ce fil.

On pourra toujours retrouver en cherchant bien mes contradictions sur les fils… Je les assume, qui n’en a pas ? Mais en l’occurrence, je ne vois pas en quoi ce fil que j’avais ouvert, et que tu indiques, serait en contradiction avec ce que je dis aujourd’hui ?

Queenie a écrit:

Tu peux, évidemment, défendre le style de Michon, en dire toute ta passion...

Ca, je l'avais bien compris...et même si je n'en avais pas le droit, je le ferais...Ou alors je ne serais pas là...

Queenie a écrit:

mais pourquoi remettre en cause la valeur des avis négatifs ?

Mais…je ne remets pas en cause le fait qu’on puisse émettre des avis négatifs!…Je dis ce que je ressens devant cette accumulation concernant Michon.
Point !

Pfff…Qu’est-ce que je m’exprime mal !...Je devrais prendre des leçons chez Michon moi !...

Allez-y...débattez sur Michon, c'est le sujet!...Et non pas sur le fait qu'on puisse ou non émettre ici des critiques négatives...La question ne se pose même pas!...

coline a écrit:

Je n’ai pas parlé de censure, j’ai avancé un argument qui, excusez-moi, me paraît être imparable. Les spécialistes, en nombre, ne prennent pas le temps de faire des études, des colloques, des publications…sur des auteurs qui n’en valent pas la peine.

J'ai bien peur que si....Je ne citerai pas de nom (déjà que Coline voit rouge, je ne veux pas d'autres Parfumés dans le même état ) mais tout une série d'auteurs très reconnus pas les universitaires me paraissent de véritables impostures.

Et on a qu'à se rappeler qu'à une certaine époque Anatole France apparaissait comme un génie, le premier de son époque aux éminents spécialistes de son temps...

Et ce n'est qu'un tout petit exemple...

Les hiérarchies et valeurs littéraires ont besoin de temps pour être vraiment incontestables...

Mais Michon a un intérêt certain. J'ai adoré un de ces livres, l'autre m'a agacé, avec des moments de grâce. Peut être qu'un troisième sera décisif...

Lisez le, pour vous faire votre opinion...

Si vous n'aimez pas, cela donnera l'occasion à notre Coline adorée de monter sur son blanc destrier et défendre sa conception de la littérature

Arabella a écrit:

déjà que Coline voit rouge...

Mais non, pas du tout...Je ne suis pas en colère...Je suis ...euh...motivée!...

Arabella a écrit:

Lisez le, pour vous faire votre opinion...

Si vous n'aimez pas, cela donnera l'occasion à notre Coline adorée de monter sur son blanc destrier et défendre sa conception de la littérature

Voilà!...Bravo Arabella!...J'espère que tu sauras les convaincre mieux que moi...

Et pour ceux qui auraient envie de lire sur Michon et non pas du Michon...quelques indications

Arabella a écrit:

Les hiérarchies et valeurs littéraires ont besoin de temps pour être vraiment incontestables...

Mais Michon a un intérêt certain. J'ai adoré un de ces livres, l'autre m'a agacé, avec des moments de grâce. Peut être qu'un troisième sera décisif...

Lisez le, pour vous faire votre opinion...

Si vous n'aimez pas, cela donnera l'occasion à notre Coline adorée de monter sur son blanc destrier et défendre sa conception de la littérature

Ah oui, j'ai le livre sous la main, je le lirai sous peu.

Je le lirai aussi, mais je ne serai pas déçu s' il ne me plait pas ou meme si je le juge mauvais.

J' ai lu tous les livres de Michon sauf celui là et il est diificile d' etre toujours au niveau
qu' il a atteint dans plusieurs de ses oeuvres.
C' est difficile d' écrire et encore plus d' etre écrivain tout le temps !
Si l' on songe bien c' est un pari complètement fou.
C' est comme marcher sur le fil et sans filet.
La plupart des gens publient ils publient meme de plus en plus...
C' est étrange parce que ce ne sont meme pas des écrivains.
Mais ils font ce qu' ils peuvent et ils nous donnent quand meme du plaisir. Enfin parfois !
Mais les vrais écrivains le sont tout le temps meme quand ils n' écrivent pas et c' est terriblement
difficile.

C' est pourquoi, on peut beaucoup leur pardonner...

Et bien tout ce débat animé me fait me souvenir que j'ai 2 livres de Pierre Michon à découvrir et qu'il est grand temps que je me décide! Donc plutôt "Vies Minuscules" que "Les Onze" pour commencer si j'ai bien compris?

Marko a écrit:

Et bien tout ce débat animé me fait me souvenir que j'ai 2 livres de Pierre Michon à découvrir et qu'il est grand temps que je me décide! Donc plutôt "Vies Minuscules" que "Les Onze" pour commencer si j'ai bien compris?

Et plutôt encore Rimbaud le fils...

Hum, j'ai trouvé Rimbaud le Fils bien inférieur à Vies Minuscules. Et ce n'est pas faute d'être un fan absolu de Rimbaud...

Arabella a écrit:

Mais Michon a un intérêt certain. J'ai adoré un de ces livres, l'autre m'a agacé, avec des moments de grâce. Peut être qu'un troisième sera décisif...

Lisez le, pour vous faire votre opinion...

Je me sens tout à fait en phase avec Arabella.

J'ai adoré Les vies minuscules car toute "la belle langue", très travaillée, très artificielle, de Pierre Michon irradiait une grande humanité, éclairait le mal être et la désespérance d'un écrivain ayant des difficultés à naître, et se mettait " au service des petites gens".

J'ai été agacée par Les Onze, ne voyant plus que les artifices de cette "belle langue" mise au service de la propre gloire d'un écrivain narcissique s'auto-célébrant.
Avec quelques moments de grâce néanmoins, quand il évoque les figures féminines qui ont marqué son enfance - reprenant justement des épisodes touchants déjà évoqués dans Les vies minuscules.

Allez, pour Coline, parce que Michon, moi je l'aime bien,
ne l'ayant jamais lu. J'apprécie qu'il vienne de Creuse.

Dans le dernier inrock :

A la question "1/Comment avez vous vu la littérature française évoluer au cours des dix dernières années"

Michel Houellebecq répond :

Citation :

Ca m'ennuie toujours d'être négatif, mais j'y suis souvent obligé. Ma vision de la littérature française au cours des années 2000 est celle d'un effrondrement. Les années 1990 ont été marquées par l'apparition en France - et à vrai dire surprenante et inattendue - de livres de bonne qualité, de lecture relativement aisée, qui ont connu un large succès public. Un phénomène du même ordre s'est produit en musique, plutôt dans les pays anglosaxons, à la fin des années 1960.

Cette conjonction exceptionnelle entre qualité et succès ne pouvait pas durer. Elle n'a pas duré. Nous sommes revenus à une situation normale, celle que j'ai connue tout au long de ma jeunesse, où la littérature se divise en deux catégories : 1. des livres "exigeants", souvent ennuyeux, qui se vendent peu ; 2. des livres "grands publics", d'une médiocrité effroyable. Marc Levy est malheureusement devenu le symbole de cette tendance - malheureusement parceque, comparé à ses concurrents immédiats, Marc Levy est un génie.

Evidemment tout cela repose sur une apparition déplorable. Pierre Michon, pour ne prendre que cet exemple, a la réputation, justifiée, d'être exigeant ; on en conclut qu'il est ennuyeux, ce qu'il n'est pas.

La seule et peu ragoûtante nouveauté, par rapport aux années 1970 et 1980, me semble être l'apparition de critiques pour lesquels le succès public est devenu le seul critère envisageable de la validation esthétique ; et le fait que ces gens paraissent, qu'on le veuille ou non, dans le sens de l'Histoire.

Maryvonne a écrit:

Allez, pour Coline, parce que Michon, moi je l'aime bien,
ne l'ayant jamais lu. J'apprécie qu'il vienne de Creuse.

Dans le dernier inrock :

A la question "1/Comment avez vous vu la littérature française évoluer au cours des dix dernières années"

Michel Houellebecq répond :

Citation :

Ca m'ennuie toujours d'être négatif, mais j'y suis souvent obligé. Ma vision de la littérature française au cours des années 2000 est celle d'un effrondrement. Les années 1990 ont été marquées par l'apparition en France - et à vrai dire surprenante et inattendue - de livres de bonne qualité, de lecture relativement aisée, qui ont connu un large succès public. Un phénomène du même ordre s'est produit en musique, plutôt dans les pays anglosaxons, à la fin des années 1960.

Cette conjonction exceptionnelle entre qualité et succès ne pouvait pas durer. Elle n'a pas duré. Nous sommes revenus à une situation normale, celle que j'ai connue tout au long de ma jeunesse, où la littérature se divise en deux catégories : 1. des livres "exigeants", souvent ennuyeux, qui se vendent peu ; 2. des livres "grands publics", d'une médiocrité effroyable. Marc Levy est malheureusement devenu le symbole de cette tendance - malheureusement parceque, comparé à ses concurrents immédiats, Marc Levy est un génie.

Evidemment tout cela repose sur une apparition déplorable. Pierre Michon, pour ne prendre que cet exemple, a la réputation, justifiée, d'être exigeant ; on en conclut qu'il est ennuyeux, ce qu'il n'est pas.

La seule et peu ragoûtante nouveauté, par rapport aux années 1970 et 1980, me semble être l'apparition de critiques pour lesquels le succès public est devenu le seul critère envisageable de la validation esthétique ; et le fait que ces gens paraissent, qu'on le veuille ou non, dans le sens de l'Histoire.

Ah!...Mais tu es très mignonne Maryvonne...Cela me fait plaisir...pour Michon!...
"Pierre Michon, pour ne prendre que cet exemple, a la réputation, justifiée, d'être exigeant ; on en conclut qu'il est ennuyeux, ce qu'il n'est pas."
Vous voyez...c'est même écrit dans le dernier Inrock'!