Parfum de livres… parfum d’ailleurs
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 Patrick Straram

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jack-hubert bukowski
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MessageSujet: Patrick Straram   Patrick Straram EmptyMer 27 Jan 2016 - 7:56

Patrick Straram Patric10

Pour ceux qui me suivent jusqu'à maintenant dans mon parcours de lecteur, j'en suis venu à m'intéresser aux poètes de la contre-culture québécoise. J'y suis venu parfois par des chemins détournés : Michel Beaulieu est le premier auteur clairement assumé de grand talent qu'il m'a été donné à lire en tant que poète de contre-culture. Par la suite, le franco-ontarien Patrice Desbiens me faisait des clins d'oeil par ses références constantes à la tradition beat et ses accointances avec les Bukowski de ce monde. Pendant un moment, je me suis intéressé à Denis Vanier et Josée Yvon, ce couple exemplaire de poètes de la contre-culture qui ont poussé cette quête effrénée jusqu'au paroxysme de l'autodestruction. J'avais connu brièvement l'existence de Patrick Straram sans toutefois m'attarder à ses écrits. J'y reviens. Toujours est que je finis par renouer avec le fil de la contre-culture en lisant les thèses et travaux de Ralph Elawani sur Emmanuel Cocke et les travaux programmatiques de Mathieu Arsenault et ses cartes de jeu Doctorak Go. J'en profite pour me familiariser avec les héritiers de cette mouvance pionnière au sein de la poésie québécoise. Lucien Francoeur demeure sur le versant de la musique pour donner un peu de renommée à ce parent pauvre de la poésie québécoise qui sort du clan mercantiliste.

Patrick Straram est un acteur important au sein de la scène littéraire québécoise des années post-Révolution tranquille. Il se fait connaître en collaborant avec Guy Debord et l'Internationale situationniste. Né à Paris le 12 janvier 1934 et mort le 6 mars 1988 à Longueuil au Québec, il publie une diversité d'ouvrages qui le placent parmi les penseurs de la contre-culture littéraire québécoise. Il anime quelques mouvements, écrit des articles et anime des émissions à Radio-Canada en plus d'écrire à l'occasion. Son ouvrage le plus connu est le roman La faim de l'énigme. Son écriture a tendance à verser dans la prose et la tentation de l'essai. Je vous émets un commentaire de Robert Myre qui décrit la particularité de sa plume :

Robert Myre, «Patrick Straram le bison ravi. Réellement», Inter : Art actuel, no. 39 (1988), p. 29. a écrit:
«Ses écrits ne seront probablement jamais des bestsellers. Par la rigueur de récriture et la multiciplité des thématiques enchâssées l'une dans l'autre, par la densité et le foisonnement des propos, ils sont d'accès difficile. Leur lecture exige une attention soutenue. Mais débrouissaillage, ouverture, ferment, peu lu mais souvent repris, son travail d'écriture a été rudement utile et demeure important. Il aura été l'écrivant des écrivains, celui qui écrit pour ceux qui écrivent et créent. »

Bibliographie reprise de Wikipedia :

Citation :
Roman
• La Faim de l'énigme, Montréal, L'Aurore, 1975 ; réédition Montréal, VLB éditeur, 1991, Préface de Philippe Haeck

Poésie et autres textes
• « Tea for one » in Écrits du Canada français, no 6, 1959.
• Cahier pour un paysage à inventer, revue, Montréal,1960.
• « 20 000 draughts sous les tables » in Écrits de la Taverne Royal, Montréal, Éditions de l'Homme, 1960.
• « Nationalité ? Domicile ? » in Parti-Pris, vol.2, no10-11, 1965.
• « Hatari » in Liberté, vol.8, no 2-3, mai-juin 1966.
• En train d'être en train vers où être, Québec..., Montréal, L'obscène Nyctalope, 1971.
• « Tea for one 2, hypojazz » in Musiques du Kébek, Montréal, Éditions du Jour, 1971.
• One + One Cinemarx et Rolling Stones, Montréal, Les Herbes rouges,1971.
• Gilles-cinéma Groulx le lynx inquiet (avec Jean-Marc Piotte Pio le fou), Montréal, Les Herbes rouges,1971.
• Irish coffees au No Name Bar & vin rouge Valley of the Moon, Montréal. Éditions québécoises/Cinémathèque Québécoise, 1971.
• 4 X 4X 4X 4, Montréal, Les Herbes rouges, 1974
• Questionnement socra/cri/tique, Montréal, L'Aurore, 1975,
• Portraits du voyage (avec Madeleine Gagnon et Jean-Marc Piotte), Montréal, L'Aurore, 1975.
• Bribes 1. Pré-textes & Lectures, Montréal, L'Aurore, 1975.
• Blues clair (Tea for one ; No more tea), Montréal, Les Herbes rouges 1984.
• Quatre quatuors en trains qu'amour advienne (avec Francine Simonin), éditions du Noroît 1984.
• Les bouteilles se couchent, Paris, éditions Allia, 2006
• La Veuve blanche et noire un peu détournée, Paris, éditions Sens & Tonka, 2006
• Lettre à Guy Debord (24 août 1960), précédée d'une lettre à Ivan Chtcheglov (9 novembre 1959), Paris, éditions Sens & Tonka, 2006, Préface de Jean-Marie Apostolides & Boris Donné.


Dernière édition par jack-hubert bukowski le Mer 27 Jan 2016 - 9:38, édité 1 fois
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jack-hubert bukowski
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MessageSujet: Re: Patrick Straram   Patrick Straram EmptyMer 27 Jan 2016 - 9:16

Quatre quatuors en trains qu'amour advienne

J'ai lu cet ouvrage de Patrick Straram dans un état d'esprit particulier. Depuis une année ou deux, j'étais dans une valse d'acquisition de livres usagés notamment dans la contrée poétique et de la contre-culture québécoise. Parallèlement à mes flâneries dans le quartier de Mile End à Montréal, j'ai vu des parutions de recueils de poésie répondant à des sensibilités particulières (Maxime Catellier, Patrice Desbiens et Sara Dignard) qui m'ont incité à poursuivre mon propre sillage. J'avais lu l'ouvrage de Jean-Gaétan Séguin qui avait réalisé des entretiens avec Patrick Straram et je n'avais pas été plus enthousiaste à l'époque... il me fallait creuser la piste et mûrir le sens de ma quête.

Dans Quatre quatuors en trains qu'amour advienne, il y a la retranscription d'une compilation musicale réalisée dans le cadre d'émissions à Radio-Canada assortie de propos portant sur la vision littéraire caractéristique de Patrick Straram. Étant donné que Straram s'identifie sous la dénomination de Bison ravi, j'ai apprécié ce coup d'oeil, page 7 :

Cité par Patrick Straram en exergue de Quatre quatuors en trains qu'amour advienne, 1984, Montréal : Noroît, p. 7. a écrit:
«Les procédés auxquels les bisons ont instinctivement recours pour sauvegarder leur bien-être et pour se faire étriller sont dignes de mention. La bande choisit un endroit sablonneux. Puis l'une des bêtes s'y couche; son corps lui servant de pivot, elle accomplit, avec ses pattes de devant, un mouvement rétrograde et tourne dans un cercle. Quand elle est fatiguée, une autre bête prend sa place. Bientôt, dans le sable, est creusée une sorte de cuvette qui épouse la forme du bison. Les bêtes viennent s'y rouler chacune à son tour. Ces cuvettes circulaires se trouvent partout où le sol est propice à leur formation.

Il faut aussi que le bison se baigne après avoir pris, si l'on peut dire, un bain de terre. Si nous ajoutons que cet animal savoure une herbe particulière, appelée herbe de bison, et que son odorat délicat est offensé par la présence de l'homme à un mille et plus de distance, nous devons admettre que le bison a des habitudes de grand seigneur.»

Alfred Jacob Miller
«Des Indiens et des bisons» (1837-38)

J'ai noté plusieurs passages intéressants notamment sur Hubert Aquin, Claude Gauvreau et Francis Ponge. Ils pourraient être cités, mais je vais mentionner cette vision particulière de la démarche de Patrick Straram :

Ibid., p. 30. a écrit:
Ne m'intéresse que ce qui m'excite. Tout mon être s'objecte à tout ce qui voue à un centralisme. Je ne tente jamais parole que ne balisent citations. Bison ravi, blues clair.

Cet ivre immobile dans son déroulement au long de la voie ferrée, comme cantate à deux voix. Café noir sans sucre, vin rouge.

Un clin d'oeil ou un mot de passe vont droit au coeur, tatouages d'une entente incomparable, des connivences alertent à couper le souffle, qui saccagent convenances, conformismes et complexes, polices et Pouvoirs, tous ceux qui font des affaires et ceux qui font les lois.

Patrick Straram prend fait et cause pour la révolution du féminisme. Il salue ses camarades et incite à modifier son regard pour épouser la cause des femmes.

Ibid., p. 52-53 (extraits). a écrit:
La femme en moi est forte, et agissante. La mise à l'écart des affaires du monde du Père. L'insomnie en appel d'un plaisir impossible. La soif d'absolus, aux limites de l'hystérie. L'extrême solitude de la femme, que n'abusent pas les mythes des grandes camaraderies entre hommes. Je suis bien plus sorcière qu'homme de lettres.

[...]

Le train traverse ce monde préfabriqué que l'homme a fait pour que personne ne puisse y vivre. Bungalows baraques de camp de concentration, banques, garages, centres commerciaux, snacks-bars, panneaux/réclames, un décor de l'argent et du commerce, complètement asexué, pour automates et pas pour habitants, et pas de hasard là, du fonctionnalisme, une politique.

Quiconque me suit sait bien que j'aime à citer. Nietzsche survient au fil des pensées de Straram :

Ibid., p. 62. a écrit:
Je pense à la folie dans laquelle sombra l'homme le plus lucide de notre humanité, Friedrich Wilhelm Nietzsche, le seul en deux mille ans qui conçut et articula une contre-culture véritable, que tous les spéculateurs éliminèrent vite, si il le fallait utilisant même, en les détournant, Marx et Freud, comme ils détournaient Nietzsche, je pense à la folie où le mena sa lucidité...

Je viens d'escamoter quelques passages sur Céline qui valent le détour.

Ibid., p. 79. a écrit:
Cerner et mettre en scène dans leurs relations multiples le plus possible d'éléments de la complexité du réel et de l'imaginaire, qui renvoient à un même noyau moteur, où s'articule une perspective critique la plus cohérente, comme une sorte d'unicité à laquelle afflueraient d'innombrables multitudes.

Nous parlions tantôt de la vision particulière de Straram à propos des femmes. Il s'exprime plus précisément en ces termes :

Ibid., p. 83. a écrit:
Quant à moi, je ne pense pas ce devenir possible, au point du phallocentrisme où nous en sommes, sans que d'abord des femmes inventent des différences radicales. C'est pourquoi je suis tant à l'écoute de tant de femmes, et pourquoi j'essaie d'être tellement attentif à la femme en moi. Comme pour vivre enfin un âge que je désire irrésistiblement adulte j'essaie d'achever la libération de l'enfant que je suis et qu'on a commencé par vouloir interdire.

See ya Patrick Straram et sur ce, je cite cette dernière fulgurance :

Ibid., p. 96. a écrit:
L'écriture, ce jouir extrême, c'est travail d'être le plus infernal, qui dévaste, qui démence, qui décombre. Mais on s'y découvre un style de vie.

Nous pouvons découvrir en cela que Straram n'est pas si éloigné des préoccupations évoquées dans le cadre de la Beat Generation.
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MessageSujet: Re: Patrick Straram   Patrick Straram EmptyMer 27 Jan 2016 - 11:40

d'après tes extraits, j'aime sa façon de s'exprimer, merci Jack !
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MessageSujet: Re: Patrick Straram   Patrick Straram EmptyMer 27 Jan 2016 - 15:15

Par exigence, certains écrivains refusent l' accès facile à leur œuvre. Refusant en meme temps l' aspect immédiatement commercial et
pourtant diablement nécessaire pour continuer à vivre et à écrire.
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MessageSujet: Re: Patrick Straram   Patrick Straram EmptyJeu 28 Jan 2016 - 7:06

Au Québec, le débat ne se pose pas dans les mêmes paramètres qu'en France. Nous sommes déjà en banlieue de la capitale littéraire ultime. Il y a bien sûr une poignée d'écrivain-e-s qui vivent exclusivement de leur plume, mais c'est à peu près tout... il faut souvent un deuxième métier, donc la commercialisation de la littérature n'est pas une nécessité aussi pressante qu'en France j'imagine...?

Il est certain qu'il y a le débat de la valorisation des livres «vendus», mais je préfère encore les êtres intègres à la Patrick Straram au risque de paraître ringard... il vit sans auto et sans ordinateur... il est mort en 1988, mais son questionnement demeure pertinent.
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MessageSujet: Re: Patrick Straram   Patrick Straram EmptyJeu 28 Jan 2016 - 7:11

j'imagine qu'il y a quand même pas mal d'auteurs français d'aujourd'hui qui exercent en parallèle une profession ou une autre.
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MessageSujet: Re: Patrick Straram   Patrick Straram EmptyJeu 28 Jan 2016 - 7:17

Ça va de soi, Animal. C'est plus l'idée selon laquelle la littérature doit continuer à rester subversive en quelque sorte. La commercialisation rend les choses un peu lisses ou domestique ce qui peut devenir une mode en alternance... Une autre particularité de Patrick Straram, c'est qu'il défend une certaine proposition anarchiste dans ce qu'il adopte comme posture.
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MessageSujet: Re: Patrick Straram   Patrick Straram EmptyJeu 28 Jan 2016 - 8:52

En 88 , j'avais une voiture, mais pas d'ordinateur dentsblanches
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MessageSujet: Re: Patrick Straram   Patrick Straram EmptyDim 31 Jan 2016 - 5:38

topocl a écrit:
En 88 , j'avais une voiture, mais pas d'ordinateur dentsblanches

cheers
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MessageSujet: Re: Patrick Straram   Patrick Straram EmptyMer 8 Juin 2016 - 9:26

En tant que flâneur urbain, j'ai été confronté à la référence de Léon-Paul Fargue. Je profite de la présente occasion pour tirer un fragment de Les bouteilles se couchent, publié aux éditions Allia.

Patrick Straram, Les bouteilles se couchent, 2006, Paris : Allia, p. 97. a écrit:
LÉON-PAUL FARGUE. - «Mon dieu! les receveurs d'autobus ont été cette nuit changés en oeufs de Pâques. Demain ce sera le tour des pédicures, puis viendront les facteurs, les opticiens, les maroquiniers, les savants, les nobles, les ziblocusses, les cacotermes, les pantagouriches et les botonglouzes...»
INGEGERD. - C'était bon, point-virgule, je te verrai ce soir...
TEXLOR. - Petite fille sucrée, autocar, oeuf dur, cheval d'arçon...
JORGE. - Je suis fatigué de votre hippiquisation, je rentre! Chez moi vers les midi si vous voulez, je vous offre du café et de la...
TEXLOR. - ...bière. Non?

[Et on voit Guy [Debord] télégraphier un message en code morse et ainsi se poursuit la routine de l'extrait]
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